Lettre
sans complaisant aux forces vives de Centrafrique :
Objet :
Quels types d’homme et d’Etat requiert ; selon vous, la situation
économique et sociétale en Centrafrique à partir de 2010, pour gérer l’existant et
préparer l’avenir ?
Chers compatriotes ; démocrates
et patriotes
Vous avez cru être
au service du peuple Centrafricain, sous les différents régimes qui se sont
succédés dans notre beau pays, depuis les lendemains des indépendances jusqu’à
ce jour. A 9 mois des élections générales, permettez-moi de saluer votre
dévouement et votre patriotisme avant de partager avec vous, quelques
préoccupations qui font interpellation.
Je m’appuie- et
non incrimine - sur deux faits marquants de cette année pré-électorale ; à
savoir les tribunes signées par deux autorités administratives et publiées dans les colonnes de Sangonet et de
l’Indépendant, après le Dialogue Politique Inclusif. Il s’agit du témoignage
d’un ancien ministre des Affaires étrangères, devenu plus tard ancien directeur
de cabinet d’un chef des chefs d’Etat et, celui d’un ancien
ambassadeur.
A la lumière de ces deux tribunes, vous
êtes à la fois les herméneutes, médiateurs et vecteurs de communication des
politiques publiques des gouvernements successifs. Si vous n’êtes pas les concepteurs de ces politiques, il
n’en demeure pas moins que vous en êtes de loin, ceux qui les mettent en musique
ou font tout pour lui conférer une saveur. Alternativement en back office ou en
front office, vous êtes les premiers spectateurs des théâtres de l’ombre et
regardez la valse des instabilités ministérielles dont l’histoire des
institutions de notre pays est riche. Certains d’entre vous brillent par leur
allégeance au régime en place. De tel comportement est proche du comportement de
larbin, en termes de défense des intérêts égoïstes, que de faire triompher
l’éthique et la déontologie.
D’autres d’entre vous se
complaisent dans le rôle de sbire du khalife ; tissant des réseaux de
thuriféraires et autres fieffés griots de la propagande ( renvoi aux deux tribunes citées).
Vous détenez
probablement la réponse à deux de mes interrogations ; la première tient au
phénomène engendré par les évènements du 15 Mars 2003 et la seconde est la
paupérisation anthropologique ; ce que le Père Engelbert Mveng disait à
juste titre : La pauvreté africaine
n’affecte donc pas seulement la vie matérielle, sociale, voire politique de
l’homme. Elle affecte la condition humaine dans ses racines les plus profondes
et dans ses droits fondamentaux..
A mon humble avis
et par rapport aux exigences de reconstruction du tissu socio-économique des
communautés nationales et de leur positionnement au sein de
Quant à la
pauvreté, personne de veut admettre qu’elle a pour corollaire ; non pas
uniquement le braquage des intérêts vitaux des populations par les hommes
politiques- et non les hommes d’Etat ([2])
mais aussi, l’absence de dialogue intersectoriel et d’une fertilisation croisée
entre les secteurs dits « formel » et
« informel ».
Me rassurez-vous de choisir entre l’abîme
actuel [ la connivence entre le Général-Président qui s’ingénue à inséminer
artificiellement une dynastie
rampante et l’opposition piaffant d’impatience et de
revanche malgré son crime de parricide] pour mettre en gestation une
métamorphose ; bien dresser l’état des lieux pour penser l’avenir,
si
jamais je
parvenais à
identifier ;
non seulement les grandes approches
de cette question mais également à les soumettre à l’interrogation
épistémologique et théorique ; c’est-à-dire à les conceptualiser ? Dit
autrement, faisons le pari de choisir les hommes d’Etat pour les lendemains de
2010. L’appartenance d’un homme politique à une quelconque obédience ;
fut-elle International Socialiste ne doit plus être une marque de fabrique ou le
signe d’une fiabilité et crédibilité. La mondialisation est d’une telle
complexité que l’approche mystique de l’homme politique, celui qui se mettrait
en lévitation, ne doit plus nous déterminer dans l’expression de notre
patriotisme. L’idée motrice des
années à venir, serait celle d’avoir à la fois la conviction et la vocation de
vrais soldats de
I)
Citoyenneté démocratique et la redistribution n’ont jamais été la tasse de thé des
pouvoirs autocratiques à caractère féodal et clientéliste..
