LA RCA SE MEURT. REVEILLONS-NOUS
par Marcel MOKWAPI (1)

JE VOUS EN SUPPLIE, LA RCA SE MEURT. REVEILLONS-NOUS.
C'EST MAINTENANT OU JAMAIS DE REVEILLER EN NOUS NOTRE SENS DU CONCRET (DEVOIR) ET DU SERVICE POUR LA CAUSE HUMAINE.

Chers Compatriotes,
Chers Frères et Sœurs,

Déconnecté depuis quelques temps pour problèmes techniques liés à mon pc, ce n'est que maintenant que tout est rétabli, et je voudrais en profiter pour vous le signaler dans l'espoir aussi de vos nouvelles. Déjà, vous en faites beaucoup à travers sangonet et je tiens personnellement à vous remercier et vous encourager. En ma première qualité de communicateur, je ne peux que témoigner des bienfaits d'un tel outil qui a toujours fait défaut en nous Africains, qui nous communiquions très insuffisamment voire très mal. Voilà la principale cause des multiples désordres en Afrique en général et en RCA en particulier : manque d'ouverture d'esprit, manque d'humilité, manque de courage pour débattre de nos problèmes ensemble en face et à visage découvert, indifférence face aux souffrances des nôtres au pays, nous faisons trop la grande gueule à l'étranger surtout en France où nous jouissons de toutes les garanties de sécurité, de subsides, de respect des droits de l'Homme sans réaliser que ceux qui nous offrent cette hospitalité se sont sacrifiés à un moment donné pour que leur pays soit ce qu'il est aujourd'hui et surtout qu'ils ont compris l'impérieuse nécessité de dialogue permanent et du travail bien fait et soutenu, nous sommes aussi devenus trop égoïstes contrairement aux rêves de Boganda. Nous (tous les Centrafricains sans exclusif) devons avoir honte de nos comportements irresponsables. La peur et l'égocentrisme ont pris le dessus en nous. Seule la providence divine fera émerger un nouvel Homme consensuel, réconciliateur et fédérateur pour sortir la RCA de ce gouffre. Et le plus tôt sera le mieux, telle est ma prière quotidienne.

Mais que cette dynamique de relations humaines (communication - à travers sangonet sans qu'on en profite pour encourager l'isolement, l'égoïsme et l'hypocrisie) inspire beaucoup d'autres à y contribuer objectivement dans le sens de la recherche (pacifiquement) des solutions aux maux qui ont miné notre pays depuis la mort de l'illustre Barthélemy Boganda ce, dans l'harmonie, le dialogue et la concorde.

Depuis lors (de Dacko à Bokassa à Kolingba et à Patassé), sans honte ni rancœur, tout n'a été que désordre, médiocrité, barbarie, incurie et j'en passe. Nous avons beaucoup manqué de courage et de sens de responsabilité, prêtant ainsi flan aux (rusés) prédateurs qui en ont profité pour sucer la RCA et l'enfoncer dans l'abîme. Nous ne prenons pas d'initiatives. Ouvrons les yeux et nos cœurs que jamais, ce ne seront nos longs discours critiques, analystes ou philosophiques et même flatteurs et mielleux qui sauveront la RCA qui, aujourd'hui, attend de ses enfants du concret, des initiatives rédemptrices pour rééduquer les mentalités, intéresser au travail, apprendre aux Centrafricains à respecter les valeurs humaines, et pour les rendre heureux.

L'image bipolariste et antagoniste (Nord-Sud ou Kaba-Yakoma) qu'on veut imposer en Centrafrique et faire gober aux Centrafricains ne reflète pas du tout nos réalités socio-culturelles et historiques qui sous-tendent la vertu de l'Unité enseignée par Barthélemy Boganda dans la précieuse devise qu'il nous a léguée, à savoir : "Unité - Dignité - Travail" . Ne nous laissons pas embobiner dans ce jeu machiavélique qui fait la gloire des uns et le malheur des autres et vis versa ce, d'une époque à l'autre. La RCA se limite-t-elle seulement au Nord et au Sud ? Est-elle composée seulement des Kaba et Yakoma ? NON.

