Elections présidentielle et législative centrafricaines du 23 janvier 2011 : Le Collectif des Forces du Changement exige l’annulation de ces élections pour fraudes. Le président sortant Bozizé récuse.

 

- Propos liminaire de la conférence de presse du Collectif des Forces du Changement (mardi 25 janvier 2011)

- Tableau synoptique des irrégularités constatées

- Présidentielle en Centrafrique : des candidats de l'opposition réclament l'annulation du scrutin (RFI)

- Des candidats réclament l'annulation des élections en Centrafrique (AFP)

 


 

 

COLLECTIF DES FORCES DU CHANGEMENT (C.F.C)

PROPOS LIMINAIRE DE LA CONFERENCE DE PRESSE du CFC (MARDI 25 JANVIER 2011)

Le Collectif des Forces du Changement (CFC), soucieux de préserver la paix, la sécurité et l’unité nationale pour un développement durable de notre pays la République Centrafricaine, a pris part activement et d’une manière responsable au processus électoral devant conduire aux élections transparentes, justes et crédibles.

            Malgré les efforts patriotiques consentis par le Collectif des Forces du Changement (CFC) pour assurer un climat apaisé à ces élections groupées du 23 Janvier 2011 et dans le respect du code électoral, de l’accord portant adoption du chronogramme révisé des élections présidentielle et législatives et du code de bonne conduite adopté par consensus, le régime du Général François BOZIZE et son parti KNK, dans sa stratégie de conservation coûte que coûte du pouvoir de l’Etat, ont abusé de la confiance de la classe politique centrafricaine et opéré des fraudes massives et ostentatoires dans toutes les circonscriptions électorales tant à Bangui que dans les villes de province.

            Les résultats partiels qui parviennent au niveau des différents états- majors des partis politiques de l’opposition, à savoir le Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC), la  Convention Républicaine pour le Progrès Social (CRPS), la Nouvelle Alliance pour le Progrès (NAP), l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP), le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), LONDÖ, PATRIE et le Forum Civique FC sont suffisamment expressifs et prouvent à suffisance le plan machiavélique ourdi et arrêté de longue date par le Général François BOZIZE et son parti  le KNK.

            Le Collectif des Forces du Changement (CFC), dans les différentes déclarations radiodiffusées et télévisées de ses leaders n’a eu de cesse d’attirer l’attention de la Commission Electorale Indépendante (CEI) et de la Communauté Internationale sur l’impréparation des élections, les multiples violations du Code Electoral et des différents accords signés par toutes les entités ayant pris part au Dialogue Politique Inclusif (DPI).

Aujourd’hui, force est de constater que l’histoire donne raison à l’opposition démocratique qui ne peut accepter une mascarade électorale, qui viole la volonté populaire de nos compatriotes massivement sortis ce 23 janvier 2011 pour choisir leurs dirigeants. La frustration légitime qu’ils ressentent est porteuse des germes d’une implosion sociale aux conséquences incalculables.

 Comment accepter que dans l’ensemble des circonscriptions électorales du pays, le candidat François BOZIZE arrive quasi-systématiquement en tête avec un score qui lui donne toujours à plus de 50% des suffrages exprimés, garantissant ainsi son élection dès le premier tour ?

Comment accepter que des candidats leaders des partis politiques de l’opposition puissent recueillir des scores minables dans des zones où des scrutins leur sont traditionnellement favorables ?

Comment admettre l’intrusion intempestive des autorités locales et des éléments de forces de défense et de sécurité, notamment ceux de la Garde Présidentielle dans les bureaux de vote et centres de dépouillement pour intimider des électeurs et perturber le bon déroulement des opérations électorales?

Comment comprendre  la substitution d’urnes non homologuées à celles sensées être préalablement codifiées, et dont le convoyage devait être sécurisé ?

Comment accepter que des listes électorales dont l’affichage est obligatoire pour vérification et correction préalables ne le soient  au plus tôt que la veille du scrutin, empêchant de fait toutes corrections éventuelles et semant le désordre le jour même du scrutin ?

Comment accepter que les Présidents de bureaux de vote et les assesseurs désignés par les CEI locales soient récusés et tous remplacés par des militants du seul parti KNK ?

Comment expliquer que des très nombreux électeurs, pourtant recensés et détenteurs des cartes d’électeurs, ne retrouvent pas leurs noms sur les listes transcrites par la CEI, et n’aient pu voter et  que d’autres personnes aient curieusement pu voter à leur place? Comment ces « votants » ont-ils pu faire la preuve d’une identité qui n’est pas la leur ?

Comment expliquer la pénurie de cartes d’électeurs annoncée par la CEI pendant le recensement électoral, et que curieusement une multitude de cartes d’électeur parallèles ont été distribués par des responsables locaux du parti KNK, permettant à leurs détenteurs illégaux de voter plusieurs fois ?

Comment accepter que les procès-verbaux n’existent pas dans plusieurs bureaux de vote et centres de dépouillement, et que là où ils existent, ils ne sont pas systématiquement remis aux représentants des candidats de l’opposition ?