Nous sommes dans
la fièvre de la période pré-électorale. Les candidats fourbissent et affûtent
les armes au point d’user et d’abuser des rhétoriques populistes à courte vue.
Si les années soixante et dix ont été favorables aux rhétoriques permettant de
s’élever au-dessus du tohu-bohu de la cité pour tenter d’atteindre les plus
hauts cimes de la démagogie politique, à l’instar de celle que nous a servi le
MLPC, lors de l’intronisation de son candidat, nous devons nous méfier de telle
kermesse. Postuler la sortie de crise de cette manière est un peu simplet et
sans méfiance épistémologique au
regard du destin de tout un peuple en souffrance.
Et, je voudrais me
risquer à avancer quelques causes socio- économiques et historiques, même si de
telles idées ne sont pas neuves [rappelons- nous les conférences nationales, les
Etats généraux de
Les préoccupations
politiques des peuples éveillés plaident pour un changement de logique d’accès
au pouvoir et d’exercice de pouvoir politique ; sans prendre nécessairement
le pouvoir par coup d’Etat ou en procédant par acrimonie ou par adoubement des
forces mystérieuses de l’extérieur.
Qu’est-ce qui
justifie cette aspiration à la métamorphose ? La réhabilitation d’une autre
forme d’Etat pour inspirer le développement par la refondation du concept de
répartition conduit à mettre hors d’état de nuire les comportements politiques
désinvoltes, snobes, mystificateurs et affabulateurs. En redoublant de
vigilance, les citoyens et les forces vives des pays ont enclenché le déclin de
l’obscurantisme Le temps de déni et de dénégation des droits fondamentaux comme
mécanismes de régulation politique a largement entamé sa phase de déclin partout
en Afrique notamment de l’Ouest et dans l’Océan Indien sauf en Afrique Centrale
et particulièrement en Centrafrique.
Quel est le
facteur déclenchant et déclencheur des premiers pas vers cette longue marche ( simple métaphore
plus que référence idéologique ) vers la métamorphose ?
Quels sont les
instruments pertinents qu’ils ont d’abord élaborés à l’issu d’un authentique et
profond diagnostic au lieu de chercher dans le tribalisme « le deus ex
machina des affrontements, des guerres civiles et incurables violences au
quotidien ? Malgré l’allergie manifeste des virtuoses des différents
régimes à la lecture de nos réalités socio-économiques par le prisme des modèles
théoriques, je me risque à recourir à la théorie des cinq étapes de la
croissance économique de Rostow des années 1970, dans cette analyse de la
différence entre politique de gestion de l’existant et la politique de
préparation de l’avenir de
Pour ce qui est de
1-A) Prendre à
bras le corps la problématique de la répartition à la fois tendon
d’Achille et cheval de Troie en Centrafrique.
La trame commune à
toutes les politiques économiques
publiques en Centrafrique depuis la période postcoloniale aux différentes
périodes post conflits et post-dialogue politique inclusif peut être ainsi
caractérisée et cela sous le
contrôle des forces vives. De Dacko I à Bozizé, les politiques publiques
socio-économiques n’ont jamais établi de façon évidente qu’il y a un lien entre la pauvreté et la
démocratie et qu’il y a une grande différence entre les politiques publiques de
gestion de l’existant et politiques publiques de préparation de l’avenir. Les
populations pauvres des communautés rurales sont indifférentes à la réussite des
mécanismes de la démocratie. Tous les partis politiques, toutes les composantes
de la société civile mettent peu ou prou, en chantier une réflexion sur des
mécanismes à explorer pour impliquer les populations rurales. Et pourtant, elles
constituent les 80 % de la population totale. Les régimes successifs ont brillé par
l’absence totale de réflexion sur l’économie par le bas sur le plan régional.
L’économie par le bas concerne
l’ensemble des activités de production, de transformation, de consommation et d’échange dans
lesquelles l’énorme majorité des populations se trouve impliquée ; ce que
l’on nomme l’économie informelle ou l’économie populaire dans les régions
Latino-américains. La qualification d’économie informelle – qui est plutôt une
invention du PNUD que de l’OCDE- a pour conséquence d’opposer ce type d’économie
à celui semi-industrialisée d’exportation.
