Lettre sans complaisant aux forces vives de Centrafrique :

 

Objet : Quels types d’homme et d’Etat requiert ; selon vous, la situation économique et sociétale en Centrafrique à partir de  2010,  pour gérer l’existant et préparer l’avenir ?

 

Chers compatriotes ; démocrates et patriotes

 

 

Vous avez cru être au service du peuple Centrafricain, sous les différents régimes qui se sont succédés dans notre beau pays, depuis les lendemains des indépendances jusqu’à ce jour. A 9 mois des élections générales, permettez-moi de saluer votre dévouement et votre patriotisme avant de partager avec vous, quelques préoccupations qui font interpellation.

Je m’appuie- et non incrimine - sur deux faits marquants de cette année pré-électorale ; à savoir les tribunes signées par deux autorités administratives et  publiées  dans les colonnes de Sangonet et de l’Indépendant, après le Dialogue Politique Inclusif. Il s’agit du témoignage d’un ancien ministre des Affaires étrangères, devenu plus tard ancien directeur de cabinet d’un chef des chefs d’Etat et, celui d’un ancien ambassadeur.

 A la lumière de ces deux tribunes, vous êtes à la fois les herméneutes, médiateurs et vecteurs de communication des politiques publiques des gouvernements successifs. Si vous n’êtes  pas les concepteurs de ces politiques, il n’en demeure pas moins que vous en êtes de loin, ceux qui les mettent en musique ou font tout pour lui conférer une saveur. Alternativement en back office ou en front office, vous êtes les premiers spectateurs des théâtres de l’ombre et regardez la valse des instabilités ministérielles dont l’histoire des institutions de notre pays est riche. Certains d’entre vous brillent par leur allégeance au régime en place. De tel comportement est proche du comportement de larbin, en termes de défense des intérêts égoïstes, que de faire triompher l’éthique et la  déontologie. D’autres d’entre vous  se complaisent dans le rôle de sbire du khalife ; tissant des réseaux de thuriféraires et autres fieffés griots de la propagande ( renvoi aux  deux tribunes citées).

Vous détenez probablement la réponse à deux de mes interrogations ; la première tient au phénomène engendré par les évènements du 15 Mars 2003 et la seconde est la paupérisation anthropologique ; ce que le Père Engelbert Mveng disait à juste titre : La pauvreté africaine n’affecte donc pas seulement la vie matérielle, sociale, voire politique de l’homme. Elle affecte la condition humaine dans ses racines les plus profondes et dans ses droits fondamentaux..

 

A mon humble avis et par rapport aux exigences de reconstruction du tissu socio-économique des communautés nationales et de leur positionnement au sein de la Communauté Economique et Monétaire en Afrique Centrale, l’actualité politique depuis le 15 mars est davantage fertile en agitation et en gesticulation qu’en réalisation des promesses annoncées. Les deux grandes réalisations notoires est  d’une part d’avoir fait de Patassé un martyr. Chassé du pouvoir par un militaire ; prêchant  l’apologie de l’impunité, le parti qu’il a fondé, l’achève lâchement en lui donnant le coup de grâce par derrière. Les complices de Patassé d’alors, n’ont pas eu mieux à faire que de le pousser dans les orties ; situation insolite car, la sagesse populaire selon laquelle « on ne pousse pas mémé dans les orties »  est aussi valable dans le champ politique. Ziguélé et Koyambonou ont organisé – sans état d’âme- un congrès couperet. En poussant Patassé dans les orties, ils ont oublié ; oubli ou amnésie collective, qu’ils lui doivent d’avoir fait d’eux des Premiers ministres([1]) . D’autre part, cette connivence a structuré  le territoire Centrafricain de manière plus que jamais propice aux entrepreneurs de guerre et les professionnels de la déstabilisation politique ; les incendiaires de villages. L’aggravation du délitement du tissu socio-économique a été mis à profit par les laissés-pour-compte que sont les enfants de rue et les enfants soldats faisant du pillage urbain, une forme de redistribution.    

Quant à la pauvreté, personne de veut admettre qu’elle a pour corollaire ; non pas uniquement le braquage des intérêts vitaux des populations par les hommes politiques- et non les hommes d’Etat ([2]) mais aussi, l’absence de dialogue intersectoriel et d’une fertilisation croisée entre les secteurs dits « formel » et « informel ».

 Me rassurez-vous de choisir entre l’abîme actuel [ la connivence entre le Général-Président qui s’ingénue à inséminer artificiellement  une dynastie rampante  et  l’opposition piaffant d’impatience et de revanche malgré son crime de parricide] pour mettre en gestation une métamorphose ; bien dresser l’état des lieux pour penser l’avenir,  si jamais je parvenais à identifier ; non seulement  les grandes approches de cette question mais également à les soumettre à l’interrogation épistémologique et théorique ; c’est-à-dire à les conceptualiser ? Dit autrement, faisons le pari de choisir les hommes d’Etat pour les lendemains de 2010. L’appartenance d’un homme politique à une quelconque obédience ; fut-elle International Socialiste ne doit plus être une marque de fabrique ou le signe d’une fiabilité et crédibilité. La mondialisation est d’une telle complexité que l’approche mystique de l’homme politique, celui qui se mettrait en lévitation, ne doit plus nous déterminer dans l’expression de notre patriotisme. L’idée motrice  des années à venir, serait celle d’avoir à la fois la conviction et la vocation de vrais soldats  de la République, férus davantage de mission républicaine  que d’ambition de fabrique de népotisme et d’approximation.      

 

I) Citoyenneté démocratique et la redistribution  n’ont jamais été la tasse de thé des pouvoirs autocratiques à caractère féodal et clientéliste..

