Le peuple m’a demandé d’être candidat. Qui dit mieux?

Même si nous avons été outrés par la prétention qu’a François Bozizé de se présenter aux élections présidentielles prochaines, contre les avis gratuits de certains notables africains, et après mûres réflexions, notre opinion à ce sujet est la suivante.  Nous pensons que François Bozizé pourrait en toute liberté postuler à la fonction légitime de chef d’état qu’il avait usurpée, afin de légitimer son pouvoir.  L’une des raisons fondamentales pour ce faire est qu’il est incontestablement un des enfants du pays, et, qu’à ce titre il pourrait être candidat, comme l’avaient fait avant lui Dacko, Goumba , Kolingba, Patassé et d’autres.  N’avait-il pas déjà été candidat à ce même poste sans grande opposition de la part du public?  Pourquoi donc aujourd’hui ce même peuple centrafricain lui refuserait-il ce droit?  Surtout quand nous présumons que le peuple exigerait l’application sine qua non de ce premier critère à tous les autres dossiers de candidature sans exception.  Nous pensons donc que l’origine du candidat ou son affiliation entrerait dans la balance, afin de déterminer sur cette base si oui ou non le dossier de candidature de celui-ci est recevable ou non.

 

Ce préambule établi, l’on pourrait aussi affirmer que Bozizé ou ses supporteurs avaient eu également la liberté d’organiser une ou plusieurs marches de soutien en faveur de sa candidature.  Le priver ou priver ses supporteurs du droit d’exprimer leurs opinions serait un acte anti-démocratique, dans une société centrafricaine où les citoyens, les partis politiques et surtout la presse voudraient que ce type de liberté soit protégé par les institutions – celles qui attendent d’être légalement mises en place par Bozizé lui-même.  Mais, il appartient également à chaque individu ou groupe de supporteurs d’user de ce droit et d’organiser librement et dans la légalité leurs marches de soutien pour exprimer les raisons de leur opposition à la candidature de Bozizé ou pour soutenir un autre candidat de leur choix. C’est cela se battre à armes égales.  Et le public attendrait que le ministère de la transition, chargé de l’intérieur donne sans hésitation aucune son accord pour l’organisation par les autres partis de manifestations du genre, afin de faire passer à la démocratie centrafricaine les tests nécessaires pour l’acquisition du sceau de sa maturité.  C’est cela l’exercice de la démocratie, et, ce n’est point une voie à sens unique.

Cependant, et nous n’insisterons jamais assez, toute cette _expression d’opinion devrait se faire selon des règles bien déterminées qui auraient été prescrites par la constitution du pays.  L’examen des textes de cette constitution devrait préciser, par exemple, si le poste suprême de l’exécutif pourrait être occupé par à un militaire déjà assermenté. Cette constitution devrait répondre à la question de savoir si tout candidat au poste de chef de l’état devrait être uniquement issu d’une fonction civile. Elle devrait aussi répondre à la question qui nous intéresse et qui serait celle de savoir si Bozizé devra démissionner de l’armée nationale, avant de déposer son dossier de candidature. Par ailleurs, cette consultation nous éclaircirait aussi sur la situation du cumul des fonctions par les membres du gouvernement. Mais voilà le hic!  La constitution n’existe toujours pas pour préciser sans ambiguïté les règles du jeu, relatives à ces élections prochaines.  Est-ce que tout ce silence ou tout ce vide ne correspondrait pas à une machination ourdie par Bozizé pour vouloir brouiller les cartes puis confisquer le pouvoir comme l’avait fait plusieurs de ses prédécesseurs?  A notre humble avis, tout ce cancan de Bozizé constitue simplement de la digression. Le peuple centrafricain devrait rester vigilant et accorder toute son attention à l’établissement des textes de la constitution et des lois que proposerait le gouvernement de Bozizé.  Et si ses propositions s’avèrent être une autre supercherie, alors il serait donc nécessaire de ré-éxaminer les termes des engagements qui avaient été pris, avant de songer à aller vers les élections qui ne sont pas une fin en soi pour ceux qui comprennent réellement l’importance de ce qui est en jeu.  L’établissement d’une constitution robuste devrait être la cible véritable de la bataille pour assurer la légalité des institutions et pour rétablir et consolider la démocratie à court, moyen et long terme.

