L'opposition politique en Centrafrique


De ses diverses analyses ou contributions  qui circulent sur Kodro et Be-africa je cite pêle-mêle : pour un schéma théorique de l'après Patasse ; Plan de relance pour le Centrafrique ; du citoyen politique aux hommes politiques ; etc.  Seule la contribution sur le plan de relance pour la RCA a retenu mon attention. C'est dommage que son auteur a  souhaité garder l'anonymat ce qui ne facilite pas d'éventuel débat critique de cet article.Il est nécessaire de signer un article si on veut être pris au sérieux.
Malgré le retard que j'ai pris pour  répondre aux uns et aux autres et particulièrement aux responsables de l'opposition en France, il n' y a pas eu d'événements majeurs en dehors de la libération du journaliste ABOUKARY TEMBELEY; mis à part les querelles internes du MLPC le parti du président Ange Félix Patassé.

Notre seule référence historique, Barthélémy Boganda, père de la nation centrafricaine disait à peu près ceci : " Parlons
peu mais travaillons beaucoup, Travaillons pour produire, Produire pour bâtir, Bâtir une nation Prospère..."

Chers compatriotes, ceux parmi nous qui se sentent capable d'engager des actions politiques permettant de sortir le peuple centrafricain de la misère, le fassent sérieusement. Qu'ils s'organisent, trouvent les moyens financiers nécessaires pour soutenir leurs actions, qu'ils trouvent des partenaires politiques internationaux, qu'ils cherchent le soutien des hommes d'affaires centrafricains, en somme qu'ils mettent en place de véritables réseaux, conditons sine qua non pour débroussailler le terrain Centrafrique afin de permettre à nos petits fils et peut-être nos fils de semer ce que j'ai appelé dans mes articles d'en temps, " POSER DES JALONS." L'état de délabrement de notre pays est tel qu'un nouveau régime soucieux de l'avenir de son peuple ne pourra qu'apporter des solutions provisoires  aux urgences et commencer à peine les grands chantiers comme la santé pour tous ; l'eau potable ; les infrastructures routières, l'école, etc. Or ce n'est pas la volonté de nos amis de l'opposition qui jusqu'à présent n'ont qu'une seule préoccupation : le fauteuil du chef de l'état pour reproduire ce qu'ils dénoncent aujourd'hui.

Je vais me redire volontiers quitte à déplaire. Conquérir le pouvoir n'est pas faire de l'humanitaire, ce n'est pas la création des ONG. Ces organisations-là ont pour mission essentielle de pallier les détresses des populations dues à l'inefficacité des pouvoirs publics. Le choix de l'opposition politique de se focaliser sur la démission du chef de l'état est une attitude de désespoir et par conséquent suicidaire. Il faut  qu'elle se préoccupe d'abord de démontrer son unité, sa bonne organisation, un projet politique alternatif crédible aux yeux des électeurs et surtout aux yeux de nos partenaires internationaux. L'opposition politique a un double handicap qu'elle doit surmonter : travailler deux fois plus que la majorité présidentielle et convaincre l'opinion internationale. Ce constat démontre qu'elle est loin de satisfaire  ces exigences. Lisez entre les lignes la conférence de presse de Ngoupandé ainsi que l'interview de Massi, rien de concret ne sort de leurs interventions. Et pourtant ils sont considérés en ce moment comme les leaders de l'opposition politique.

Il y a plusieurs dossiers urgents en retard avant d'espérer gagner les prochaines échéances électorales : le problème du découpage électoral, le problème des cartes d'électeurs, le code électoral lui-même, ensuite l'organisme de contrôle de ses élections..., etc. toute cette phase préliminaire fait partie de la mise en place pour se donner quelques chances, puis arrive les autres phases décisives dont la mobilisation qui est l'épine dorsale. A observer le travail de l'opposition politique, je suis persuadé qu'elle pense que la victoire n'est plus possible c'est pourquoi elle se focalise sur la démission du chef de l'état.

Dans l'une de mes interventions il y a quelques mois, je posais la question suivante : Et si Patasse démissionne à cet instant " T >> ? Que va faire l'opposition politique ? se battre comme des chiffonniers ?