Par le tropisme de
l informel, on ne considère pas qu’il soit opportun de l’organiser de façon
systémique et de faire émerger des facteurs de fertilisation croisée entre ces
secteurs, à tel point qu’on n’en a pas fait un champ d’études et de réflexion.
Il y a une
véritable dénégation juridique et fiscale des notions de propriété et
d’entrepreneur rural à ceux qui en vivent. Dit autrement, à l’exception des planteurs des produits traditionnels
d’exportation, personne ne se préoccupe de faire l’inventaire des capacités
humaines qui servent de support à cette économie. L’ISRD de Mbaïki se préoccupe-t-il de quantifier les
planteurs de la production, transformation, commercialisation et échange de
patates, maïs, cacahuète, du marché de « ngägo », de
« mangbélé » entre les régions et les pays voisins ? Quelles sont
les dotations budgétaires allouées pour promouvoir ces secteurs et les filières
qui en découlent ?
Nous avons,
nous-mêmes marginalisé les riches potentialités des six régions pour nous
fourvoyer dans le lyrisme et le folklore
des lendemains des indépendances. Les obèses de
La lutte contre la
pauvreté implique la mobilisation de toutes les forces productives. La
mobilisation des énergies au service du développement suppose que trois
conditions soient remplies. Que les systèmes socio-économiques semi-modernes et
d’économie de base cessent d’être sous la domination exclusive des
activités primaires d’exportation. Que la logistique et les transports
remplissent pleinement leurs fonctions. Que la gouvernance ne se réduise pas en
jargon d’initiés.
Face au désarroi
devant la misère et de la pauvreté, la réponse des communautés périurbaines et
rurales et simple ; la disqualification de la démocratie par une réaction
de méfiance et de défiance de deux manières.
D’un côté, elles
préfèrent court-circuiter les canaux officiels de l’Etat de démocratie de façade
et des élites coptées pour essayer de trouver des solutions à leurs griefs
politiques.
C’est ainsi que la
grande majorité des pauvres, en particulier les personnes plus âgées des milieux
ruraux, restent enfermées dans une relation informelle de clientélisme.
Or, les plus
pauvres ; en l’espèce les petits producteurs marginalisés, n’ont pas seulement à acquérir certaines
des capacités essentielles qui caractérisent la citoyenneté démocratique, il
leur faut encore trouver le moyen de faire travailler les institutions de la
démocratie en leur faveur. Or, il faut souligner depuis les indépendances
nominales, les réponses aux difficultés n’ont guère leurs racines dans des référentielles de la démocratie et de
D’un autre côté,
la non pertinence de configuration sociale confine à l’incapacité à proposer un
projet sociétal avec des référentiels fiables et crédibles aux regards des
artisans de l’économie de base. Les régimes en place ou ceux qui considèrent-
sans doute à raison- d’accéder au pouvoir nous renvoient l’image, à la lumière
des comportements que toutes les forces vivent connaissent d’eux, ont envie de
s’approprier l’Etat et tout ce qu’il peut permettre de contrôler dont les
richesses et les honneurs, qu’ils vont ensuite canalisés vers les réseaux de
partisans qui ont aidé le leader
particulier à monter au pouvoir. Tous les problèmes de
Nous n’avons pas le droit de poser la
question de la métamorphose en termes d’alternance ; il faut la
poser en termes d’alternative car, bien que toutes les tribus aient payé de lourds tributs à cette approche de la politique, elles
ne se sont mêmes pas attribuées les attributs de l’un de leur, parvenu au
pouvoir.
Il faut rompre
avec de telles orientations dès la fin de la décennie de l’an 2000 !
Puisque ce sont les forces vives ou corps constitués de l’Etat qui rendent les
ministres compétents, seules elles sont à mêmes de donner de la saveur à cette
démocratie balbutiante en faisant d’autres choix et en veillant à éduquer les
électeurs ; les acteurs de l’économie de base.
1-B) Election
n’est pas sélection :
Je ne veux pas être rabat joie pour les
forces vives qui ont organisé les états généraux, les légendaires conférences
nationales, le dialogue national et dernièrement le dialogue politique inclusif.
