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journaldebangui.com
Sultan El Hadj Ben Outman de Birao
La situation de
la
République centrafricaine est aujourd’hui inquiétante avec les
pillages, les règlements de compte et les exactions toujours d’actualité.
Qu’est-ce qui peut être fait pour arrêter l’hémorragie?
Tout d’abord, je tiens
à vous dire que c’est un grand ouf pour la population banguissoise depuis le 24
mars 2013. Je tiens à vous dire que ce ne sont pas d’emblée les éléments de
la Séléka qui
commettent ces gaffes dans la ville de Bangui. Nous connaissons bien la
mentalité et les mœurs de nos frères centrafricains. Au départ de Bozizé, il
avait distribué des armes, des caissettes de machettes et aussi des armes de
guerre et des tenues militaires. Ce sont ces gens-là qui ont profité de la
situation. Ils vont donc jeter les bouillabaisses sur Séléka. Au contraire,
c’est la joie car nous sommes sortis d’un gouffre profond. A dire vrai, ce n’est
pas une période très dramatique. Nous condamnons aussi d’une part ce que font
certains éléments de Séléka qui continuent dans cette dynamique car,
la Séléka est
là pour apaiser la souffrance du peuple centrafricain. Des équipes de
patrouilles font leur travail et la sanction est disciplinaire pour quiconque
ose piller. Il y a même des numéros qui sont disponibles en cas d’urgence. Je
suis donc sûr et certain qu’avec les éléments de Séléka, des FACA, de la
gendarmerie et de la police, Bangui retrouvera son calme très
bientôt.
Qu’est-ce qui
est fait pour que les populations du nord auxquelles appartient la Séléka puisse bénéficier de
ce «changement»?
Le plus grand point
est la route. Le développement d’un pays ne peut être effectif que s’il y a la
route. On dit donc que l’infrastructure routière est primordiale pour une région
donnée. Depuis l’indépendance, l’axe Bangui-Birao n’a jamais été gratté par une
pioche alors que cette région regorge de nombreuses richesses, beaucoup de
potentialités. Nous avons des réserves fauniques, le pétrole, le manganèse, le
cuivre, etc. Et ces atouts ne sont pas pour la Vakaga seule mais pour toute
la
République centrafricaine. Ainsi, je propose qu’on travaille la
principale voie qui mène dans la Vakaga. Pendant la saison
pluvieuse, la
Vakaga est coupée et prend sa source de ravitaillements vers le
Soudan. Nous devons rompre avec ce rythme. J’en profite pour demander au
gouvernement de penser aussi aux autres régions qui ont été abandonnées, à
l’exemple des zones du sud et du sud-est.
Le
Centrafricain a peur de la face islamiste de Séléka. Que
répondrez-vous?
La
République centrafricaine a
toujours été un Etat laïc et rien ne va changer sur ce point. Le président
Djotodjia n’est pas venu uniquement pour les musulmans mais pour la République
centrafricaine.
Au départ de la
crise qui a fini par porter Michel Djotodjia au sommet de l’Etat des
Centrafricains originaires du nord de la RCA ont été traqués, arrêtés ou enlevés.
Quel est leur sort aujourd’hui?
Nous sommes très
désolés de devoir perdre beaucoup de parents dans cette situation aujourd’hui.
On nous a montré des endroits probables dans lesquels pouvaient se trouver ces
parents mais on ne les a trouvés nulle part. Mais nous savons qu’ils sont morts
dans l’injustice totale pour ce pays donc ce sont des martyrs de la liberté.
Nous déplorons cela et demandons que ceux qui sont derrière ces massacres soient
traduits devant des juridictions internationales car après tout ce sont des
Centrafricains.
Connaissant vos
expériences, quelle pierre apportez-vous pour l’édifice du changement?
Moi qui vous parle, je
suis un administrateur civil en retraite mais prêt à revenir servir mon pays.
J’ai servi 14 préfectures sur les 16 que compte la République centrafricaine et j’en
ai même doublé en tant que sous-préfet et autres services. Je souhaiterais que
le nouveau régime fasse appel à certains fonctionnaires retraités mais
récupérables car ils possèdent des expériences avantageuses pour le pays. J’en
profite rendre grâce à Dieu pour ce qu’il a fait pour notre pays. Nous devons
nous lever et nous mettre au travail afin de re-construire notre beau
pays.
Source : journaldebangui.com -
08/04/2013