Les soldats sud-africains traumatisés d'avoir «tué des enfants» en Centrafrique témoignent

 

L’affrontement des rebelles Séléka et les soldats sud-africains venus en Centrafrique à la demande du président François Bozizé, a fait officiellement 13 morts et des blessés (voire 37 décès selon d’autres sources). De retour en Afrique du Sud, les rescapés témoignent, particulièrement au sujet des enfants-soldats : « C'est une fois la bataille terminée que nous avons vu que nous avions tué des enfants soldats qui appelaient leur mère au moment de mourir », raconte un soldat dans le Sunday Times… «Ils pleuraient, appelaient à l'aide, appelaient (leurs) mamans», détaille le militaire sud-africain dans l'hebdomadaire dominica. «C'est seulement après que les tirs eurent cessé que nous avons vu que nous avions tué des enfants. Nous ne savions pas que ça se passerait comme ça. (...) Nous avons tué des petits garçons... des adolescents qui aurait dû être à l'école!».

 

Afrique du Sud: des soldats revenus de Centrafrique témoignent dans la presse avoir tué des enfants soldats

 

Enfant soldat en Centrafrique

Enfant soldat en Centrafrique.

Gabriel Galwak/IRIN

 

Par RFI, 31 mars 2013

La mort de 13 de ses soldats en République Centrafricaine, il y a une semaine, n'en finit pas de secouer l'Afrique du Sud. Des journaux du dimanche ont relancé la polémique en publiant des témoignages de soldats revenus de mission, qui affirment avoir tué des enfants soldats lors de l'affrontement.

Les témoignages de soldats revenus de République centrafricaine et publiés dans la presse dimanche, tranchent totalement avec la version officielle de la bataille. Le gouvernement sud-africain insiste sur la bravoure de ses 300 soldats qui, en 13 heures de combat, sont parvenus à repousser des attaquants dix fois plus nombreux et plus lourdement armés, faisant 500 morts parmi leurs rangs.

Mais rien d'héroïque dans ce que rapporte la presse. « C'est une fois la bataille terminée que nous avons vu que nous avions tué des enfants soldats qui appelaient leur mère au moment de mourir », raconte un soldat dans le Sunday Times.

D'après les témoignages récoltés par le quotidien, les forces sud-africaines étaient isolées, sans appuis, et trop légèrement équipées ; elles auraient été prises par surprise, découvrant un adversaire bien mieux armé et discipliné que prévu ; « ils n'étaient pas idiots, ils savaient tout sur nous », dit un soldat.

Toujours selon la presse, cette opération, la plus importante depuis la fin de l'apartheid, avait des buts douteux, puisque les soldats y racontent n'avoir que peu fait de formation, comme le disait le but de leur mission. Bref, ces témoignages font apparaître la perte des 13 soldats sud-africains comme d'autant moins justifiée.


 

Centrafrique: les soldats sud-africains traumatisés d'avoir «tué des enfants»

Un enfant-soldat des rebelles du 
Séléka, assis à l'arrière d'une camionnette aux abords du palais présidentiel à 
Bangui (Centrafrique). Des soldats sud-africains se disent traumatisés après 
avoir combattu et tué des enfants-soldats pendant la prise de Bangui le 23 mars 2013

Un enfant-soldat des rebelles du Séléka, assis à l'arrière d'une camionnette aux abords du palais présidentiel à Bangui (Centrafrique). Des soldats sud-africains se disent traumatisés après avoir combattu et tué des enfants-soldats pendant la prise de Bangui le 23 mars. AFP / Sia Kambou

 

«Nous n'étions pas venus ici pour ça... tuer des gamins. Ça rend malade», a confié un soldat sud-africain au Sunday Times à son retour au pays après l'intervention de l'armée sud-africaine en Centrafrique. Et ils sont plusieurs à avoir témoigné de leur traumatisme après avoir combattu et tué des enfants-soldats pendant la prise de Bangui par les rebelles du Séléka le 23 mars.

 «Ils pleuraient, appelaient à l'aide, appelaient (leurs) mamans», détaille le militaire sud-africain dans l'hebdomadaire dominica. «C'est seulement après que les tirs eurent cessé que nous avons vu que nous avions tué des enfants. Nous ne savions pas que ça se passerait comme ça. (...) Nous avons tué des petits garçons... des adolescents qui aurait dû être à l'école!».

Un autre soldat témoigne encore: «On nous avait dit que ces rebelles étaient des amateurs. On nous avait dit qu'il n'y avait rien à craindre, que les milliers de soldats (venus des pays voisins) d'Afrique centrale et ceux du gouvernement centrafricain nous aideraient. Mais ils ont été les premiers à s'enfuir. Quand les premiers coups ont été tirés, ils ont disparu».

En janvier, près de 200 soldats sud-africains ont été déployés en Centrafrique en soutien au président François Bozizé, pour tenter de restaurer la paix civile. Ils ont été attaqués par quelque 3 000 rebelles mieux armés. Treize d'entre eux sont mort dans les combats.

 

Une bonne partie des rebelles n'étaient «que des enfants»

 

Deux autres hebdomadaires dominicaux sud-africains, City Press et Rapport, publient des témoignages similaires et soulignent qu'une bonne partie des rebelles n'étaient «que des enfants».

De son côté, la Force de défense nationale sud-africaine (SANDF) n'a pas voulu commenter l'implication supposée d'enfants-soldats contre ses soldats. «Ce dont nous avons été informés, c'est que des groupes de rebelles ont ouvert le feu sur nos soldats et nos soldats ont répondu par auto-défense» a expliqué le porte-parole de l'armée sud-africaine.

Les combats auraient duré dix heures. Aucun bilan précis de ces affrontements n'a été fourni. La Croix-Rouge centrafricaine a seulement indiqué que 78 corps ont été «ramassés» dans les rues de Bangui depuis la prise de la capitale par la rébellion.

En Afrique du Sud, l'implication des troupes dans les combats de Bangui fait polémique. Le président Jacob Zuma, considéré comme ayant été le dernier soutien à l'ex-homme fort de Bangui, François Bozizé, se trouve en porte-à-faux avec sa doctrine de non-intervention et de promotion du dialogue dans les conflits, comme en Libye en 2011.

 

Il doit se rendre mercredi 3 avril au sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) consacré à la situation en Centrafrique. Elle aura lieu à N'Djamena au Tchad.

LeParisien.fr avec l’AFP, 31.03.2013