Le travail accompli est gigantesque mais l’utilisation qui en est faite généralement est hallucinante. Par rapport à quoi
l’utilisation est-elle hallucinante. Prenant à témoins les forces vives ;
véritables chevilles ouvrières de ces politiques fumigènes, ces différentes
gesticulations ont privé les Centrafricains d’un débat de fond ; les
politiques publiques de gestion de l’existant et les politiques publiques de
préparation de l’avenir. Ce n’est pas faire montre de mauvaise foi ou de
subversion que de faire remarquer que nos mœurs politiques en matière électorale
sont des mœurs plutôt guerrières que démocratiques. La règle du jeu est de tout
entreprendre pour castrer l’adversaire. Tels des fauves en embuscades, les
partis politiques en odeur de sainteté vis-à-vis du pouvoir, de connivence avec
le pouvoir en place, conviennent de sélectionner ceux qui sont habilités à
solliciter l’onction du suffrage universel et cela, en se prévalant du concept
de démocratie. Déroutante et envoûtante logique, au nom de quelle légitimité
organisent-ils leur maintien ad vitam au pouvoir au détriment des autres
compétiteurs si cela n’est pas pour continuer à contrôler l’Etat et faire main
basse sur ses intérêts présents et
continuer de compromettre irrémédiablement son avenir ! N’est-ce pas
ce que j’appelais dans ma récente
tribune, la théorie du braquage.
Essayons de
disséquer pour comprendre, comment et pourquoi ces politiques de préparation des
élections sont définies, négociées et mises en scène. Intègre-t-on la
participation des acteurs de l’économie populaire et de base comme vecteur de
changement de l’action publique locale ? Comment comprendre le phénomène de
fraude électorale à grande échelle qui se prépare et les dynamiques qu’il induira, dès
lors que le dialogue politique
inclusif a choisi de surfer sur l’examen des facteurs ? ([3])
Le Dialogue
nationale s’était terminé par un spectaculaire « pardon à l’esbroufe » des
anciens chefs d’Etat. Bozizé
avait besoin de ce
spectacle pour légitimer le coup d’état et avoir les mains
libres pour aller décimer davantage les populations du Nord. Quant au DPI, il
n’y a pas pire escroquerie. Bâtir une nation sur les décombres de squelettes
humains, les fosses communes sans fin, n’est pas une opération qu’il faut
continuer à cautionner par son vote. Créer un phénomène comme celui des déplacés
et des enfants soldats comme trappe pour collecter les fonds de la communauté
internationale est une escroquerie, un braquage. Obéissant à la
sommation de l’histoire d’élucider ces zones d’ombres des connivences de notre
pays, je me réfère à une des œuvres précurseurs du Contrat Social de
Jean-Jacques Rousseau en 1712 ; le discours sur l’origine et les fondements
des inégalités parmi les hommes.
En l’espèce,
l’auteur ; J-J Rousseau avait construit son discours sur le Jeu de la
chasse au cerf. J’ai envie de dire que les élections-sélection qui approchent
est une forme de chasse à pigeon sur fond de spéculation de
l’ignorance de la population. Ziguélé lâche Me Henri Pouzère, en
tournant le dos à la plateforme de l’UFVN ; castrant et émasculant ainsi
cette structure. Se lance en seconde étape dans une croisade contre Patassé en le radiant
du MLPC, et finit par conclure un pacte contre nature avec le Général-Président.
Et, comme ce
dernier l’a déjà battu en 2005, que Ziguélé n’a pour trésor de guerre, que
l’adoubement du MLPC à l’international socialiste, l’intrigue évidente de
ce scénario est la victoire quasi-certaine du stratège militaire sans envergure ; qu’est le Général-Président ( pardonnez moi Mr Le Président, je ne me
permettrai pas de vous rouspéter mais j’ai perdu les automatismes d’allégeance
et de révérence, cependant votre personne inspire respect et considération) .