Nous sommes dans la fièvre de la période pré-électorale. Les candidats fourbissent et affûtent les armes au point d’user et d’abuser des rhétoriques populistes à courte vue. Si les années soixante et dix ont été favorables aux rhétoriques permettant de s’élever au-dessus du tohu-bohu de la cité pour tenter d’atteindre les plus hauts cimes de la démagogie politique, à l’instar de celle que nous a servi le MLPC, lors de l’intronisation de son candidat, nous devons nous méfier de telle kermesse. Postuler la sortie de crise de cette manière est un peu simplet et sans méfiance épistémologique  au regard du destin de tout un peuple en souffrance.

Et, je voudrais me risquer à avancer quelques causes socio- économiques et historiques, même si de telles idées ne sont pas neuves [rappelons- nous les conférences nationales, les Etats généraux de la Santé, de l’Armée, de l’Education nationale et j’en passe]  mais prennent aujourd’hui une résonnance toute particulière. Les modèles d’homme politique et d’Etat que nous avons connus voient leur obsolescence s’accélérer par les facteurs extérieurs. La volonté de nombreuses  nations Africaines de sortir de l’abîme où la période post coloniale les a enfermées discrédite les tenants de la domination militaire aussi bien que les prédateurs et kleptocrates civiles.

Les préoccupations politiques des peuples éveillés plaident pour un changement de logique d’accès au pouvoir et d’exercice de pouvoir politique ; sans prendre nécessairement le pouvoir par coup d’Etat ou en procédant par acrimonie ou par adoubement des forces mystérieuses de l’extérieur.  

Qu’est-ce qui justifie cette aspiration à la métamorphose ? La réhabilitation d’une autre forme d’Etat pour inspirer le développement par la refondation du concept de répartition conduit à mettre hors d’état de nuire les comportements politiques désinvoltes, snobes, mystificateurs et affabulateurs. En redoublant de vigilance, les citoyens et les forces vives des pays ont enclenché le déclin de l’obscurantisme Le temps de déni et de dénégation des droits fondamentaux comme mécanismes de régulation politique a largement entamé sa phase de déclin partout en Afrique notamment de l’Ouest et dans l’Océan Indien sauf en Afrique Centrale et particulièrement en Centrafrique.

Quel est le facteur déclenchant  et déclencheur  des premiers pas vers  cette longue marche ( simple métaphore plus que référence idéologique ) vers la métamorphose ?  

Quels sont les instruments pertinents qu’ils ont d’abord élaborés à l’issu d’un authentique et profond diagnostic  au lieu de chercher dans le tribalisme « le deus ex machina des affrontements, des guerres civiles et incurables violences au quotidien ? Malgré l’allergie manifeste des virtuoses des différents régimes à la lecture de nos réalités socio-économiques par le prisme des modèles théoriques, je me risque à recourir à la théorie des cinq étapes de la croissance économique de Rostow des années 1970, dans cette analyse de la différence entre politique de gestion de l’existant et la politique de préparation de l’avenir de la Nation. Sans être péremptoire, je pars du postulat que les politiques publiques sans racines théoriques  et sans référentiels pérennes confinent à une juxtaposition d’improvisation, d’amateurisme et d’approximation ; avec la ferme volonté de refuser toute critique et l’affirmation inavouée d’être le seul détenteur de vérité.  Donc, considérons l’analyse théorique comme l’utilisation  pertinente  d’un instrument. Ne confondons pas l’instrumentation- qui signifie remplir son carquois d’instruments et instrumentalisation. Selon Walt Whitman Rostow, le cheminement vers le développement – quelle que soit la société et son contexte culturel, suit un cheminement unique en 5 étapes : 1) la société traditionnelle ; 2) les conditions préalables au démarrage ; 3) le démarrage ; 4) le progrès vers la maturité ; et 5) l’ère de la consommation de masse.

Pour ce qui est de la République Centrafricaine, le passage de la société traditionnelle ( 1) à la phase ( 2)  conditions préalables au démarrage ; qui est la conduite des acteurs de l’économie de base ou économie formelle à l’acquisition de capacité de modifier, de transformer son environner ou de capter les externalités technologiques, pour les incorporer dans son outillage n’a jamais fait l’objet d’une politique globale ni de gestion de l’existant ni de préparation de l’avenir. Les régimes successifs, les partis politiques  et toutes les composantes de la société civile sont  tous des vendeurs du temple d’un capitalisme d’Etat débridé. Ils passent leur temps à dénoncer un complot en ombre chinoise sur le pillage des nos matières premières par l’occident ; ce qui n’est pas faux. Ce qu’on attend d’eux, ce n’est pas de casser le thermomètre qui révèle le degré de température mais d’organiser ; non le dépannage d’urgence mais de prendre des mesures thérapeutiques, d’organiser la riposte pour le bien-être de tout le monde avec tout le monde et non pour une poignée de l’oligarchie et/ou de la baronnie.     

 

1-A) Prendre à bras le corps la problématique de la répartition  à la fois tendon d’Achille et cheval de Troie en Centrafrique. 

