DU CACHE-MISERE A L’APPROPRIATION PAR LES CITOYENS DE LA NOTION DE CONTRIBUTION AU BUDGET ; UNE COMPOSANTE DU REFERENTIEL D’UNE REPUBLIQUE EN TRANSITION…

 

Par Gervais DOUBA

Enseignant en sciences de gestion

IUT-IUP ( Université de Rouen)

 

·         Excellence M. Le Président de la République ; Le Général François Bozizé

·         M. Le Premier ministre ; Le Professeur Abel Goumba

·         Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement

·         Mesdames et Messieurs les membres des différents bureaux politiques des partis, désormais membres du CNT

·         Mesdames et Messieurs les membres des différentes composantes de la Société civile  ;désormais membres du CNT.

·         Compatriotes et amis ; fidèles internautes de sangonet.com, beafrica.org et kodro.

 

Difficile d’esquiver ou de contester que la richesse de notre pays dont nous nous targuons n’est une réalité que pour quelques uns qui parviennent à entrer – par un jeu d’équilibriste - dans le giron du pouvoir. Et pourtant, cette richesse virtuelle peut devenir une réalité tangible pour chacun d’entre nous, pourvu qu’on s’y prenne autrement dans l’organisation à la fois de sa production, de sa répartition et bien sûr du mode d’accès conditionné par son système de circulation. Nous sommes nombreux - depuis les évènements du 15 mars 2003 - à prescrire à l’autorité issue de ces évènements , une feuille de route - pour ne pas reprendre une expression consacrée. Avant d’aller plus loin dans le développement de cet article, je voudrais remercier les lectrices et lecteurs de mes deux papiers précédents et, faire observer deux choses à ceux qui ont bien voulu réagir :

1) Des lecteurs m’ont dit que mes écrits sont un étalage de théories et que l’heure n’est pas à la théorie mais à la contribution à la reconstruction du pays et que, l’allusion au concept n’a pas de sens.( sic)  S’agissant de théorie, je concède volontiers qu’il s’agit de théorie. Mais, je ne suis pas le premier à entrer dans le débat théorique. C’est l’autorité issue du 15 mars qui nous a salués avec le concept « Transition ». Si, dans l’esprit de mes contradicteurs, théorie signifie « bavardage creux », ils sont loin de connaître les méandres de l’histoire de nos institutions :  en revanche, si dans leur esprit, le mot théorie signifie « représentation abstraite de la réalité qui repose sur une doctrine c’est-à-dire sur des références politiques, sociologiques, psychologiques et économiques »  alors, ils me rejoignent ! Je lis les réalités politiques et sociales de mon pays à la lumière des modèles théoriques qui ont fait la preuve de leur efficacité ailleurs car, le monde est interdépendant. Je ne peux pas concevoir qu’on donne d’entrée de jeu, un chèque en blanc à un gouvernement auteur d’une euthanasie politique sous prétexte qu’il distribue des cache misère ou des cache sexe à une population restée durablement dans le dénuement ? Nous sommes en plein dans «  la pensée unique » !

C’est une lapalissade que de considérer que lorsque l’on s’est planté, on prend des racines. Les dirigeants politiques Centrafricains - depuis les indépendances jusqu’à nos jours et surtout les régimes Kolingba et Patassé qui se sont coalisés avec les ex clairon de la propagande de l’ancien UNECA - ont rendu le pays exsangue. Arrêtons de nous laisser abuser. Je suis – pour ma part - ni opposant au cocktail Bozize-Goumba ni pour une quelconque nostalgie pour je ne sais quel passé. A ma grande désolation, je remarque que le peuple Centrafricain n’a toujours été qu’en mini jupe. Si nous, intellectuels ne l’aidons pas à rester debout, pour quel  que peu qu’il se baissera dans l’obscurantisme pour se nourrir et boire dans l’assiette de la propagande, on verra sa petite culotte ! En cette période dite « de la transition » je suis franchement partisan de l’idée selon laquelle, une action sans réflexion (sans fondement théorique) est un zèle ou une agitation en action et une réflexion ( que de la théorique) est une paralysie de toute action. La théorie scientifique a ceci de particulier, c’est d’amener sous les projecteurs de la critique, ce qui en réalité n’est qu’un tissu de propagande. Sartre ne faisait-il pas remarquer que nous devenons des momies à force de nous laisser embaumer ! 

 

2) Je ne me suis pas contenté de tirer à boulets rouges sur les auteurs de l’euthanasie politique du 15 mars 03 ou de mal mesurer l’étendue de la tâche de reconstruction qui attend les nouveaux acteurs sur la scène de notre pays. Je suis trop vieux pour me contenter de la magie des mots ou de la phraséologie. Ma trajectoire professionnelle m’a conduit à prendre des initiatives  qui se sont avérées justes après ajustement , à réfuter des orientations politiques , à rencontrer des Africains de tout pays , à prendre des tuiles mais aussi à être couvert de félicitations dans les milieux universitaires et politiques de notre «  vieille France ». C’est à l’aune de cette courbe d’expérience que j’ai proposé un état des lieux et ai fait des propositions . Il se trouve qu’à l’exception de ce que Freud appelle « le narcissisme de la petite différence », même les compatriotes qui ont objecté sur la notion de théorie, ont fini par approuvé la qualité de ces analyses. J’attends toujours qu’on oppose un autre état des lieux plus crédible que celui que j’ai bricolé, sinon, je continuerai à faire des analyses, des propositions jusqu’à ce que les acteurs de la transition en retiennent une voire deux. Je n’ai pas déposé un copy right. Ma stratégie est unique, celle de jeter à la mer une bouteille de propositions bien que notre n’aient pas de côtes maritimes. Un bailleur de fonds, - ceux que Goumba est venu courtiser – finira par se l’approprier et en faire une des clauses de son cahier de charges voire sa lettre de mission. Ces bailleurs de fonds sont en état  permanent de veille s’agissant de notre pays pendant que nous, nous roupillons et nous enivrons tranquillo  dans et / de  nos mesquineries  