Dans ce braquage, les deux braconniers de pigeon ; acteurs de l’économie de
la base, réduisent les forces vives au rang de nain de jardin. Dans cette chasse
à pigeon, nous avons à faire à deux hommes politiques ; deux braconniers
politiques et non des hommes d’Etat. James Freeman Clarke ( 1810-1888) faisait
remarquer que la différence entre
l’homme politique et l’homme d’Etat est la suivante : le premier pense à la
prochaine élection alors que le second pense à la prochaine génération. Notre
offre politique n’est pas riche d’hommes d’Etat. Dès lors, exigeons des hommes
politiques d’arrêter de braquer et de braconner pour faire les nations
centrafricaines dans le XXIè siècle en posant des actes d’homme d’Etat à
l’instar de Boganda. De part sa position géographique et géostratégiques,
A lire les
tribunes de l’ancien directeur de cabinet de Patassé et celle de l’ancien
ambassade de Centrafrique, depuis toujours, la marginalisation de l’Etat
Centrafricain résulte d’une approche par victimisation fondée sur la théorie du
complot de
Lors du DPI, à
l’exception de l’intervention de Maitre Henri Pouzère au DPI, où l’on a pu remarquer une référence à
des données économiques internationales dont la position de
Si je suis
méchant, je dirais que l’homme d’Etat qu’était Boganda avait pour architecture de base de
Centrafrique son profond ancrage dans la communauté internationale. Je vous
renvoie à une relecture de l’hymne nationale, de l’armoirie et des verbes du
MESAN.
Les hommes
politiques qui lui ont succédé ont travesti le référentiel au nom d’un
égocentrisme politique démesuré et
d’une approche ethnocentrique de la notion même de communauté internationale.
Pour passer de
l’abîme actuel à l’inévitable et l’incontournable métamorphose à laquelle nous
convie l’entrée dans la que les premières décennies du XXIè siècle, nous devons
contraindre par tout moyen les hommes politiques qui sollicitent notre suffrage
à revisiter l’héritage de Boganda.
(Je ne me livre
pas ici à du prosélytisme pour le MESAN actuel)
II) La communauté internationale réduite au
rôle de paratonnerre et de souffre douleur d’affichage nationaliste.
Pour qui a le
privilège d’écouter les rapports de
Cette délégation
a-t-elle conscience des enjeux de sa présence en ce qui concerne l’impact
de son égarement sur les populations fragiles ? Arrêtons de passer pour les
seuls pauvres de la planète ; d’ailleurs la pauvreté date d’avant
Jésus-Christ et a fait l’objet d’une théorie par J. Galbraith « La théorie
de la pauvreté de masse ». Il vaut mieux commencer à structurer
l’organisation de l’exportation des « mangbéré », des « ngägo », des « zabalaï » des « Ngoroboro », dans certains Etats d’Asie du Sud-Est
comme
La communauté
internationale attend de nous des initiatives, des préconisations de nouvelles
régulations pour que cela profite à d’autres peuples vivant les mêmes
difficultés que nous. L’absence de cadre théorique de nos politiques publiques,
explique en partie notre stérilité en matière d’initiative et notre diplomatie
de la main tendue ; on ne cesse de faire la manche ; théoriquement
cela s’appelle le passager clandestin ou le jeu du dilemme du prisonnier de la communauté
internationale.
II-A) : La
montée en puissance des légitimités supra nationales disqualifie les prétentions
messianiques et rédemptrices de nos
futurs libérateurs.
Blaguons un tout
petit peu. Quand je parle de l’existence d’une connivence entre Ziguélé et
Bozizé, c’est simplement parce que Bozizé a fait entrer des « libérateurs du peuple
Centrafricain » depuis le 15 Mars 2003 et Ziguélé anime charismatiquement un « Mouvement de
Libération du peuple
Centrafricain »
Question ? A partir de cette
similarité de champ sémantique du concept de libération, peuvent-ils nous dire,
au cours de leur campagne, par rapport à quoi et contre qui vont-ils nous libérer
prochainement ? Fermons la
parenthèse et passons aux choses sérieuses.
Les concepts de
développement a donné naissance à un florilège d’instruments d’analyse. Les
représentants résidants des légitimités supranationales en Centrafrique n’ont
jamais produit au tant de documents de travail depuis 2003 ; documents que
les plénipotentiaires se contentent de signer plutôt que d’y trouver source
d’inspiration. Franchement, quant on prend connaissance des productions récentes
des légitimités supra nationales en Centrafrique et que l’on s’efforce de se les
approprier, on a du dégoût pour les candidats qui brillent par leur goût pour la
démagogie ; comme s’ils avaient à eux-seuls, la moindre des solutions à nos problèmes. Ils se prévalent de ces
productions sur la scène
internationale comme l’ivrogne se sert du réverbère ; c’est-à-dire pour s’appuyer plutôt que pour
s’éclairer alors que l’état des lieux du pays que font ces productions est
rempli de potentialité d’invention et d’imagination.