Comment expliquer que des représentants dûment mandatés par les  des candidats de l’opposition soient chassés de certains bureaux de vote ?

Un tableau synoptique des irrégularités constatées à ce jour à l’issue de ce scrutin est joint à ce propos liminaire aux fins de faire état des fraudes massives organisées à dessein par le régime en place afin d’opérer un passage en force dès le premier tour.

De ce qui précède, le Collectif des Forces du Changement (CFC) :

prend à témoin la communauté nationale et internationale du caractère volontairement vicié, du fait exclusif du pouvoir et de la CEI, du scrutin du 23 janvier 2011 dont les graves dysfonctionnements constatés ôtent toute crédibilité et toute fiabilité à ses résultats :

exige l’annulation de ces élections dont les résultats sont frauduleusement manipulés et  ne  reflètent nullement les suffrages des populations du fait de leur caractère non transparent et non libre ;

usera de toutes les voies de droit pour faire respecter la volonté du peuple centrafricain sorti massivement afin de faire le choix de l’alternance démocratique par les urnes ;

appelle tous ses militants, ses sympathisants, l’ensemble de la population centrafricaine et les démocrates du monde entier à se mobiliser davantage et comme un seul homme pour faire échouer le hold-up électoral méticuleusement préparé et soigneusement exécuté par le Général François BOZIZE et son parti  KNK.

Enfin, le Collectif des Forces du Changement (CFC) rejette d’avance avec force et ne reconnaitra  pas les prétendus résultats  de cette mascarade électorale.

                                                  Fait à Bangui le 24 janvier 2011

                                             Le Collectif des Forces du Changement

 


De gauche à droite: Pr joachim renaldy SIOKE (1er vice-président du RDC), Maître Nicolas TIANGAYE (Président CRPS), Martin ZIGUELE (Président MLPC), Maître Jean Jacques DEMAFOUTH (Président NAP), Emile Gros Raymond NAKOMBO (Candidat du RDC à la Présidentielle)


Une vue des journalistes présents à la conférence

 


 

Présidentielle en Centrafrique : des candidats de l'opposition réclament l'annulation du scrutin

 

 


Martin Ziguélé (G) Emile Nakombo (C) et Jean Jacques Demafouth (D), trois candidats de l'opposition à la présidentielle centrafricaine  - G. Ngosso : Montage/ RFI

 Par RFI  - mercredi 26 janvier 2011

La tension monte en République centrafricaine trois jours après le premier tour de la présidentielle. Trois des cinq candidats à l’élection du dimanche 23 janvier 2011 menacent de saisir la Cour constitutionnelle d’un recours en annulation du scrutin. Lors d’une conférence de presse, les candidats Jean-Jacques Demafouth, Emile Nakombo et Martin Ziguélé ont déclaré avoir recensé de très nombreuses irrégularités et accusent le président sortant, François Bozizé, de s’être livré à un hold-up électoral. Le parti au pouvoir a immédiatement condamné ces propos. De son côté, l’OIF a fait état de nombreux dysfonctionnement qui ont émaillé ce scrutin.

Les trois candidats ont distribué à la presse un document de quatre pages comprenant une liste circonstanciée de toutes les irrégularités recensées le jour du scrutin. Exaspérés, les trois candidats, qui sont alliés au sein d’une coalition, vont saisir la Cour constitutionnelle et menacent de prendre la rue s’ils sont déboutés, comme le confirme Nicolas Tiangaye. Il est le porte- parole du collectif des forces du changement :

« Nous avons des preuves que les élections se sont déroulées dans des conditions qui ne sont pas acceptables…fraude massive… On vous a présenté des preuves. Il est évident que la population a aussi son mot à dire. Cela veut dire qu’on appellera la population pour l’informer de la situation à travers des meetings, des sit-in, ou bien des marches de protestation ».

Un véritable dialogue de sourds dans le pays

Le parti au pouvoir a répliqué dans la foulée. Lors d’une conférence de presse dans l'aprés-midi du 25 janvier, Elie Oueifio le secrétaire général du Parti KNK (Kwa na kwa - le travail, rien que le travail en langue songo), a vivement recommandé à l’opposition de s’en tenir aux organes compétents pour statuer sur le contentieux des opérations électorales. « Ce sont des déclarations assez dangereuses. Si aujourd’hui, des leaders de partis politiques disent qu’ils vont aller au-delà des lois, ça veut dire qu’ils sont hors la loi… Il n’y a que la loi qui doit s’occuper de ce genre de citoyens. Je ne comprends pas leur logique ».

