La Saint-Sylvestre tragique, exactions et répressions (part2)

"La guerre comme à la guerre. Et l'impunité pour toutes exactions, toutes malversations rien qu'au nom de la guerre". Des menaces sur des personnes physiques devient un jeu. De cette manière, passent sous silence des crimes, des abus d'autorité, des enfermements sur simples dénonciations, des séances de bastonnades organisées, des règlements de comptes  entraînant traumatismes et mort. Cette situation vient encore une fois de s'illustrer par des opérations de délation orchestrées dans les quartiers de Bangui et par des arrestations arbitraires à la Saint Sylvestre qui ont entraîné des décès, des lésions graves, des traumatismes crâniens (avec des séquelles que l'on peut imaginer). Cependant les vrais coupables et les responsables des délits supposés courent toujours librement les rues.
Le "dialogue national sans exclusive" du président Patassé restera un leurre, tant qu'une frange de la nation continuera à bénéficier des faveurs iniques et cyniques. Hier, ne disait-on pas deux poids deux mesures. 
(Victor Bisséngué, 03 janvier 2003)

Quelques victimes :
- Roy Nicolas Djamndo : blessé au pied dans son lit "par une balle perdue"
- Nicaise-Gervais Lazare : bastonnades et traumatisme crânien par des éléments de la GP
- Une adolescente blessée à l'abdomen et une femme atteinte au thorax succombent de leurs blessures
- Ngoabe Nadine, 26 ans, habitante de Gobongo tuée par balle perdue
- Mamadou Angéline, 28 ans habitant quatrire Issa Ibrahim blessée par balle au niveau des seins


Au moins deux personnes tuées par des tirs d'armes automatiques à Bangui

BANGUI, 2 jan (AFP) - 13h54 - Des tirs d'armes automatiques lors du réveillon du nouvel an à Bangui ont fait au moins deux morts et plus d'une dizaine de blessés, a annoncé jeudi une source hospitalière à l'AFP.

"Une adolescente blessée à l'abdomen et une femme atteinte au thorax ont succombé à leurs blessures", a précisé la même source.

"Certains blessés ont pu rentrer chez eux après l'extraction des balles qu'ils ont reçues" notamment, Roy Nicolas Djamndo, journaliste-présentateur à la télévision nationale et attaché de presse au ministère des Finances "blessé au pied dans son lit par une balle perdue", a-t-elle poursuivi.

Aucune réaction officielle n'a été encore faite sur ces tirs nourris qui ont crée un grand vent de panique dans certains quartiers.

Des mesures avaient pourtant été prises le 31 décembre par les autorités militaires pour mettre fin aux tirs intempestifs nocturnes effectués le plus souvent par des militaires ivres.

Le ministre délégué à la Défense, le général de division Xavier Sylvestre Yangongo, avait même invité la population de Bangui à signaler les zones d'où pouvaient éventuellement provenir ces tirs.


Le président Patassé favorable à un dialogue national sans exclusive

BANGUI, 1er jan (AFP) - 13h40 - Le chef de l'Etat centrafricain, Ange-Félix Patassé a déclaré mardi soir que le pays est dans une "situation de guerre larvée" et "qu'il devient impérieux de se rassembler sans exclusive".

"Devant une telle situation de guerre larvée, j'en appelle à la mobilisation générale de tous les Centrafricains sans exclusive. Je dis bien sans exclusive, car ce que nous avons de cher, notre beau pays, est en grand danger", a affirmé le président centrafricain dans un discours radiotélévisé à l'occasion des voeux de Nouvel an.

"Nous ne pouvons pas et ne devons pas continuer à tant démolir notre patrie. L'ambition légitime que peut nourrir un compatriote pour son pays, a t-il dit, ne peut pas justifier toute la souffrance que nous vivons en cette fin d'année 2OO2".

"Il devient donc impérieux de se rassembler sans exclusive, d'engager des discussions et de trouver des voies et moyens pour y mettre fin rapidement", a déclaré M. Patassé.

Le président Patassé avait proposé, fin novembre, l'ouverture d'un dialogue national pour tenter de mettre un terme aux crises militaro-politiques que connaît la RCA depuis 1996. Mais aucune date n'a encore été fixée pour l'ouverture de ce dialogue dont seul le coordonnateur a été désigné en la personne du président de la conférence épiscopale centrafricaine.

Selon le chef de l'Etat centrafricain, "l'an 2OO2 était porteur d'espoir", brisé par la tentative de coup d'Etat du 25 octobre et les multiples dépradations, vols et pillages qui l'ont accompagnée ou suivie, affectant le tissu économique du pays.

Le président Patassé a ainsi cité à titre d'exemple le matériel détruit après avoir été récemment importé pour la nouvelle société cotonnière, Socadetex afin de rénover ses usines et commencer la campagne dès décembre. Il en a été de même, a-t-il dit, de nombreux projets de coopérations menés avec des ONG ou des congrégations religieuses. Le matériel volé a été "revendu à vil prix à Sahr", ville du sud du Tchad, a-t-il dit.

"Dans les zones occupés par les agresseurs, les populations autochtones sont terrorisées, victimes de terribles sévices, et devenues esclaves dans leur propre pays. Alors que les communautés tchadiennes vivant dans ces zones bénéficient de la protection des agresseurs", a regretté M. Patassé.

Les autorités centrafricaines ont constamment accusé le Tchad d'être derrière la dernière tentative de coup d'Etat.

