Centrafrique: Un dignitaire de la Vakaga explique l’idéologie de la Séléka

Par P-P/Journaldebangui.com - 08/04/2013

 

La parole a été donnée au Sultan El Hadj Ben Outman de Birao qui a participé au couronnement de Kadhafi

Depuis le 24 mars 2013, la RCA a connu un changement ayant conduit Michel Djotodjia à la tête de l’Etat centrafricain. Mais cette prise de pouvoir a été effective sur des sacrifices. Derrière le putsch de la Séléka, on craint l’idée d’un islamisme radical étant donné que, les rebelles se sont attaqués à des lieux de culte chrétien. Pour faire le point sur toute cette situation, nous avons donné la parole au Sultan El Hadj Ben Outman de Birao qui a participé au couronnement de Kadhafi.

Sultan El Hadj Ben Outman de Birao
© journaldebangui.com
Sultan El Hadj Ben Outman de Birao

La situation de la République centrafricaine est aujourd’hui inquiétante avec les pillages, les règlements de compte et les exactions toujours d’actualité. Qu’est-ce qui peut être fait pour arrêter l’hémorragie?

Tout d’abord, je tiens à vous dire que c’est un grand ouf pour la population banguissoise depuis le 24 mars 2013. Je tiens à vous dire que ce ne sont pas d’emblée les éléments de la Séléka qui commettent ces gaffes dans la ville de Bangui. Nous connaissons bien la mentalité et les mœurs de nos frères centrafricains. Au départ de Bozizé, il avait distribué des armes, des caissettes de machettes et aussi des armes de guerre et des tenues militaires. Ce sont ces gens-là qui ont profité de la situation. Ils vont donc jeter les bouillabaisses sur Séléka. Au contraire, c’est la joie car nous sommes sortis d’un gouffre profond. A dire vrai, ce n’est pas une période très dramatique. Nous condamnons aussi d’une part ce que font certains éléments de Séléka qui continuent dans cette dynamique car, la Séléka est là pour apaiser la souffrance du peuple centrafricain. Des équipes de patrouilles font leur travail et la sanction est disciplinaire pour quiconque ose piller. Il y a même des numéros qui sont disponibles en cas d’urgence. Je suis donc sûr et certain qu’avec les éléments de Séléka, des FACA, de la gendarmerie et de la police, Bangui retrouvera son calme très bientôt.


Qu’est-ce qui est fait pour que les populations du nord auxquelles appartient la Séléka puisse bénéficier de ce «changement»?

Le plus grand point est la route. Le développement d’un pays ne peut être effectif que s’il y a la route. On dit donc que l’infrastructure routière est primordiale pour une région donnée. Depuis l’indépendance, l’axe Bangui-Birao n’a jamais été gratté par une pioche alors que cette région regorge de nombreuses richesses, beaucoup de potentialités. Nous avons des réserves fauniques, le pétrole, le manganèse, le cuivre, etc. Et ces atouts ne sont pas pour la Vakaga seule mais pour toute la République centrafricaine. Ainsi, je propose qu’on travaille la principale voie qui mène dans la Vakaga. Pendant la saison pluvieuse, la Vakaga est coupée et prend sa source de ravitaillements vers le Soudan. Nous devons rompre avec ce rythme. J’en profite pour demander au gouvernement de penser aussi aux autres régions qui ont été abandonnées, à l’exemple des zones du sud et du sud-est.


Le Centrafricain a peur de la face islamiste de Séléka. Que répondrez-vous?

La République centrafricaine a toujours été un Etat laïc et rien ne va changer sur ce point. Le président Djotodjia n’est pas venu uniquement pour les musulmans mais pour la République centrafricaine.


Au départ de la crise qui a fini par porter Michel Djotodjia au sommet de l’Etat des Centrafricains originaires du nord de la RCA ont été traqués, arrêtés ou enlevés. Quel est leur sort aujourd’hui?

Nous sommes très désolés de devoir perdre beaucoup de parents dans cette situation aujourd’hui. On nous a montré des endroits probables dans lesquels pouvaient se trouver ces parents mais on ne les a trouvés nulle part. Mais nous savons qu’ils sont morts dans l’injustice totale pour ce pays donc ce sont des martyrs de la liberté. Nous déplorons cela et demandons que ceux qui sont derrière ces massacres soient traduits devant des juridictions internationales car après tout ce sont des Centrafricains.


Connaissant vos expériences, quelle pierre apportez-vous pour l’édifice du changement?

Moi qui vous parle, je suis un administrateur civil en retraite mais prêt à revenir servir mon pays. J’ai servi 14 préfectures sur les 16 que compte la République centrafricaine et j’en ai même doublé en tant que sous-préfet et autres services. Je souhaiterais que le nouveau régime fasse appel à certains fonctionnaires retraités mais récupérables car ils possèdent des expériences avantageuses pour le pays. J’en profite rendre grâce à Dieu pour ce qu’il a fait pour notre pays. Nous devons nous lever et nous mettre au travail afin de re-construire notre beau pays.

Source : journaldebangui.com - 08/04/2013