Pouvoir et opposition s’accusent donc mutuellement d’œuvrer pour l’instabilité. Le dernier épisode de violences post-électorales remonte à 1992 en Centrafrique, mais on assiste actuellement à un véritable dialogue de sourds dans le pays. Le scrutin groupé de Dimanche 23 janvier 2011 était censé être l’aboutissement d’un dialogue entamé en 2008. De ce point de vue les élections sont un échec. L’organisation internationale de la francophonie a livré une liste fournie d’irrégularités dans le communiqué de sa mission d’observation du 25 janvier.  Pierre Buyoya chef de la mission d’observation de l’OIF en Centrafrique, et ancien président burundais, énumère ces dysfonctionnements :

La mission a ainsi noté que la confection et l’affichage des listes électorales, l’établissement ainsi que la délivrance des cartes d électeurs, ont constitué la source majeure des dysfonctionnements techniques relevés. Les insuffisances et irrégularités suivantes ont été constatées : la maîtrise insuffisante des règles et procédures par les membres des bureaux de vote, la présence des représentants de l’administration dans certains bureaux de vote, le nombre élevé de votes par dérogation. - Pierre Buyoya [Ancien président burundais, et chef de la mission d’observation de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) en Centrafrique]

L'OIF invité les candidats à recourir aux voies légales en cas de contestation des résultats. La Commission électorale devrait publier les résultats provisoires au plus tard samedi 28 janvier. Les candidats qui le souhaitent ne peuvent formuler un recours en annulation qu’après la validation des résultats par la Cour constitutionnelle.

 

 


 

Des candidats réclament l'annulation des élections en Centrafrique

De Christian PANIKA (AFP) – Bangui, 25 janvier 2011

La machine des élections présidentielle et législatives centrafricaines s'est grippée mardi avec la demande d'un collectif d'opposition - dont trois candidats à la présidentielle - d'annuler le double scrutin, dont ils ont rejeté les résultats avant même leur publication.

La demande a été faite par le Collectif des forces du changement (CFC), collectif regroupant l'opposition et d'anciennes rébellions, auquel appartiennent trois des cinq candidats à la présidentielle: Martin Ziguélé, Jean-Jacques Demafouth et Emis Gros-Raymond Nakombo, ainsi que 213 candidats aux législatives.

L'ex-Premier ministre Martin Ziguélé, l'ex-ministre de la Défense et chef d'une des plus importantes ex-rébellions du pays Jean-Jacques Demafouth ainsi que Emile Gros-Raymond Nakombo, du parti de l'ex-président décédé André Kolingba, étaient en lice pour la présidentielle avec le chef de l'Etat sortant François Bozizé, élu en 2005 et qui apparaît favori, et son prédécesseur qu'il a renversé en 2003, Ange-Félix Patassé.

Le CFC "exige l'annulation de ces élections, dont les résultats sont frauduleusement manipulés et ne reflètent nullement les suffrages des populations du fait de leur caractère non transparent et non libre", indique-t-il dans une déclaration lue devant la presse par son porte-parole, Me Nicolas Tiangaye.

Le collectif "rejette d'avance avec force et ne reconnaîtra pas les prétendus résultats de cette mascarade".

Les premiers résultats des élections ne seront publiés qu'à partir du vendredi 28 janvier, avait annoncé lundi la Commission nationale électorale (CEI), en mettant en garde contre l'utilisation de "chiffres bruts" publiés au compte-gouttes par certains médias locaux.

Aucune estimation officielle n'était disponible mardi sur le double scrutin, marqué par un vote massif et l'absence d'incident majeur, mais aussi par des retards et "dysfonctionnements", d'après les observateurs électoraux.

Pour "faire respecter la volonté du peuple centrafricain", le CFC affirme qu'il "usera de toutes les voies de droit". Ce qui, d'après les candidats mécontents, signifie un recours en premier à la CEI et, en cas d'insuccès, à la Cour constitutionnelle.

"Mon parti (...) va saisir la CEI dès aujourd'hui" mardi, a déclaré M. Ziguélé lors d'une conférence de presse après la déclaration du CFC.

Jean-Jacques Demafouth a aussi souligné le caractère légal de leurs moyens de contestation, tout en prônant l'apaisement: "Les gens veulent qu'en Centrafrique on s'affronte et que le sang coule pour qu'ils en tirent profit, mais nous allons rester dans le cadre légal".

Cette demande d'annulation des élections intervient après plusieurs accusations d'irrégularités formulées par l'opposition, qui soupçonnait les autorités, dés avant le scrutin, de vouloir frauder pour permettre à François Bozizé de passer au premier tour. Un éventuel second tour se tiendrait le 20 mars, d'après le calendrier électoral.

Ces accusations ont été réitérées mardi par le CFC, qui s'est interrogé sur des scores attribués au président sortant: "comment comprendre que dans l'ensemble des circonscriptions électorales du pays, le candidat François Bozizé arrive quasi-systématiquement en tête avec un score qui lui donne toujours (...) plus de 50% des suffrages exprimés, garantissant ainsi son élection dès le premier tour?".

Aucune réaction n'avait pu être obtenue dans l'immédiat auprès de l'entourage de François Bozizé, qui a régulièrement balayé les allégations, accusant ses opposants de "mauvaise foi" et affichant sa confiance en sa réélection.

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