Déclaration des Partis politiques de l'Opposition en Centrafrique relative aux déplacements à BATANGAFO-KABO-NDJAMENA les 04 et 11 avril 2002


LES PARTIS POLITIQUES D’OPPOSITION EN CENTRAFRIQUE

ADP, ASD, FC, FND, FODEM, FPP, MDI-PS, MESAN-BOGANDA, MNR, PUN, UNDD

DECLARATION

Relative aux déplacements effectués à
BATANGAFO-KABO-NDJAMENA
les 04 et 11 avril 2002

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Les partis politiques d’opposition, sus-dénommés, par un consensus réalisé au terme d’un échange de vues lors de leur réunion tenue le mercredi 03 avril 2002, avaient décidé de répondre positivement à l’invitation, adressée par le Président de la République Centrafricaine, de participer, avec les autres formations politiques et organisations syndicales, à une mission dirigée par lui-même, et destinée à constater les conséquences des " agressions " perpétrées contre les populations de certains villages centrafricains situés dans les régions de Batangafo et Kabo, dans l’Ouham.

A l’occasion de la réunion consacrée à la communication présidentielle sur la mission, les partis politiques d’opposition avaient demandé au Ministre de l’Intérieur de transmettre au Chef de l’Etat qu’ils acceptaient, par patriotisme et par solidarité avec les compatriotes de ces zones, de faire le déplacement, mais qu’ils souhaitaient qu’au retour un débat soit instauré autour de ces problèmes d’agressions.

En conséquence, la délégation des partis politiques d’opposition, comprenant Messieurs

ainsi que Madame

-Léa KOYASSOUM-DOUMTA, Secrétaire Générale du PUN,

s’était effectivement jointe à la mission qui, partie le jeudi 04 avril, avait regagné Bangui le lundi 08 avril 2002.

Les partis politiques d’opposition saisissent cette occasion pour rappeler qu’à maintes reprises déjà, à travers des prises de position largement diffusées, notamment dans la presse privée, ils avaient clairement exprimé leur préoccupation commune face aux incidents qui, ces derniers temps, s’étaient produits de façon récurrente dans la zone frontalière entre la République Centrafricaine et le Tchad.

Ils précisent par ailleurs, que plusieurs semaines auparavant, ils avaient sollicité une rencontre avec le Premier Ministre pour évoquer ensemble, entre autres points, les accusations d’agressions lancées de part et d’autre de la frontière entre les deux pays. Malheureusement, cette démarche est restée lettre morte.

Ainsi, il était apparu logique et légitime aux partis politiques d’opposition de saisir l’opportunité de la mission offerte par le Président PATASSE, pour dépêcher, sur les lieux des faits, une délégation, dont l’objectif, étant sur place, d’observer la nature et l’ampleur des dommages et d’enregistrer directement des témoignages sur les causes, les circonstances et les auteurs de ces actes criminels commis, afin de former, en toute connaissance de cause, leur opinion à leur sujet.

Par la suite, une délégation, conduite par le Chef de l’Etat, s’était rendue à Ndjaména, au Tchad, le 11 avril 2002, en vue de rencontrer le Président tchadien Idriss DEBY. L’Opposition y était représentée par le Président du Forum Civique.

Ainsi, les partis politiques d’opposition avaient eu la possibilité :

    1. de voir les ruines de 150 maisons d’habitation incendiées de façon criminelle à Ngbada, village situé à 32 kilomètres de Batangafo ;
    2. d’écouter directement des témoignages publiquement rendus sur les faits et leurs origines, tout autant que sur le sort des habitants du village sinistré, lesquels, ayant perdu trois des leurs ainsi que tous leurs biens, y compris des récoltes, se trouvent désormais sans abri, confrontés à l’incertitude du lendemain, à l’insécurité en matière alimentaire, sanitaire et existentielle et contraints de vivre cachés par crainte d’une nouvelle agression ;
    3. d’apprendre que six mille personnes, ayant précipitamment abandonné tout leur patrimoine pour fuir les attaques perpétrées dans leurs différentes localités situées dans la région de Moyenne-Sido, se trouvaient réfugiées à Kabo, dans le dénuement total.
    4. d’observer qu’après plusieurs semaines écoulées depuis les événements, les compatriotes concernés n’avaient pas encore bénéficié de toute l’assistance qui s’impose d’urgence en pareille circonstance ;
    5. d’enregistrer des déclarations publiques sur les actions du nommé MISKINE et son groupe armé ;
    6. de constater que, contrairement à la thèse officielle du côté centrafricain, aucun témoignage n’avait mis en cause la responsabilité d’éléments militaires réguliers venus du Tchad, dans ces incidents.
    7. d’être, à Ndjaména, témoins, non seulement des explications mutuellement fournies par les Chefs d’Etat centrafricain et tchadien sur leur différend, mais mieux encore de la proclamation réciproque de leur réconciliation.

C’est le lieu de rappeler, en conclusion, l’engagement pris, tout au long de la mission à Batangafo et Kabo, par le Président PATASSE, de rechercher la paix d’abord à l’extérieur et, dès son retour, de s’ouvrir à un dialogue avec ses compatriotes en vue de la paix à l’intérieur.

Fait à Bangui, le 13 avril 2002

Ont signé :

ADP -  Honoré DOUBA | ASD - C. BREMAIDOU | FC - T. MALENDOMA | FND - Célestin MBOUANAM | FODEM -  Jean DOZIMOGNAN | FPP | MDI-PS | MESAN-BOGANDA :  D. S. M’BANGOT | MNR - P. BELLET | PUN - Léa K. DOUMTA |  UNDD


Actualité Centrafrique - Dossier 9