C’est cette logique d’analyse et de proposition qui guide mes pas et qui est à l’origine de ce troisième article. Ce n’est nullement autre chose que de croire qu’il est possible de faire du territoire Centrafricain- pour les centrafricains et avec les centrafricains- le laboratoire d’expérimentation des réformes républicaines de fond, une valeur fondamentale de la transition malgré les échecs manifestes et répétés de toutes les politiques orientées en ce sens partout dans le monde. Les Centrafricains sont capables d’apporter leur contribution au relèvement d’un tel défi n’en déplaise aux forces occultes- aux premiers rangs desquels, la françafrique et la franc-maçonnerie!

 

I) Démunir le langage ésotérique et métaphysique de la richesse pour prémunir le citoyen des outils de compréhension des mécanismes des finances publiques.

 

Lorsque l’on porte un regard sur les faits marquants , pour ne pas dire significatifs de notre pays, force est de constater que la question monétaire reste et demeure la principale cause de notre égarement. Je m’autorise à faire remarquer que nous ne sommes pas le seul pays pauvre au monde. En revanche, nous faisons partie des nations qui se complaisent dans la médiocrité quant à la recherche des moyens pour sortir de notre situation. Partis politiques et baronnies civiles et militaires confondus ne nous ont proposés aucune alternative sérieuse pour nous sortir de l’ornière de la pauvreté. Attention, je ne jette l’anathème à personne . Par alternative, j’entends programme chiffré, étalé dans le temps, crédible et susceptible d’être expérimenté par tous,  pour qu’ un village ou une commune périurbaine sache les mesures nécessaires à prendre pour que ses habitants vivent à l’abri de la faim et offrent à leurs enfants des perspectives d’avenir. Depuis toujours ces honorables, ces excellences et ces plénipotentiaires nous ont mis dans le crâne que la pauvreté est le résultat d’une condamnation divine plutôt que le résultat des choix politiques qui se sont succédés ( les forfaitures de tous ordres et la prévarication ; nos incurables maux ).

La pauvreté  est certes économique, mais elle touche en fait à tous les domaines de la vie. Même s’il y a un fond de vérité dans certaines affirmations de la classe politique centrafricaine , le regard  que pose le commun des mortels centrafricains sur la pauvreté est réducteur. Il ne réalise pas ou réalise timidement que la pauvreté a des causes multifactorielles et que le coup de main ponctuel que nous faisons à nos parents et proches, en application du devoir d’assistance et de solidarité , est certes indispensable dans l’urgence, mais finit par- en ce qui les concerne- les maintenir dans la dépendance et de diminuer leurs capacités d’initiative. Quant à nous donateurs paternalistes-, ce coup de main est non seulement un coup d’épée dans l’eau car, ne s’attaque qu’à l’effet et non ne cherche à éradiquer la cause de la misère et finit par  épuiser, voire tarir nos capacités et plomber nos ailes au point de nous empêcher de décoller.

Alors que faire pour mettre à profit ; cette aubaine qu’est la transition ? Et comment faire c’est-à-dire comment générer des synergies, des partenariats et quels sont les outils les plus appropriés ?

 

1.1)    Travailler à l’élimination des malentendus et des incompréhensions quant aux représentations de la pauvreté et des moyens budgétaires à mettre en œuvre .

 

Nous avons soixante dialectes en Centrafrique. Si les linguistes Centrafricains ne me démentent pas, nos dialectes sont pauvres en vocabulaire monétaire et économique. On y trouve peu ou prou la distinction entre  le capital de l’intérêt. Nous ne sommes pas habitués dans nos us et coutumes à emprunter un panier de farine de manioc ou de mil et à en rendre un panier et demie dans le temps et l’espace. J’avoue mes insuffisances en la manière. Et pourtant, nous connaissons parfaitement les utilisations qu’on fait du grenier, les silos pour les provisions et réserves. C’est tout récemment que – les années soixante dix surtout que le phénomène de l’épargne tontinière,( Makélemba) ou d’usure ( bon à intérêt) s’est installé dans nos habitudes ; d’abord dans les espaces urbains et périurbains puis, petit à petit dans les milieux ruraux. Les comportements de non épargnant dit « té koué » sont venus amplifier le phénomène au point que les salariés pauvres se sont ajoutés aux pauvres sans revenus ; les deux rivières venant grossir le fleuve « misère »

 

L’autre limite est la notion d’affectation ou d’allocation de ressources. Si la tradition et les usages en Centrafrique sont rôdées en matière de «  provision » ou d’épargne de précaution, d’épargne de bas de laine, le dictionnaire économique de nos dialectes est pauvre ou illisible en matière des notions de dépenses, recettes, d’affectation de ressources et d’impôt ( local et/ ou d’impôt foncier, taxes et redevances). D’un côté les outils qui nous permettent de faire la description économique et fiscal de la vie quotidienne et des échanges économiques sont plus adaptés à un niveau macro et un peu méso qu’à un niveau micro. Par exemple, je n’ai pas vérifié mais les infrastructures héritées de la colonisation sont toutes tombées en ruine ; ponts et chaussées, écoles, collèges, lycées, stades, routes, hôpitaux etc etc. Seule la prolifération des fonctionnaires est la traduction visible, dans l’esprit du Centrafricain de ce à quoi servent les impôts ; et, même dans cette hypothèse, le non versement des salaires pendant des années vient assombrir carrément son univers ! Le taximan se demande quelle est l’utilisation qu’on fait des diverses taxes qu’il paie alors que les rues de la capitale ou d’autres villes de province ne sont même pas colmater ; ce qui contribue à abréger la durée de vie de son véhicule !  Il n’ y a pas de traduction locale, au niveau de la commune rurale ou du village, de l’utilisation tangible des impôts.