 

Dans la gamme des projets de lois, le peuple devrait faire voter plusieurs textes qui (1) abrogeraient toutes les amnisties qui avaient été accordées par Kolingba, Patassé et Bozizé, à des criminels qui n’avaient pas payé leurs dettes vis à vis de la société et qui nuisent toujours, (2) lèveraient toutes les immunités des personnalités politiques, et (3) étendraient le délai de prescription à 100 ans, à partir de la date du crime.  Ces grands projets de lois sont importants, afin de chercher à redonner ses titres de noblesse à la Justice en Centrafrique. Dans cette même foulée, le peuple centrafricain devrait se constituer partie civile et porter plainte contre Kolingba, Patassé et Bozizé et peut-être d’autres pour trahison, malversation, complicité et mort d’homme, et, atteinte grave à la sécurité du pays. Ce serait donc sur cette base et par le biais de la commission électorale, que le peuple devrait rejeter les dossiers des candidats soupçonnés d’avoir commis un seul ou plusieurs des crimes cités ci-dessus? Nous avons volontairement omis le terme casier judiciaire, parce que sachant que tout criminel pourrait s’en faire établir un en bonne et due forme et qui soit vierge.  Mais dites moi, est-ce que le citoyen raisonnable accepterait de confier la charge des affaires du pays à un homme ou à une femme qui aurait un casier judiciaire lourd ou qui aurait à répondre de crimes devant la justice?  Vous souvenez-vous du temps où la conduite d’enquêtes de moralité était exigée avant d’être jugé apte ou non pour occuper une fonction publique?  Peut-être que le moment serait venu de rétablir cette pratique pour séparer le bon grain de l’ivraie et choisir le candidat le mieux qualifié qui conduirait les destinés de la Centrafrique.  Ce sera seulement en abordant le problème des élections présidentielles sous cet angle légaliste que le peuple centrafricain pourrait entériner la respectabilité de la fonction de chef de l’état, confirmer la crédibilité des candidats, et, faire respecter les lois constitutionnelles et les règles d’une société démocratique. L’origine du candidat, sa crédibilité et l’examen de sa moralité seraient quelques uns des critères à examiner, afin de redonner au poste de chef de l’état toute sa grandeur. Mais ceci dit, nous attendons toujours la révélation des articles de cette nouvelle constitution historique que Bozizé, son gouvernement et le CNT voudraient offrir prochainement au peuple centrafricain pour consultation.

 

Et tout ce tintamarre autour de la stratégie de nomination du candidat Bozizé ferait penser à un agriculteur qui, pour labourer sa parcelle, mettrait la charrue avant les boeufs.  Remarquer que celui-ci pourrait aussi prendre tout le temps qu’il voudrait pour dresser ses boeufs et leur apprendre à tirer sur la charrue en reculant. Mais est-ce que le peuple aurait la patience pour attendre les résultats de ce nouveau mode de dressage?  Le peuple centrafricain devrait rester vigilant pour refuser de flirter avec le diable qui avait pris la forme de Bozizé et des autres aspirants pour lesquels être président ne signifie pas se mettre au service du pays et de chaque citoyen, mais plutôt suivre une trajectoire pour nourrir leurs fantasmes et à l’occasion, jeter des miettes à leurs griots et autres chevaux de bataille. Le moment enfin est tout à fait désigné pour réorganiser les partis en grands ensembles politiques par le truchement d’alliances, afin de redéfinir les grandes idées et les grandes stratégies de développement, pour éclairer le public et assurer une éducation politique solide de toute la société civile, et, pour aller en ordre rangé vers l’établissement de la constitution et des lois garantissant la souveraineté nationale et vers les élections.

Jean-Didier Gaïna
Virginie, Etats-Unis d’Amérique
(Sun, 1 Aug 2004 20:36:49)

Actualité Centrafrique de sangopnet - Dossier 19

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Réaction suite à l'analyse de Jean Didier, GAINA, Virginie, Etats Unis d'Amérique (publiée dans sangonet le 1er août 2004) : Le peuple m’a demandé d’être candidat. Qui dit mieux?

