CONFERENCE DES CADRES

ALLOCUTION D’OUVERTURE DU COMPATRIOTE JEAN-PAUL NGOUPANDE, PRESIDENT DU PARTI DE L’UNITE NATIONALE (PUN)

Chers compatriotes,

Dans six mois se dérouleront des élections dont personne n’ignore l’importance cruciale pour l’avenir immédiat de notre pays. Le choix qui sera effectué en janvier prochain n’aura que deux conséquences possibles : soit permettre à la RCA de tenter de sortir du marasme, dans l’unité, la paix et le renouveau, soit replonger dans les affres de la division et de la guerre civile.

Soyez persuadés, chers compatriotes, que le dernier scénario est le plus probable si les forces démocratiques ne se mobilisent pas de manière unitaire et déterminée. Vous avez pu constater, le 19 juin dernier, la volonté du chef de l’Etat actuel et de ses proches de confisquer le résultat des élections en réquisitionnant les moyens de l’Etat, y compris une partie des forces armées.

Or nous avons désormais des indications claires quant à la manière dont le pays sera géré si d’aventure ce scénario, que je n’hésite pas à qualifier de scénario catastrophe, aboutissait : l’affairisme de type mafieux et le tribalisme seront rois.

En moins de deux semaines, soit du 17 au 30 juin 2004, nous avons eu l’occasion d’en avoir des illustrations concrètes : le chef de l’Etat se rendant clandestinement à Düsseldorf, en Allemagne, accompagné de membres de son clan, pour écouler lui-même des diamants ; ensuite, le même se rendant mercredi 30 juin à l’ENERCA pour rétablir lui-même des parents relevés par le Conseil d’Administration pour avoir été illégalement nommés par l’ancien directeur général, Monsieur Jean-Serge WAFIO.

Le scandale de Düsseldorf, révélé par la presse nationale et internationale, a porté un coup certain et grave à l’image de notre pays dans le monde. La République centrafricaine, qui souffre déjà d’un déficit de crédibilité internationale, n’avait pas besoin de cela. Une fois de plus, la gestion opaque et quasi mafieuse est assurée d’avoir de beaux jours devant elle si le scénario qui guette devait se concrétiser.

Alors que le pays a besoin plus que jamais de rompre avec un passé qui nous a conduits là où nous sommes aujourd’hui, les pratiques tribalistes ressurgissent, avec les conséquences que l’on peut imaginer sur l’unité, la paix, la réconciliation, et le développement.

En vérité, chers compatriotes, les mêmes causes placées dans les mêmes conditions produiront immanquablement les mêmes effets, et sans aucun doute en pire.

Pour barrer la route à ce retour en arrière, il n’y a pas d’autre perspective que la mobilisation et la détermination des forces démocratiques. Les Centrafricains, à l’évidence, attendent beaucoup du PUN, parce qu’ils savent que dans un passé récent la combativité de ce jeune parti a été un facteur important pour faire bouger les choses. Le combat, cette fois-ci, s’annonce particulièrement difficile, parce que ceux qui veulent ramener le pays en arrière n’hésiteront pas à recourir à des méthodes anti-démocratiques pour parvenir à leurs fins. Voilà pourquoi les militantes et militants de notre Parti, à commencer par ses cadres, sont vivement invités à redoubler d’ardeur, de détermination et d’esprit de sacrifice dans la préparation des échéances électorales.

Notre deuxième Congrès ordinaire, réuni du 8 au 11 avril 2004, a tracé les orientations essentielles et défini les tâches prioritaires. Parmi celles-ci, la mobilisation de tous les militants et cadres pour être sur le terrain malgré l’insécurité sciemment entretenue figure en tête. Suivent ensuite l’obligation pour toutes et tous de contribuer à la mobilisation de ressources ; le devoir pour les membres de la direction, à commencer par les membres du Comité Exécutif et du Secrétariat Général, de faire preuve d’un engagement exceptionnellement fort. La torpeur et l’attentisme ne sont pas de mise. Notre base me paraît désireuse de se battre pour la cause du pays. Il appartient donc aux dirigeants d’être à la hauteur, de montrer la voie et de donner l’exemple.

Parmi les tâches définies par le deuxième Congrès, il y a également la nécessité d’œuvrer au regroupement des forces qui partagent les mêmes idéaux que le PUN. Sans unité d’action des forces démocratiques, nous ferons le lit de la dictature et de la régression. Les actes posés quotidiennement par les partisans du retour en arrière, comme ceux que je viens d’évoquer plus haut, contribuent heureusement à accélérer la prise de conscience du danger qui guette la nation centrafricaine. Les discussions engagées avec nos partenaires du RDC (Rassemblement Démocratique Centrafricain), du MDD (Mouvement pour la Démocratie et le Développement), de l’ADP (Alliance pour la Démocratie et le Progrès), du PSD (Parti Social-Démocrate), du Forum Civique et du MESAN (Mouvement de l’Evolution Sociale de l’Afrique Noire) vont dans le bon sens. La porte demeure ouverte à tous ceux qui veulent se joindre à cet effort visant à travailler ensemble pour sauver le pays.

De la même façon, je considère que ce serait un tort d’ignorer le MLPC (Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain), malgré le passé récent. La République centrafricaine est menacée d’un nouveau danger, sans doute plus grave, et nous aurions tort de rejeter le potentiel de militantisme que représente ce parti. Plus le Front démocratique sera large, et plus nous aurons de chance de conjurer le danger qui guette le pays.

La présente Conférence a pour but de faire prendre conscience de ces enjeux historiques à tous nos cadres dirigeants, membres du Comité Exécutif, du Secrétariat Général, du Conseil Politique, des bureaux fédéraux et sous-fédéraux, ainsi que de l’UFPUN et de l’UJPUN. Nous devons sortir de cette réunion avec plus de détermination dans la lutte pour le salut national. Nous devons en sortir avec des propositions concrètes pour renforcer l’action du PUN.

Le temps presse.

Je vous remercie.

(03 juillet 2004 - Un communiqué du Cabinet du Président du PUN)