 

Paradoxalement de l’autre côté, les méthodes d’approche ancienne des contraintes( droits et devoirs de la vie en communauté) sont adaptées à l’échelon d’un village ou d’une communauté de villageois. A ces niveaux, le dessein des mécanismes était de préserver la cohésion du territoire et les personnes chargées de faire appliquer la loi sur le territoire, en l’occurrence, les notables, garantissant effectivement et affectivement la justice et l’équité au point que même l’idiot du village avait sa place et ne manquait de rien- tout au moins en ce qui concerne les besoins fondamentaux. L’honnêteté, la confiance et respect de la parole, la vie en symbiose, constituaient les colonnes sur lesquelles reposaient les règles de répartition économique. Comment établir avec pertinence le rapport de cause à effet avec la culture de préservation, d’entretien des biens publics  en vue de leur utilisation à des fins économiques et les mécanismes budgétaires modernes ?

Nous avons des leçons à apprendre de notre patrimoine culturel villageois. Pour peu qu’on fasse une lecture épistémologique pertinente et qu’on veuille bien leur donner la logique de complémentarité, de dynamisme et non de dynamite, pour que nos populations nous comprennent et mettent leur dévouement à l'ouvrage.

Voici quelques exemples pour illustrer mes propos :

 a) en matière de responsabilité communautaire, se voir confier une responsabilité au niveau du village soit par déconcentration soit par délégation ou par dévolution, est et a, toujours été la conséquence d’une capacité à rendre compte. Les biens publics étant rares, ce sont les biens privés (notamment en indivision) qu’on confie à gérer ou à garder. Généralement le gestionnaire qui dilapide ces biens perd automatiquement la confiance du village et soit, choisi de d’émigrer, soit en appelle à la solidarité de ses proches parents pour l’aider à rembourser.

 

b) Etre détenteur d’un patrimoine ou engranger de bonnes récoltes au village est source de responsabilité et de solidarité : penser aux veuves et aux orphelins, à l’idiot du village et, avant d’accueillir à table le fainéant ou le paresseux affamé, on  l’amène à appréhender, à se faire une petite idée des conséquences socio économiques actuelles ou potentielles de son comportement quant à son identité dans le village et auprès des parents des filles qu’il serait tenter de courtiser.

Le langage de la lutte contre les facteurs générateurs de pauvreté et d’invitation à travailler pour vivre correctement, décemment des fruits de son travail, assumer la solidarité est un langage sans ésotérisme ni connotation métaphysique. La pérennité de la vie du groupe est construite sur la nécessité d’apporter sa contribution à proportion de sa capacité contributive. A la lumière de cette incursion rapide dans les principes – dont certains sont des recommandations et d’autres des postulats ; tous non écrits mais qui ont contribué au maintien de la cohésion et de la pérennité de nos milieux ruraux, l’on est amené à réfuter l’idée saugrenue selon laquelle la notion de capacité contributive serait une invention occidentale. Seules les normes de régulations économiques, les mécanismes ont été inventés par les occidentaux. Qu’on soit face aux paysans ; producteurs de mil, de banane plantain, banane légume , de manioc ou face à la haute finance- sans être réducteur- les exigences fondamentales de la contribution à la vie dans les groupes et sociétés humains sont les mêmes. Le défi à relever consiste à savoir construire des normes adaptées puis accessibles à tout le monde ; normes dont la violation expose à des sanctions graduées.

 

Dès lors quels sont les utilisations possibles du budget en tant qu’instrument pédagogique pour un pays pauvre comme le nôtre. Si le budget permet de mesurer partiellement la richesse, il possible de lutter contre la pauvreté au moyen du budget au sens moderne ?.

 

I.2) Une politique budgétaire ; outil de lutte contre la pauvreté mais également de mesure de la richesse.

 

Invitons les acteurs de la transition à faire de la contribution citoyenne, le socle du référentiel de République. Le processus politique qu’ils sont entrain d’échafauder va se révéler complexe pour trois raisons et ne pourra tolérer aucun bidouillage comme nous nous en sommes accoutumés jusqu’à maintenant faute de mieux. Les jeunes centrafricains bâtisseurs de cathédrale sont légion- à en juger leur publication dans Béafrica, Sangonet ou Kodro.

 

1) La première raison tient à la complexité du monde et aux ravages des effets de la mondialisation sur les populations les plus pauvres du monde. Que les tête de pont de la Transition le veuillent ou non, le monde est interdépendant sur le plan macro économique. Ce qu’il serait souhaitable de faire émerger en Centrafrique, c’est une société capable de traduire sur le plan micro et méso économique les accords avec les institutions financières internationales et l’OMC. Que l’on soit capable de dire que grâce aux accords économiques avec tel ou tel organisme, les populations de tel village de la Ouaka (Bambari-Ouaka, histoire de taquiner mon épouse qui est de la Région) a désormais acquis une mode de travail ou un métier susceptible de générer des revenus. L’enjeu dans les relations avec les institutions internationales et régionale n’est pas de faire de Bangui- une soit disant coquette qui n’est en réalité qu’un champ de ruine, de détritus et de grabats- mais de regarder dans les accords régionaux et internationaux, ce qui peut faire progresser les intérêts vitaux des centrafricains.