Pourquoi ai-je
utilisé la théorie du passager clandestin et la théorie du jeu du dilemme du
prisonnier, pour caractériser les mœurs politiques qui déterminent la
compréhension qu’ont nos dirigeants de
En voici quelques
illustrations quant aux problématiques de gouvernance et de lutte contre la
pauvreté. Rien n’a changé depuis des décennies sur le plan des politiques
publiques de gestion de l’existant et des politiques publiques de préparation de
l’avenir :
1)
Le leurre d’une
vision d’apparence manichéiste des pouvoirs laïc et religieux. Les religieux ne
disposant d’aucun mandat politique sont les véritables distributeurs automatiques de brevet
d’honorabilité aux politiques. La problématique de voies d’accès au
développement et celle de la répartition sont génératrices des vocations
théologiques. Sans afficher un anticléricalisme primaire, la montée des
Raspoutine s Centrafricains dans la
fabrique des concepts économiques est de nature à donner la fièvre. Les
prédicateurs et autres penseurs de la chose économique du dimanche ont des
raccourcis et des approximations conceptuels proches du déni et de la dénégation
au point de devenir à leur tour des marchands du temple des concepts et
paradigmes.
2)
Le mimétisme est
la conséquence du manichéisme et réduit le développement à imiter les modèles
importés clés en main, déjà constitués dans les pays dits «
développés ». Par exemple les représentations que les politiques ont des
indicateurs de production, de répartition et d’échange alors qu’il faut certes
s’inspirer des modèles d’analyse et
construire des modèles économiques adaptés et non évaluer les réalités
différentes avec les instruments adaptés à d’autres réalités ; croissance,
PIB et PNB alors que l’IDH nous place en 172 position.
3)
Le fétichisme de l’enclavement géographique et
géostratégique du pays est l’origine et le fondement de tous les maux
socio-économiques et expliquerait le retard malgré notre diamant et or ou le
pétrole factice. Je crois qu’il ne faut pas se laisser abuser pendant ces
élections générales. L’aggravation de notre pauvreté est multifactorielle et
l’absence de débouchés maritimes et de chemin de fer n’ont pas de lien direct
avec notre insertion dans les échanges internationaux. Et puis, sans soulever
des polémiques stériles, si nos dirigeants politiques géraient dans notre
intérêt les recettes de diamant et autres produits comme le bois, ça se saurait.
Nous ne nous acquittons pas ou prou de nos contributions internationales, les
salaires des 26 000 fonctionnaires civiles et militaires sont rarement
versés avec tout ce que cela implique comme situation
sociale.
4) Enfin l’onirisme. Le développement
devient un discours imaginaire, un fantasme, un rêve lyrique creux. Certains
prétendent détenir à eux seuls la
clé ou la solution pendant que la pauvreté s’abat férocement sur les
individus et les peuples dans un
monde cruel et cynique. D’autres promettent le développement dans le temps et
quand ils n’y parviennent pas, redemandent un prolongement de bail à la
population.
On me taxera sans
doute d’indocile mais aucun de ces prétendants n’a à lui seul et/ou avec son
gouvernement et sa majorité, la solution sans coordination socio-économique et
interactions sociales.
Nous sommes des passagers clandestins de la
communauté internationale par notre incapacité à contribuer à l’amélioration du
quotidien de ceux de chez nous.
Quant au dilemme du prisonnier, il incarne
l’idée fondamentale selon laquelle la confrontation des intérêts individuels ne
débouche pas nécessairement sur l’optimum collectif. C’est le facteur explicatif
de la prédation, prévarication et concussion. Ceux qui arrivent au pouvoir étant
préalablement démunis, mettent en veilleuse l’intérêt national au profit des
leurs.
Entre leur
rationalité individuelle de leurs intérêts et celle de l’intérêt général, c’est
la leur qui prévaut. Ils ne jouent pas la stratégie coopérative avec la
communauté internationale dans la lutte contre la pauvreté et pour la conquête
des plus fragiles. Toutes les voies par lesquelles l’argent entre et sort du
pays sont contrôlées par les premières dames ou par les proches parents ou les
autres barons qui ont juré fidélité et fait allégeance.
