Le gouvernement centrafricain dissout une unité militaire de renseignement, le SERD

BANGUI, le 14 novembre Nations Unies (IRIN) - Le gouvernement de la République centrafricaine a dissout une unité militaire de renseignement accusée de violations de droits de l'homme, a annoncé mercredi, Thierry Maleyombo,
haut commissaire du gouvernement pour les droits de l'homme.

"Le gouvernement a décidé de supprimer cette institution qui a fait souffrir de nombreux citoyens centrafricains pendant des années," a-t-il expliqué.

L'unité avait été accusée de pratiquer la torture, le viol et l'extorsion. M. Maleyombo a refusé de donner des exemples précis pour ne pas interférer dans les enquêtes relatives à ces accusations.

L'unité, connue sous le nom de Service d'enquête, de recherche et de documentation (SERD), était basée dans la caserne militaire Izamo dans la capitale, Bangui. La caserne héberge également les gardes présidentiels. Le SERD opérait dans le cadre des services présidentiels de sécurité. Il avait en charge les prisons dans lesquelles des individus pouvaient être détenus en dehors de toutes procédures légales.

La décision de dissoudre l'unité a été prise à la suite d'un viol collectif d'une jeune femme commis par cinq gardes présidentiels dans les bureaux du SERD, le 28 octobre. Les auteurs du viol et deux complices ont été, après les faits, limogés de l'armée par le président François Bozizé.

"Nous avons toutes les garanties que les violeurs comparaîtront devant la justice," a déclaré M. Maleyombo.

Consécutivement à cette révocation, M. Bozize avait muté Louis Mazangue du commandant de la sécurité présidentielle en le nommant gouverneur de la
province du Haut Mbomou dans le sud-est du pays. Les observateurs politiques avaient qualifié cette mesure de "sanction déguisée".

Lundi dernier, la Ligue centrafricaine des droits de l'homme (LCDH) a dénoncé l'inconduite des  autorités militaires responsables de violations de droits de l'homme.

La LCDH est dirigée par l'actuel président du Conseil national de transition, Nicolas Tiangaye, avocat de profession. La ligue a énuméré plusieurs violations présumées, restées impunies. Elle a mentionné le meurtre au mois d'août d'un élève de l'école secondaire de Boganda à Bangui, le viol en août d'une femme au camp de Beal, une autre caserne dans la capitale, le meurtre en septembre d'un officier de gendarmerie à la retraite dans la banlieue de Bangui et le meurtre d'un commerçant nigérian au mois de septembre.

Le président adjoint de la LCDH, Nganatouwa Ngougaye, a appelé le gouvernement à prendre des mesures afin que cessent les violations des droits de l'homme par les autorités militaires. Il a aussi incité les victimes à s'inscrire à la LCDH pour envisager des poursuites judiciaires.

La dénonciation par la LCDH est la première critique publique faite à l'encontre des agissements de l'armée en la matière. De nombreuses violations des droits de l'homme commises par les anciens rebelles avaient été rapportées. Ils combattaient alors aux côtés de François Bozizé durant une rébellion de six mois qui s'est achevée par l'éviction du pouvoir d'Ange-Félix Patassé, le 15 mars dernier.

"Assurés d'une totale impunité, ils ont terrorisé la population, en tuant et en commettant des vols à mains armées," a rapporté le LCDH.

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 17