La trame commune à toutes les  politiques économiques publiques en Centrafrique depuis la période postcoloniale aux différentes périodes post conflits et post-dialogue politique inclusif peut être ainsi caractérisée et cela  sous le contrôle des forces vives. De Dacko I à Bozizé, les politiques publiques socio-économiques n’ont jamais établi de façon évidente  qu’il y a un lien entre la pauvreté et la démocratie et qu’il y a une grande différence entre les politiques publiques de gestion de l’existant et politiques publiques de préparation de l’avenir. Les populations pauvres des communautés rurales sont indifférentes à la réussite des mécanismes de la démocratie. Tous les partis politiques, toutes les composantes de la société civile mettent peu ou prou, en chantier une réflexion sur des mécanismes à explorer pour impliquer les populations rurales. Et pourtant, elles constituent les 80 % de la population totale.  Les régimes successifs ont brillé par l’absence totale de réflexion sur l’économie par le bas sur le plan régional. L’économie par  le bas concerne l’ensemble des activités de production, de transformation, de  consommation et d’échange dans lesquelles l’énorme majorité des populations se trouve impliquée ; ce que l’on nomme l’économie informelle ou l’économie populaire dans les régions Latino-américains. La qualification d’économie informelle – qui est plutôt une invention du PNUD que de l’OCDE- a pour conséquence d’opposer ce type d’économie à celui semi-industrialisée d’exportation.

Par le tropisme de l informel, on ne considère pas qu’il soit opportun de l’organiser de façon systémique et de faire émerger des facteurs de fertilisation croisée entre ces secteurs, à tel point qu’on n’en a pas fait un champ d’études et de réflexion.

Il y a une véritable dénégation juridique et fiscale des notions de propriété et d’entrepreneur rural à ceux qui en vivent. Dit autrement, à l’exception  des planteurs des produits traditionnels d’exportation, personne ne se préoccupe de faire l’inventaire des capacités humaines qui servent de support à cette économie. L’ISRD de Mbaïki  se préoccupe-t-il de quantifier les planteurs de la production, transformation, commercialisation et échange de patates, maïs, cacahuète, du marché de « ngägo », de « mangbélé » entre les régions et les pays voisins ? Quelles sont les dotations budgétaires allouées pour promouvoir ces secteurs et les filières qui en découlent ?

Nous avons, nous-mêmes marginalisé les riches potentialités des six régions pour nous fourvoyer dans le lyrisme et le folklore  des lendemains des indépendances. Les obèses de la République Centrafricaine  sont tous des oligarques civiles et militaires ou de la baronnie des forces vives. Quant je parle de la nécessité de construire des filières dans  des secteurs de l’économie de base, j’entends ce qu’elles  induisent, en termes de structuration de l’espace, de métiers de conditionnement et d’emballage, de métiers de logistique et de gestion, d’organisation des syndicats et des coopératives, des voie de communication…         

La lutte contre la pauvreté implique la mobilisation de toutes les forces productives. La mobilisation des énergies au service du développement suppose que trois conditions soient remplies. Que les systèmes  socio-économiques semi-modernes et d’économie de base cessent d’être sous la domination exclusive des activités primaires d’exportation. Que la logistique et les transports remplissent pleinement leurs fonctions. Que la gouvernance ne se réduise pas en jargon d’initiés.

Face au désarroi devant la misère et de la pauvreté, la réponse des communautés périurbaines et rurales et simple ; la disqualification de la démocratie par une réaction de méfiance et de défiance de deux manières.

 

D’un côté, elles préfèrent court-circuiter les canaux officiels de l’Etat de démocratie de façade et des élites coptées pour essayer de trouver des solutions à leurs griefs politiques.

C’est ainsi que la grande majorité des pauvres, en particulier les personnes plus âgées des milieux ruraux, restent enfermées dans une relation informelle de clientélisme.

Or, les plus pauvres ; en l’espèce les petits producteurs marginalisés,  n’ont pas seulement à acquérir certaines des capacités essentielles qui caractérisent la citoyenneté démocratique, il leur faut encore trouver le moyen de faire travailler les institutions de la démocratie en leur faveur. Or, il faut souligner depuis les indépendances nominales, les réponses aux difficultés  n’ont guère leurs racines dans  des référentielles de la démocratie et de la République  mais souvent du modèle d’Etat autocratique, paternaliste et à orientation politique clientéliste. Ce phénomène n’est pas spécifique à la République Centrafricaine ; c’est son amplification qui atteint des niveaux anxiogène voire pathologique. Pourquoi ?, Parce que du sommet de l’Etat ; en l’occurrence le critère de nomination des ministres ne repose pas sur la défense des intérêts du pays ni sur une compétence technique minimum mais uniquement sur la culture générale et à partir du postulat selon lequel un ministre est avant tout le porte parole d’une certaine politique et celui qui est le meilleur des obséquieux.  

D’un autre côté, la non pertinence de configuration sociale confine à l’incapacité à proposer un projet sociétal avec des référentiels fiables et crédibles aux regards des artisans de l’économie de base. Les régimes en place ou ceux qui considèrent- sans doute à raison- d’accéder au pouvoir nous renvoient l’image, à la lumière des comportements que toutes les forces vivent connaissent d’eux, ont envie de s’approprier l’Etat et tout ce qu’il peut permettre de contrôler dont les richesses et les honneurs, qu’ils vont ensuite canalisés vers les réseaux de partisans qui  ont aidé le leader particulier à monter au pouvoir. Tous les problèmes de la République Centrafricaine dérivent de cette dynamique destructrice : l’ethnicité, la tribu, les constructions sociales d’origine historique parfois douteuse, la falsification de l’histoire,  sont exploitées sans scrupule et sans pudeur, par les leaders, dans leurs quêtes de pouvoir.

 Nous n’avons pas le droit de poser la question de la métamorphose en  termes d’alternance ; il faut la poser en termes d’alternative car, bien que toutes les tribus aient payé  de lourds tributs  à cette approche de la politique, elles ne se sont mêmes pas attribuées les attributs de l’un de leur, parvenu au pouvoir.

Il faut rompre avec de telles orientations dès la fin de la décennie de l’an 2000 ! Puisque ce sont les forces vives ou corps constitués de l’Etat qui rendent les ministres compétents, seules elles sont à mêmes de donner de la saveur à cette démocratie balbutiante en faisant d’autres choix et en veillant à éduquer les électeurs ; les acteurs de l’économie de base.

