République Centrafricaine : LRA
- le cauchemar n'est pas terminé
OBO (République
Centrafricaine), 02 octobre 2009
(IRIN) - Tandis que
trois camions remplis de soldats des forces armées centrafricaines (FACA)
nouvellement déployés traversent Obo, dans l'extrême sud-est de la République
centrafricaine (RCA), les habitants parlent avec amertume et résignation des
problèmes de sécurité persistants et de l'incapacité des forces locales ou de
leurs alliés des Forces de défense du peuple ougandais (UPDF), mieux équipés, à
déloger les combattants de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA).
Un porte-parole de l'UPDF parlait
récemment, dans la capitale ougandaise Kampala, de « la fin de la LRA. Nous continuons de
les cueillir comme des mangues mûres », a-t-il ajouté, citant l'exécution et la
capture de plusieurs personnalités clés de la LRA. L'UPDF patrouille la région
du Haut-Mbomou, dans le sud-est du pays, avec la bénédiction du gouvernement du
président centrafricain François Bozizé, dont les forces armées n'ont pas réussi
à éliminer la menace des rebelles ougandais.
C'est en février 2008 que
la LRA a commencé
à sévir en RCA. Elle y a organisé une série de raids en se dirigeant vers
l'ouest à partir de Bambouti, à la frontière avec le Soudan. Les associations
locales de défense des droits humains et d'autres groupes civils ont tiré la
sonnette d'alarme, soutenus par les Nations Unies, appelant à un durcissement de
la réponse militaire.
Après un an de répit,
la LRA a repris
les attaques avec encore plus d'intensité à la mi-2009. De petits groupes de
combattants ont attaqué des villages situés dans un rayon de
20
kilomètres d'Obo : Ligoua, Kourouko, Gassimbala, Koubou,
Gougbéré, Dindiri, Kamou, Ndigba, etc.
Plus de 3 000 personnes déplacées se
sont réfugiées à Obo. D'abord logés dans des écoles et des églises, certains ont
été accueillis par des familles hôtes, mais la plupart vivent maintenant dans
des huttes et des abris construits dans l'urgence par les villageois.
Le Comité international de
la
Croix-Rouge (CICR) cherche à repérer des sources d'eau potable,
creuser des puits et construire des latrines. Obo accueille également plusieurs
centaines de réfugiés de la
République démocratique du Congo (RDC) voisine, sous la
responsabilité du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).
Ils ont eux aussi fui la
LRA.
Patrouilles ougandaises
L'UPDF est très présent à Obo et
dans les environs. Ses troupes patrouillent le centre-ville et les villages
voisins, épaulés par des hélicoptères. Parmi les villages maintenant « sécurisés
» par l'UPDF se trouve Ligoua, à 20 kilomètres d'Obo.
« Les Ougandais nous ont amené la
tête d'un combattant de la
LRA pour nous montrer qu'ils sont là, dans la brousse, et
qu'ils traquent l'ennemi », a raconté Elie Bitimoyo, le chef du village, à IRIN.
Mais M. Bitimoyo et les chefs des
autres communautés déplacées racontent que leurs maisons et leurs champs sont
des zones interdites. À Obo, on s'inquiète des pertes en termes de récolte et de
têtes de bétail. En effet, la
LRA cible logiquement les zones les plus fertiles et prospères,
avec les terribles conséquences que cela suppose pour la population locale.
« Le gouvernement doit faire en
sorte que les villages soient sécurisés et que les habitants puissent retourner
travailler la terre », a dit René Zaningba, un pasteur local, à IRIN. « Ce sont
les villages qui approvisionnent Obo en denrées alimentaires. Si les habitants
ne peuvent pas travailler, nous mourrons de faim ».
La ville d'Obo a elle-même souffert
de plusieurs années d'isolement. Située à plus de 1 200 kilomètres à l'est de
la capitale, Bangui, Obo est la capitale de la préfecture du Haut-Mbomou, à la
frontière avec le Soudant et la RDC. Elle a été le théâtre, par le
passé, d'affrontements terribles entre la population locale et les combattants
de l'Armée de libération du Soudan (ALS).
Attaques contre des organisations
À Obo, la Mission catholique et le complexe de
la Mission
protestante évangélique en Afrique [Protestant evangelical African Inland
Mission complex], dont les missionnaires sont arrivés en République
centrafricaine dans les années 1920, jouent un rôle important. Ils ont tous deux
accueilli d'importantes communautés de déplacés au cours des dernières années.
La récente attaque, par
la LRA, d'un
camion appartenant à l'organisation humanitaire italienne COOPI a soulevé de
nouvelles préoccupations en matière de sécurité dans le sud-est du pays. Deux
employés locaux de COOPI ont été tués dans une embuscade le 21 septembre, à
45
kilomètres à l'ouest d'Obo. COOPI, qui travaille depuis
1974 en RCA, a suspendu ses activités dans le sud-est et appelle au respect de
l'impartialité des organisations d'aide par toutes les parties au conflit. Le
camion transportait des matériaux pour la reconstruction d'une école à Obo.
Apprenant la nouvelle de l'attaque,
les habitants se sont plaints de l'aggravation de l'insécurité et de la peur.
« Cette région a désespérément
besoin d'aide en matière d'éducation : nous avons 80 pour cent d'analphabétisme
», a indiqué un homme qui a demandé l'anonymat. « Mais comment peut-on
s'attendre à ce que des ONG viennent nous aider puisqu'en le faisant, ils
mettraient la vie [de leur personnel] en danger ? »
Actualité Centrafrique de
sangonet