Centrafrique: la tentative de coup d'Etat est signé François Bozize

Il n'y a plus de doute possible, les affrontements qui ont débuté Vendredi dans la capitale centrafricaine, Bangui, sont bel et bien une tentative de coup d'Etat dirigée contre le Président Ange-Félix Patassé.

Kinshasa , 29.10.2002 | Politics - La confirmation a été faite dimanche et lundi matin par le général François Bozize, ancien chef d'état-major général de l'armée centrafricaine qui a revendiqué à partir de N'Djamena, la Capitale tchadienne, la paternité des combats qui se son poursuivis jusque lundi à l'arme lourde dans le nord de Bangui que contrôlaient ses partisans.

Le général Bozize, qui s'était d'abord exilé au Tchad depuis la première tentative du coup d'Etat en mai 2001, avant de se rendre récemment en France à la demande des médiateurs de la Cemac (Communauté économique et monétaires de l'Afrique centrale) dans le cadre de la résolution de la crise entre le Tchad et la Centrafrique, a même précisé que les événements qui se déroulent actuellement à Bangui avaient préparés de longue date, ils ont donc été déclenchés par ses partisans qui n'étaient pas contents de son nouvel exil en France. Son retour précipité à N'Djamena avait pour motif de pouvoir contrôler personnellement le déroulement des opérations.

Bien qu'il n'ait pas accepté explicitement qu'il s'agissait d'une tentative de coup d'Etat contre le président Ange-Félix Patassé, le général Bozize a souligné que b'objectif recherché était d'amener l'actuel président centrafricain à négocier avec toutes les composantes de la classe politique centrafricaine, en vue de redresser la situation du pays.

Ainsi pour le général Bozize, le président Patassé doit dire clairement ses intentions en ce qui le concerne, lui et ses partisans, mais aussi en ce qui concerne les autres opposants à son régime. Il a surtout fustigé le volte-face dont se rend coupable le président Patassé après chaque round de négociations ce qui, selon lui, n'a jamais permis aux Centrafricains de régler les problèmes cruciaux.

Un des lieutenants de Bozize a pour sa part, condamne l'appel fait par le président Patassé aux troupes étrangères, particulièrement des éléments congolais des troupes du Mouvement de libération du Congo (Mlc) de Jean Pierre Bemba Gombo, basés dans La province de l'Equateur, ainsi que des Libyens dont la présence à Bangui remonte à la première tentative de mai 2001. " On ne peut pas diriger le pays en faisant venir des troupes étrangères ".

Coté gouvernement, on se réjouit de la déclaration du général Bozize reconnaissant ou mieux revendiquant la paternité des combats à Bangui et donc la tentative du coup d'Etat. Selon le ministre centrafricain de Communication, il est aujourd'hui établi que non seulement il s'agit d'un coup d'Etat, mais aussi que celui-ci est téléguidé de l'extérieur, la preuve ayant été donnée par la capture de quelques soldats tchadiens venus soutenir les hommes du général Bozize.

Le ministre Kouyamhounou, qui a souligne les efforts des Etats-Unis de la Cemac et d'autres médiateurs pour résoudre une crise qui n'est qu'un coup d'Etat qu'on ne voulait pas admettre, a noté qu'il était discourtois de la part des autorités tchadiennes de nier les faits dont elles sont pourtant auteur.

Sur le terrain, le gouvernement de Bangui affirme que les partisans du général Bozize, évalués à une centaine d'individus, sont actuellement encerclés au nord de la capitale. Tout est mis en oeuvre pour empêcher leur progression vers l'aéroport de Bangui dont ils voulaient s'emparer. Ils ont l'obligation soit de se rendre ou de se faire écraser par les troupes loyalistes qui ne les laisseront plus progresser.

La France, qui avait pourtant offert un exil au général Bozize, s'oppose au renversement du régime démocratiquement élu. Elle invite les parties à se mettre autour d'une table en vue de trouver une solution concertée à la crise.

Même son de cloche de la part des médiateurs de ma Cemac qui entendent reprendre leurs tractations. Soulignons que c'est après la décision prise la semaine dernière par certains chefs d'Etat de la Cemac réunis à Libreville, au Gabon, autorisant le général Bozize à se rendre en exil en France que les partisans de ce dernier ont dû déclencher précipitamment les combats dans la Capitale centrafricaine, pour ainsi obliger le président Ange-Félix Patassé à négocier avec eux. A entendre les déclarations des uns et autres, on pourrait croire que leur objectif est atteint.

Il y a, cependant, les rapports de force sur le terrain. A moins d'un renfort des troupes qui viendrait d'ailleurs, la centaine de partisans du général Bozize, actuellement cantonnée au nord de la capitale, ne peut résister longtemps face à toute une armée, de surcroît appuyée par quelques commandos d'élite de l'armée libyenne, sans oublier les troupes du Mlc de Jean-Pierre Bemba, celles-là même qui avaient mis en débandade les partisans du même général Bozize en mai 2001.

Les observateurs se demandent cependant pourquoi l'acharnement du général Bozize à vouloir prendre le pouvoir par les armes, amenuisant ainsi les chances de la démocratie balbutiante de la Centrafrique qui a pu, quand même, contrairement à bon nombre de pays africains, organiser l'élection présidentielle. Pourquoi chercher à créer un foyer de tension en plus, alors que toutes les voies du dialogue n'ont jamais été épuisées? De là à croire que la crise centrafricaine est un fait de l'extérieur, il n'y a qu'un pas. Mais au profit de qui?
Matshi (Le Potentiel )


En attendant le bilan des combats, les banguissois tentent de retrouver leurs habitudes