 

1-B) Election n’est pas sélection :

Je  ne veux pas être rabat joie pour les forces vives qui ont organisé les états généraux, les légendaires conférences nationales, le dialogue national et dernièrement le dialogue politique inclusif. Le travail accompli est gigantesque mais l’utilisation qui en est  faite  généralement  est  hallucinante. Par rapport à quoi l’utilisation est-elle hallucinante. Prenant à témoins les forces vives ; véritables chevilles ouvrières de ces politiques fumigènes, ces différentes gesticulations ont privé les Centrafricains d’un débat de fond ; les politiques publiques de gestion de l’existant et les politiques publiques de préparation de l’avenir. Ce n’est pas faire montre de mauvaise foi ou de subversion que de faire remarquer que nos mœurs politiques en matière électorale sont des mœurs plutôt guerrières que démocratiques. La règle du jeu est de tout entreprendre pour castrer l’adversaire. Tels des fauves en embuscades, les partis politiques en odeur de sainteté vis-à-vis du pouvoir, de connivence avec le pouvoir en place, conviennent de sélectionner ceux qui sont habilités à solliciter l’onction du suffrage universel et cela, en se prévalant du concept de démocratie. Déroutante et envoûtante logique, au nom de quelle légitimité organisent-ils leur maintien ad vitam au pouvoir au détriment des autres compétiteurs si cela n’est pas pour continuer à contrôler l’Etat et faire main basse sur ses intérêts présents et  continuer de compromettre irrémédiablement son avenir ! N’est-ce pas ce que j’appelais  dans ma récente tribune, la théorie du braquage.      

Essayons de disséquer pour comprendre, comment et pourquoi ces politiques de préparation des élections sont définies, négociées et mises en scène. Intègre-t-on la participation des acteurs de l’économie populaire et de base comme vecteur de changement de l’action publique locale ? Comment comprendre le phénomène de fraude électorale à grande échelle qui se prépare  et les dynamiques qu’il induira, dès lors  que le dialogue politique inclusif a choisi de surfer sur l’examen des facteurs ? ([3]) 

Le Dialogue nationale s’était terminé par un spectaculaire « pardon à l’esbroufe » des anciens chefs d’Etat. Bozizé avait besoin de ce spectacle pour légitimer le coup d’état et avoir les mains libres pour aller décimer davantage les populations du Nord. Quant au DPI, il n’y a pas pire escroquerie. Bâtir une nation sur les décombres de squelettes humains, les fosses communes sans fin, n’est pas une opération qu’il faut continuer à cautionner par son vote. Créer un phénomène comme celui des déplacés et des enfants soldats comme trappe pour collecter les fonds de la communauté internationale est une escroquerie, un braquage. Obéissant à la sommation de l’histoire d’élucider ces zones d’ombres des connivences de notre pays, je me réfère à une des œuvres précurseurs du Contrat Social de Jean-Jacques Rousseau en 1712 ; le discours sur l’origine et les fondements des inégalités parmi les hommes.

En l’espèce, l’auteur ; J-J Rousseau avait construit son discours sur le Jeu de la chasse au cerf. J’ai envie de dire que les élections-sélection qui approchent est une forme de chasse à pigeon sur fond de spéculation de l’ignorance de la population. Ziguélé lâche Me Henri Pouzère, en tournant le dos à la plateforme de l’UFVN ; castrant et émasculant ainsi cette structure. Se lance en seconde étape dans  une croisade contre Patassé en le radiant du MLPC, et finit par conclure un pacte contre nature avec le Général-Président.

Et, comme ce dernier l’a déjà battu en 2005, que Ziguélé n’a pour trésor de guerre,  que  l’adoubement du MLPC à l’international socialiste, l’intrigue évidente de ce scénario est la victoire quasi-certaine du stratège militaire  sans envergure ;  qu’est le Général-Président  ( pardonnez moi Mr Le Président, je ne me permettrai pas de vous rouspéter mais j’ai perdu les automatismes d’allégeance et de révérence, cependant votre personne inspire respect et considération) . Dans ce braquage, les deux braconniers de pigeon ; acteurs de l’économie de la base, réduisent les forces vives au rang de nain de jardin. Dans cette chasse à pigeon, nous avons à faire à deux hommes politiques ; deux braconniers politiques et non des hommes d’Etat. James Freeman Clarke ( 1810-1888) faisait  remarquer que la différence entre l’homme politique et l’homme d’Etat est  la suivante : le premier pense à la prochaine élection alors que le second pense à la prochaine génération. Notre offre politique n’est pas riche d’hommes d’Etat. Dès lors, exigeons des hommes politiques d’arrêter de braquer et de braconner pour faire les nations centrafricaines dans le XXIè siècle en posant des actes d’homme d’Etat à l’instar de Boganda. De part sa position géographique et géostratégiques, la République Centrafricaine est assignée par l’histoire, à construire et reconstruire davantage de ponts avec les Etas de la CEMAC, l’Union Africaine, le NEPAD, l’UMOA, l’union Européenne, le FMI et la Banque mondiale,  PNUD – CNUCED, l’OIT/BIT  que de bâtir des murs de la division ethnique  pour la division ethnique.

A lire les tribunes de l’ancien directeur de cabinet de Patassé et celle de l’ancien ambassade de Centrafrique, depuis toujours, la marginalisation de l’Etat Centrafricain résulte d’une approche par victimisation fondée sur la théorie du complot de la Communauté internationale.  Les échecs des politiques des couples Patassé- Dologuélé, Patassé-Koyambounou, Patassé-Ngoupandé, Patassé-Ziguélé puisent leurs racines dans cette logique de vision antogoniste systématique avec les  acteurs et institutions relevant des légitimités supranationales ; alimentées par le duel constant et non la collaboration en duo. Les conséquences qui ont découlé de cette rigidité se passent de commentaire ; tellement elles parlent d’elles mêmes.

