OPINIONS

 

DE L’OPPORTUNUITE POLITIQUE D’UN PROCES A LA COUR PENALE INTERNATIONALE DE Mr BEMBA, PATASSE, BOZIZE, ET DEMAFOUTH

 

 

Avec l’inculpation par le Procureur  Luis MORENO OCAMPO du Président soudanais, OMAR EL BECHIR, on s’attend à ce qu’un autre responsable d’un pays sous développé désigné suive... On s’attendait aussi à ce que les miliciens anti-gouvernementaux soient inculpés, eux, qui ne sont pas des enfants de cœur, loin s’en faut, les rapports des ONG toutes tendances confondues sont accablants pour le Dr KHALIL et ses hommes par exemple...Comme d’autres acteurs majeurs de la crise du DARFOUR réfugiés au TCHAD et ailleurs. Ce n’est pas un oubli…Et c’est ce qui nous rend sceptique sur les démarches de la CPI de son Procureur et de ses appendices constituées par la galaxie des défenseurs des droits de l’homme. Cette première inculpation d’un dirigeant en exercice par la CPI et présentée comme un tournant dans la lutte contre l’impunité des tortionnaires et des dictateurs, affaiblit cette même cour qui n’a ni police ni forces armées pour mettre en œuvre ses décisions. Monsieur OCAMPO n’a aucun moyen de procéder à l’arrestation d’un chef d’Etat en exercice. Hormis les réactions politiques hostiles à la dite inculpation même au sein des Nations Unies de l’Union Africaine, de la Ligue Arabe, la Chine , la Russie, des juristes engagés depuis dans  ce combat contre l’impunité s’inquiètent de l’initiative spectaculaire du procureur de la CPI. «  C’est une démarche indiscutable car, à mes yeux, il s’agit d’une mesure tout à la fois énorme et dérisoire : il sera impossible de mettre en œuvre ce mandat d’arrêt » soupire Antonio CARSSESE, ancien Président du Tribunal Pénale Internationale pour la Yougoslavie. A l’inverse Londres Paris, et surtout le paradoxe les USA, qui rejettent  cette juridiction, se félicitent.

 

Tous les commentateurs et observateurs ont les yeux tournés vers la République Centrafricaine et plus particulièrement vers la suite prochaine que donnera cette Cour qui a tout l’air d’être conçus pour les tiers-mondistes en infraction avec la religion des droits de l’homme imposée par les occidentaux, qui y ont trouvé une nouvelle formule d’influence par la dictature de la pensée unique du lobby droitdelhommiste ; noyauté par les grandes puissances. Un mandat d’arrêt en date du 24 mai 2008 a été lancé contre Monsieur J.P. BEMBA, contre des crimes commis par ses hommes sous commandement centrafricain et en territoire centrafricain entre le 25 octobre et le 15 mars 2003 par le gouvernement du Général-Président BOZIZE qui animait à cette époque qui lui convenait une rébellion à partir du territoire tchadien avec des éléments de ce pays voisin.

La chambre du Conseil belge a reconnu la conformité de la procédure de l’arrestation après que la chambre d’accusation ait rejeté la demande de mise en liberté provisoire sous caution. Le point 17 dudit mandat dit qu’il existe des motifs raisonnables de croire qu’un plan commun entre BEMBA et PATASSE reposant sur le bénéfice pour PATASSE de  bénéficier de l’assistance militaire et son maintien au pouvoir , et pour BEMBA une rémunération conséquente.

Ce même mandat d’arrêt reconnait que d’autres forces extérieures auraient pris part au combat et donc à toutes les exactions de toute nature dans les faits. Le Général-Président BOZIZE , chef de la rébellion en cours avec des mercenaires venus d’ailleurs est explicitement cité comme coresponsable des crimes de guerre et des violations flagrantes des droits humains imputés à toutes les forces en présence. En vertu de l’article 27 des règles de fonctionnement de la CPI , la cour n’exclut pas la responsabilité civile et pénale d’un suspect du fait de ses fonctions officiels.

