La
Centrafrique et l’impact de la corruption sur son developpement et
l’emigration
Il y a plus d’un an, nous lisions sur un des
nombreux sites internets qui font état des affaires centrafricaines, qu’un des
conseillers du Président François Bozizé, aurait reçu une envelope de près de 150.000 euros,
qui correspondrait à des dessous de table, versés à lui par la PDG d’une
grande enterprise française, afin de calmer les gloutonneries financières du régime de
Bozizé et conclure définitivement le rachat par cette entreprise des actions
relatives à l’exploitation du gisement d’uranium de Bakouma en République
Centrafricaine. Nous vous
demanderons de vous référer à une affaire semblable à propos de l’exploitation
de ce même minerai dans un autre pays d’Afrique de l’Ouest. Ce qui avait été édifiant, avait été le
fait qu’aucun journal occidental ou français en particulier, n’avait largement
rapporté ce petit fait divers de corruption flagrante qui, cependant, était
monnaie courante, aussi bien dans les pays européens qu’en Centrafrique. Pourquoi ce silence des médias? Nous ne pouvons qu’en supputer les
hypothèses. Parce que, à leur
habitude, personne ne voudrait ternir l’image des patrons français qui sont
essentiels à l’expansion du marché francais en Afrique ou dans le monde et qui
financeraient les campagnes électorales des partis politiques. De même, comme pour les affaires des
diamants centrafricains du Président Giscard d’Estaing, la pudeur française
voulut que l’on n’en dise pas trop.
Enfin, comme dans l’affaire des anciens gérants français de SESAME contre
l’animateur du site internet de Sangonet, les médias et autre auraient peut-être
une peur bleue de la justice européenne ou française en particulier, qui
n’hésiterait pas à terroriser ceux qui oseraient révéler les exactions de leurs
entrepreneurs en Afrique, les accusant de vouloir ternir la réputation des
marques européennes ou françaises ou simplement les accusant de
diffamation. Cependant, il serait
tout à fait acceptable d’établir un classement annuel des régimes africains les
plus corrompus! Quelle mauvaise foie!
Nous vous inviterons à regarder avec nous ce que
ces actes de corruption des grandes compagnies étrangères avaient causé en
Centrafrique. Depuis plusieurs
décennies, le ralentissement des actions de développement de la Centrafrique
avait été mis sur le dos d’une corruption interne et hautement corrosive des
présidents, des membres du gouvernement et de leurs proches, ainsi que des
fonctionnaires véreux et autres agents de l’état. Mais aucun rapport sérieux n’avait
mentionné les patrons de bureaux d’achat de diamants et leurs racoleurs, les
patrons des compagnies forestières, de nombreux commerçants ambulants et hommes
d’affaires de tous ordres, qui étaient également des agents de corruption et les
saboteurs de l’économie du pays. De
nombreux rapports des institutions internationales et des agences de coopération
bilatérale avaient fait les échos des activités opérées par le premier
groupe. Et bien évidemment, lorsque
les patrons des entreprises étrangères implantées dans le pays donnaient par-ci
par-là au Président de la République, aux députés, aux ministres, aux magistrats
et autres, des enveloppes ou autres cadeaux, afin de solliciter des faveurs ou
des égards dans le traitement de dossiers d’offre, de prospection,
d’exploitation, de règlement judiciaire ou autre, est-ce que ces gestes
devraient être interprétés comme une marque de courtoisie? Mais n’est-ce pas ce que l’on
appellerait une corruption active, surtout si ces dons ne sont pas reversés dans
les caisses de l’état!
La suite, nous la connaissons. De cette manière, des permis
d’exploitation avaient été accordés par le gouvernement à des entreprises
étrangères généreuses pour exploiter le diamant, pour exploiter l’or,
pour exploiter le bois, pour exploiter l’uranium, pour importer les
hydrocarbures et autre sur le territoire national. Et lorsque les patrons de ces grandes
sociétés avaient jugé qu’ils étaient largement entrés dans leurs frais et qu’il
ne restait plus grand chose à tirer de l’exploitation, ils orchestraient soit
une faillite de ladite société et ne payaient plus les taxes et autres
obligations dûes à l’état, soit reprenaient les mêmes affaires sous un nouveau
nom en annulant le passif, soit revendaient la dite société au plus offrant ou
encore à un autre groupe d’investisseurs qui, bien souvent, comprendrait le chef
de l’état en personne ou un de ses rejetons, ou encore un national avec des
entrées ou des contacts importants dans le gouvernement du régime politique en
place. N’est-il pas recommandé
d’être bon stratège pour pouvoir implanter sa société en Centrafrique et
survivre dans cet environnement économique sulfureux! Certaines rumeurs indiqueraient la
présence des intérêts de chefs d’état voisins dans des exploitations en
Centrafrique où l’on peut faire des affaires lucratives dans l’exploitation du
bois par exemple. Quoi donc de plus
naturel avec la mondialisation!
