Bozizé: cent jours au pouvoir (RFI - Dossier Actualité)

Le général François Bozizé passe le cap des cent jours au pouvoir. La célébration de cette étape a été marquée par un appel du président en faveur d’une «aide prompte et substantielle» de la communauté internationale. Une première satisfaction est la note positive délivrée par une mission des Nations unies dépêchée à Bangui.

Depuis le coup d’Etat du 15 mars, le général François Bozizé a entrepris un toilettage de toutes les institutions de la République. On efface tout et on recommence, mais on ne passe un coup d’éponge sur les dus et obligations de l’Etat vis-à-vis des fonctionnaires. Le règlement des arriérés de salaires était une des priorités du nouveau chef de l’Etat. Le Premier ministre Abel Goumba a réalisé un rattrapage partiel des salaires, mais confesse un essoufflement du gouvernement face à l’ampleur des retards accumulés. «Quelles que soient notre détermination et notre volonté de respecter l’échéancier que nous nous sommes fixé pour la transition, les moyens nous manquent cruellement pour le réaliser. Nous ne pouvons scrupuleusement respecter cet échéancier que si l’aide de la communauté internationale est prompte et substantielle», a déclaré François Bozizé lors d’une allocution radiodiffusée.

L’assainissement des comptes de l’Etat devrait aussi renflouer les caisses. C’est pourquoi une lutte acharnée contre la corruption a été engagée par le pouvoir. La réorganisation des secteurs minier et forestier préoccupe le gouvernement qui dénonce des permis de complaisance délivrés à des «prédateurs et dignitaires de l’ancien régime». Le pouvoir a installé plusieurs commissions de vérification et de contrôle de toutes les entreprises qui ont obtenu des licences d’exploitation. Ainsi de nombreuses sociétés ont-elles trouvé leurs activités suspendues. Les premières à être frappées par les nouvelles mesures sont des entreprises d’achat, d’import-export de diamant et d’or. Au nombre des ces entreprises figure «Colombes mines» de René Koffi Bondomboussou, le beau-frère de l’ancien président Ange-Félix Patasse.


 

Rétablir la confiance

Par ailleurs, deux entreprises d’Etat font les frais de la nouvelle restructuration, Socatel (télécommunications) et Enerca (électricité), dont les conseils d’administration ont été dissous et les directeurs généraux limogés. La Socatel, détenue à 60% par l’Etat centrafricain et à 40% par France câbles radio du groupe France Télécom et Enerca sont des sociétés d’économie mixte à gestion privée, pourraient bientôt être sur la liste des entreprises «privatisables». Mais pour l’instant, l’expérience du désengagement de l’Etat dans le secteur minier qui n’a pas été compensé par l’apport de capitaux privés retarde l’échéance des privatisations. La stabilité politique et la sécurité sont les socles de la confiance qui ont fait défaut à l’économie centrafricaine frappée par les crises politico-militaires successives depuis 1996.

Le retour de la confiance passe aussi par le retour de l’ordre constitutionnel. Pour cela un échéancier de la transition a été établi, prévoyant l’organisation d’un référendum constitutionnel en 2004, suivi des élections présidentielles, législatives et locales. Le général François Bozizé a annoncé le retour à l’ordre républicain pour janvier 2005. La toute première note satisfaisante que recueille le pouvoir de Bangui vient de l’ONU qui juge positive l’évolution de la situation en Centrafrique. La mission conduite par le sous-secrétaire général de l’ONU, Tuliaméni Kalomoh, du 21 au 22 juin à Bangui s’est dit satisfaite de ses observations et rendra un rapport au secrétaire général, Kofi Annan qui soumettra à son tour à l’appréciation des organes de l’ONU, «les besoins, les défis dans le domaine de la paix, de la sécurité, du développement économique et des droits de l’homme», en République centrafricaine. Pour le pouvoir centrafricain cette reconnaissance des Nations unies qui se rajoute à celle de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) est beaucoup plus importante que les jugements de l’Union africaine qui ne reconnaît toujours pas les nouveaux dirigeants centrafricains.

DIDIER SAMSON
26/06/2003

Actualité Centrafrique - Dossier 16