Mon frère Jean Didier,

Je suis content que les fils de Centrafrique commencent à s'intéresser aux affaires de leur pays. Mais je pense que nous ne comprenons pas encore le sens du forum de réconciliation qu'avait organisé le Général BOZIZE pour réunir tous les centrafricains autour d'une même table, partager les problèmes. Cette table avait donné l'occasion à beaucoup de personnalités de ce pays à reconnaître leurs fautes et à demander pardon, mais nous regrettons l'absence de Patassé qui devait le faire à son tour. Nous avons pardonné. Je suis en train de constater encore que les mêmes fils du pays reviennent sur les mêmes problèmes qui ont ruiné notre pays : l'égoïsme, le népotisme, la jalousie et bien d'autres.
Pourquoi encore proposer aujourd'hui qu'une loi soit votée pour lever l'amnistie sur BOZIZE, KOLINGBA et bien d’autres militaires ? Nous régressons toujours si nous continuons à mûrir ces idées. Essayons de comparer notre pays avec ceux de l’Afrique de l’ouest, nous sommes vraiment trop en retard. Par exemple, à Bangui, il n'existe pas des feux tricolores dans nos rues alors que dans certaines provinces du Mali, ceux-ci existent bel et bien. Je ne voulais pas comparer Bamako et Bangui. De grâce, évitons toutes les discussions stériles qui ne peuvent nous grandir ou développer notre pays. Vous qui êtes à l'étranger, faites de bonnes propositions à nos dirigeants. N'avez vous pas honte de parler de notre pays devant les autres alors que nous n'avons même rien chez nous ? Nous perdons notre temps à écrire pour détruire et non pour construire. L'avenir de notre pays ne dépend pas seulement d'une seule personne (BOZIZE), ce n'est pas la tête d'une personne qui doit nous intéresser mais de celui qui doit nous conduire à bon port, celui qui doit donner à manger à tous les centrafricain. Vous qui êtes aux USA, combien de maisons, de villas, avez vous construit à Bangui ? Au lieu de nous parler de politique, parlez nous plutôt des projets que vous avez négociés pour le développement de nos communes. Vous êtes la bas comme nos ambassadeurs. Faites comme les maliens qui construisent leur pays en faisant des jumelages avec les communes dans lesquelles ils vivent. Je pense que vous m'avez compris ! Debout pour le développement de notre pays. 

Fabrice BALEMO
E-mail : balemo2002@yahoo.fr
Mon, 23 Aug 2004 15:45:23 +0200 (CEST)


Une lettre à Fabrice Balémo (droit de réponse)

 

Mon cher Fabrice,

 

La lecture du message personnel que vous nous avez adressé, nous a laissé pantois, du fait de la naïveté de certains propos qui y sont contenus.  Nous nous efforcerons donc ici de vous apporter quelques informations supplémentaires, afin d’éclairer votre lanterne.

 

Si l’histoire des 20 dernières années de la Centrafrique vous intéressait particulièrement, vous avez dû entendre parler des differentes manifestations d’étudiants et d’élèves de Bangui ou de grèves des syndicats, qui avaient entraîné la chute du régime de l’empereur, le 19 septembre 1979.  A la suite de cet évènement dans le pays, l’on avait observé l’éclosion de nombreux partis politiques, sous la houlette de personalités telles Goumba, Maïdou, Patassé, Péhoua, etc. Aujourd’hui, la liste des partis politiques en Centrafrique s’est davantage allongée.  Et l’on pourrait librement prédire que d’autres nouveaux partis continueront à voir  le jour. Aussi, si vous vous adressez aux centrafricains de la rue, vous decouvrirez que chacun d’eux se réclament d’être militant d’un parti ou d’un autre, même si celui-ci n’a pas de carte d’adhérant, et, même si celui-ci n’avait jamais payé ses cotisations.  Le survol donc de cette histoire avait dû vous apprendre que les partis politiques, les syndicats, et les étudiants avaient régulièrement organisé des manifestations pour exprimer leurs mécontentements au sujet de promesses non tenues par les différents régimes qui avaient dirigé le pays.  Il y avait eu des manifestations sous les régimes de Dacko, Kolingba, Patassé et Bozizé. L’histoire ainsi résumée et en nous limitant exclusivement aux manifestations, nous nous demandons comment un centrafricain de votre classe pourrait prétendre ne pas réaliser que les enfants du pays s’intéressent évidemment aux affaires de la Centrafrique?  Bien évidemment, la mauvaise conduite des affaires de ce pays par les militaires et la classe politique nous préoccupe, parce que voyez-vous, nous avons toujours des enfants, des cousins, des neveux et nièces, et des petits-enfants qui sont toujours dans le pays et qui voudraient aspirer à mieux que ce que propose aujourd’hui le régime de Bozizé.  Mais où vous cachez-vous donc pour paraître aussi naïf et ignorant sur toute cette histoire, pour ne pas sentir cette douleur profonde que Bozizé et ses amis infligent à la population, et, pour ne pas dénoncer toutes ces injustices que subissent vos concitoyens?

