Difficiles conditions de vie pour les familles des putschistes. HCR et premiers secours d'urgence


(AFP, Bangui, 24 juillet 2001 - 15h57) - De nombreuses familles de soldats putschistes qui ont fui Bangui après la tentative de coup d'Etat du 28 mai contre le président centrafricain Ange-Félix Patassé se retrouvent aujourd'hui dans un total dénuement.

Au complexe pédiatrique de la capitale où elle tente de faire admettre son fils de quatre ans, une jeune femme s'interroge devant un journaliste de l'AFP: "Je suis sans aucun moyen. Je n'ai même pas 5 francs CFA (0,05 FF) en ce moment, alors comment pourrais-je faire face aux problèmes de santé de mes quatre enfants?"

Son mari, qui faisait partie des mutins, a quitté Bangui quelques heures après l'échec de la tentative de coup d'Etat mais elle ignore où il se trouve.

Comme elle, quelque 15.000 Centrafricains ont fui la capitale et trouvé refuge dans la localité voisine de Zongo, en République démocratique du Congo (RDC).

Dans les quartiers sud et sud-ouest de Bangui, où vivaient des milliers de familles yakoma (l'ethnie de l'ancien président André Kolingba), les femmes des putschistes, désormais sans ressources financières, supportent seules la charge de leur foyer.

Dans le quartier Bimbo, l'épouse d'un cadre du ministère des Affaires étrangères, mère de quatre enfants, fond en larmes: "je ne sais pas pourquoi mon époux s'est compromis dans cette affaire de coup d'Etat".

"Sous Kolingba, il était sur la touche et c'est grâce au président Patassé qu'il a été affecté dans une ambassade avant d'être nommé à Bangui", raconte-t-elle.

Dans un quartier sud, baptisé Bruxelles, une jeune épouse d'un soldat putschiste se lamente: "je ne sais pas si mon conjoint est encore vivant ou mort car ceux qui l'ont aperçu à Zongo il y a deux mois m'ont rapporté qu'il était dans un état inquiétant, gravement blessé. Il m'a abandonnée avec trois petits enfants et sans argent".

Avant la fermeture des frontières avec la RDC, la plupart de ces femmes traversaient quotidiennement le fleuve Oubangui pour assurer l'alimentation de leurs maris. Depuis le 18 juillet, elles sont refoulées par les soldats centrafricains et les membres de la garde présidentielle.

La répression des autorités centrafricaines s'exerce aussi sur des fonctionnaires soupçonnés d'avoir pris part ou encouragé la tentative de coup d'Etat.

Près de 4O policiers ont été suspendus de leurs fonctions et de solde pour une durée de trois mois par le ministère de l'Intérieur et devraient être traduits devant le conseil supérieur de la fonction publique pour "désertion en temps de guerre et abandon de poste", a-t-on indiqué de source officielle.

Plusieurs centaines de militaires qui n'ont pas répondu au contrôle du mois de juin, auquel ils doivent être physiquement présents, ont été considérés comme déserteurs et encourent des "sanctions de dernière rigueur" selon la même source.


Le HCR sur le point d'acheminer des secours d'urgence aux réfugiés centrafricains.
Nations Unies, NewYork, 24 juillet 2001 -

L'Agence de l'ONU aux réfugiés (HCR) a annoncé qu'elle était sur le point d'acheminer des secours d'urgence à plus de 25.000 Centrafricains réfugiés dans des conditions extrêmement précaires dans les régions de Zongo et Libenge, dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC). Ces réfugiés sont arrivés en RDC au lendemain du coup d'Etat manqué du 28 mai dans leur pays. Selon le HCR, les secours, qui comprennent notamment des vivres et du matériel de logement, devront être acheminés par les airs en raison de l'arrivée imminente de la saison des pluies.


Actualité Centrafrique - Dossier 6