Le dépistage comme stratégie pour réduire la pandémie (SIDA-VIH)

(Par Pierre Debato, correspondant de PANA à Bangui)

Le dépistage des populations vulnérables comme stratégie de lutte contre le SIDA figure parmi les principales recommandations d'un séminaire atelier international sur la pandémie qui vient de se tenir à Bangui, en Centrafrique.

Cette rencontre, à laquelle ont pris part des personnalités du monde médical impliquées dans le dépistage de l'infection à VIH venues de la France, de la Côte d'Ivoire, du Cameroun, du Tchad, du Gabon et de la Centrafrique et le Conseil en Afrique centrale, s'est tenu du 23 au 25 juillet.

Pour réduire la progression de la pandémie au sein des populations d'une grande vulnérabilité (jeunes désoeuvrés de 15 à 24 ans, enfants de la rue, population mobile) pour lesquels on observe une faible promotion des actions de dépistage, les participants qui, durant trois jours, ont échangé leurs vues et expériences, ont recommandé la promotion et le renforcement des activités spécifiques d'Information, éducation et communication (IEC) en leur direction.

Pour le séminaire, il faut légaliser la prostitution en vue d'une meilleure prise en charge du dépistage du VIH et de l'encadrement dans le domaine des infections sexuellement transmissibles.

En outre, les participants estiment qu'il faut rendre disponibles et accessibles les tests de dépistage pour toutes les populations et favoriser le dépistage volontaire par des personnes habilitées.

Il faut promouvoir 1'utilisation de tests rapides, veiller à l'approvisionnement régulier en réactifs pour le dépistage du VIH, renforcer les actions en faveur du dépistage au sein des structures spécialisées (services de santé des adolescents, districts sanitaires, centres d'information des jeunes), intégrer effectivement l'enseignement sur le VIH/SIDA dans le système éducatif et enfin impliquer les autorités dans les actions en faveur du dépistage.

On rappelle que l'Afrique, avec des taux de prévalence de l'infection à VIH très élevés aussi bien dans la population générale (de l'ordre de 5 à 20%) que dans les groupes à risques tels que les patients atteints de maladies sexuellement transmissibles chez qui ces taux atteignent parfois 40%, est le continent le plus touché comme en témoigne l'augmentation sans cesse croissante du nombre de cas notifiés à l'ONUSIDA.

Selon les experts, en l'absence de vaccin contre le VIH et de traitements curatifs efficaces à coût abordable pour les populations, le dépistage-conseil est apparu comme une véritable stratégie de santé publique, tant en terme de prévention que de prise en charge médicale et sociale qui retardera la manifestation clinique de la maladie et en limitera les conséquences.

Le séminaire de Bangui s'intègre dans la stratégie générale de promotion du dépistage de l'infection à VIH comme moyen de prévention et de prise en charge précoce des individus infectés expérimentée par le ministère de la Santé de la Centrafrique qui a mis en place l'Unité de dépistage anonyme (UDA) de Bangui.

Cette structure de référence nationale pour le dépistage volontaire et anonyme de l'infection à VIH a été créée en septembre 1997 au sein du Centre national de référence des MST/SIDA grâce à la collaboration scientifique et technique de l'ONG Médecins du monde et l'appui financier de l'Union européenne (UE).

L'UDA poursuit le développement des campagnes de dépistage volontaire auprès de certaines populations cibles que sont les jeunes adolescents, les étudiants, les prostituées, les femmes enceintes, les patients MST.

Elle a également pour objectif l'intensification des campagnes d'information sur le SIDA, les MST et la sexualité dans la salle d'éducation de 1'unité, dans les écoles et collèges de Bangui.

(PANA, Bangui, 31 juillet 2001)


Actualité Centrafrique - Dossier 6