Chers compatriotes et amis du Centrafrique, vous rendez-vous compte ? Les représentants de la nation, c'est-à-dire les honorables députés de l'opposition, tout ce qu'ils ont trouvé  de mieux à faire lors de l'ouverture de la session parlementaire c'est de dérouler une banderole au sein de l'hémicycle en signe de protestation. Ils  ne sont pas élus pour faire du syndicalisme ni du parlementarisme de couloir. Ils doivent mieux s'organiser et si les séances sont radiodiffusées, saisir l'occasion pour expliquer leur projet au lieu de se cantonner à dénoncer et critiquer le chef de l'état et le gouvernement

. Si l'opposition politique dispose de peu ou pas d'audience aujourd'hui au sein du parlement, c'est parce que très tôt, elle n'a pas su négocier  lors de la répartition des postes comme les présidences de commissions ; des vice-présidences ; etc.... après l'élection du président de l'assemblée nationale. Ces leaders ont préféré exiger le retour de leur député (Koudoufara) alors que le rapport de force était de 54 députés contre 55 ce qui est une bonne situation  pour faire des compromis malgré notre intervention demandant l'abandon de l'affaire dite Koudoufara (qui n'en était pas une). Assoiffée de pouvoir, l'opposition politique n'a pas arrêté de crier : " Nous avons gagné! rendez-nous nos députés ! >> Refus de siéger, exiger le partage du pouvoir (soit la primature, soit la présidence), boycott, etc.
Interrogeons nous un instant : malgré le mauvais résultat de ce régime, les mutineries, les arrestations arbitraires et j'en passe, pourquoi les institutions financières internationales et notre partenaire privilégié la France continuent à lui apporter autant d'aides ? A mon avis : soit ce régime n'est pas aussi décrié que pense l'opposition ; soit il n'y a pas d'autres alternatives crédibles vue l'état de déconfiture de l'opposition...

Lors de la conférence France-Afrique de Yaoundé, l'opposition politique a adressé un mémorandum ou plutôt un état des lieux de la situation de la République Centrafricaine aux chefs d'état présents. De vous à moi, qui des chefs d'état ignorent la situation de notre pays ? Il fallait plus tôt préconiser l'envoi d'une délégation de parlementaire pour tenter d'engager des pourparlers avec les chefs d'état influents présents de ce sommet par exemple. Quels gâchis ! Cette seule politique de boycott, de communiqué, de conférence de presse, etc. déssert totalement l'opposition alors qu'il faut l'allier à la négociation, à la diplomatie et à la recherche des soutiens extérieurs. Qu'ils observent un peu le travail du palestinien Arafat.  

Ce semblant de bras de fer de l'opposition politique sans véritable soutien international et sous régional est un très lourd handicap  pour son action.
C. Massi parle des soutiens à l'étranger, en France. Mais je puis vous affirmer qu'il n y a aucun soutien digne de ce nom existe à l'extérieur de Centrafrique. Le front uni annoncé en France n'existe que de nom. Donc pas de faux espoirs au peuple centrafricain.  

Le gouvernement a réussi finalement à mettre fin à la grève des fonctionnaires et Patasse travaille maintenant à consolider son pouvoir et préparer son prochain mandat car les chefs d'état africains qui ont abandonné le pouvoir sitôt sont rares. La route de la conquête du pouvoir est donc très longue pour notre opposition politique qui devra
attendre le bon vouloir de la communauté internationale. A moins que d'ici là, une réorganisation profonde de ses instances fasse apparaître un déclic au sein de ses sympathisants qui commencent déjà à s'impatienter et même à douter. On peut se demander à quel niveau se trouve le nouveau rapport de force au sein de l'assemblée nationale ? 30 contre 79 où 40 contre 69 ? Qui dit mieux ?

Après la CFD; le CODEPO; le G11: l'UFAP; le COLLECTIF DE L'OPPOSITION ; GROUPE DES SIX ; FRONT UNI et que sais-je encore l'opposition politique s'enlise.

Enfin ma note d'espoir, que les compatriotes et amis de Centrafrique qui apportent  un soutien matériel, financiers ou moral à la population en détresse, donc de l'aide humanitaire, soient encouragés. Cette aide soulage la population qui souffre de tous les maux. Mais cette perfusion indispensable ne remplacera jamais la mission des pouvoirs publics.

Alaléngbi Simon
Cenon, le 31 mars 2001


Regards et points de vue des partis politiques et des mouvements centrafricains