Elections 2010 en Centrafrique : Les députés prorogent le mandat simultané du Président de la République et des députés pour un délai indéterminé

Bangui, 10 mai 2010 (ACAP) Les députés ont adopté avec amendement le projet de loi constitutionnelle modifiant et complétant certaines dispositions de la Constitution du 27 décembre 2004 portant exclusivement sur les articles 24 et 50, prorogeant le mandat simultané du Président de la République, François Bozizé et des députés pour une durée indéterminée, afin d’achever le processus électoral grippé techniquement, au cours d’un débat parlementaire, lundi 10 mai 2010, à Bangui.

Les députés ont formulé des recommandations à l’intention de la Commission Electorale Indépendante (CEI), au Gouvernement et à la Communauté Internationale.

A la CEI, « la reprise du processus électoral après le vote de la présente loi Constitutionnelle ; l’élaboration dans le meilleur délai d’un chronogramme précis et réaliste et d’un budget conséquent permettant la poursuite du processus électoral ; la proposition d’un délai butoir pour l’organisation des élections arrêtées par consensus conformément aux délais légaux prescrit par le code électoral ».

Au gouvernement, « la mise en place d’un espace de dialogue entre le gouvernement et toutes les entités impliquées dans le processus électoral après la promulgation par le Président de la République de la loi Constitutionnelle afin de garantir un climat politique, apaisé, propice à l’organisation et à la réussite des élections ».

A la Communauté Internationale, « la poursuite du lobbying auprès de tous les pays amis de la République Centrafricaine en vue de boucler le budget électoral proposé par la CEI devant permettre de mener à terme le processus électoral ; le redoublement d’efforts et la diligence dans la mobilisation des ressources en vue de parachever le processus électoral

Il convient de noter qu’au terme de l’article 24 nouveau « lorsque le processus électoral, déclenché dans le délai prévue par la Constitution n’aboutit pas, pour cause d’événements imprévisibles et irrésistibles, la tenue des élections avant la fin des mandats du Président de la république et de l’Assemblée Nationale, le Président de la République saisit la Cour Constitutionnelle aux fins, d’une part de constater le risque d’expiration des mandats présidentiel et législatif, et d’autre, d’autoriser le Président sortant à conserver ses prérogatives afin de faire organiser les élections.

« Le processus électoral reprend à la phase atteinte à partir de la décision de la Cour Constitutionnelle.

Les nouveaux délais sont obligatoirement fixés en observation stricte des délais légaux prévus pour chaque étape dans le Code électoral »

Article 50 nouveau, toutefois, l’Assemblée Nationale reste en fonction jusqu’à la fin du processus électoral lorsqu’au cours de son mandat surviennent des événements imprévisibles et irrésistibles tels que prévus à l’article 24, alinéa 6 nouveau.

Le groupe parlementaire KNK justifie que ce réaménagement constitutionnel vise à trouver les voies et moyens pour éviter le vide juridique au delà du 11 juin 2010, qui constitue un danger pour le pays.

Le groupe parlementaire Parti Social Démocrate (PSD) invite les autres députés à voter massivement ce projet de Loi.

Le groupe parlementaire du Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC), appelle à voter contre cette loi Constitutionnelle et suggère un Accord politique entre les parties prenantes au Dialogue politique Inclusif, pour la sortie de cette crise.

Le groupe Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP, Association Londo et Indépendant, appelle à votre contre cette loi pour la protection et l’intérêt du peuple.

Le groupe parlementaire du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain opte pour la concertation et le dialogue politique entre les acteurs.

Le Président du Collectif des Forces du Changement, Me Nicolas Tiangaye, propose le maintien au pouvoir du Président François Bozizé. En réaffirmant que la seule solution à cette crise demeure le consensus.

Le Président de l’Armée Populaire pour la Restauration de la Démocratie (APRD), Me Jean Jacques Démafouth et le Président de l’Union des Forces Vives de la Nation (UFVN), Me Henri Pouzère ont rejeté l’idée de la révision de la Constitution du 27 décembre 2004.

A la question relative au délai, le Président de la Commission Electorale Indépendante (CEI), le pasteur Joseph Binguimalé, a indiqué que la révision de la liste électorale seule, exige quatre mois de traitement.