Il faut clarifier à l’opinion une chose :BEMBA est il arrêté du fait de l’intervention des hommes du MLC aux cotés des loyalistes ou bien suite à une enquête équitablement menées dans toutes les zones de combats où des exactions ont été commis de part et d’autre par les forces en présence ? La réalité semble prouver que tous les protagonistes en fait du territoire centrafricain et avec certains centrafricains un champ où les mêmes crimes ont été commis par tout le monde. Il faut souhaiter que ce soit une procédure qui concerne toutes les exactions commises ça et là sur le territoire nationale aussi bien par les hommes de BEMBA que ceux les hommes »venus d’ailleurs » du Général BOZIZE. Nous serons attentifs à ce que ce soit le cas global de toutes les exactions sans restrictions aucunes et sans complaisance.Dans ce cas ,eh bien il n’y aura pas que BEMBA et PATASSE pour la manifestation de la vérité.Il faut y ajouter absolument   DEMAFOUTH et BOZIZE .Et les preuves ne manquent pas ,contrairement aux déclarations du Procureur DI CAMPO. Il lui suffit de mener seulement une enquête impartiale et de rencontrer des témoins de cette période sans manœuvre dilatoire et et sans chercher à dissimuler les responsabilité directes de celui qui à l’époque assumait la responsabilité de Chef d’Etat major sous l’autorité de son Ministre. Le bon sens en appelle à une procédure globale sans équivoque.BOZIZE a ouvert « la boite de Pandore »Tout le monde doit assumer y compris DEMAFOUTH ,le fils spirituel et ancien ministre de la défense et homme fort des services de renseignements et d’actions ,la CNRI ,qui se démène de manière peu élégante, reniant même son ami BEMBA et acculant l’ancien Président PATASSE qu’il a rencontré à LOME avant de prendre la route du GABON et surtout sans la bénédiction de ce dernier, DJIM WOI ne l’aurait pas nommé « Président » de l’APRD. Ce dernier qui a brillé par la trahison comme démarche politique avance  des arguties indignes d’un Monsieur qui a eu des responsabilités dans le domaine de la sécurité d’un régime au plus haut niveau haut. DEMAFOUTH a été cité dans toutes les affaires de crimes de sang reprochées au régime de Monsieur PATASSE.

Il est nécessaire de faire un retour , de revisiter l’histoire des  relations entre la RD Congo (‘ex Zaïre) et la Centrafrique en matière d’interventions militaires et d’exactions de toutes nature qui ne datent pas que de ce jour où BEMBA a envoyé ses troupes qui se battaient contre d’autres troupes qui ont autant violé pillé, et que l’enquête de ce coté manque au dossier pour qu’il soit objectif et global.

En 1965 BOKASSA a mis à prix la tête du patron des services de sécurité du Président DACKO renversé par un coup d’état :l’imposant  MOUNOUMBAYE.Un feuilleton digne du far west.Sa tête était estimée à 5 000 000 de FCFA qui seront remis plus tard à des pêcheurs congolais qui l’ont livré à BOKASSA.Il disparaîtra sans annonce aucune.MOBUTU,alors Président du Congo arrête lesdits congolais pour n’avoir pas protégé le fugitif et pour l’avoir « vendu » à celui qui sera plus tard son allié et son parent L’histoire ne nous dit pas ce que sont devenus les « traîtres » congolais.

Pendant les événements de KOLWEZI, BOKASSA participera à l’effort de guerre en y envoyant un petit détachement à la limite d’une section.On y retrouve un certain Capitaine BOZIZE à la tête de ce détachement qui participera à sa manière au sauvetage du régime de MOBUTU.Les exactions sur les « Katangais »personne n’en a parlé à cette époque.

Le paradoxe centrafricain voudrait que lors du coup d’état radiophonique de BOZIZE en1982 contre le Général KOLINGBA,une répression aveugle et démesurée sera planifiée et exécutée par ce dernier avec l’appui des éléments de la fameuse division spéciale présidentielle (DSP) de KOTAKOLI (Zaïre) venue en renfort  faire le nettoyage dans les quartiers dits « rouges »Miskine,Boyrabe,Gobongo,Combattant.Les mutilés et les morts n’ont jamais fait l’objet d’un questionnement quelconque.