 

2) La deuxième raison tient au recul de la puissance des Etats face aux stratégies des acteurs de la mondialisation. Après la dislocation du communisme, le marché apparaît comme seul paradigme régnant  Ce monstre aux multiples tentacules dont les plus visibles sont la concurrence et la compétition effrénées- érigées en dogme- fait et défait les Etats. Par le P.AS., le FMI et la Banque mondiale font et défont les souverainetés nationales mêmes les plus démocratiques. Chez nous, cela s’est traduit par le fait que la BEAC et autres agents financiers locaux –qui servent de repaires à nos compatriotes brigands de nos finances publiques. Une fois qu’ils y sont, ils ne savent que faire saliver les autres avec l’étalage d’argent et se moquent royalement de toute initiative de nature ou d’effet à encourager ou promouvoir l’esprit d’entreprise et l’esprit d’entreprendre chez nous. Ils ont plus brillé par leur incapacité à promouvoir des réseaux de circuit de marché même à l’état embryonnaire que de participer bec et ongle à la promotion et à l’enracinement de la cellule locale de la françafrique 

Les Etats, pourtant incontournables partenaires en sont réduits à construire de beaux hôtels ou à entretenir des voitures pour les plénipotentiaires de la finance locale , régionale et internationale.

 

3) La troisième raison découle de l’aggravation du phénomène de la pauvreté et de l’exclusion. On trouve en Europe comme en Afrique, des exclus et des pauvres. Le Tiers-monde est dans les gares, les banlieues des pays occidentaux. La pauvreté frappent aussi bien les noirs que les blancs d’Europe ; lesquels servent de terreaux aux mouvements politiques d’extrême droite. Les riches des  pays occidentaux n’ont plus besoin d’aller en Afrique pour faire la charité. A la différence des miséreux de chez nous, les miséreux d’ici sont des électeurs. Je ne raconte pas ma vie. Je suis militant ATTAC, séminariste ATD/Quart monde et cofondateur de Défense de l’Enfant Internationale ; ONG n°2 auprès de l’UNICEF et  mène des recherches sur l’économie sociale et solidaire et particulièrement l’entrepreneuriat solidaire dans sa traduction commerce équitable. Donc , j’ai les outils éthiques et épistémologiques et le recul nécessaire pour avancer ces propos. La Centrafrique a intérêt à arrêter de blaguer pour s’attaquer résolument aux racines de la pauvreté et mettre au point une politique sérieuse de reconstruction d’infrastructures et de formation qualifiante des jeunes. Seule une telle vision  fera la démonstration que le CNT n’est pas une équipe de petits rigolos ou des MLPC ( bis) [ Mouvement de Libération des Prévaricateurs en Centrafrique].

 

La transition ne peut faire l’économie ni du recours à la notion de participation de tous en fonction des capacités contributives tant au niveau des communes qu’au niveau de l’Etat ; c’est-à-dire que le degrés de participation varie selon la structure et selon le projet soit comme moyen soit comme technique. Comme moyen technique, j’entends le fait de tout mettre en œuvre pour amener la population dans une démarche d’appropriation d’outil pour être partie prenante à un projet ; ( projet du village, projet de la commune). Comme fin, j’entends par là, se fixer comme objectif d’unir la population autour des projets d’intérêt collectif évident et socialement utile pour elle.  Par exemple, il vaut mieux fonder un collège agricole ancré aux réalités du village, de la commune ou de la sous-préfecture que de fonder un lycée pour le prestige alors que ce dit lycée n’a ni toit, ni professeur ni bibliothèque ni table banc.

Il s’agit d’être pragmatique. Chaque projet demande une analyse des besoins et des préférences des populations cibles que seule leur implication peut apporter.

De mon point de vue –et je suis certain de ne pas heurter les ennemis jurés de la théorie – la bonne, la source d’inspiration au sens épistémologique et non le bavardage au sens centrafricain- la démarche  induit nécessairement une formation civique. Les partis politiques, de concert avec les différentes composantes de la société civile devraient s’y atteler –sur la base d’une plate forme proposée par le gouvernement pour éviter les dérives partisanes. On peut expérimenter le modèle Brésilien de l’éducation au budget populaire ; lequel modèle a fait des émules en Europe occidentale. Je fais allusion au forum social européen ( la première édition s’était tenue à Florence en Italie et la deuxième se tiendra à Saint-Denis Île de France)

L’éducation au budget consiste à soumettre à une population locale un projet de vie communautaire où le savoir-faire local est mis en réseau autour d’une ambition commune, dans une logique de dialogue de gestion. Celle-ci votre les représentants qui détermineront- avec mandat impératif- les configurations et le financement du projet dans une première phase. Dans une seconde phase, la population est à nouveau consultée pour qu’elle sache les impératifs financiers  de son choix et sa forme de contribution. Il est arrivé que la construction d’un lycée ou d’ un dispensaire ou l’éclairage d’une rue soit l’oeuvre –en termes de maîtrise d’ouvrage- entière de la population par la population selon son calendrier, en fonction de la qualification de sa main d’œuvre et l’Etat se contentant de mettre à disposition l’expertise.

Je suis persuadé que de telles réalisations sont possibles en Centrafrique ; pourvue que notre énarchie, nos Maires des communes rurales et notre baronnie civile et militaire acceptent de mettre la main à la pâte et considèrent cela comme l’honneur qui leur est fait de signer les pages de l’histoire de notre mère patrie, sans en profiter pour ponctionner les populations.

