Bambari: Une réaction à l'intervention de Gaston K. Mahoutou
par Jonas TOUTE PENDAZO à Yaoundé au Cameroun

J’ai lu et relu la contribution du compatriote Gaston-King Mahoutou, spécialiste en aménagement. Si la question qu’il a soulevée en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire est pertinente, il n’en demeure pas moins qu’elle est, quelque peu à-côté de la problématique de l’étude de Jean-Bosco Peléket. Il s’agit plutôt, me semble-t-il, de nous en convaincre sur deux points, à savoir :

- aujourd'hui, 42 ans après l’Indépendance, Bangui, en tant que centre de décisions et de convergence d’intérêts nationaux, a-t-il réellement  été l’élément dynamisateur de progrès en Centrafrique ?

- au regard des changements qui affectent nos rapports avec nos voisins, Bangui, peut-il assurer, valablement et de manière durable, la sécurité de nos institutions ?

La réponse est, grosso modo, non. La cause est donc entendue

Il importe par conséquent de réfléchir sur le choix porté sur la ville de Bambari. Au-delà des atouts que comporte cette ville et que Jean-Bosco a su rendre lisibles dans son étude et démonstration, il y a lieu d’ajouter qu’on peut facilement améliorer et développer des réseaux routiers permettant ainsi de  relier toutes les régions du pays (Nord-Sud-Est-Ouest) et de les rallier aux  progrès économiques.

La ville en Afrique - et même partout ailleurs dans le monde - est un facteur de modernisation de société, en raison, entre autres, de ses complexes voies de communication, de son phénomène de massification, des atouts économiques et culturels qu’elle peut offrir. Or, avec seulement ses deux portes de sortie, Bangui étouffe et est étouffé.

Toute stratégie sérieuse de développement tient compte des aspects géostratégiques, pour diverses raisons, y compris surtout le besoin de sécurité, sans laquelle les acquis chèrement obtenus ne seront pas pérennisés. Nous savons que Bangui abrite des institutions et des structures économiques vitales pour notre nation entière. En  face, sur un territoire étranger, Zongo n’a rien d’équivalent. Et c’est un danger qui pèse sur nous comme l’épée de Damoclès. De plus, au gré de multiples missions d’intervention militaires en Centrafrique, la ville de Bangui est bien maîtrisée par les armées des pays qui nous entourent (le Tchad, les deux Congo, le Soudan et un peu plus loin, le Gabon, pour ne citer que ceux là).

Enfin, attention : les Congolais ont déjà traversé par deux fois le fleuve pour stabiliser un pouvoir à Bangui. Ils le traverseront, peut-être la prochaine fois, pour déstabiliser un autre pouvoir à Bangui. Ainsi Bambari nous offre, de ce point de vue, plus de garanties de sécurité. Par ailleurs les contrôles des flux migratoires étrangers en provenance des pays voisins vers notre capitale seront plus aisés et sûrement plus efficaces dès lors où cette capitale est plus éloignée de la frontière.

Jonas TOUTE PENDAZO à Yaoundé au Cameroun

(Envoi du 12 sep 2003, 01:12:51)