La communauté
internationale a beau crier, elle
ne sera point entendue ; au contraire, on jouera la carte de la
dénonciation d’ingérence dans les affaires intérieures. Le mensonge
transcendantal et la dissimulation sont de mises surtout dans les rencontres
internationales. Lors de son passage à Brazzaville en Décembre 2004, Bozizé
disait à la communauté centrafricaine de cette ville que les conditions
préalables au retour de la démocratie sont réunies, que la transition a bien
fonctionné grâce à la contribution du CNT et que, le Dialogue nationale
permettra d’avoir des institutions démocratiques dignes de ce nom ( sic)
II- B ) Démunir, voire désarmer les
politiques en faisant des élections
générales, l’occasion de catalyser la réflexion et l’action
démocratique.
J’avais
en son temps, dès le 22 mars 2003, signé une tribune ([4]) dans laquelle je qualifiais le coup
d’Etat d’euthanasie politique. Cette expression rappelle
le fait que les gouvernements
successifs d’alors se sont aliénés, la communauté internationale. La
problématique du positionnement de
Mettons
à profit les élections générales pour contraindre les candidats à nous proposer socle de valeurs communes qui
déterminerait nos rapports à la communauté internationale : Faisons en
sorte que la problématique de déracinement ; du point de vue origine
et celle de délaissement et
dépossession de leur histoire et avenir, dont souffrent les déplacés et réfugiés
seraient un critère de décision et de réhabilitation de la politique.
Jusqu’alors,
nos jours, nos mœurs politiques ont accéléré notre relégation à la périphérie de
la communauté internationale. Les communautés humaines et les collectivités
locales qui font partie intégrante de la nation vivent en marge de la loi, parce
que privées des garanties juridiques élémentaires qui reconnaissent leur droit à
un toit et à des biens et tiennent compte de leur dur labeur. Sans droit de
propriété, elles vivent dans la crainte, sans accès à la justice, elles sont
victimes de la corruption et de la violence des institutions et sans protection
du droit de travail, elles sont exploitées dans des conditions inacceptables et
dangereuses. Beaucoup naissent et meurent sans état civil.
Ceux
qui ont toujours été exclus de la répartition au niveau nationale depuis période
postcoloniale jusqu’aujourd’hui sont plus que fragilisés par l’incontournable
mondialisation et ses effets. Ils demandent à nos prestigieuses Cour
Constitutionnelle et Cour de Cassation et Conseil d’Etat d’arrêter de se faire
inféoder au pouvoir politique, pour
inventer un droit ; véritable levier de développement socio-économique. Que
les métiers et professions judiciaires cessent de profiter de ces élections
générales, pour adresser au pouvoir politique, les commandes de 4X4 et les
rallonges d’heures supplémentaires et autres ( [5]).
Je
propose aux forces vives de s’interroger sur les contours des interventions de récente date de
Au lieu de nous installer dans la
déploration et l’incurable tendance
à la victimisation, explorons ensemble des instruments à disséminer sur
l’étendue du territoire et à l’adresse de nos partenaires que de briller dans le
mensonge transcendantal et l’obsédante dissimulation de cette chasse à pigeon
qui s’annonce.
Conclusion :
Le monde est de
plus en plus compliqué, complexe, imbriqué et polycentrique. Cet enchevêtrement
d’imbrication et d’intrication en fait une véritable toile d’araignée qui fait que ceux qui aspirent à
l’excellence ou à l’honorabilité ne peuvent rien à eux seuls. D’ailleurs, ce
sont désormais les ONG et les légitimités supranationales qui inspirent les
politiques publiques. La diplomatie de catalyse et l’inspiration à inventer des
nouvelles régulations à partir de nouveaux modèles économiques contribuent à
disqualifier les tenants des politiques du « patriarche » ou de
« père de l’indépendance ». La communauté internationale, par des
incitations diverses parvient à faire émerger dans les pays comme
Il faut se réjouir
de la prolifération des médias Centrafricains ; même si la déontologie et
l’orientation rédactionnelle demeurent embryonnaires encore. Cette prolifération est le reflet
d’un pays aux potentialités inépuisables de créativité en matière de défense des
libertés publiques et de la liberté d’opinion. Elle est la démonstration que
malgré les moyens limitées, la défense des libertés publiques n’a pas manqué son
rendez-vous avec l’histoire de la défense et promotion des idées. Comme quoi, aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas
le nombre des années de Corneille, s’applique avec pertinence aussi ;
ici, nombre des années fait
référence à l’opulence matérielle.