 

Vous avez écrit que le Général Bozizé avait organisé le forum de réconciliation.  Est-ce que vous voudriez parler de la tenue du dialogue national, réclamé par le peuple et à propos duquel Patassé avait longtemps tergiversé?  Selon vous, de nombreuses personnalités, à l’exception de Patassé, avaient reconnu leurs fautes et avaient demandé pardon.  Est-ce que vous reconnaissez qu’une faute commise par un individu ne constitue pas nécessairement un acte criminel?  Vous avez aussi écrit “Nous avons pardonné”.  Mais, au nom de qui donc parlez-vous?  Ce “nous” représente-t-il votre autorité, celle de Bozizé,  ou bien la grande Justice prescrite dans le code napoléonien?  Est-ce que tous les deux, Bozizé et vous aviez institué ce forum de réconciliation en une cour de justice qui avait accordé l’absolution et l’amnistie à tous ceux qui avaient prétendumment reconnu leurs fautes et demandé pardon? Quel sens donnez-vous à l’amnistie d’un individu qui n’a commis aucun crime?  Dans mes propos, j’avais été précis et parlé de crime et non de faute.  A ce sujet, nous espérons que vous savez faire la distinction entre ces deux termes!  N’avez-vous jamais entendu parler des assassinats, des viols, des détournements, des vols, des braquages, des destructions d’infrastructures, et autres dans le pays?  Mais, réalisez-vous enfin que les auteurs de ces forfaits sont toujours en liberté?  Et votre pillule de la réconciliation est, à mon sens, extrêmement difficile à avaler.  Avez-vous personnellement eu une seule pensée pour les victimes qui ne sont plus, ou un geste pour ceux qui avaient été lésés, ou encore, apporté un soutien quelconque aux familles éplorées?  Parce que la justice n’avait toujours pas été rendue dans chacun des cas, l’on n’est donc pas surpris de lire que de nouvelles exactions par les membres du régime de Bozizé font chaque jour de nouvelles victimes innocentes.  Mais pendant que vous y êtes, ne voudriez-vous pas demander d’avance la tenue d’un autre forum de réconciliation, afin d’amnistier ces nouveaux criminels qui excellent dans l’art de causer du tort à toute une multitude?  La position que vous soutenez est indéfendable, n’a malheureusement pas de sens, et, va à l’encontre des sentiments réels de nombreux citoyens centrafricains affectés par toutes les exactions qui avaient eu lieu.  Et si nous avions fait la proposition de lever l’imunité de ces criminels, c’est pour donner libre cour à l’exercice de la véritable justice civile en Centrafrique. Il faudrait donc rassembler tous les faits, porter plainte contre tout ce monde, et, traîner ces criminels devant une cour de justice, afin qu’ils rendent compte de tous les torts qu’ils avaient causés. Nous vous faisons remarquer que nous n’avions pas demandé l’établissement de la sharia en Centrafrique pour châtier ces criminels. Peut-être que cette manière de faire justice aurait été plus expéditive et plus efficace!  Mais se taire et ne pas parlez ouvertement de ces choses là, serait faire comme l’autruche; c’est refuser de laisser en héritage un meilleur avenir aux procahaines générations. Et si cette prise de position est, selon vous, faire de la politique, c’est tant mieux, car nous sommes vraiment content d’en faire, parce ce que nous essayons d’oeuvrer en faveur d’une cause que nous estimons juste. C’est dommage que vous n’en compreniez pas encore la mesure! Et si nous continuons à parler de tous ces maux, c’est simplement parce qu’ils n’avaient jamais été totalement éradiqués.  Accorder l’imunité à tour de bras à des criminels qui n’avaient pas été jugés est sans aucun doute un mal parmi d’autres.