Lors du DPI, à l’exception de l’intervention de Maitre Henri Pouzère au DPI,  où l’on a pu remarquer une référence à des données économiques internationales dont la position de la Centrafrique au 172 rang/173 des pays pauvres très endettés ; qu’il considère comme levier d’élaboration d’une politique d’alternative pour la construction de la paix, toutes les autres interventions ne se sont nullement référées de façon qualitative et quantitative quant à l’importance pour nous, d’entretenir avec les différentes composantes de la Communauté internationale des rapports de coopération et de fructueuses collaborations dans la conquête de l’autonomie des populations fragiles. Nous devons-me semble-t-il participer à la communauté internationale en tant qu’inspirateur des politiques de lutte pour la réduction de la pauvreté notamment dans le cadre de l’OMD depuis le Sommet mondial contre la pauvreté du 12 Mars 1995 dit Sommet de Copenhague ou des récents accords de l’APE que de briller par nos orientations politiques déjantées, dévoyant et bifurquant la notion même de communauté internationale.

Si je suis méchant, je dirais que l’homme d’Etat qu’était Boganda  avait pour architecture de base de Centrafrique son profond ancrage dans la communauté internationale. Je vous renvoie à une relecture de l’hymne nationale, de l’armoirie et des verbes du MESAN.

Les hommes politiques qui lui ont succédé ont travesti le référentiel au nom d’un égocentrisme politique  démesuré et d’une approche ethnocentrique de la notion même de communauté internationale.

Pour passer de l’abîme actuel à l’inévitable et l’incontournable métamorphose à laquelle nous convie l’entrée dans la que les premières décennies du XXIè siècle, nous devons contraindre par tout moyen les hommes politiques qui sollicitent notre suffrage à revisiter l’héritage de Boganda.

(Je ne me livre pas ici à du prosélytisme pour le MESAN actuel) 

 

II)  La communauté internationale réduite au rôle de paratonnerre et de souffre douleur d’affichage nationaliste.

Pour qui a le privilège d’écouter les rapports de la Centrafrique aux différentes Commissions des Droits de l’homme au Palais Wilson à Genève et dans d’autres instances internationales, il n’ya pas meilleurs bricoleurs que nos experts. En 2002, lors une des questions posées à la délégation Centrafricaine par la Commission des droits de l’homme était de savoir quelles mesures allaient prendre le gouvernement Centrafricain pour mieux mesurer et dresser la typologie des violations constantes des droits humains, la réponse était d’une désinvolture sclérosante et paralysante. «  Nous sommes un pays ; qui plus est, les Centrafricains n’ont pas la mentalité des occidentaux qui portent plainte pour un oui ou un non » (sic)  Nos brigades de gendarmerie en zones rurales, nos commissariats de police sont-ils prêts à accueillir des mains courantes ou des plaintes et à les faire remonter aux autorités compétentes ?

Cette délégation a-t-elle conscience des enjeux de sa présence  en ce qui concerne l’impact de son égarement sur les populations fragiles ? Arrêtons de passer pour les seuls pauvres de la planète ; d’ailleurs la pauvreté date d’avant Jésus-Christ et a fait l’objet d’une théorie par J. Galbraith «  La théorie de la pauvreté de masse ». Il vaut mieux commencer à structurer l’organisation de l’exportation des « mangbéré », des « ngägo », des « zabalaï » des « Ngoroboro »,  dans certains Etats d’Asie du Sud-Est comme la Thaîlande, le Viet-nam, et vers les pays occidentaux où réside notre diaspora  que d’ériger notre mendicité en axe de coopération car, les gens qui se plaignent ; on en trouve et on en trouvera partout en Centrafrique et dans le monde. Ceux qui sont rares et dont on est en quête, c’est ceux qui proposent des solutions à partir de diagnostic et des plans d’action.

La communauté internationale attend de nous des initiatives, des préconisations de nouvelles régulations pour que cela profite à d’autres peuples vivant les mêmes difficultés que nous. L’absence de cadre théorique de nos politiques publiques, explique en partie notre stérilité en matière d’initiative et notre diplomatie de la main tendue ; on ne cesse de faire la manche ; théoriquement cela s’appelle le passager clandestin ou le jeu du dilemme du prisonnier  de la communauté internationale.

 

II-A) : La montée en puissance des légitimités supra nationales disqualifie les prétentions messianiques et rédemptrices  de nos futurs libérateurs.

Blaguons un tout petit peu. Quand je parle de l’existence d’une connivence entre Ziguélé et Bozizé, c’est simplement parce que Bozizé a fait entrer des « libérateurs du peuple Centrafricain » depuis le 15 Mars 2003 et Ziguélé anime charismatiquement un « Mouvement de Libération du peuple Centrafricain »  

Question ? A partir de cette similarité de champ sémantique du concept de libération, peuvent-ils nous dire, au cours de leur campagne, par rapport à quoi  et contre qui vont-ils nous libérer prochainement ?  Fermons la parenthèse et passons aux choses sérieuses.

Les concepts de développement a donné naissance à un florilège d’instruments d’analyse. Les représentants résidants des légitimités supranationales en Centrafrique n’ont jamais produit au tant de documents de travail depuis 2003 ; documents que les plénipotentiaires se contentent de signer plutôt que d’y trouver source d’inspiration. Franchement, quant on prend connaissance des productions récentes des légitimités supra nationales en Centrafrique et que l’on s’efforce de se les approprier, on a du dégoût pour les candidats qui brillent par leur goût pour la démagogie ; comme s’ils avaient à eux-seuls, la moindre des solutions  à nos problèmes. Ils se prévalent de ces productions  sur la scène internationale comme l’ivrogne se sert du réverbère ; c’est-à-dire  pour s’appuyer plutôt que pour s’éclairer alors que l’état des lieux du pays que font ces productions est rempli de potentialité d’invention et d’imagination.