Le chef de l'Etat centrafricain a notamment adressé ses remerciements à la France, au secrétaire général des Nations-Unies, aux pays de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) pour leur aide dans la crise que traverse la Centrafrique.


"CENTRAFRIQUE_CRISE/DIALOGUE: LES CONDITIONS D'UN DIALOGUE NE PASSENT PAR PAULIN !"
KODRO

L'opposition centrafricaine récuse Mgr Pomodimo comme médiateur

Paris, France (PANA) -  L'archevêque de Bossangoa, Mgr Paulin Pomodimo, nommé médiateur par le président centrafricain Ange-Félix Patassé, ne présente pas toutes les garanties de neutralité pour assumer ses nouvelles fonctions, a déclaré ce mardi à Paris, l'ancien Premier ministre centrafricain, Jean-Paul N'Goupandé.

Dans un entretien accordé à la PANA, M. N'Goupandé a estimé que le choix d'un médiateur pour dénouer la crise politique que connaît depuis plusieurs années la Centrafrique, ne saurait se faire unilatéralement.

"Nous pensons, dans les rangs de l'opposition, que la désignation d'un médiateur devrait être le fruit d'un consensus entre le président Patassé et ses opposants. Ce qui n'a pas été, en l'occurrence, respecté. En plus, Mgr Pomodimo a tenu récemment sur l'insurrection armée, des propos qui laissent à douter de sa neutralité", a affirmé l'ancien chef du gouvernement de la transition.

Il a en outre ajouté que les conditions d'un dialogue politique ne sont pas actuellement réunies en Centrafrique où, a-t-il dit, le pouvoir poursuit une logique implacable de répression de toutes formes de revendication.

"Au concert de casseroles organisé par les habitants de Bangui, le régime du président Patassé a opposé des kalachnikovs, des brutalités et des emprisonnements de jeunes, dont on est souvent sans aucune nouvelle. Ce pouvoir là était-il vraiment prêt à dialoguer avec son opposition?", s'est interrogé M. N'Goupandé.

Le peuple centrafricain ne va pas attendre 2005, date de la fin du mandat du président Patassé, pour trouver une solution "au profond malaise socio-économique" que connaît la Centrafrique, a-t-il averti, ajoutant que "nul ne sait si en 2005 le chef de l'Etat sortant ne va encore truquer les élections".

"La communauté internationale nous dit qu'il faut des élections pour que Patassé quitte le pouvoir, on veut bien. Mais, que faut-il faire d'ici le scrutin présidentiel de 2005, dans un pays où les salaires des fonctionnaires ne sont plus payés depuis trente deux mois, où des rebelles étrangers viennent, avec l'accord du pouvoir, violer des filles de 8 ans, tuer et piller les populations?" s'est indigné Jean-Paul N'Goupandé.

Plusieurs partis de l'opposition centrafricaine se sont, rappelle t-on, regroupés le 7 décembre dernier à Paris, dans une "Plate-forme" qui envisage ouvertement, de chasser le président Patassé du pouvoir et de mettre en place une transition démocratique de trois ans.

Paris - 31/12/2002


Un parti d'opposition dénonce des "projets de liquidation"

BANGUI, 3O déc (AFP) - 13h57 - Le Parti Social Démocrate (PSD, 3 députés) a dénoncé lundi "des menaces d'arrestation et autre projet de liquidation physique qui pèsent sur les dirigeants des partis d'opposition" de la part, selon lui, du gouvernement centrafricain.

"Le PSD prend à témoin le peuple centrafricain et la communauté internationale des menaces d'arrestation et autre projet de liquidation physique qui pèsent sur les dirigeants des partis politiques de l'opposition et rend d'emblée responsable le gouvernement de tout ce qui attentera à la vie du (son) président Enoch Derant Lakoué", affirme le PSD dans ce communiqué.

Egalement président de la Concertation des Partis Politiques d'Opposition (CPPO), "Le camarade Enoch Derant Lakoué et le PSD ne sont nullement responsables de l'incapacité du régime (du président Ange-Félix) Patassé à gouverner ce pays", poursuit le communiqué

Le PSD se félicite par ailleurs que "la première journée (vendredi) du concert de casseroles a été une réussite totale malgré les tentatives d'intimidation du gouvernement".

A la suite de cette manifestation, prévue chaque soir vers 18H00 jusqu'à mardi soir 31, le gouvernement avait accusé samedi la CPPO de "manoeuvres subversives".

Le porte-parole gouvernemental avait, selon le PSD, rendu M. Lakoué "responsable de cette action qualifiée par lui de trouble à l'ordre public, d'appel à l'insurrection, alors qu'il s'agissait d'une manifestation pacifique" et affirmé que des mesures seraient prises "pour faire respecter l'ordre et la légalité".

Samedi soir, des tirs d'armes automatiques avaient suivi le début du concert de casseroles qui s'était de ce fait interrompu et n'a pas été reconduit dimanche.

Selon M. Lakoué, interrogé dimanche soir depuis Libreville, des manifestants ont été blessés et d'autres arrêtés samedi soir. Mais, a-t-il assuré, le concert reprendra lundi et mardi.

La Saint-Sylvestre tragique et le bras de fer Koyambounou_Lakoué (02 janvier 2003 
Journées 30 et 31 D02 : sol centrafricain sous occupation et manifestations politico-militaires. (31 décembre 2002


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 13