 

Puis vous parlez de projets de développement, de l’exemple des pays d’Afrique de l’Ouest, de jumelage des villes, sans vraiment développer ces idées et sans nous offrir l’occasion de bien comprendre votre argumentation.  Tout cela est beaucoup de choses à la fois.  Pourquoi voudriez-vous parler de feux tricolores avec tous ces délestages de l’Enerca à Bangui et l’absence d’électricité dans les villes de l’intérieur pour leur fonctionnement régulier et continue.  Pourquoi parler de feux tricolores s’il manque toujours des panneaux de signalisation, importants pour prévenir les accidents et pour assurer la sécurité des usagers de la route?  Est-ce que le développement de la Centrafrique devrait se mesurer au nombre de feux tricolores aux intersections des routes?  Contrairement à ce que vous avez écrit, la Centrafrique a en réalité beaucoup de ressources qui sont malheureusement détournées par les gouvernements et qui occasionnent des pertes sèches dans les caisses de l’état. Prennez donc l’exemple récent des diamants que Bozizé cherchait à vendre en Europe.  Quel montant des transactions Bozizé avait-il versé aux services financiers de l’état?  Et nous n’avons pas de honte à dénoncer ces malversations, à réveiller une conscience nationale pour qu’ensemble les centrafricains réalisent leurs rêves dans un pays libre, dynamique, prospère, où les lois sont respectées et s’appliquent à tous. Nous avons le droit d’agir ainsi, même si vous nous désapprouvez. Pour ce qui concerne les projets de développement, nous pourrons vous suggérer de vous rendre au Ministère du Plan et de la Coopération et de consulter auprès des autorités compétentes l’inventaire de tous les projets de développement, financés par l’aide extérieure.  Faites en l’analyse pour en déterminer les retombées sur la population.   Peut-être que cette analyse vous donnerait l’occasion de reviser votre point de vue sur les concepts de développement, les méthodes d’exécution des projets, et les gaspillages.  Vous ne devriez pas attendre que les projets arrivent de l’extérieur, par le canal des centrafricains à l’étranger, ou par un processus quelconque de jumelage. Vous pourrez même faire mieux!  En donnant autour de vous l’exemple du bon citoyen, engagé dans des actions d’épanouissement économique, social et intellectual de sa cité, en excellant dans votre travail de chaque jour, en offrant des cours de rattrapage gratuits aux écoliers et étudiants de votre arrondissement, en organisant et participant volontairement à des travaux d’assainissement de votre quartier, etc. Les exemples du genre abondent et n’exigent que peu d’imagination. Ce serait peut-être par votre adhésion personnelle à l’idée d’apporter votre contribution au développement de votre pays et par l’exécution effective et permanente de chacune de ces initiatives, créés par chaque centrafricain, que le développement de la Centrafrique pourrait sonner à la porte. Ce serait vivre un fantasme que de croire que nous devrons vous expéditer par courrier express un projet quelconque dont vous rêvez.  Vous réaliserez peut-être qu’aucun centrafricain à l’étranger n’exerce réellement les fonctions de courtier de projets de développement. Si les maliens réussissent dans ce qu’ils entreprennent chez eux, c’est que le Mali a une longue et grande histoire et des moeurs qui n’ont rien de comparable avec l’histoire de l’empire centrafricain et les us et coutumes de la Centrafrique d’aujourd’hui.  Ces maliens auraient peut-être des dispositions que les centrafricains n’ont pas.  Peut-être que les centrafricains devraient approcher ce problème de développement d’une manière plus personnelle, avec plus de rigueur, plus de courage, plus d’enthousiasme, plus d’ingéniosité et davantage d’intelligence! 

 

Pour terminer, nous vous encouragerons à vous instruire davantage, en vous engageant par exemple dans un parti politique de votre choix pour tester les arguments que vous aurez à propos de la politique, des modes de gouvernement, des institutions démocratiques et du développement de votre pays.  C’est cela faire de la politique. Et nos propos constituent notre investissement, même si vous ne parvenez pas à en saisir la valeur tangible.

 

Cordialement à vous!

 

Jean-Didier Gaïna

Virginie, Etats-Unis d’Amérique - [droit de réponse mis en ligne: 31 août 2004]