Pourquoi ai-je utilisé la théorie du passager clandestin et la théorie du jeu du dilemme du prisonnier, pour caractériser les mœurs politiques qui déterminent la compréhension qu’ont nos dirigeants de la Communauté internationales ?

En voici quelques illustrations quant aux problématiques de gouvernance et de lutte contre la pauvreté. Rien n’a changé depuis des décennies  sur le plan des politiques publiques de gestion de l’existant et des politiques publiques de préparation de l’avenir :      

1)      Le leurre d’une vision d’apparence manichéiste des pouvoirs laïc et religieux. Les religieux ne disposant d’aucun mandat politique sont les véritables  distributeurs automatiques de brevet d’honorabilité aux politiques. La problématique de voies d’accès au développement et celle de la répartition sont génératrices des vocations théologiques. Sans afficher un anticléricalisme primaire, la montée des Raspoutine s Centrafricains  dans la fabrique des concepts économiques est de nature à donner la fièvre. Les prédicateurs et autres penseurs de la chose économique du dimanche ont des raccourcis et des approximations conceptuels proches du déni et de la dénégation au point de devenir à leur tour des marchands du temple des concepts et paradigmes.

2)      Le mimétisme est la conséquence du manichéisme et réduit le développement à imiter les modèles importés clés en main, déjà constitués dans les pays dits «  développés ». Par exemple les représentations que les politiques ont des indicateurs de production, de répartition et d’échange alors qu’il faut certes s’inspirer  des modèles d’analyse et construire des modèles économiques adaptés et non évaluer les réalités différentes avec les instruments adaptés à d’autres réalités ; croissance, PIB et PNB alors que l’IDH nous place en 172 position.  

3)      Le fétichisme  de l’enclavement géographique et géostratégique du pays est l’origine et le fondement de tous les maux socio-économiques et expliquerait le retard malgré notre diamant et or ou le pétrole factice. Je crois qu’il ne faut pas se laisser abuser pendant ces élections générales. L’aggravation de notre pauvreté est multifactorielle et l’absence de débouchés maritimes et de chemin de fer n’ont pas de lien direct avec notre insertion dans les échanges internationaux. Et puis, sans soulever des polémiques stériles, si nos dirigeants politiques géraient dans notre intérêt les recettes de diamant et autres produits comme le bois, ça se saurait. Nous ne nous acquittons pas ou prou de nos contributions internationales, les salaires des 26 000 fonctionnaires civiles et militaires sont rarement versés avec tout ce que cela implique comme situation sociale.

4)  Enfin l’onirisme. Le développement devient un discours imaginaire, un fantasme, un rêve lyrique creux. Certains prétendent  détenir à eux seuls la clé ou la solution pendant que la pauvreté s’abat férocement sur les individus  et les peuples dans un monde cruel et cynique. D’autres promettent le développement dans le temps et quand ils n’y parviennent pas, redemandent un prolongement de bail à la population.

On me taxera sans doute d’indocile mais aucun de ces prétendants n’a à lui seul et/ou avec son gouvernement et sa majorité, la solution sans coordination socio-économique et interactions sociales.

Nous sommes des passagers clandestins de la communauté internationale par notre incapacité à contribuer à l’amélioration du quotidien de ceux de chez nous. La Centrafrique est inscrite sur les deux listes dont l’effet est notre marginalisation et notre relégation à la périphérie des pays pauvres très endettés dits pays très fragiles. Sur liste rouge, par les risques que nos acteurs et  institutions économiques représentent aux yeux des potentiels investisseurs ; l’absence d’avantage comparatif, d’institution juridique et financière fiables et crédibles, l’insuffisance d’une main d’œuvre compétente et performante. Quant à la liste noire, l’insécurité, la kleptocratie alliée à l’ethnocratie et l’ethnocentrisme ; le tout aggravé par le pilotage à vue de notre pays, conduisent à faire de lui, la mine à ciel ouvert des entités chaotiques ingouvernables. Le culte aux diplômes obscurs a engendré des centres de formation où les référentiels pédagogiques et didactiques sont des repaires des professionnels de l’imposture ; bref, à tous les niveaux de la société, nous confondons connaissances et compétence au sens noble du terme. Et malgré ces carences qui crèvent les yeux du premier diplomate qui arrive chez nous, nous pratiquons la culpabilisation de cette communauté en passant pour des victimes d’une indifférence ou d’un abandon. Le comportement de clandestinité par rapport à la communauté internationale, résulte de l’accumulation des 4 éléments énumérés précédemment (J’en veux pour illustration d’actualité, la dernière sortie du représentant de l’Union Européenne et l’ignoble condescendance mal placée de certains membres du gouvernement).  

Quant au dilemme du prisonnier, il incarne l’idée fondamentale selon laquelle la confrontation des intérêts individuels ne débouche pas nécessairement sur l’optimum collectif. C’est le facteur explicatif de la prédation, prévarication et concussion. Ceux qui arrivent au pouvoir étant préalablement démunis, mettent en veilleuse l’intérêt national au profit des leurs.

Entre leur rationalité individuelle de leurs intérêts et celle de l’intérêt général, c’est la leur qui prévaut. Ils ne jouent pas la stratégie coopérative avec la communauté internationale dans la lutte contre la pauvreté et pour la conquête des plus fragiles. Toutes les voies par lesquelles l’argent entre et sort du pays sont contrôlées par les premières dames ou par les proches parents ou les autres barons qui ont juré fidélité et fait allégeance. 

