Elections du 23 janvier 2011 en Centrafrique : Résultats incomplets des votes, des élus députés du 1er tour, irrégularités, et la Cour constitutionnelle qui doit dire le droit

 

 

Centrafrique : la Commission électorale n’a pas fait le plein des votes

Par RFI - samedi 05 février 2011

En Centrafrique, les résultats de la présidentielle du 23 janvier 2011 transmis à la Cour constitutionnelle, ne sont pas complets. Un quart des bureaux de vote, soit 1 262, n'ont pas été pris en compte. Or, la Commission électorale indépendante a annoncé mardi 1er février que le président Bozizé avait remporté l'élection dès le 1er tour avec 66% des voix.

Sur les 4 618 bureaux de vote installés à travers tout le pays, la Commission électorale indique dans son tableau récapitulatif avoir compilé les résultats de 3 356 bureaux. 1.262 bureaux de vote n'ont donc pas été comptabilisés, ce qui peut représenter entre 400 et 500 000 voix.

D'après une source gouvernementale, « il est possible que certains bureaux de vote n'aient pas ouverts, dans le nord-est par exemple. Il est possible aussi que des procès-verbaux soient parvenus à la CEI mais sans fiches de résultats et n'aient donc pas pu être traités ».

Mais comme le soulignent plusieurs sources « on ne perd pas les résultats de 27% des bureaux de vote comme cela ». Un observateur ajoute même que « tout est question d'échelle ! On ne peut que s'interroger : est-ce que tout cela est le fruit du hasard ? Est-ce que certaines régions sont plus concernées que d'autres ? Quel peut être impact sur les résultats proclamés ? ».

« On vient tout juste de découvrir ce problème. Pour le moment on est en train d'essayer de comprendre ce qui a pu se passer », explique une source onusienne.

Le dossier est à présent dans les mains de la Cour constitutionnelle.

 

 


 

 

RCA : La Cour constitutionnelle dira-t-elle le droit

lundi 7 février 2011 - Boulkindi COULDIATI, Le Pays

L’élection présidentielle du 23 janvier dernier, en République centrafricaine (RCA), n’en finit pas de faire des gorges chaudes. Certes, François Bozizé, selon les résultats provisoires, "remporte" la présidentielle avec un score de 66,08% mais, selon toute vraisemblance, il est encore loin de savourer tranquillement sa victoire. En effet, après avoir décrié l’impréparation des élections, qui laissait subodorer des fraudes à grande échelle, les opposants centrafricains viennent, cette fois-ci, de révéler un autre problème, et ce n’est pas le moindre.

Une grande partie des voix exprimées n’ont pas été prises en compte lors du dépouillement. Aujourd’hui, avec ce nouveau couac, tous ceux qui taxaient les opposants de mauvais perdants ont de quoi reconsidérer leur position. En tout cas, Ange Félix Patassé, Martin Ziguélé et tous les autres contestataires des résultats provisoires, ont de bonnes raisons de le faire au regard de cette dernière révélation. Pour l’heure, on se pose la question suivante : puisque Bozizé n’attend, maintenant, que l’onction des juges constitutionnels pour prêter serment et entamer un nouveau mandat, que fera alors la Cour constitutionnelle ? Va-t-elle passer ces voix par pertes et profits ? Ou bien demandera-t-elle la reprise des élections dans les zones où se pose le problème ?

Pour tout dire, l’instance juridique suprême dira-t-elle le droit ? Les Cours africaines étant généralement des caisses de résonance des régimes en place, il faut craindre le surgissement d’un dramatique feuilleton qui va mettre toute la République en transes. Sans doute Bozizé a-t-il joué son va-tout pour remporter cette élection dès le premier tour afin d’éviter ce qui est arrivé à l’Ivoirien Laurent Gbagbo, et au Gabonais Ali Bongo. C’est en cela que le cas Gbagbo apporte de nouvelles inspirations aux présidents africains dont le défi semble désormais clair : remporter coûte que coûte la victoire dès le premier tour.

