Les
qualités du politicien centrafricain: malice, arrogance, ou autre.
Ange-Félix
Patassé serait rentré triomphalement à Bangui, afin de forcer sa participation
au grand dialogue national inclusif.
L’évènement s’était déroulé sans vraiment de grandes surprises, au grand
dam de ceux qui espéraient un retournement de circonstances. Aujourd’hui, les centrafricains qui
avait su entretenir le culte de la patience, laisserons tout le temps qu’íl
faudra aux griots et autres spécialistes de la défense du régime de Patassé et
du MLPC, le soin de fournir aux centrafricains, de plus amples explications sur
les résultats des interventions de Patassé pendant ces assises, et, sur ce que
ces interventions auraient apporté de nouveau et d’enrichissant au futur de la
Centrafrique. Mais n’aviez-vous
donc pas eu l’impression que ce dialogue national inclusif de la scène politique
centrafricaine avait été du déjà-vu,
sans conséquence majeure sur le quotidien des
centrafricains?
Nous ferons
remarquer que les thèses de défense, savamment élaborées par tout ceux qui
avaient soutenu les mérites du gouvernement de Patassé et de son régime, les
divers entretiens en tête à tête, ou les entretiens téléphoniques que Patassé
avait accordés à certaines agences de presse, nous avaient, chaque fois, laissé
sur notre faim. Et chaque fois,
nous nous étions demandés si c’était par malignité ou pour une autre raison que
nous ne comprenions pas, que des journalistes nationaux ou étrangers, mais
également des historiens contemporains, avaient manqué de poser à Patassé les
questions essentielles qui auraient
servi à faire la lumière sur la décadence et la fin de son régime à Bangui. Les exemples de ces questions auraient
été les suivantes. Monsieur le
Président, Jean-Pierre Bemba s’est fait arrêté pour avoir envoyé une force
d’expédition qui avait commis des atrocités sur la population en territoire
centrafricain. Etait-ce vous qui
aviez autorisé l’intervention des forces rebelles congolaises de Bemba dans
votre pays, comme vous aviez autorisé la présence des forces libyennes à
Bangui? Si oui, quelles en avaient
été les raisons profondes et quelles avaient été vos instructions à Bemba? Est-ce que votre régime avait-il payé
Bemba ou remis de l’argent aux hommes de Bemba pour cette opération en
Centrafrique? Quand vous avez été
informé des atrocités commises par les hommes de Bemba sur la population, quelle
avait été votre réaction? Quelles
avaient été vos discussions avec Bemba à ce sujet? Est-ce que votre régime doit toujours
des comptes à Bemba à propos de cette intervention? Selon vous, du chef de l’état
centrafricain, du premier ministre, du ministre de la défense, du ministre de
l’intérieur, du chef d’état-major de l’armée centrafricaine, qui avait été
l’ultime responsable de tous ces crimes commis sur vos compatriotes? Est-ce que vous pensez aujourd’hui que
votre régime et le MLPC avez bien servi le peuple centrafricain en laissant
commettre ces atrocités? Comment
les centrafricains devraient se souvenir de votre régime? Si vous aviez des regrets quels
seraient-ils? Qu’est-ce que vous
pensez de la mise aux arrêts de Jean-Pierre Bemba? Avez-vous des craintes pour vous-même
dans cette même affaire? Et il y
aurait d’autres nombreuses questions intéressantes à poser. Pourquoi ces questions n’avaient-elles
jamais été posées à Patassé ou aux nombreux dignitaires du MLPC qui étaient aux
affaires à l’époque et qui seraient aujourd’hui en France ou à Bangui? Mais être journaliste ou autre ne
consisterait pas à poser des questions semblables, à recueillir toutes les
réponses et à en informer le public!
Pendant le
déroulement du dialogue national inclusif, Jean-Jacques Démafouth annonçait au
public son intention d’être candidat aux prochaines élections présidentielles de
2010 en Centrafrique. Nous lisions
cette déclaration d’intention sur un des sites Internet. Près d’un mois après la clôture de la
grande palabre nationale et définitivement inclusive de Bangui, pas davantage
d’explication de la part de Démafouth à propos de sa future candidature. Mais est-ce que ce même Démafouth
n’avait été celui qui finançait et dictait les actions des rébellions du
nord? Pendant longtemps, celui-ci
avait juré par tous les saints qu’il n’avait vraiment rien à voir avec toutes
les accusations contre lui d’être à l’origine des attaques des rébellions du
nord, quand la justice centrafricaine avait été prétendument, disait-il, à ses
trousses à propos d’autres affaires d’assassinats sous le régime de
Patassé. Et très éloquemment,
diverses sources avaient révélé que les rébellions centrafricains avaient tué
des hommes et des femmes, avaient violé des filles et des femmes, avaient brûlé
des maisons et des villages, avaient fait fuir des habitants innocents se
constituer réfugiés au Tchad, avaient volé aux éleveurs leurs bétails, avaient
pris des personnes en otage et réclamer des rançons, etc. A la fin, Démafouth avait enfin eu le
courage d’avouer devant le monde qu’il était en réalité, depuis le début,
président d’un des groupes des rébellions du nord, qui avaient causé beaucoup de
tort à une population civile innocente.
Mais enfin, ne trouvez-vous pas curieux que ces rebelles et leurs chefs,
au lieu d’aller croiser le fer avec Bozizé qui se trouve à Bangui, aient préféré
chasser les habitants paisibles dans les matitis, détruire des biens, violer,
voler et tuer hommes, femmes et enfants qui n’avaient eu pour pêché que d’être
des centrafricains ordinaires et qui ne connaissaient Bozizé d’Adam ni d’Eve. Et
Démafouth qui avait orchestré tout ce tort à l’endroit des centrafricains est
celui qui avait informé qu’il sera candidat pour protéger ces mêmes
centrafricains. Mais cet exploit de
Démafouth ne mériterait-il pas en fait de grandes acclamations de la part des
dialogueurs nationaux et des dialogueurs inclusifs! Personne n’avait émis une seule
objection à cet égard !
Que les
victimes de toutes ces atrocités soient des régions de l’Ouham-Pendé, de
Notre
question pour finir avait été de savoir pendant combien de temps encore, le
peuple centrafricain se laissera-t-il manipuler et continuera à collaborer avec
tous ces criminels devenus des politiciens ou avec ces politiciens devenus des
criminels?
(diffusion 22
janvier 2009)