Les évêques prennent acte du changement mais prônent le dialogue national

BANGUI, 5 avril 2003 (AFP) - 16h55 - Les évêques de Centrafrique prennent acte du changement intervenu lors du coup d'Etat du 15 mars mais continuent de prôner le dialogue national "pour sortir le pays du cycle de violence où il risque de s'enfermer".

"L'Eglise catholique, tout en condamnant le dernier coup de force, prend acte du changement intervenu et continue de prôner que seul un dialogue national peut sortir le pays du cycle de violence où il risque de s'enfermer", affirment les évêques dans ce message signé du président de la Conférence épiscopale, Mgr Paulin Pomodino, nommé coordonnateur de ce dialogue par l'ancien président Ange-Félix Patassé.

"Cette option au dialogue national (proposé fin novembre par M. Patassé) nous a paru si importante que l'Eglise elle-même s'est intensément engagée dans la préparation de ce forum national", rappellent les évêques.

"Seul, un véritable dialogue politique et national peut accoucher des solutions durables au problème centrafricain", assurent les prélats. "Aujourd'hui, force est de constater avec amertume que l'inexplicable intransigeance du régime défunt et son manque de courage politique ont fait perdre patience à la rébellion, lassée par ces tergiversations", relèvent-ils.

"Voilà pourquoi, malgré son caractère inconstitutionnel, ce dernier coup d'Etat a trouvé un écho favorable au sein d'une population exténuée par une gestion chaotique de la chose publique", écrivent encore les évêques.

"Toutefois, poursuit le message épiscopal, nous tenons à condamner les exactions qui ont accompagné et suivi cette prise de pouvoir par la force: exécutions sommaires, pillages de biens d'autrui, insécurité généralisée".

Les évêques saluent cependant "les efforts entrepris par les forces nouvelles pour mettre fin à tous ces actes qui peuvent semer le doute dans l'esprit des filles et fils de Centrafrique".

Les prélats réclament aussi "que les dignitaires d'hier regagnent leur foyer afin que ce pays tout entier soit réellement porté par la dynamique de la réconciliation nationale souhaitée par tous les Centrafricains". De nombreux responsables de l'ancien régime se sont, depuis le coup d'Etat, réfugiés dans diverses ambassades ou auprès du Bureau des Nations Unies pour la Centrafrique (BONUCA).

La conférence épiscopale lance également "un appel aux nouveaux dirigeants pour réorganiser et redynamiser rapidement l'armée nationale et les forces de sécurité, afin de garantir l'indépendance et l'unité nationale". Elle souhaite que "tout soit mis en oeuvre pour que l'administration, le secteur économique, éducatif et sanitaire repartent sur des bonnes bases sur toute l'étendue du territoire, selon l'engagement des nouveaux dirigeants".

A l'endroit de la communauté internationale, les évêques réitèrent leur appel de novembre dernier "pour examiner le cas centrafricain avec bienveillance et humanité, animée par le seul souci d'aider un pays délabré et un peuple qui souffre d'une misère indescriptible".


Actualité centrafrique de sangonet - Dossier 16