Si nous voulons reconstruire la Centrafrique  en faisant de la transition une véritable catalyse, il est souhaitable que les plus pauvres soient écoutés. Qu’on mette au point des structures ou des collèges qui sachent les rencontrer afin de leur permettre de mettre des mots sur leur vie, leur expérience, leurs aspirations et leur suggèrent des chemins à prendre pour détruire la misère. La transition manquerait son rendez-vous avec l’histoire de notre pays si elle ne donne pas la parole aux plus pauvres et si elle ne prend pas le temps de bien connaître la pauvreté. A cette première condition, j’ajouterai une deuxième ; celle de se persuader que les parents analphabètes vivant dans les villages ou dans les zones périurbaines, ont des connaissances à partager malgré les difficultés d’expression et malgré la complexité technologique du monde moderne. Sans m’ériger en expert en quoi que ce soit, a fortiori prescrire quoi que ce soit à qui que ce soit, la philosophie du CNT gagnerait à mettre en place tout un programme tournant autour de deux axes ; l’implication non folklorique des populations rurales et périurbaines et le combat radical des limites aux stratégies classiques de lutte contre la pauvreté :

 

* l’implication non folklorique dans la lutte contre la pauvreté. J’entrevois un programme de douze mois qui réunirait 20 représentants par préfecture dans chacune des chefs lieux des 16 préfectures ; ce qui ferait 320 têtes de pont  pour tout le pays avec en filigrane l’idée d’un grand rassemblement de synthèse à Bangui. Au programme, il serait souhaitable d’aborder sans langage ésotérique ni mystification ni snobisme, avec les différents publics, les points suivants :

-          la pauvreté est un problème universel mais il n’y a pas de remède universel à la pauvreté

-          lutter contre la pauvreté avec les capacités institutionnelles du pays ; il n’y a pas que l’Etat. Doivent se coordonner également, les initiatives des                    municipalités et de toutes les composantes de la société civile. Aborder la question sous l’angle budgétaire

-         le travail en partenariat dans un esprit d’entreprise et d’entreprendre ( une culture entrepreneuriale de lutte contre la pauvreté qui consiste à                identifier les leviers sur lesquels agir pour modifier les représentations de la pauvreté et de l’exclusion ). Certains auteurs des articles publiés tout  dernièrement notait qu’il faut changer de mentalité ( sic)

-          la pauvreté n’est pas une malédiction divine pas plus que ne l’est le SIDA mais la résultante des politiques nationales et internationales

-          la pauvreté démolit la structure familiale

-          le traitement de la pauvreté ne se fait pas seulement dans le ponctuel ( pas de solution cache-sexe) mais il se fait dans la durabilité. En d’autres termes s’efforcer de passer du dénuement durable au développement durable

-          le traitement de la pauvreté consiste à savoir partager ( expliquer les logiques qui détermineront les nouveaux référentiels de la république en matière de redistribution et de répartitions), aider à retrouver la personnalité, la dignité, le respect, la compréhension et à se réinsérer dans la vie  communautaire et professionnelle par le savoir-faire et le métier

-          démontrer qu’il existe – de part le monde et pas seulement en Centrafrique - des dynamiques productrices de pauvreté et qu’il faut s’organiser pour contrer ces dynamiques une fois qu’elles sont identifiées

-          Affirmer que la pauvreté concerne les individus pauvres mais doit aussi concerner les communautés de villages ou de familles dans lesquelles vivent les pauvres. La solution ne se trouve ni dans le tribalisme et le régionalisme de prédation violente, ni dans le régionalisme démagogique de certains leaders et tribuns politiques mais dans le fait de changer ensemble le regard sur les uns, les autres et sur la pauvreté et ses ravages. Admettre que la pauvreté se combat non avec de la démagogie partisane mais avec des instruments à la fois nationaux et internationaux, et que le déni de justice ne peut que l’aggraver

 

·         les limites aux stratégies classiques de lutte  contre la pauvreté

 

   La première des limites est la méfiance des populations pauvres vis-à-vis de l'Etat et du politique. L’Etat a prétendu détenir le monopole des réponses aux problèmes de la pauvreté. Mêmes les proches parents ou ceux de la même tribu que les responsables commencent à réaliser la supercherie de ces derniers. Donc amener les personnes à admettre deux grandes vérités :

- il n’y a pas de réduction de la pauvreté possible sans transformations des relations de pouvoirs dans le pays ( compromis même conflictuel – et non  conflit armé)  dans le pays. Il est bon qu’il y ait des assemblées qui débattent et qui délibèrent ,

- puis, il ne peut y avoir de lutte réussie contre la pauvreté sans intervention de l’Etat ( référentiel républicain) c’est-à-dire des choix politiques adaptés, institutionnalisation des initiatives des populations démunies. Parvenir à convaincre – et non à vaincre-  les concitoyens quelles que soient leurs orientations politiques et religieuses et leur appartenance ethnique, que la victoire relative sur la pauvreté  ne se trouve ni dans les analyses sommaires mettant en avant l’handicape géographique de l’enclavement et l’inexploitation des matières premières alors que notre sol et sous-sol regorgeraient de richesses ( bois, coton, café) et des richesses minières ( diamant, or, fer uranium etc) Ces constructions sont dépassées parce que le désenclavement  n’est pas non plus la panacée et il y a des nations ayant des entrées maritimes qui souffrent économiquement parce leur enclavement est plus mental et structurel :  exemple Tahiti, Jamaïque, Togo, Congo, Cameroun, le Libéria, Madagascar  et autres nations appartenant aux ACP. Imputer l’aggravation de la pauvreté économique à la seule situation – certes handicapante – qu’est l’enclavement géographique est un pas qu’il faut penser par deux fois pour franchir. Il ne suffit pas de crier – à la méthode COUE «  nous sommes riches, nous sommes riches pour que la richesse sorte de terre ou que le désenclavement devienne subitement «  le sésame ouvre toi de la richesse »