La communauté internationale a  beau crier, elle ne sera point entendue ; au contraire, on jouera la carte de la dénonciation d’ingérence dans les affaires intérieures. Le mensonge transcendantal et la dissimulation sont de mises surtout dans les rencontres internationales. Lors de son passage à Brazzaville en Décembre 2004, Bozizé disait à la communauté centrafricaine de cette ville que les conditions préalables au retour de la démocratie sont réunies, que la transition a bien fonctionné grâce à la contribution du CNT et que, le Dialogue nationale permettra d’avoir des institutions démocratiques dignes de ce nom ( sic)  

 

 II- B ) Démunir, voire désarmer les politiques en faisant des  élections générales, l’occasion de catalyser la réflexion et l’action démocratique.

 

J’avais en son temps, dès le 22 mars 2003, signé une tribune ([4])  dans laquelle je qualifiais le coup d’Etat d’euthanasie politique. Cette expression rappelle le fait que les  gouvernements successifs d’alors se sont aliénés, la communauté internationale. La problématique du positionnement de la Centrafrique a peu ou prou déterminé le comportement politique ; c’est-à-dire les mœurs,  culture et pratiques politiques,  de nos dirigeants. En d’autres termes, si l’on doit chercher à analyser ce manquement, c’est parce que nous n’avons pas capté les codes de la communauté internationale et avons toujours confondu soutien au régime, à la personne intuitu personae du chef de l’Etat et soutien à l’Etat.

Mettons à profit les élections générales pour contraindre les candidats  à nous proposer  socle de valeurs communes qui déterminerait nos rapports à la communauté internationale : Faisons en sorte que la problématique de déracinement ; du point de vue origine et  celle de délaissement et dépossession de leur histoire et avenir, dont souffrent les déplacés et réfugiés seraient un critère de décision et de réhabilitation de la politique.

Jusqu’alors, nos jours, nos mœurs politiques ont accéléré notre relégation à la périphérie de la communauté internationale. Les communautés humaines et les collectivités locales qui font partie intégrante de la nation vivent en marge de la loi, parce que privées des garanties juridiques élémentaires qui reconnaissent leur droit à un toit et à des biens et tiennent compte de leur dur labeur. Sans droit de propriété, elles vivent dans la crainte, sans accès à la justice, elles sont victimes de la corruption et de la violence des institutions et sans protection du droit de travail, elles sont exploitées dans des conditions inacceptables et dangereuses. Beaucoup naissent et meurent sans état civil.

Ceux qui ont toujours été exclus de la répartition au niveau nationale depuis période postcoloniale jusqu’aujourd’hui sont plus que fragilisés par l’incontournable mondialisation et ses effets. Ils demandent à nos prestigieuses Cour Constitutionnelle et Cour de Cassation et Conseil d’Etat d’arrêter de se faire  inféoder au pouvoir politique, pour inventer un droit ; véritable levier de développement socio-économique. Que les métiers et professions judiciaires cessent de profiter de ces élections générales, pour adresser au pouvoir politique, les commandes de 4X4 et les rallonges d’heures supplémentaires et autres ( [5]).

Je propose aux forces vives de s’interroger sur les contours  des interventions de récente date de la Cour Constitutionnelle et leur lien quant à des configurations sociales, économiques et culturelles et quelle en la portée réelle en termes de justice sociale ? J’ai peur que la commande de fourniture de 4X4 avec précision de marque et modèle ; Land cruiser, n’ait de sens que  pour améliorer la forteresse de ceux qui sont déjà nantis. Sans  faire l’apologie du populisme  de bas étage, une telle distribution a un énorme coût  et prend la signification d’un trophée ; voire un braquage sur le budget prévisionnel des élections générales de 2010. Cette commande  donne un retentissement centrafricain  la fable «  du voleur et l’âne » alors que la Cour Constitutionnelle aurait dû s’honorer dans la recherche des instruments qui faciliteraient l’accès à la justice des plus fragiles et en faire une régulation démocratique.

 Au lieu de nous installer dans la déploration et l’incurable  tendance à la victimisation, explorons ensemble des instruments à disséminer sur l’étendue du territoire et à l’adresse de nos partenaires que de briller dans le mensonge transcendantal et l’obsédante dissimulation de cette chasse à pigeon qui s’annonce.    

 

Conclusion :

Le monde est de plus en plus compliqué, complexe, imbriqué et polycentrique. Cet enchevêtrement d’imbrication et d’intrication en fait une véritable toile d’araignée qui  fait que ceux qui aspirent à l’excellence ou à l’honorabilité ne peuvent rien à eux seuls. D’ailleurs, ce sont désormais les ONG et les légitimités supranationales qui inspirent les politiques publiques. La diplomatie de catalyse et l’inspiration à inventer des nouvelles régulations à partir de nouveaux modèles économiques contribuent à disqualifier les tenants des politiques du « patriarche » ou de « père de l’indépendance ». La communauté internationale, par des incitations diverses parvient à faire émerger dans les pays comme la Birmanie ou la Somalie l’aspiration à hisser leur législation aux standards internationaux. Les Associations comme l’Association des magistrats de la jeunesse et de la famille, l’Association internationale des  Avocats, Défense de l’Enfant Internationale etc ont rejoint Amnesty International en passant, de la dénonciation à l’éducation et à la formation  la citoyenneté. D’aucuns n’admettent que la CPI ne résultent pas de la volonté politique des Etats. Elle est une conquête des ONG en matière de justice d’alternative pour mettre terme à l’impunité grandissante des massacreurs et kidnappeurs de lendemain des sans voix, sans défense et sans sépulture parce que ne pouvant avoir accès à la justice ou ne pouvant être secouru par le système judiciaire de leur pays.

