Attendant un sursaut centrafricain

Le professeur Abel GOUMBA a pris position en tant que chef du FPP pour ne pas entretenir le mélange des genres actuellement observable sur la scène politique de notre pays.
Depuis l'indépendance juridique du 13 août 1960 la Centrafrique profonde, celle des laissés pour compte n'a de cesse de se résigner et de voir croître la désespérance. Les lendemains sont de plus en plus difficiles à vivre et à survivre.
Il existe des préalables de changement social et politique et de mutation économique. Aujourd'hui en tout cas le président PATASSE est aux commandes d'un pouvoir qui n'a qu'une seule préoccupation majeure, le maintien aux affaires et la volonté parfaitement apparente de changer les choses. Les exemples peuvent être multipliés à l'infini.
Il existe aussi un préalable stratégique et prospectif. Sans grand risque de pouvoir être contredit avec une argumentation indéboulonnable, l'alternance ne peut être envisagée à court terme dans la mesure où il faut sans prétention et hypocrisie faire un état des lieux de la classe politique centrafricaine, en balayant dans cette perspective "l'opposition" actuelle
Les forums internet, les cadres de débats organisés et les convergences structurées, sont un ensemble d'initiatives et d'espaces permettant de créer les conditions d'amorce d'un vrai changement. Chaque où j'interviens ici ou ailleurs c'est bien dans cet état d'esprit.
En réalité et en toute légitimité, il devient urgent qu'un certain nombre de démocrates convaincus n'ayons pas peur des mots, démocrates convaincus signifiant " patriotes pétris des valeurs de dialogue, de justice, de travail et de fraternité profonde" désireux de provoquer une rupture dans la vie politique se mobilisent puis actionnent le processus d'un autre départ.
Comment voulez vous que l'on puisse se taire indéfiniment sur:
La tribalisation de la vie publique nationale amorcée et systématisée par les pouvoirs successifs!
Comment également nié l'évidence de ce que la solution de liquider physiquement le président PATASSE nous conduirait à nous éloigner de deux choses capitales:
la consolidation de la subsistance de ce pays en tant que nation, la création des conditions réelles de l'avènement d'un changement de cap dans la gouvernance de ce pays.
Comment ne pas se rendre compte aujourd'hui qu'il appartient à ceux qui ont prouvé leur incapacité à rassembler les centrafricains d'assumer par voie de conséquence leur responsabilité. Ils nous ont éloigné des vrais défis et seule une vivante expression culturelle favorisera le changement de mentalité tant appellé de nos voeux,
Que ceux là mêmes tirent les conclusions qui s'imposent face au désastre collectif vers lequel nous nous enlisons depuis plusieurs décennies. Que nous ne leurs accordions aucun crédit politique car se serait nous auto-flagellé et notamment nous conduire en complice de la déliquescence de notre mère patrie.
Le Professeur GOUMBA en tout cas par cette prise de position au nom du FPP réalise comme à son habitude un sens du sursaut militant. Il dispense ainsi son mouvement politique de la mascarade de gestion consensuelle ponctuelle entreprise par le président de la république, président également de sa formation d'origine le MLPC. L'utilisation de la situation d'indigence de certaines personnalités de "l'opposition" par le chef de l'état en les transformant en élément du décor présidentiel est une démarche politicienne profondément abject et que tout le monde a compris.
Camarade professeur vous avez aussi la responsabilité d'impulser y compris dans vos rangs le vrai débat et monter les dispositions au nécessaire renouvellement des élites dirigeantes. Votre bilan doit être tiré et les leçons de votre engagement politique confiné par écrit pour la postérité.
La position du FPP ouvre la voie à une autocritique de nos formations politiques "dîtes" d'opposition. Il 'y a pas d'ambiguïtés sur la crise de confiance envers nos partis est patente, lourde de conséquences et incontestable. Souhaitant aller en profondeur sur ce sujet, je suggère même que nous réactivons l'initiative louable du 10 juin 2001, le leitmotiv cette fois
pourrait s'articuler de la façon suivante:
- Examiner le discrédit de la classe politique en laquelle véritablement les centrafricains ne se reconnaissent point; en laquelle également ils ne se préoccupent guère de déterminer s'ils sont représentatifs et défendus.
- Aucun projet de société, reflet des aspirations réelles des centrafricains n'existe ex: aucun groupement politique de notre pays n'a expliqué publiquement comment il entendra une fois arrivée au pouvoir créer les conditions rationnelles d'un accroissement substantiel et significatif des richesses de ce pays et permettant que: le pain, la liberté, la justice et la sécurité soient des choses perceptibles.
- L'objectif exclusif de l'action citoyenne précédant un sursaut centrafricain et de susciter la mise en place d'une structure mobilisatrice incarnant la volonté de réussir pour l'intérêt général et consenti des centrafricains.
Aucun peuple n'a définitivement perdu ou renoncer au droit au bien être de ses enfants et de ses générations futures.
Il nous faut élaborer une batterie d'initiatives convergeant toutes vers l'édification d'une machine politique, forçant le mouvement de l'histoire, vers une autre destinée à notre peuple. C'est le seul moyen lent, difficile et sûr à mettre en oeuvre. Non aux arrangements entre revanchards( prétendants représentés l'opposition à Libreville ou ailleurs) ou encore Non aux regroupements pour la mangeoire entre lignées du village du "grand nord".
Au moment des législatives puis des présidentielles prochaines, l'heure sera alors venue à une première évaluation du chemin parcouru vers un sursaut centrafricain.
La règle numéro un pour un sursaut centrafricain est de pouvoir se mobiliser en proclamant notre autonomie, notre rupture et notre détermination à épurer dans la classe politique existante afin d'identifier: Les bons et ceux qui ont échoués, les opérants et les inopérants et rechercher un renouvellement profond des leaders de la société politique, civile, syndicale, de la presse et de la
culture et surtout veiller à organiser les forces de production du monde rural sans vouloir les inféodés aux organisations politiciennes.
Je renouvelle ma disponibilité à réfléchir et à conduire avec tous ceux qui le voudront, ensemble, des idées et des propositions d'un véritable sursaut centrafricain que nous appelons de nos voeux avec conviction. Telles sont pour moi les grandes leçons après les sanglants événements du 28 mai 2001.
Je ne compte plus écrire à leaders ou candidats malheureux aux scrutins qui ont pris le parti de ne jamais répondre aux interpellations dont je les abreuve régulièrement. Ils ne devraient plus compter sur des soutiens sans fournir des gages d'ouverture au débat démocratique et à l'action politique entendue dans son sens noble.

JEAN-PIERRE REDJEKRA
"Yé ti a ouandé"
Thu, 16 May 2002 11:56:17 +0200


Actualité Centrafrique - Dossier 9