Le combat contre la pauvreté est une chose trop sérieuse pour qu’on tolère des outils qu’on peut comparés à des dérivatifs voire de la digression. L’enclavement géographique n’est pas le facteur principal et invincible qui nous aurait fait quitter la voie du sous-développement pour nous retrouver aujourd’hui sur la voie de la désintégration ! Dès lors, si l’éducation au budget est un des boucliers de lutte contre la pauvreté, la prévarication et, de promotion de la notion de participation en fonction de capacité contributive, quel autre instrument pourrait faire la paire et contribuer à donner une certaine attractivité à notre territoire ?

 

II) Rendre les personnes et les communautés capables d’utiliser le droit de façon plus familière et permettre à ces dernières de s’approprier le droit et leurs droits et d’en exiger le respect par l’administration et les différentes composantes de la société civile.

 

Contrairement aux raccourcis proférés par nos sommités,lesquels raccourcis ont infesté l’histoire de nos institutions politiques, économiques et sociales, la problématique du développement ne saurait être focalisée sur un point uniquement macro, méso ou micro économique. D’aucuns admettent désormais qu’on ne s’improvise pas homme politique puisque, toutes les formes de tyrannie - dictature militaire, idéologique, tribalisme, ethnicité opportuniste- n’ont nulle part dans l’histoire des nations, permis d’engendrer des activités économiquement et socialement génératrices de revenus d’intérêt collectif ou des activités d’utilité sociale.

La question de la lutte contre la pauvreté et de la conduite d’une nation d’un stade A à un stade B ; autrement dit conduire à terme des référentiels républicains en gestation, être catalyseur de transformation, accompagner la métamorphose jusqu’à son achèvement, suppose, en plus de l’éducation populaire au budget, la mise au point d’un autre outil et réalisation d’une synchronisation des deux. Je pense à la culture entrepreneuriale articulée à la culture d’appropriation par les individus et les groupes de leurs droits et devoirs. ( Par droit, je n’insinue pas le droit au sens droit écrit. Je fais allusion aux usages qui consistent à assumer son histoire, ses responsabilités, et se fixer comme projet de vie,  de participer à la promotion du référentiel républicain comme cadre dont tout un chacun a besoin pour organiser sa vie, tracer sa trajectoire, seul ou en groupe, pour s’épanouir.) Aucun angélisme ne m’effleure l’esprit. En revanche, ma préoccupation est celle de suggérer qu’il serait judicieux affleurer dans les orientations, le respect du droit de l’autre sans référence à ses origines ethniques, dialectales ( ce que j’appelle l’appartenance en terme de cordon ombilicale)

Si la question n’a pas été débattue et jamais inscrit dans l’ordre du jour d’un dialogue de gestion sur l’ensemble du pays, la transition en offre l’occasion. Par débat et dialogue de gestion, je n’entends pas le forum des grands tribuns des conférences dites nationales ; transformés en foires d’empoigne. Je me réfère aux exemples d’adaptation locale par nos amis Maliens et Ghanéens  du le jeu de pomme, et des cahiers de doléances dans le processus d’élaboration de leur constitution respective. Je m’inspire aussi de la plate forme minimum de gouvernement signée par les partis politiques en Afrique du Sud. Le jeu de pomme, les cahiers de doléances sont des représentations communes – autrement dit le référentiel commun- où tout le monde se reconnaît. Exemple lorsque l’on demande à un paysan Centrafricain ou à une éminence grise du Pentagone, à un terroriste ou à une quelconque crapule, de dire à quoi sert un médecin ou un avocat, la réponse sera sans ambiguïté.  C’est l’œuvre à laquelle doit s’atteler le CNT, si nous voulons réduire la pauvreté et rendre notre pays fréquentable !

 

II.1) : Rejeter toute légitimation des archaïsmes et de l’illégalité pour faire triompher la réussite par l’effort. :

 

Tout un chacun n’est pas au fait de ses droits ; dans le pays occidentaux d’abord et pire encore dans nos pays où l’oralité supplante l’écrit.

 

En ce temps de transition – accusé de n’être que théoricien ( la distinction étant déjà rappelée en ce qui me concerne) je veux rester concret- propositionnel. Amener les personnes à s’approprier leurs droits et les devoirs face aux administrations civiles et militaires et différentes composantes de la société civile. Il ne s’agit nullement de développer de la frilosité juridique tous azimut. Cette action doit viser  à accompagner le citoyen dans sa démarche autonome ou collective d’appropriation du droit, des droits civiques. On peut imaginer que cette démarche parajuridique puisse avoir sa place dans une communauté de communes rurales. Ce parajuriste travaillera de concert avec les mairies qui relèvent de sa juridiction ( regrouper les communes rurales et les rattacher aux régions ). Les collectivités territoriales assumeraient une telle mission de formation civique. Par exemple, l’Etat doit veiller à l’harmonisation de la mission au travers de ses représentants en province sans chercher à dévoyer cette mission, c’est-à-dire faire de ces agents des mouchards déguisés  Des lacunes – dénis des droits civiques élémentaires- doivent être combattus. Refuser de s’asseoir et d’attendre que la résignation apporte la solution. Ni résignation ni témérité. Il me semble aussi que ces parajuristes peuvent être des très bons laboratoires d’analyse et d’expérience pour la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme.