Mais n’est pas de cette manière que des gouvernements de pays voisins
avaient continué à entretenir l’insécurité et une guerre civile à n’en pas
finir, afin d’exploiter à bon compte les ressources naturelles de ce grand pays
voisin de la Centrafrique!
Et cette corruption des entreprises et grands
groupes étrangers, opérée de manière aggressive et sans coup férir, avait fini
par épuiser les disponibilités et les liquidités des caisses de l’état, et, qui
étaient cruciales et nécessaires pour des investiseements dans les actions de
développement social et économique en Centrafrique. Par exemple, les 150.000 euros auraient
pu servir à contruire de nouvelles salles de classe dans les écoles de la région
de Bakouma, ou à acheter et offrir gratuitement des manuels scolaires et des
cahiers aux élèves des écoles de
cette région pour une période de 5 ans.
Cette somme d’argent aurait pu server à ré-approvisionner les
laboratoires à l’unversité de Bangui, ou à offrir des bourses de stages
pratiques sur le site d’exploitation de l’uranium, ou servir au financement de
projets de protection de l’environnement dans le Haut-Mbomou. Si vous pouviez convenir de réunir tous
les membres de la commune rurale de Bakouma, ceux-ci vous diront ce à quoi ce
chiffre de 150.000 euros ferait rêver en matière d’activités de
développement. Mais seulement
voilà, la courte vue du gros profit qui avait suscité l’acte de corruption – et
nous parierons que ce n’était ni le premier, ni le dernier -, avait en réalité
éclipsé toutes les conséquences, petites ou grandes que devraient subir les
centrafricains pour plusieurs générations.
Ce faisant, la Centrafrique avait continué à avoir
des générations de sacrifiés. Il
n’y aurait plus d’emplois dans le pays, faute d’investissements légitimes et
sains. Les écoles et les
institutions d’enseignement supérieure et professionnelle ne donneraient plus
une éducation aux enfants et une formation professionnellle aux jeunes, qui soit
digne de nom, et, qui auraient permis à ceux-ci d’entrer en compétition avec
ceux des pays nantis. De nombreux jeunes dans les villes et les villages étaient
devenus délinquents et avaient été la proie des hommes de l’APRD et autres
rébellions en Centrafriques qui les enrollaient dans le camps de leurs sordides
oeuvres. Ces rébelles du nord de la
Centrafrique et autres aspirants ne seraient aujourd’hui, autres que les
produits des tentatives d’études dans les institutions scolaires et
universitaires et qui n’avaient pas aboutis à un emploi et un salaire
régulier. Les bandits de grands
chemins, les coupeurs de route et autres avaient été, depuis, ceux qui avaient
décidé de trouver à manger en rackettant, en opérant des holdups et en tuant
leurs propres compatriotes, parce que simplement, les dirigeants de régimes
politiques du MESAN, du RDC, du MLPC et du KNK n’avaient pas su imaginer les
étapes et n’avaient pas été capables de mettre en place d’excellents projets de
formation et une politique de création d’entreprises stables qui auraient donné
du travail et à manger à la grande majorité des centrafricains. Aujourd’hui
encore, Démafouth et le dialogue national inclusif avait halluciné à propos de
la démobilisation des rébelles et/ou de leur rassemblement dans une armée
véritablement nationale. Mais
quelle formation professionnelle avaient-il pensé donner à ces hommes et à ces
femmes? Apprendre à conduire un
véhicule motorisé ou apprendre à mieux arnaquer ceux qui ne sont pas dans leur
camp?