S’agissant de la sécurisation du processus électoral, la CEI, a souligné à titre d’information, qu’elle a tenu des séances de travail avec le PNUD, la MICOPAX et l’Etat Major pour faire l’état des lieux des dispositifs de sécurisation du processus électoral.

Le Président Joseph Binguimalé a ajouté qu’un appui de l’aviation de l’armée Sud-Africaine et des troupes de la MICOPAX l’accompagneront tout au long du processus.

 


Centrafrique: loi permettant de prolonger le mandat présidentiel

BANGUI, AFP, 10 mai 2010 — L'Assemblée nationale centrafricaine a adopté lundi un projet de loi constitutionnelle permettant de prolonger le mandat présidentiel jusqu'aux élections présidentielle et législatives reportées à une date ultérieure, a constaté un journaliste de l'AFP.

La loi a été votée par 95 voix pour, 6 contre, 1 abstention sur un total de 102 députés présents.

"Lorsque le processus électoral déclenché dans les délais prévus par la Constitution n'aboutit pas pour cause d'évènements imprévisibles (...) avant la fin du mandat du président (...), le président de la République saisit la Cour constitutionnelle afin d'une part de constater le risque d'expiration du mandat présidentiel (...) et d'autre part d'autoriser le président à conserver ses prérogatives afin de faire organiser les élections", selon le texte voté par l'Assemblée.

"Le processus électoral reprend à partir de la décision de la Cour constitutionnelle et les nouveaux délais sont obligatoirement fixés en observation stricte des délais prescrits dans le code électoral", dit-il.

Cette modification de la Constitution devrait permettre au président François Bozizé de rester à son poste après l'expiration de son mandat le 11 juin et jusqu'à l'organisation des élections.

Les scrutins, initialement prévus le 25 avril, ont été repoussés une première fois au 16 mai, puis une deuxième fois à une date ultérieure restant à déterminer.

Le report était réclamé par la classe politique, mais également la société civile et des bailleurs de fonds du processus électoral, estimant que la Centrafrique ne rassemblait pas les conditions pour la tenue de scrutins exempts de contestation.

Avant les débats, la commission mixte parlementaire a affirmé avoir consulté à la fois les représentants du pouvoir, de l'opposition, des mouvements rebelles ayant intégré les accord de paix, ainsi que ceux de la société civile et de la communauté internationale.

Dans son rapport, la commission parlementaire recommande à la commission électorale indépendante (CEI) "l'élaboration dans les meilleurs délais d'un chronogramme précis et réaliste, et d'un budget conséquent (...) et la proposition d'une période butoir pour l'organisation" des élections.

Elle suggère "la mise en place d'un cadre de dialogue entre le gouvernement et toutes les entités (...) afin de garantir un climat politique apaisé propice à l'organisation et à la réussite des élections". Elle "recommande" aussi "la poursuite du lobbying auprès de tous les pays amis de la Centrafrique en vue de boucler le budget électoral".

Après l'annonce du report, le 29 avril, le Collectif des forces du changement, qui regroupe l'opposition et d'ex mouvements rebelles, s'était engagé à ne pas "contester la légitimité" de M. Bozizé jusqu'aux élections.


Prolongation des mandats du président et des députés de la République Centrafricaine

 

L'Assemblée nationale centrafricaine a adopté lundi, par 95 voix contre 6 et une abstention, un projet de loi avancé par le gouvernement et destiné à prolonger le mandat des députés et celui du président de la République François Bozizé qui arrivent à terme le 11 juin prochain.

 

Aux termes de nouvelles dispositions constitutionnelles adoptées lundi par les députés et portant sur deux articles de la Constitution (24 et 50), "lorsque le processus électoral, déclenché dans les délais prévus par la Constitution, n'aboutit pas, pour cause d'évènements imprévisibles et irrésistibles, à la tenue des élections avant la fin des mandats du président de la République et de l'Assemblée nationale".

 

"Le président de la République saisit la Cour Constitutionnelle aux fins (...) d'autoriser le président sortant à conserver ses prérogatives afin de faire organiser les élections", selon ces dispositions.

 

L'article 50 nouveau stipule quant à lui que "l'Assemblée nationale reste en fonction jusqu'à la fin du processus électoral lorsqu'au cours de son mandat surviennent des évènements imprévisibles et irrésistibles".