 

Si l’on parvient sur toute l’étendue du territoire centrafricain et pendant ce temps de transition à considérer comme un référentiel de la république , le refus de légitimer les illégalités de toutes sortes dont les dissymétries d’information, les asymétries d’information, la prévarication, les forfaitures, les abus de puissance publique, les détournement de pouvoir, les confiscations arbitraires des droits des citoyens, il me semble que Bozizé-Goumba, leur gouvernement et les membres du CNT - auraient fait de la transition, un authentique et profond travail de métamorphose. Un tel travail devrait recevoir le concours de toutes les parties prenantes à l’ancrage des fondements de la république dans les mentalités. C’est comme ça qu’on change les mentalités. On change les mentalité des gens, avec les gens et pour les gens et non avec de grandes incantations depuis Paris via Bangui pour Bangassou, Bambari, Berbérati, Bouar, Mbaïki et que sais-je encore ?

C’est important de faire en sorte que la hiérarchie des droits civiques servent  à la lutte contre la pauvreté : le droit d’habiter qui primerait le droit de propriété de l’Etat lorsque l’on est en situation de précarité. Mais l’essentiel est de faire admettre par les Centrafricains- par le biais des collectivités territoriales et leurs représentants CNT que le droit n’est pas intouchable ; le droit ou les droits civiques constituent un organisme vivant et qu’il doit refléter les évolutions de la société, dans un sens ou dans un autre ( mais doit être démocratiquement légitimé par les artisans de la démocratie) . Comme le disait Paul Ricoeur, « Est démocratique, une république qui se reconnaît divisée en plusieurs sociétés, en plusieurs communautés et qui permet de travailler sur ces divisions »

A lire sangonet.com, ou Béafrica ou kodro,  les centrafricains sont à mêmes de traduire en acte cette théorie. C’est le meilleur et le plus valorisant des projets de transformation que la prolifération des partis politiques et des groupies armées ; véritables nids de félons, des tribuns et autres éminences grises de la démagogie de prédation acquisitive violente. Mettons à profit ce temps de transition pour faire émerger une classe de Centrafricains qui revendiqueraient le droit de comprendre les droits et leurs droits civiques, de les faire appliquer quand ces droits défendent leurs droits et ceux des autres, de les modifier si  ces derniers excluent ou les menacent dans leurs intérêts collectifs et vitaux et d’exiger des représentants et des gouvernants de les élaborer, de garantir leur application effective si ces droits n’existent pas. Puissent Bozizé-Goumba, les membres du gouvernement, les membres du CNT être pour notre pays, non seulement des leaders qui ont la vision de Moïse mais, devenir pour nous, des Martin-Luther King des droits civiques – dans un contexte économique de globalisation des marchés et des structures  sous domination de la troïka FMI-Banque mondiale et OMC - des Nelson Mandéla des droits politiques, en vue d’un projet de développement dans le cadre du NEPAD.

 

II.2 : Préférer la construction du pays par le mérite rejeter l’appartenance ; comme socle de la République

 

La question qui revient à tous les coups sous les grandes signatures et autres éditorialistes de Béafrica, Sangonet et Kodro est celle de savoir comment avons nous fait pour en arriver là sur le plan des institutions en délabrement et comment ferons nous pour nous en sortir ?

Pour les tenants de la thèse du moindre mal ; l’euthanasie politique de Bozizé est arrivée à point nommé. Pour d’autres, il fallait maintenir une illégalité moribonde et, fidèle à cette thèse, ils partagent l’expression journalistique de « Président autoproclamé »

Je voudrais prolonger la question autrement. Comment avons nous fait pour quitter la voie du sous-développement aux lendemains des indépendances nominales pour dériver- aujourd’hui, vers la voie de la désintégration politique et de la déliquescence socio économique  quarante ans plus tard ? Quelles sont les facteurs déterminants ? Est-ce les archaïsmes de nos constructions politiques et économiques ? c’est –à- dire  l’absence totale de projet global de société, de paradigme politique crédible au profit du folklore laissant penser que le monde ne changera pas ? Est–ce parce que nos hommes politiques se sont comportés plus en dompteurs de fauves qu’en leader ?

Je ne dirai pas comme les autres que j’ai honte de mon pays ou que je suis dépité. Les Centrafricains ont la capacité incroyable de faire des sursauts patriotiques. Il suffit d’appliquer à notre pays la théorie des cycles en économie. Quand un pouvoir dépasse dix ans chez nous, il devient exécrable. ( cf. article de Jean-Pierre Rédjékra. J’aime citer les auteurs d’articles dont les analyses sont pertinentes) Pourquoi ? Ce sont les hommes politiques eux-mêmes qui se décrédibilisent. Ils annoncent qu’ils sont des messies – Bokassa et le discours de la Saint-Sylvestre en 1966), Kolingba ( auteur de la première euthanasie politique), Patassé et maintenant Bozizé. Pour éviter que l’histoire se répète, arrêtons de jouer les fauves qu’on cherche à dompter en leur jetant du jambon à certains alors qu’à d’autres, on jetterait du menu fretin, des pigeons. Les plus menaçants qui sont les militaires seront caresser dans le sens du poils et à coup de jambon alors que ceux qui n’ont que des ongles se satisferont de la carcasse décharnée. Avons nous idée de la notion de syndrome post traumatique en matière de milieux, d’environnement menaçant et de misère ? Que deviendront les jeunes centrafricains qui sont nés dans la violence politique, obtenu leur diplôme par corruption ou droit de cuissage, vécu dans la roublardise et le comportement astucieux – ce que la Bible appelle le comportement de Crétois » et que les économistes appellent « le passager clandestin ou le dilemme du prisonnier »

