Arrestation en Centrafrique de trois membres de la commission électorale, et convocation pour examen des recours en annulation des votes du 23 janvier 2011

 

 


Arrestation en Centrafrique de trois membres de la commission électorale de Boganda

Par RFI - vendredi 11 février 2011

Trois membres d’une commission électorale locale de la République de Centrafrique ont été placés en garde à vue. Il s’agit du président de la commission électorale de Boganda, du président du centre de dépouillement, et du responsable du dépouillement de cette localité du sud du pays. Ils sont accusés d’avoir retenu les résultats de cette circonscription. Mais pour l’opposition, ces irrégularités ont une ampleur nationale, et dénonce de ce fait, une diversion.

 

La Commission électorale indépendante (CEI) est dans la ligne de mire de l’opposition centrafricaine qui dénonce des irrégularités avant et pendant les élections présidentielle et législatives du 23 janvier. Pour l’ancien Premier ministre Martin Ziguéle, les gardes à vue de membres d’une Commission locale ne sont qu’une diversion.

 

« Le vrai problème concerne l’ensemble des circonscriptions électorales de ce pays. Pourquoi 1262 bureaux de vote ont manqué à l’appel ? Ça porte sur 27% de l’électorat. ET pour moi, Cette affaire là est gravissime, et qui est au cœur de la crédibilité même du système qui sort cette histoire pour dire que eux, également, ils sont en train de lutter contre la fraude... ».

 

Martin Ziguélé dit attendre que la Cour constitutionnelle annule purement et simplement les élections. De son côté, Rigobert Vondo le rapporteur de la Commission électorale indépendante rejette tout en bloc. Pas de garde à vue, pas de bureaux de vote non comptabilisés au niveau national.

 

« On a laissé aucun bureau de vote non traité. Une fois que nous avons transmis des dossiers au niveau de la Cour constitutionnelle, il nous est interdit, nous la CEI, de faire des commentaires. En réalité, il ne s’agit pas d’une quelconque garde à vue. Il y a une vérification. La CEI a juste voulu vérifier certains faits qui se sont produits en son sein ».

 

Pour l’instant, les pays et les institutions internationales qui ont aidé la Centrafrique à organiser ces élections, réagissent timidement aux fraudes massives dénoncées par l’opposition.

 

 


 

Recours en annulation des élections en Centrafrique examinés samedi 12 Février 2011, les opposants "surpris"

BANGUI, 11 février 2011  - Les opposants centrafricains, Ange-Félix Patassé, ancien président arrivé 2e de la présidentielle du 23 janvier avec 20,10% et l'ex-Premier ministre Martin Ziguélé, arrivé 3e avec 6,46%, se sont déclarés "surpris" vendredi que leurs recours en annulation de l'élection auprès de la Cour constitutionnelle soient examinés dès samedi.

Interrogé sur l'audience publique de samedi, une source proche de la Cour constitutionnelle a déclaré sous couvert de l'anonymat: "Nous sommes dans le cas d'une procédure d'urgence, et on n'a pas besoin d'attendre longtemps si la cour estime qu'elle a tous les éléments qui concourent à sa décision".

"Je suis vraiment surpris par la date retenue. Nous sommes convoqués samedi à 10h00 (09h00 GMT) alors que nous n'avons finalement déposé le dossier que mercredi à 15h00. Nous avons reçu la convocation hier (jeudi) à 11h00. Quelle suspecte célérité...", a affirmé à l'AFP M. Ziguélé, joint depuis Libreville.

"C'est vraiment curieux. Nous supposons qu'ils veulent précipiter les choses, que (le président sortant François) Bozizé (réélu dès le 1er tour avec 66,08% selon les résultats provisoires) a hâte de se faire réélire. Enfin, nous verrons", a ajouté M. Ziguélé.

M. Ziguélé avait initialement annoncé avoir déposé son recours le 4 février mais son avocat a ensuite voulu apporter des précisions chiffrées et ne l'a déposé que le 9 janvier, a-t-il expliqué à l'AFP.

M. Ziguélé a déposé deux recours, demandant les annulations respectives de la présidentielle et des législatives.

"La Cour constitutionnelle nous surprend parce qu'elle met souvent un temps fou pour réagir (...) et voilà que rapidement elle veut se prononcer dans l'affaire des recours. Nous sommes convaincus que la cour constitutionnelle veut évacuer rapidement ce dossier (...) pour consacrer la réélection de François Bozizé. Mais le président Patassé ne veut pas d'un travail à la va-vite", a affirmé Guy-Simplice Kodégué, porte-parole de M. Patassé.

Le camp Patassé a également sollicité le Haut Conseil de la communication pour "exiger que l'audience publique de la Cour constitutionnelle soit retransmise à la radio nationale. Nous attendons la réponse", selon M. Kodégué.