Les élections présidentielles et législatives, initialement prévues le 23 avril puis le 16 mai 2010, ont été reportées sine die, selon une décision annoncée le 29 avril par le président Bozizé.

 

"Nous venons de sauver la République Centrafricaine d'une crise qui pointait à l'horizon", s'est réjoui, a l'issue du vote, le président de l'Assemblée nationale, Leroy-Célestin Gaombalet, qui a salué l'initiative du gouvernement ayant abouti à ce résultat.

 

L'adoption de ce projet intervient sur fond de controverse opposant la majorité présidentielle, favorable à l'initiative du gouvernement, et l'opposition, qui préfère un arrangement politique réputé pouvoir mieux préserver la Constitution et garantir la paix civile.

 

Regroupée dans une plate-forme dénommée Collectif des forces du changement (CFC), l'opposition a saisi, le 5 mai dernier, le Médiateur de la République, Monseigneur Paulin Pomodimo, "en vue d' un règlement politique de la crise de légitimité du pouvoir de l' Etat".

 

Le CFC avait déjà décidé de se retirer du processus électoral pour protester contre ce qu'il considère comme une impréparation des scrutins présidentiel et législatif.

 

Une commission mixte mise en place pour l'examen de ce projet de loi préconise notamment l'élaboration par la Commission électorale indépendante dans les meilleurs délais d'un chronogramme précis et réaliste assorti d'un budget conséquent pour les élections ainsi que la fixation par consensus d'une date butoir pour l'organisation des élections.

 

Pour sa part, le gouvernement est invité à mettre en place un espace de dialogue avec toutes les entités impliquées dans le processus électoral afin de garantir un climat politique apaisé, tandis que la communauté internationale est exhortée à redoubler d'efforts et de diligence dans la mobilisation des ressources en vue de parachever le processus électoral.

 

Source: xinhua, 11.05.2010


Appels à "un accord politique" avant les élections

BANGUI, AFP, 11 mai 2010 — L'opposant Martin Ziguélé et l'ex-ministre Cyriaque Gonda, de la majorité, ont appelé mardi à un "accord politique" en vue des élections présidentielle et législatives en Centrafrique, au lendemain du vote d'une loi permettant de prolonger le mandat du président et des députés.

"La prolongation du mandat du président de la République et de l'Assemblée nationale ne peut s'asseoir qu'à travers un accord politique qui consacre l'accord des partis", a estimé M. Ziguélé, ex-Premier ministre et président du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC).

Lundi, l'Assemblée nationale a adopté un projet de loi constitutionnelle permettant de prolonger le mandat du président François Bozizé et des 105 députés jusqu'aux élections. Ces scrutins, qui étaient initialement programmés pour le 25 avril, ont été reportés au 16 mai puis renvoyés à une date non déterminée.

"Cette loi est anticonstitutionnelle", a déclaré Martin Ziguélé.

"Nous appelons toujours le président de la République, les partenaires" et tous les acteurs de la politique centrafricaine "à nous retrouver auprès de Mgr Paulin Pomodimo (médiateur de la République) pour que nous puissions convenir d'un accord politique", a ajouté M. Ziguélé.

La même demande a été formulée par l'ex-ministre de la Communication et ancien porte-parole du gouvernement, Cyriaque Gonda, président du Parti national pour un Centrafrique nouveau (PNCN, majorité présidentielle).

"Le plus important dans la situation actuelle, c'est un accord politique. Une loi, c'est superfétatoire. L'Histoire ne va pas dans le sens de ce qui est fait à l'Assemblée nationale" lundi, a estimé M. Gonda.

Le mandat du président Bozizé devait expirer le 11 juin. Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 2003 puis élu en 2005, il est candidat à sa propre succession. Fin avril, le Collectif des forces du changement (CFC) regroupant l'opposition et d'anciens mouvements rebelles, s'est engagé à ne pas contester sa légitimité jusqu'aux élections.

Avant le report des élections, Martin Ziguélé était candidat du MLPC pour la présidentielle. L'opposition avait ensuite décidé de boycotter le scrutin pour protester contre le maintien des élections au 16 mai.

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