 

Entre temps,en 1976,les frères OBROU et autres ont tenté et raté un coup d’état contre le Président à vie,Maréchal de Centrafrique,Sa Majesté Impériale plus tard BOKASSA 1er.Ils réussiront à gagner la rive zairoise.La chasse à l’homme ne durera pas.MOBUTU,Maréchal du Grand ZAIRE les livrera lui-même en les acheminant ligoté et torturé à bord de son C135 HERCULE.Après une parodie de justice où la messe était déjà dite,ils seront fusillés avec plusieurs autres comme le lieutenant ZATAO et le lieutenant GRACE A DIEU,le magistrat MALEOMBHO,l’homme d’affaires KOSSI…Le colonel ,pilote de l’armée de l’air ,GALLOT qui vit à Paris sera un véritable revenant rescapé miraculeusement de la campagne d’exécution « judiciaire »On le donnait mort.On fit le deuil…Dieu l’a béni !!!MOBUTU a intervenu en sévissant personnellement aux coté de son « NOKO » cousin, BOKASSA.Jamais personne n’a parlé de crimes ni même de condamnation même pour l’histoire.

 

De la période de KOLINGBA, MOBUTU le cousin GBANDJI veille, forme les fameux « EBA » Eléments blindés autonomes dont le chef de corps est le Général KOLINGBA lui-même secondé par un parent, le Colonel KOMELO, qui fera du dialecte gbandji la langue de commandement au sein de ce corps qui avait l’originalité de n’être composé que de parents et d’être formé et entraîné à KOTAKOLI (ZAIRE).

Sous PATASSE,pressé par la France de soutenir le régime agonisant du Maréchal MOBUTU,le Président PATASSE qui fermait les yeux sur le passage des mercenaires, a fini par laisser transiter sur le territoire national l’AFDL et les troupes tchadiennes qui permettront à KABILA père de prendre sans coup férir l’équateur.Puis,confronté à une forme d’embargo et de droit de passage sur le fleuve Oubangui par BEMBA et le M.L.C.,PATASSE ouvrira ses frontières et BEMBA trouve en terre centrafricaine son transit vers l’extérieur et d’autres facilités.Il nouera de solides amitiés avec BOZIZE dans le fameux trafic de carburant organisé par un certain SANI YALO dont la famille se mettra entièrement à sa solde, et naturellement avec un lien de poids :DEMAFOUTH,l’homme de l’ombre qui va  emprisonner et expulser sur ordre de BEMBA des ressortissants congolais en butte avec leur chef de guerre ( Jean MIRO et aussi, un conseiller de PATASSE, Alfred POLOKO perdra ses fonctions à la demande de l’intriguant DEMAFOUTH à la demande de BEMBA).Que de coups bas ces deux ont opéré ensemble et préparer avec BOZIZE le soutien militaire de BEMBA dans la nuit de la fête des mères de mai 2001.LeGénéral BOZIZE a conduit lui-même les troupes de  BEMBA  au combat et organisait son propre coup d’état,DEMAFOUTH lui aussi avait une partie de la troupe et s’activait pour son propre compte. Les exactions de 2002 et suite, ne peuvent être analysées qu’en remontant vers les points essentiels évoqués ici de manière succincte mais déterminante.

 

La Centrafrique est le seul pays au monde où un Président arrive au pouvoir et pour amuser la galerie mène les gens à un processus de désacralisation en faisant le procès de son prédécesseur. Cela devient récurent et ne concourt pas à la stabilité et à la paix sociale. Nous ne pensons pas que ces types de procès soient productifs pour le pays.Cela va accentuer les rancoeurs.Il n’y a qu’à écouter les déclarations de l’ancien Ministre de la défense qui panique et raconte n’importe quoi parce qu’il fait l’actualité par son ralliement à BOZIZE pour obtenir une impunité devant les tribunaux .Il faut aller vers des arrangements politiques .La Cour Pénale internationale pour le Rwanda a déployer d’énormes moyens financiers pour condamner moins d’une quinzaine de criminels…On pouvait l’affecter à des innovations allant dans le sens d’une’ réconciliation associant criminels et victimes pour apaiser le pays.C’est notre conviction personnelle.Elle a au moins le mérite d’exister et de sortir de la pensée unique du lobby droitdelhommiste en vogue.Donc ,mettre les gens en prison n’est pas un objectif politique et encore moins une solution de sortie de crise.Ceci est contre- productif pour la paix et la stabilité qui doivent  déboucher sur une réconciliation nationale.Rechercher la vérité pour prévenir et réconcilier les Centrafricains avec eux même.OUI.