Trois des quatre candidats de l'opposition à la présidentielle, M. Patassé et M. Ziguélé ainsi que le député et économiste Emile Gros-Raymond Nakombo (4e avec 4,64%) ont signé une déclaration commune dans laquelle ils affirment avoir constaté de nombreuses irrégularités dans l'organisation des élections et lors du scrutin. Ils reprochent notamment à la CEI de ne pas avoir comptabilisé 1.262 bureaux de vote, représentant environ 25% des voix du corps électoral.

Ancien ministre de la Défense et représentant l'ex-rébellion de l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie et le développement (APRD), Jean-Jacques Demafouth, cinquième de la présidentielle avec 2,72% des voix a lui aussi rejeté les résultats, annonçant toutefois ne pas entamer de procédure légale pour les contester.

Les résultats des élections sont toujours considérés comme provisoires, ceux-ci n'ayant pas encore été validés par la Cour constitutionnelle, qui a déjà dépassé le délai de 15 jours normalement imparti.

©AFP , romandie.com/

 

 


 

 

République Centrafricaine : Affrontements meurtriers entre l'armée et les rebelles de la CPJP dans l'est du pays

 

France 24 avec AFP - 11/02/2011

Des affrontements entre l'armée centrafricaine et des combattants de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) se sont soldés par la mort de sept rebelles. L'affrontement intervient dans un contexte post-électoral tendu.

Sept rebelles de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), qui n'a jamais signé les accords de paix, ont été tués lors d'affrontements avec l'armée à Bria, dans l'est de la Centrafrique, a-t-on appris vendredi de source militaire.

"Les combats ont été violents et ont fait sept tués dans les rangs ennemis (rebelles)" mardi et mercredi, a affirmé une source du Haut commandement militaire à Bangui, sous couvert de l'anonymat.

Selon elle, "les éléments des FACA (Forces armées centrafricaines) basés à Bria ont été informées de l'imminence d'une attaque de la CPJP contre Bria ou ses zones périphériques et ont entrepris de manoeuvrer sur l'axe Bria/Yalinga. C'est ainsi qu'ils sont tombés sur les éléments de la CPJP à deux reprises à une cinquantaine de kilomètres de Bria".

"Une importante quantité d'armes a aussi été récupérée par les FACA", a ajouté cette source.

Ces combats surviennent alors que les résultats des élections présidentielle et législatives du 23 janvier, qui donnent grand vainqueur le président François Bozizé, au pouvoir depuis 2003, n'ont pas encore été validés. L'opposition en conteste les résultats.

Joint au téléphone depuis Libreville en France, le Dr Bevarrah Lala porte-parole de la CPJP a de son côté nié des "combats" entre son mouvement et l'armée.

"Nous avons baissé les armes pendant la période électorale et nous attendons l'issue des élections. L'armée est peut être tombée sur des hommes armés, des rebelles d'autres mouvement ou des éléments égarés, mais en ce qui concerne la CPJP réelle, il n'y a rien".

La CPJP avait attaqué et occupé pendant plusieurs jours la ville de Yalinga, voisine de Bria, au mois d'août 2010, les autorités ainsi qu'une partie de la population avaient alors fui la ville. Yalinga avait ensuite été reprise sans combat par l'armée.

Le 25 novembre, la rébellion avait occupé Birao, principale ville du nord, faisant six morts et des prisonniers dans les rangs des forces gouvernementales.

Birao avait été reprise le 1er décembre grâce notamment à une intervention de l'armée tchadienne. Selon le bilan officiel, ces combats avaient fait 65 morts côté rebelles. L'armée tchadienne est encore stationnées à Birao.

La CPJP, qui affirme lutter pour la démocratie, n'a pas signé les accords de paix de 2008 en Centrafrique.

Son principal dirigeant était l'ex-ministre Charles Massi donné pour mort par sa famille depuis janvier 2010. La famille de M. Massi affirme qu'il a été enlevé le 19 décembre 2009 au Tchad, dans une zone frontalière, puis livré à la Centrafrique.

Selon la version avancée par ses proches, il aurait été transféré dans un camp militaire puis à la prison de Bossembélé (150 km au nord de Bangui) où il aurait été torturé par des éléments de la garde présidentielle

La Centrafrique est engagée depuis 2008 dans un processus de paix réunissant pouvoir, opposition et ex-rebellions pour tenter de mettre fin à des années d'instabilité et d'insécurité.

Toutefois, l'insécurité reste grande et "entre un quart et un tiers du territoire" sont "en proie à des attaques rebelles", selon une source diplomatique.

La tenue d'une présidentielle juste et transparente était l'une des conditions pour pacifier le pays, selon de nombreux observateurs.

Actualité Centrafrique de sangonet