Discours de Michel Djotodia à l'occasion de son élection par le CNT

 

Djotodia élu president du CNT 13 avril 2013

 

En m’élisant dans les fonctions du Président de la République, Chef de l’Etat, vous venez de prouver un acte harmonieux et historique pour le devenir de notre cher et beau pays.


Je voudrais tout d’abord adresser mes vifs et sincères remerciements aux membres du Conseil Supérieur de Transition pour le consensus dégagé autour de ma candidature et de ma modeste personne. Mes remerciements s’adressent aussi à la communauté internationale tout entière en particulier, la France, la Communauté économique et monétaire en Afrique Centrale, la communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale, l’Union européenne, l’Union africaine et les Nations unies pour les efforts qu’elle de cesse de déployer en faveur de la paix et dans l’intérêt du peuple centrafricain tout entier.

Je mesure à sa juste valeur la porté et la charge que vous venez de me confier et je puis vous assurer que je ne ménagerai aucun efforts pour assurer la transition politique qui vient de commencer.


J’en appelle au bon sens et au patriotisme de tout un chacun afin que nous puissions ensemble relever les défis importants qui s’imposent à nous tous, notamment : la reconstruction de l’unité nationale, la sécurité sur toute l’étendue du territoire nationale, la recherche de la paix sociale et le redémarrage de notre économie

Il est temps pour nous, désormais de retrousser les manches et de nous mettre résolument au travail, seul moyen qui nous permettra de relever les défis importants qui s’imposent à notre pays.

Que Dieu bénisse la République Centrafricaine, Vive la République

Je vous remercie

 

Samedi 13 Avril 2013

(Source : http://www.beafrika.net)

 


 

Centrafrique: le rebelle Michel Djotodia élu président de la République

 

Par Christian PANIKA- AFP 13 avril 2013

 

Michel Djotodia, chef de la coalition rebelle qui a pris le pouvoir en Centrafrique le mois dernier en renversant le président François Bozizé, a reçu samedi le vernis institutionnel qui lui manquait en étant élu président de la République lors de la première session du Conseil national de transition (CNT), formé par toutes les composantes politiques du pays.

M. Djotodia, qui s'était autoproclamé président après la prise de Bangui le 24 mars par les rebelles du Séléka, était l'unique candidat. Il a été élu sous les applaudissements par acclamation, sans vote.

Selon une source diplomatique, l'élection était un passage obligé pour "donner un peu de légitimité" à Michel Djotodia avec "un habillage institutionnel" alors que ses hommes contrôlent le pays et la capitale.

Elu pour 18 mois, cet homme réservé, voire mystérieux né en 1949 sans qu'on sache à quelle date exactement, aura la charge de conduire ce pays à l'histoire mouvementée vers des élections libres et démocratiques et une nouvelle constitution après les dix ans du régime Bozizé.

"Je mesure à sa juste valeur la porté et l'importance de la charge que vous venez de me confier. Je ne ne ménagerai aucun effort pour assurer de manière concertée la transition qui vient de commencer", a-t-il déclaré dans son premier discours en tant que chef de l'Etat, se posant en rassembleur et soulignant qu'il s'agissait d'une "transition".

"J'en appelle au bon sens et au patriotisme de tout un chacun afin que nous puissions relever les défis importants qui s'imposent à tous", a-t-il poursuivi.

Il a énuméré "la reconstruction de l'unité nationale, la sécurité sur toute l'étendue du territoire national, la recherche de la paix sociale le redémarrage de notre économie" comme les tâches fixées au nouveau pouvoir.

L'offensive rebelle lancée en décembre, accompagnée de pillages qui n'ont pas cessé, a détruit une partie du tissu économique du pays qui figurait déjà parmi les plus pauvres de la planète.

La sécurisation de cette ancienne colonie française avec des hommes en armes partout paraît une gageure dans un pays de 5 millions d'habitants où l'administration en partie détruite n'a jamais vraiment réussi à étendre son pouvoir.

Il faudra aussi éviter tout dérapage sur le plan religieux. De nombreux chrétiens craignent désormais une domination de l'islam alors que les rebelles parvenus au pouvoir sont majoritairement issus du nord musulman. M. Djotodia est d'ailleurs le premier musulman à devenir président de ce pays à majorité chrétienne.

Par le passé, le nouveau dirigeant s'était engagé à respecter les accords signés en janvier à Libreville entre les composantes politiques de la Centrafrique et qui lui interdisent de révoquer le Premier ministre Nicolas Tiangaye, issu de l'opposition au président Bozizé.

La mise en place du CNT était l'une des recommandations du sommet des chefs d'Etat d'Afrique centrale réunis à N'Djamena le 3 avril qui cherchaient à normaliser la situation après la victoire militaire de la rébellion.

Ce Conseil est composé à la fois de membres du Séléka, de l'ancienne opposition au président déchu, de partisans de l'ancien régime, ainsi que d'anciens rebelles et personnalités de la société civile.

En répétant être attaché aux accords de Libreville et en acceptant les recommandations de N'Djamena, le président Djotodia, désormais plus légitime, devrait pouvoir convaincre de réintégrer son pays dans le concert international après qu'il eut été suspendu par l'Union africaine et eut vu les aides extérieures gelées.

Vendredi soir, la radio avait annoncé que le CNT était passé de 97 à 105 membres, apparemment pour satisfaire des demandes de la société civile et de certains partis politiques. Ce chiffre de 105 correspond au nombre de députés dans l'ancienne assemblée nationale, alors que le CNT est appelé non seulement à légiférer mais aussi à jouer un rôle d'assemblée constituante.

La mise en place du CNT était l'une des recommandations du sommet des chefs d'Etat d'Afrique centrale réunis à N'Djamena le 3 avril qui cherchait à normaliser la situation après la victoire militaire de la rébellion. Ce Conseil est composé à la fois de membres du Séléka, de l'ancienne opposition au président déchu, de partisans de l'ancien régime, ainsi que d'anciens rebelles et personnalités de la société civile.

Le CNT est appelé non seulement à légiférer mais aussi à jouer un rôle d'assemblée constituante. Les personnalités de la société civile, nommées par différentes organisations (jeunesse, femmes, patronat, syndicat etc...) composent l'essentiel du CST. Le Conseil compte également de nombreux anciens ministres et députés, parmi lesquels l'ex-Premier ministre Enoch-Dérant Lakoué (1992-1993), Cyriaque Gondale, président du Parti national pour un Centrafrique nouveau (PNCN), ou l'ancien ministre de la Défense Jean-Jacques Demafouth, opposant emprisonné par le président Bozizé.

Formé en URSS, M. Djotodia a d'abord été fonctionnaire au Plan, puis consul de Centrafrique, avant d'échouer deux fois aux législatives. Il passe à la rébellion en 2005, connait l'exil puis rentre dans son pays où il fonde le Séléka ("alliance", en langue nationale sango) en juin 2012. Moins d'un an plus tard, ce maître en stratégie et communication est le nouveau président centrafricain.