Les élections
générales qui se profilent, sont
pour nous l’occasion d’affirmer notre volonté de poser les premiers pas de la
métamorphose vers le progrès. Seules les forces vives sont les acteurs et
médiateurs de cette transformation. Nous avons besoin ; non des magiciens
de la politique de totem et de tabou mais des artisans du progrès qui
chercheront à comprendre, avec
rationalité comment faire, sur quels leviers faut-il agir pour que les personnes, les familles et groupes
ainsi que les collectivités territoriales soient insérées dans les échanges
internationaux. C’est de la réussite de cette insertion que découleront l’accession à l’autonomie et la
réduction de la pauvreté.
Notre société est
désarticulée au regard des analyses de la communauté internationale. Cette
désarticulation s’observe par le délitement du tissu social et la cohésion
familiale, les traces des addictions
à l’allégeance aux hommes politiques ; accros aux clientélismes.
Pour prendre une métaphore biblique,
Aux destinataires
de cette lettre sans complaisance, je me dois de lever une ambiguïté qu’une
lecture approximative de mon message pourrait insinuer. Je ne fais nullement
étalage d’arrogance ; voire de condescendance à l’égard de MM. François
Bozizé et Martin Ziguélé. Je ne livre pas non plus à de la stigmatisation pour
le plaisir de la stigmatisation. Ce sont des personnalités respectées, respectables et à respecter.
Cette entreprise d’élucidation des ressorts du comportement politique des deux
concurrents du deuxième tour des élections de 2005 m’a longtemps, aussi bien
intrigué que stimulé. A vrai dire, me rappelant les riches relations que mon père
entretenait avec les parents courageux et admiratifs de Martin Ziguélé ;
ils avaient des champs mitoyens, s’invitaient à boire et à manger, j’ai
tergiversé avant d’oser m’attaquer à la rédaction de cet article et sans doute
ai-je été présomptueux, car, il est probablement redoutable de prétendre
présenter ces deux Messieurs de
façon pertinente !
Il n’échappe à
personne que l’état de délabrement du pays est davantage le résultat des choix politiques ;
aventureux sur fond d’improvisation, qu’une condamnation divine. Nous ne sommes
pas les damnés de la terre ; pour emprunter l’expression chère à Frantz
Fanon.
Ce dont notre pays
a urgemment besoin, c’est
d’entreprendre de mettre en chantier de nouvelles mœurs et cultures
politiques ; novatrices et audacieuses afin de construire une autre matrice
d’insertion de notre pays aux échanges internationaux et à
Prenons le temps
d’élucider, pour nos compatriotes, démocrates et patriotes, les vrais enjeux
actuels et futurs de ces élections générales. Ce ne sont ni leurs excellence ni
leurs honorables qui le feraient.
Cette oligarchie alliée à un certain type de baronnie mettent, plus aisément, en œuvre leur vision
idyllique de la théorie de la spéculation sur l’ignorance des populations
déjantées et des groupies, que de prendre le temps d’inventer des
mécanismes générateurs de progrès.
Gervais
Douba
Enseignant en
Sciences de gestion
- IUT-Université
de Rouen (Membre du réseau « entrepreneuriat » de l’AUF)
- Vice-Président
de DEI-France.
-
Président-Fondateur de Symbiose Ingénierie Internationale.
[1] ) Douba ;G. « Congrès ou Conclave des parricides » Juillet 2006 ; www. sangonet.com
[2] ) Douba ;G. « Appel à l’élévation d’un rempart » Juin 09 ; L’indépendant, Centrafrique.com et Sangonet.com
[3]) Me Henri Pouzère « Interventions au DPI » Livraison de l’Indépendant Décembre 2008.
[4] ) Douba ; G. « Quant
un concept interpelle son auteur »
Livraison Sangonet.com
[5]) Livraison de leconfident.net éditions du 26 juin 2009
Point de vue - sangonet