Cette approche par l’appartenance à la baronnie civile et militaire ou à la tribu ou à la bande de … est un cache-sexe par rapport à la lutte contre la misère. Partons d’un constat. Les entreprises qui délocalisent ne peuvent même pas poser leur valise dans nos hôtels. Pourquoi ? Pourquoi un peuple si calme, où il n’y a pas de talibans – sauf des talibans potentiels) ne retient pas la faveur des investisseurs étrangers. Pourquoi des industries de textiles, de Tongue ne nécessitant pas de grosses installations nous ont quittés ou sont indifférentes à notre offre !  Pourquoi mêmes des ONG plus ou moins désintéressées ne s’enracinent pas chez nous  et pourtant nous sommes un peuple culturellement peu belliqueux, tempérant et coopératif !

Une des raisons- être péremptoire- serait l’absence d’une culture de métiers et notre inaptitude à développer les pôles structurants et à les maintenir en état de fonctionnement pendant longtemps. Nous ne sommes pas curieux au point d’aller chercher dans une région chercher la richesse que peuvent nous apporter les autres. Dans de nombreuses situations, nous sommes forts tempétueux en déluge de calomnie, de mépris mais complètement désertiques en action, en proposition faisable et crédible.( Je crois comprendre que c’est ce à quoi font allusion ceux qui dénoncent la théorie)

Dans le monde, nous n’avons pas le monopole de nous référer à l’appartenance pour obtenir telle ou telle prérogative mais, en la matière, on assiste à un débordement chez nous.

 

Conclusion :

 

Quelle est la source d’énergie qui fait que notre moteur politique et économique roule est la question que l’on serait amené à se poser en ce temps de transition. Etre membre du CNT, c’est bien mais savoir ce qu’on y fait c’est mieux. Faire partie d’une assemblée supplétive, une assemblée –croupion ; véritable infirmerie du régime défunt  n’est pas très honorable …

La feuille de route du CNT est une feuille de température où l’on peut remarquer que depuis deux mois, le professeur Goumba ne prescrit que des anesthésiants. J’ai peur d’avoir raison d’ici 2005 ; date prévue de fin de transition. Il n’ y aurait rien de changer sinon, la césure de la légalité constitutionnelle qui reprendrait de plus belle . La légalité de façade qui abritera à nouveau un président légalement élu, une assemblée, légalement élue, des maires légalement élus, et re-belote, on prend les mêmes et on recommence. On va crier à la mauvaise démocratie et un autre tyran, aidé par la françafrique viendra faire main basse sur les acquis du 15 mars 2003- si acquis il y a et on repartira.

Non, construisons le référentiel de la république, mettons sur orbite de vraies orientations, d’authentiques choix de société comme l’ont fait nos amis du Mali, de l’Afrique du Sud, du Ghana et d’ici 2006, on abouti à des institutions républicaines qui feront le lit à la démocratie. Notre France-elle même a connu quatre républiques, des empires mais, l’évolution s’est faite sur la base d’une éducation civique et citoyenne au budget, à l’engagement politique, à la vulgarisation des valeurs fondamentales de la république

 

J’imagine les échanges qui animeront  débats au sein du CNT et qui donneront des raisons à Bozizé de reculer l’échéance de 2005. Contrairement à ce que prétendent certaines éminences grises de la politique Centrafricaine, il ne faut pas réduire le CNT à panser les blessures politiques et économiques  Il serait souhaitable que le CNT pense la politique de la Centrafrique du troisième millénaire. Qu’il soit capable de repérer le cœur du problème à partir des représentations communes que nous avons des missions d’un(e) maire, d’un député, d’un parlement, d’un budget et d’une société civile. Le monde est devenu de plus en plus complexe et il n’y a pas d’homme providentiel et attaquons  nous sérieusement à nos maux sans cache-misère et sans cache sexe. Enfin, sans vouloir parasiter votre élan pour acclamer la situation de chez nous, je pense à la fable du singe et le chasseur. ( Ce n’est pas le Guenon et le miroir de Jean De la Fontaine). Nos parents nous raconteraient qu’un singe maraudeur fut le premier à apercevoir un chasseur. Sachant qu’il a très peu de chance de ne pas être vu, il parvient à se faire une cachette de fortune avec des feuilles. Croyant avoir réussit une cachette mais sachant que sa longue queue pendant dehors pouvait le trahir, il ordonnait à cette queue de tout faire pour lui foutre la paix afin que le chasseur ne l’aperçoive. Pendant qu’il se bagarrait avec sa queue, le bruit du stratagème attira l’attention du chasseur. La suite se passe de commentaire. D’autres traditions mettent en garde ceux qui font la politique de l’autruche ; qui se mettent la tête dans le sable à l’approche du danger, face à la réalité.   J’ai peur que les méthodes de lutte contre la pauvreté initiée par le cocktail Bozize-Goumba soient du réchauffé ; c’est-à-dire que face à un monde de plus en plus complexe, on nous propose des solutions qui datent des années soixante ; comme si nous étions des épouvantails dans les champs ou des nains de jardins. Salut à tout le monde !

Après ce troisième article, c’est ici que  s’arrête mon testament politique Rendez-vous en 2005 !

(05 juin 2003, 07:01:13)

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 16  |  Regards et points de vue des partis politiques et mouvements centrafricains