André-Marie Talla, chanteur camerounais, disait
dans une de ses chansons “Je vais chercher làbas une vie meilleure” en parlant
du rêve du jeune cameroumais des campagnes d’arriver un jour à Yaoundé, la
capitale. En faisant faire un grand
saut de puce à notre démarche, nous arrivons au problème de l’immigration des
africains en Europe et à celui, parallèle et de même gravité, de l’émigration
des jeunes des campagnes, des villes et ceux de Bangui vers une vie
meilleure quelque part en France.
Mais, ne voyez-vous donc pas que ces mouvements migratoires avaient été
causes en partie à cause de l’usage généralisé de la corruption comme outil pour
gagner des marchés et des chantiers en Centrafrique! Aujourd’hui, les gouvernements européens
qui avaient fermé les yeux sur cette mauvaise pratique, seraient échaudés à
propos de ces nombreux immigrés qui, disent-ils, envahissent les cités, les
banlieues, les villes et les campagnes, et qui épuiseraient toutes les
ressources des citoyens de souche!
Mais peut-être que les gouvernements européens devraient demander à leurs
entreprises, engagées dans cette pratique, de couvrir les frais occasionnés par
cette immigration dont elles seraient aussi responsables! Comment cela aurait été, si ces
gouvernements européens avaient fait des pressions sur leurs compagnies pour que
celle-ci fassent la démonstration de bonnes éthiques et insistent que les
gouvernements à Bangui mettent en place des fonds issuent des taxes payées par
ces sociétés pour créer sur place dans le pays cette vie meilleure? Mais, ne nous parlez donc pas de
souveraineté nationale quand ce concept aujourd’hui n’aurait plus de
résonance!
Mais au lieu de considérer sérieusement ces
options, les gouvernements occidentaux pour se donner bonne conscience avaient
pensé qu’ils pouvaient réparer ces graves erreurs en négociant avec la
Centrafrique des accords multilatéraux par les biais de agences des
nations-unies, du fond monétaire international et de la banque mondiale, ou
encore des agences de coopération bilatérale qui accorderaient par-ci par-là,
des fonds d’aide aux projets de développement de la Centrafrique. Après réflexion, nous pourrions appeler
toute cette peine une aide en aval, après que le tout mal avait été
fait. Ces activités avaient été
comme faire une perfusion d’une concoction de plusieurs médicaments à un cadavre
pour le réanimer. Nous
reconnaîtrons volontiers que ces efforts, souvent sincères, de la part des pays
industrialisés qui payaient chèrement leurs contributions auprès des
organisations dont ils sont membres, n’avaient cependant pas donné des résultats
satisfaisants et renvoyaient, chaque fois, la matérialisation de la vie
meilleure des jeunes centrafricains aux calendes grecques. Ils aimaient jouer aux sapeurs-pompiers
comme les gens aiment à dire. Pour
ce qui nous concerne, toute bonne aide et toute assistance technique devrait se
faire en amont, longtemps avant qu’un mal quelconque ne se produise. Ce faisant, avant même que l’immigration
ne devienne un problème en France, en s’assurant que les lois contre la
corruption et les autres lois, conventions et accords s’appliquent uniformément
partout dans le monde pour le bien être de toute la communauté humaine et
centrafricaine.
Il y a un peu plus d’un mois, une grande société
multinationale, d’origine allemande, venait d’être condamnée à payer des très
grosses amendes au gouvernement fédéral américain et en Allemagne pour avoir
orchestré des actes de corruption à grande échelle, afin de gagner des marchés
et des chantiers dans divers pays à travers le monde. A l’évidence donc, les
solutions aux problèmes du développement de la Centrafrique, de l’immigration des centrafricains en
France ou ailleurs ne viendraient pas uniquement des politiciens centrafricains
corrompus, des mouvements de rebellions en Centrafrique, des grandes causeries
nationales, des gouvernements des deux pays ou des juges français, mais bien
véritablement des populations bien informées, d’un système judiciaire plus
noble, d’une approche différente du développement et des stratégies
nouvelles.
Pour finir, vous nous excuserez de n’avoir pas donné les noms
de ces grandes compagnies multinationales.
Nous espérons que vous comprendrez notre réserve.
Njoni
fini ngou na ala kouè ! (Et Bonne Année à Tous !)
Jean-Didier Gaïna
Virginie, Etats-Unis d’Amérique
(Point de vue diffusé le lundi 12 janvier 2009)