Cette loi d’amnistie est juridiquement nulle.Elle introduit des conditionnalités et pire on y évoque le principe de la récidive.Une loi amnistie efface la faute, qui dès lors ne peut plus être évoquée comme ayant existée.Cette une véritable supercherie et je crois que le Général BOZIZE «  prend les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. »Même, l’ancien Président PATASSE qui est le premier concerné, en finit par qualifier cette loi de scélérate, en reconnaissant « son petit frère BOZIZE comme légitime à la surprise générale y compris pour BOZIZE qui n’en demandait pas tant de celui qu’il déteste et ne souhaite que l’arrestation immédiate par la CPI. Le Général-Président BOZIZE ne rate pas une seule occasion, en tout lieu de rappeler que l’amnistie qu’il a décrété ne concerne pas les actes de l’ancien Président PATASSE au titre des poursuites devant la CPI. Seul DEMAFOUTH s’en accommode et joue « le chargé de mission » du régime pour ne pas être inquiété…
Il n’y a qu’en Centrafrique qu’on peut retrouver une situation aussi surréaliste !!!!!Il faut pour rassembler autour de ce problème refaire une nouvelle loi de manière consensuelle .Les discours musclés du Président BOZIZE ne peuvent ramener la confiance tant il fustige la mauvaise gestion passée donc il fut un des plus hauts responsables,en criminalisant sans cesse ses concurrents sans améliorer et loin de là,la situation catastrophique du pays.Saura-t-il se défaire de ses oripeaux de rebelles et d’officier violent, pour être un « Pasteur » qui apaise et réconforte ? Son bilan et sa posture à la tète de l’Etat centrafricain ne laisse aucun doute. Ce Président là ne veut pas de la paix…Son dernier fait de guerre avec son ministre de la « propagande « et les thuriféraires du régime nous ramène à l’époque de son Maitre BOKASSA des années 1970 où des messes de « soutien indéfectibles » sont périodiquement organisées à la mode hitlérienne pour masquer les inssuffisances,et l’incapacité du régime à asseoir un véritable processus de réconciliation et  d’apaisement. La provocation, l’insulte et le sectarisme ont été mis en avant lors de la honteuse marche et meeting contre la France, la Libye et les seuls mouvements et personnalités qui essayent d’être critiques envers la dérive totalitaire du régime qui n’a que  la brutalité criminelle comme méthode de réconciliation.

La France, la Francophonie et la Communauté Européenne se sont engagées depuis plusieurs années à soutenir un retour à la paix et une réforme de l’armée nationale. Au vue des violences qui perdurent, de la gestion patrimoniale des ressources du pays par une bande de crapules et de voyous, ces efforts sont clairement très en deçà des besoins de paix en matière de stabilité  surtout si l’on pense que c’est la CPI et sa procédure qui y contribueraient. Sauf à lâcher la proie pour l’ombre, La France ne saurait ici, dans le cas de la République Centrafricaine parler de paix sans traduire ses engagements sur les réformes de l’état, par des actions concrètes qui, aujourd’hui font défaut, par une pression plus adaptée sur l’autocratie et l’obscurantisme des  prédateurs au pouvoir à Bangui. Avec les procès, il n’y aura jamais de paix véritables, si ce n’est que l’inflation des règlements de compte et une véritable vendetta qui s’en suivra.

Ce sujet aurait pu faire l’objet de débat lors des assises du fameux « Dialogue Politique Inclusif » On l’a soustrait à dessein comme les véritables sujets relatifs à la crise centrafricaine. Ou le Procureur de la CPI en viennent à arrêter tous les protagonistes de cette triste affaire où il libère purement et simplement BEMBA qui a donné ses hommes, mais ne n’ était pas comptable de leur commandement en territoire centrafricain. Ils étaient sous l’autorité des responsables politiques et militaires qui manœuvraient avec eux sur le champ des opérations. La démarche d’un procès  CPI est contre productif pour la stabilité et la paix. Et ce n’est pas parce que qu’elle relève d’une vision de la défense des droits de l’homme qu’il faut l’encourager. Il y va de la stabilité et de l’existence même de la Centrafrique en tant que Nation à unir et non à diviser. Telle est notre intime et profonde conviction

 

 

                                                                                   GAZAM BETTY Christophe

                                                                                Ancien Ambassadeur de la RCA

Le 16 juin 2009