L'opposition affaiblit Patassé et s'attire la sympathie de la population

LIBREVILLE, 18 déc (AFP) - 13h53 - L'opposition centrafricaine réunie au sein de la Concertation des partis politiques d'opposition (CPPO), a réussi mardi à Bangui "sa" journée d'inactivité, une opération qui devrait fragiliser davantage le régime du président Ange-Félix Patassé.

A l'appel de la CPPO pour "une journée de deuil et de solidarité" en vue d'exiger le départ des rebelles du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, alliés au régime de Bangui, la population a répondu massivement en demeurant chez elle.

Cette initiative intervient alors que le régime de Patassé sort à peine d'une tentative de coup d'Etat menée le 25 octobre par son ex-chef d'état major, le général François Bozizé.

En acceptant de répondre à l'appel de l'opposition, la population a certes choisi "un moyen facile d'exprimer (son) ras-le-bol. (Mais) ce silence calme est lourd de sens", estime un diplomate sur place.

Si lourd de sens, que le président Patassé et ses ministres ont déployé, en vain, de nombreux efforts pour obtenir la poursuite des activités quotidiennes.

Signe des temps, "ils (les manifestants et les organisateurs) parlent de faire la même chose, semaine après semaine, renouveler aussi longtemps ce genre de journée jusqu'à ce qu'ils aient gain de cause", révèle un diplomate en poste à Bangui.

Ce coup de poker de l'opposition devrait affaiblir encore le président Patassé victime de six tentatives de coup d'Etat et auquel des soutiens politiques solides font défaut depuis son accession au pouvoir, il y a sept ans.

A présent, Patassé doit faire face à une contestation forte de la part de la CPPO. Et il ne peut compter sur la population qui vient de se ranger dans le camp de l'opposition. Il ne lui reste que ses alliés de toujours les Libyens et les Congolais.

"Les Libyens ont clairement annoncé leur intention de quitter la Centrafrique", affirme un haut responsable gabonais. Reste que le régime de Bangui ne veut pas du départ du contingent libyen qui assure sa protection. Ce qui ne manque pas d'exaspérer ses voisins impliquer dans la recherche de solution en Centrafrique notamment avec l'envoi sur place d'une force de la Communauté économiques des Etats de l'Afrique centrale (CEMAC).

Test réussi, pour l'opposition centrafricaine qui, bénéficiant d'un grand soutien populaire, entend organiser une autre journée avec pour thème "solidarité avec les fonctionnaires" dont "les salaires sont gelés depuis 32 mois", a-t-on appris de bonnes sources.

Des opposants centrafricains et des responsables militaires de la tentative de coup d'Etat du 25 octobre avaient déjà annoncé avoir créé à Paris une coordination hostile au président Patassé. Ils avaient ouvertement appelé à "la mise en place d'une transition politique consensuelle".

La CPPO a rebondi sur cette initiative et "envisage une autre journée dont le thème est +la démission du président Patassé+", confie un diplomate.

Depuis fin 1999, une loi interdit aux partis politiques d'organiser des meetings, des conférences de presse, des sit-in et des marches pacifiques, officiellement pour des raisons de sécurité.

L'opposition l'a contourné et adopte une nouvelle forme de lutte visant à asphyxier le régime tout en épargnant aux populations les foudres des forces répressives du pouvoir.

NB : D'autre manifestations sont prévues. Le thème porterait sur la démission du Président Patassé.


 

Le parti au pouvoir demande une enquête sur les exactions en Centrafrique

BANGUI, 18 déc (AFP) - 14h02 - Le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC, au pouvoir), a demandé mercredi l'ouverture d'une enquête en vue d'identifier les auteurs de violations des droits de l'Homme dans les régions occupées par les partisans de François Bozizé, frontalières avec le Tchad.

Le MLPC "demande avec insistance à l'opinion tant nationale qu'internationale, à la Ligue centrafricaine des droits de l'homme (LCDH) et à la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) de procéder à une enquête en vue d'identifier les auteurs des violations des droits de l'Homme dans ces régions", a déclaré à la radio nationale, le secrétaire aux relations extérieures de ce parti, Maitart Djim-Arem.

"Face à l'agression ignoble du Tchad, a-t-il ajouté, le MLPC condamne fermement tous ces actes de barbarie perpétrés par les agresseurs tchadiens avec la bénédiction du terroriste Bozizé, pourtant originaire de Bossangoa".

La frontière tchado-centrafricaine est un lieu de tensions entre les deux pays depuis un an.

Le MLPC "a appris avec une extrême indignation, les exactions de tous genres" dans plusieurs préfectures, a-t-il ajouté. Selon lui, "des centaines de véhicules, des biens, de meubles, du matériel de bureau, des pièces d'usine démontées, ont été convoyés par voie terrestre vers le Tchad". Le MLPC a appelé le gouvernement centrafricain à lancer "une enquête d'information sur les assassinats, les exactions, les destructions et les violations dans les préfectures occupées".


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 13