En dehors de ces Frères et Soeurs Kaba et Yakoma, qui sont tous des Centrafricains à part entière, il ne faut pas perdre de vue l'écrasante majorité du peuple intermédiaire composé des Aka, Ali, Aoussa, Banda, Béka, Bofi, Dagba, Foulbé, Gbanou, Gbaya, Issongo (Mbati), Karé, Langbachi, Mandja, Mbémou, Mondjombo, Ngbaka, Ngbougbou, Nzakara, Rounga, Sango, Sara, Souma, Talé, Zandé, pour ne citer que ceux là. Et tous ceux là n'ont-ils pas aussi leurs mots à dire ? Où allons-nous comme ça ? De grâce, cessons de prêcher ce nouvel "évangile" à connotation tribaliste, divisionniste, et ne nous amusons pas aussi à faire le rapprochement avec ce que nous savons d'ailleurs. Si nous en sommes arrivés là, c'est notre propre faute à nous tous. Au Nord, tous n'ont pas profité et ne profitent pas de la folie de ceux là au pouvoir bien connus, tout comme au Sud, il y en a aussi beaucoup d'autres qui ont payé et paient le prix de la folie des autres aussi bien connus.

Aujourd'hui, l'heure est à l'éveil de la conscience collective et à la promotion d'une nouvelle classe politique pour jeter les bases d'une réelle plate-forme de débats ouverts d'idées concrètes et constructives. Faisons notre autocritique, notre analyse de conscience, revenons sur terre et ouvrons les yeux et les oreilles pour voir et entendre ce qui bouge tout autour de nous. Sachons enfin tourner franchement et radicalement le dos, sans fanatisme aveugle, à tous ceux qui nous ont entraînés et nous entraînent dans cette mauvaise voie de barbarie, de division, de haine, de deuil, de pauvreté durable et de misère. Comment accepter de vivre dans un pays ou voir évoluer un pays où les gouvernants ne font que piller les richesses et pousser les autres à s'entretuer, où ils ont un pied à l'intérieur et l'autre toujours prêt pour le chemin de l'exil à la fin de leur règne ?

Il est temps de prouver ouvertement que nous aimons sincèrement notre pays. Et le vrai terrain de débats d'idées et d'engagement pour la construction est en Centrafrique, à Bangui, Bambari, Bangassou, Berbérati, Boda, Bouar, Bozoum, Bria, Carnot, Dékoua, Ippy, Kaga-Bandoro, Kembe, Loko, M'baïki, Mobaye, Mongoumba, Ndélé, Pahoua, Sibut, et j'en passe.

Chers Compatriotes, Chers Frères et Soeurs, je sais de quoi je parle pour avoir été aussi victime dans ma chair dans le cadre de ma modeste carrière de journaliste et d'éditeur de presse, ce qui m'a permis de connaître mes Compatriotes et Frères et Soeurs et de comprendre ce qui se passe dans notre pays. Les causes sont beaucoup plus profondes que ce que nous croyons. Soyons visionnaires et optimistes, et ayons foi en Dieu. Rien n'est éternel ici bas. Cessons de continuer à jeter de l'huile sur le feu pour ne pas participer ainsi au jeu de ceux qui en profitent, et qui pourront encore en profiter pour longtemps à notre grand désespoir. Pensons aussi et surtout à la lutte contre le sida qui nous ravage par la faute de ceux là même qui ne prennent aucune initiative et laissent faire en encourageant implicitement le désordre sexuel.

JE VOUS EN SUPPLIE, LA RCA SE MEURT. REVEILLONS-NOUS. C'EST MAINTENANT OU JAMAIS DE REVEILLER EN NOUS NOTRE SENS DU CONCRET (DEVOIR) ET DU SERVICE POUR LA CAUSE HUMAINE.

Que Dieu nous bénisse tous et nous assiste abondamment.
Fraternelles salutations.

Marcel

P.S : J'en profite, au nom de ma famille, pour témoigner mes pensées et partager les chagrins des familles Kibanda et Ouango dont je viens d'apprendre les nouvelles de la disparition de Jean-Pierre et de Oscar grâce à ce réseau sangonet. Toutes nos condoléances les plus émues. Mieux vaut tard que jamais, je prierais tout lecteur (toute lectrice) de ce message de bien vouloir les transmettre et aussi de me passer les contacts téléphoniques respectifs de ces familles pour me permettre de les contacter de vive voix. D'avance merci.

(1) De Marcel MOKWAPI, Diplomate / Journaliste - Tel : 06.77.45.40.12 - E-mail : pm.mok@wanadoo.fr
(Promoteur et Directeur du Novateur à Bangui)

(23 août 2001)


Regards et points de vue des partis politiques et mouvements centrafricains