Alternance politique en Afrique.

 

L’alternance politique dans les états d’Afrique noire par des élections libres et transparentes n’est pas pour aujourd’hui pas plus que pour demain si on se réfère aux 38 années d’indépendance et aux pratiques du pouvoir.

Des années 60 à la fin des années 80, la conquête du pouvoir s’effectua principalement pour ne pas dire exclusivement par les armes. Ce fut au général ou au caporal qui dégaina et tira plus vite et juste à qui le pouvoir échut.

Le monde occidental laissa faire du moment où ses intérêts étaient sous bonne garde. Certains hommes d’état en particuliers français pouvaient dire tout haut que les Africains ne sont pas mûrs pour la démocratie sans risque d’être interpellés ni par la classe politique française ni par l’opinion encore moins par les Africains !

Jean-Bedel Bokassa pouvait massacrer les scolaires et étudiants centrafricains qui refusaient de porter la tenue vestimentaire uniforme par lui décidée, Armisty International pouvait alerter l’opinion internationale, tempêter preuves à l’appui que le dictateur a pris part aux massacres des enfants, Robert Galley, ministre français de la coopération pouvait se permettre de déclarer sans s’étouffer que ce n’est après tout qu’un "speudo événement ou un épiphénomène "sans être inquiété comme Jean-Marie Le Pen pour le qualificatif qu’il fit de la chambre à gaz nazie.

Après la chute du mur de Berlin, le monde occidental cru devoir lâcher du lest.

Le sommet des chefs d’état d’Afrique et de France à la Baule fut l’occasion de faire du verbe, exercice dans lequel les présidents français sont assurément les plus forts.

" On veut que les Africains changent un peu mais on ne change pas nos méthodes de coopération. On tient bien les réseaux et les hommes " me dira en souriant un expatrié français désabusé, de retour d’Afrique.

Depuis le début des années 90, on ne cesse de parler de démocratie, de bonne gouvernance. Les hommes d’état les plus faibles d’Afrique ont été sacrifiés sous cet autel : un exemple significatif, encore celui de Centrafrique. Le général Kolingba est parti, Félix Patassé est arrivé. Les coups d’état ne sont plus permis. L’ambassadeur de France y veille. Au besoin, l’Elysée envoie des automitrailleuses et des avions jaguars tirer dans le tas et ramener la paix des armes.

Mais il faut donner à l’extérieur l’illusion de démocratie. Les élections législatives sont organisées sans listes électorales précises. On permet à n’importe qui de voter même plusieurs fois y compris au-delà de 17h, heure officielle de clôture des urnes. A Bangui, lors des dernières élections législatives de 1998, dans les quartiers dits favorables au président Patassé, les journalistes étrangers ont assisté médusés à des votes jusqu’à 23h par des individus sans pièce d’identité. Par contre à Dékoa, à Bambari des quartiers entiers ont été privés de vote parce que le pouvoir soupçonne les habitants de mal voter. Ailleurs les bulletins de vote des candidats de l’opposion sont introuvables dans les bureaux de vote.

Tout s’est bien passé déclarent le représentant des Nations Unies et l’ambassadeur de France. Ainsi le président Patassé peut voler la victoire à l'opposition parlementaire sans risque, même la moindre reprobation de la communauté internationale. Cet exercice s’appelle "tropicaliser ou africaniser la démocratie " !

Non, l’alternance politique par voie des élections libres et transparentes ne sera pas possible en Afrique aussi longtemps que l’occident pratiquera la politique de l’autruche et la langue de bois, à moins que les Africains se décident un jour à prendre véritablement leurs destinées en main.

Paris, le 26 novembre 1998

Jean-B. PELEKET

 

Que dire des élections présidentielles du 19 septembre 1999 ? Je renvois tous ceux qui ne sont convaincus que par l'authentique de :


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