Aujourd’hui c’est Bozizé, demain ce sera Kabila et la liste risque, hélas, d’être longue. Si on n’y prend garde, il n’est plus loin le jour où, en Afrique, les dieux de la démocratie vont déserter l’Olympe. Pauvre de notre continent où on a la fâcheuse impression que la démocratie ne se lasse jamais d’exécuter la danse du Tango.

 

 


 

 

Centrafrique: 26 députés du parti de Bozizé élus au 1er tour

 

BANGUI, AFP, 7 février 2011 - Vingt-six membres du parti de François Bozizé, réélu président de la Centrafrique avec 66,08% des voix, ont été élus députés dès le 1er tour du scrutin législatif du 23 janvier mettant en jeu les 105 sièges de l'Assemblée, selon les résultats annoncés lundi par la Commission électorale (CEI).

Trente-cinq candidats ont été élus dès le 1er tour: 26 appartiennent au Knk (Kwa na Kwa, le travail rien que le travail) le parti de Bozizé, 8 sont des indépendants dont certains proches de Bozizé, et un est du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC, opposition) de l'ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle Martin Ziguélé.

68 sièges sont donc en ballottage alors que 2 circonscriptions devront revoter en raison de la "non ouverture de bureaux de vote" à Birao 2 (nord) et du "non rapatriement de l'ensemble des résultats" à Boganda (sud).

Le Knk arrive en tête dans la plupart des circonscriptions et semble bien parti pour remporter une majorité absolue à l'Assemblée nationale le 20 mars lors du 2e tour. Le Knk et ses partis alliés disposaient de 80 des 105 sièges lors de la précédente législature, l'opposition, tous partis confondus, ayant 25 députés.

Ce scrutin législatif a eu lieu en même temps que la présidentielle dont le résultat provisoire a été annoncé le 2 février. M. Bozizé a été réélu président au 1er tour avec 66,08% des suffrages. L'ex-président Ange-Félix Patassé, renversé par Bozizé en 2003, est arrivé 2e avec 20,10% des suffrages.

Suivent l'ancien Premier ministre Martin Ziguélé 6,46%, l'économiste Emile Gros-Raymond Nakombo 4,64% et l'ex-ministre de la Défense et représentant l'ex-rébellion de l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie et le développement (APRD) Jean-Jacques Demafouth 2,72%.

Les résultats de la présidentielle comme des législatives doivent encore être validés par la Cour constitutionnelle.

Les quatre candidats de l'opposition à la présidentielle ont affirmé rejeter les résultats et dénoncé de nombreuses irrégularités.

Parmi les figures de proue pour ces législatives, le président Bozizé est élu député dès le 1er tour avec 51% des suffrages dans le 4e arrondissement de Bangui devant le célèbre avocat et opposant Nicolas Tiangaye (indépendant) qui a reçu 41% des voix.

Plusieurs membres de la famille de Bozizé sont aussi élus dès le 1er tour. Ainsi, sa femme Monique Bozizé l'emporte à Ombella-Mpoko (Nord de Bangui). Son fils, le ministre de la défense Jean-Francis Bozizé passe au 1er tour à Kabo (nord) alors qu'un autre de ses fils Socrate, entrepreneur, est élu à Gambo (est).

Le neveu du président, le très puissant ministre des mines Sylvain Ndoutingai l'emporte à Berberati (ouest) avec 56% des voix devant M. Patassé (15%) et un autre candidat la présidentielle M. Nakombo.

M. Ziguélé est en ballottage difficile avec 11% des voix à Bocaranga (nord) alors que M. Demafouth est battu dès le 1er tour à Sibut (est).

Le Premier ministre Faustin Archange Touadera (Knk) passe dès le 1er tour à Damara (est).

 

Actualité Centrafrique de sangonet