L'opposition accuse Patassé de trahison et réclame un "dialogue national"

BANGUI, 8 nov (AFP) - 16h56 - Treize partis de l'opposition centrafricaine ont accusé vendredi à Bangui le président Ange-Félix Patassé de "trahison" et réclamé "l'ouverture d'un dialogue national", dans une déclaration commune remise à l'AFP.

"Toute solution de la crise actuelle passe par un dialogue politique franc et sincère entre les fils et filles du pays", affirme ce texte signé des principaux partis d'opposition, à l'exception du premier d'entre eux, le Rassemblement démocratique centrafricain (RDC, 20 députés) de l'ex-président André Kolingba.

Les opposants centrafricains invitent "toutes les forces vives de la Nation à se mobiliser en vue d'actions concertées" pour atteindre cet objectif de dialogue et "l'Assemblée Nationale à examiner la situation nouvellement créée" par les derniers événements.

Ils accusent le président Patassé de s'être "rendu coupable de trahison et de forfaiture au regard du serment constitutionnel", en ayant fait "pilonner les quartiers nord" de Bangui par les forces d'un pays étranger, la Libye.

L'opposition reproche également au chef de l'Etat d'avoir fait "appel aux troupes du rebelle congolais Jean-Pierre Bemba", responsables de violences à l'encontre de la population.

Parmi les signataires de ce texte figurent notamment les formations de l'ancien Premier ministre Jean-Paul Ngoupandé et du député Charles Massi, tous deux en exil en France.

Les crises à répétition que connaît la Centrafrique "trouvent leurs racines profondes" dans de "graves déficits de gouvernance" depuis des années, selon ce communiqué.

L'opposition cite "la politique d'exclusion, le non paiement des arriérés de salaires, bourses et pensions, et la fermeture à tout dialogue constructif entre les différentes composantes de la nation".

Elle appelle également à la création d'une commission internationale d'enquête pour faire la lumière sur les exactions commises lors des événements de Bangui fin octobre.

"Aujourd'hui, déplore par ailleurs le texte, le régime s'est lancé dans une vaste campagne de désinformation tendant à impliquer la République soeur du Tchad" dans ces événements.

"C'est cette logique qui a conduit le pouvoir à envoyer (...) un véritable escadron de la mort, constitué des éléments codos tchadiens sous le commandement du sinistre Abdoulaye Miskine, assassiner de paisibles ressortissants tchadiens", poursuit le communiqué,

Les codos sont d'anciens rebelles du sud du Tchad passés en Centrafrique. Abdoulaye Miskine, qui vient d'être éloigné au Togo, était chargé par les autorités centrafricaines de "sécuriser" la frontière nord du pays, frontalière du Tchad.

Selon N'Djamena, qui a demandé une commission internationale d'enquête à ce sujet, environ 150 civils tchadiens ont été tués de sang froid au nord de Bangui, au lendemain de l'échec de la tentative de coup d'Etat.


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 12