Il faut se réjouir de la prolifération des médias Centrafricains ; même si la déontologie et l’orientation rédactionnelle demeurent embryonnaires  encore. Cette prolifération est le reflet d’un pays aux potentialités inépuisables de créativité en matière de défense des libertés publiques et de la liberté d’opinion. Elle est la démonstration que malgré les moyens limitées, la défense des libertés publiques n’a pas manqué son rendez-vous avec l’histoire de la défense et promotion des idées. Comme quoi, aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années  de Corneille,  s’applique avec pertinence aussi ;  ici, nombre des années fait référence à l’opulence matérielle.  

Les élections générales qui se profilent,  sont pour nous l’occasion d’affirmer notre volonté de poser les premiers pas de la métamorphose vers le progrès. Seules les forces vives sont les acteurs et médiateurs de cette transformation. Nous avons besoin ; non des magiciens de la politique de totem et de tabou mais des artisans du progrès qui chercheront à  comprendre, avec rationalité comment faire, sur quels leviers faut-il agir pour que  les personnes, les familles et groupes ainsi que les collectivités territoriales soient insérées dans les échanges internationaux. C’est de la réussite de cette insertion que découleront  l’accession à l’autonomie et la réduction de la pauvreté.

Notre société est désarticulée au regard des analyses de la communauté internationale. Cette désarticulation s’observe par le délitement du tissu social et la cohésion familiale, les traces des addictions  à l’allégeance aux hommes politiques ; accros aux clientélismes. Pour prendre une métaphore biblique, la République Centrafricaine est une société brisée, manquant de repère et ne constituant qu’un repaire pour des apprentis sorciers de la politique, tel le constat fait par le prophète Néhémie dans les Saintes écritures au sujet de Jérusalem.  Rien ne tient plus debout. Où sont les colonnes sur lesquelles reposent  notre hymne, notre devise, notre République ? Ne nous contentons plus des réparations ou du dépannage ponctuels ; c’est-à-dire vivre sous perfusion économique et sous dialyse financière ;  exigeons de ceux qui sollicitent notre suffrage, qu’ils s’engagent à nous soigner.

Aux destinataires de cette lettre sans complaisance, je me dois de lever une ambiguïté qu’une lecture approximative de mon message pourrait insinuer. Je ne fais nullement étalage d’arrogance ; voire de condescendance à l’égard de MM. François Bozizé et Martin Ziguélé. Je ne livre pas non plus à de la stigmatisation pour le plaisir de la stigmatisation. Ce sont des personnalités  respectées, respectables et à respecter. Cette entreprise d’élucidation des ressorts du comportement politique des deux concurrents du deuxième tour des élections de 2005 m’a longtemps, aussi bien intrigué que stimulé. A vrai dire, me rappelant  les riches relations que mon père entretenait avec les parents courageux et admiratifs de Martin Ziguélé ; ils avaient des champs mitoyens, s’invitaient à boire et à manger, j’ai tergiversé avant d’oser m’attaquer à la rédaction de cet article et sans doute ai-je été présomptueux, car, il est probablement redoutable de prétendre présenter ces deux Messieurs  de façon pertinente !  

Il n’échappe à personne que l’état de délabrement du pays est davantage  le résultat des choix politiques ; aventureux sur fond d’improvisation, qu’une condamnation divine. Nous ne sommes pas les damnés de la terre ; pour emprunter l’expression chère à Frantz Fanon.

Ce dont notre pays a urgemment  besoin, c’est d’entreprendre de mettre en chantier de nouvelles mœurs et cultures politiques ; novatrices et audacieuses afin de construire une autre matrice d’insertion de notre pays aux échanges internationaux et à la Communauté internationale. Ayons le courage de faire des choix d’alternative et non des choix réduits à l’alternance. Que les solutions aux problèmes de notre pays soient ancrés, enracinés dans des référentielles démocratiques, des structures budgétaires, de la République et non perçue comme venant de la gentillesse ou de la charité de X ou de Z. Que l’accès du plus grand nombre aux droits humains, à la satisfaction de leurs besoins humains et la défense et promotion des intérêts territoriaux de proximité deviennent les nouvelles régulations des années qui viennent et ce qui architecture notre appartenance à la communauté internationale.

Prenons le temps d’élucider, pour nos compatriotes, démocrates et patriotes, les vrais enjeux actuels et futurs de ces élections générales. Ce ne sont ni leurs excellence ni leurs  honorables qui le feraient. Cette oligarchie alliée à un certain type de baronnie mettent,  plus aisément, en œuvre leur vision idyllique de la théorie de la spéculation sur l’ignorance des populations déjantées et des groupies,  que de prendre le temps d’inventer des mécanismes générateurs de progrès.

 

Gervais Douba

Enseignant en Sciences de gestion

- IUT-Université de Rouen (Membre du réseau « entrepreneuriat » de l’AUF)

- Vice-Président de DEI-France.

- Président-Fondateur de Symbiose Ingénierie Internationale.        

 

 

 

 

 

 



[1] ) Douba ;G. « Congrès ou Conclave des parricides » Juillet 2006 ; www. sangonet.com

[2] ) Douba ;G. « Appel à l’élévation d’un rempart » Juin 09 ; L’indépendant, Centrafrique.com et Sangonet.com

[3]) Me Henri Pouzère « Interventions au DPI » Livraison de l’Indépendant  Décembre 2008.

[4] ) Douba ; G. « Quant un concept interpelle son auteur »

Livraison Sangonet.com

[5])  Livraison de  leconfident.net éditions du 26 juin 2009

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