Diffusion le 23/05/2013 -
jpaprod.com
NOUS AVONS RECUILLI SES
PROPOS.
Culture Infos
C.I
François Passéma
F.P
C.I- Monsieur le Président, nous remarquons que vous
êtes le seul représentant politique à cette manif, pourquoi
?
F.P- Le Comité d’Action pour la Conquête
de la Démocratie en Centrafrique (CACDCA) que nous animons est une organisation
politique qui exclut toute violence, d’où qu’elle vienne, comme moyen pour
accéder et/ou se maintenir au pouvoir et nous avons pour mission, en notre
qualité de responsable politique centrafricain, d’enseigner à nos concitoyennes
et concitoyens que le recours à la violence est l’apanage des sociétés
primitives qui vivaient en dehors de tout cadre étatique. Le peuple
centrafricain, peuple évolué, n’a rien à gagner à recourir à quelque moyen de
destruction que ce soit pour exprimer ces exigences aussi légitimes soient
elles. Nous sommes aujourd’hui la risée de toute l’Afrique qui se demande
comment depuis des décennies nous Elites Centrafricaines étalons lamentablement
notre incapacité à construire une société apaisée et sécurisée dans notre pays,
pour notre peuple. Et dire que pris individuellement, la communauté
internationale trouve que nous sommes, chacun en ce qui le concerne, des cadres
compétents dans nos différents domaines d’activités accomplissant avec
efficacité les missions qu’on nous confie en dehors de la République
centrafricaine.
C.I- Que
pensez-vous de la situation sécuritaire qui prévaut en Centrafrique, êtes-vous
aussi pour la paix ?
F.P- La Centrafrique est en train
d’écrire la page la plus sombre de son histoire en utilisant le sang du peuple
comme encre et le bon sens exige que nous n’ayons plus à nous poser la question
de savoir si nous avons besoin ou non de la paix, car vivre dans l’anarchie que
provoquent les affrontements armés ne profite à personne ; Nous ne faisons que
nous enfoncer davantage dans la misère et le dénuement. Si depuis 1980, date à
laquelle le Président David Dacko nous a proposé, lors d’une rencontre à
Libreville au Gabon, d’intégrer son équipe dirigeante, offre que nous avions
déclinée, et que jusqu’à ce jour nous n’avons pas jugé opportun de nous associer
aux différentes équipes dirigeantes, c’est parce que nous estimons que la
souveraineté appartient au peuple centrafricain qui seul est à même de désigner
ses représentants par l’intermédiaire d’élections libres et transparentes, ce
qui n’est pas le cas en Centrafrique depuis toujours et qui a provoqué des
ressentiments qui se sont accumulés pour déboucher sur un déchainement de
violence inouïe que nous subissons aujourd’hui les affres aujourd’hui. Lorsque
monsieur Ange Félix Patassé, à la tête de notre pays, nous a empêché de
solliciter le suffrage de notre peuple lors de élections présidentielles de
1999, nous n’avions pas envisagé un seul instant l’éventualité d’un recours à la
violence dans un contexte où celui - ci était à la mode et considéré comme la
pratique normale pour obtenir gain de cause sur le plan politique. Nous avons
opté pour la voie pacifique pour obtenir que le règne de l’injustice s’éteigne
dans notre pays.
C.I- Que préconisez-vous
?
F.P- Rendre la justice aux
Centrafricaines et aux Centrafricains sans aucune distinction permettra
d’apaiser les rancœurs et d’instaurer la concorde nationale, condition
nécessairement indispensable pour une paix durable en République centrafricaine,
gage d’un début de développement de notre pays.
Le génocide économique qui a frappé
les Centrafricaines et les centrafricains a laissé des traces indélébiles, et il
faut rétablir la justice sous tous ces aspects, la justice sociale, la justice
pénale pour les criminels…la justice politique qui permet aux Centrafricaines et
aux Centrafricains de désigner démocratiquement leurs représentants à tous les
niveaux tant local que national en garantissant l’alternance dans la
transparence pour une bonne gouvernance. Rétablir l’Etat de droit dans toute sa
plénitude afin que les Services Publics de Défense et de Sécurité puissent se
mettre résolument au service du peuple centrafricain lui garantissant paix et
sécurité.
F.P- Président du CACDCA, nous nous
sommes toujours opposé à tout acte de violence et ceci ne date pas d’aujourd’hui
puisqu’en 2003 nous avions pris position contre les conditions dans lesquelles
François BOZIZE était arrivé au pouvoir et nous avions demandé qu’il ne s’y
maintienne pas en participant aux élections dont on savait que ce n’était qu’un
voile pour légitimer son installation au pouvoir. Au Professeur Abel Goumba qui
nous avait demandé d’intégrer son équipe lors de son passage à Paris en sa
qualité de Premier Ministre, nous lui avions fait savoir que nous étions d’un
avis qui était en contradiction avec cette proposition puisque la situation
était contraire à la justice. Malheureusement les faits n’ont pas tardé à aller
dans le sens de notre point de vue et la suite nous a conduits là où nous sommes
aujourd’hui. Nous avons œuvré pour que Jean Pierre BEMBA puisse répondre des
actes qu’il a commis en République centrafricaine en y déployant ses hommes en
2002 – 2003, lesquels ont commis des crimes de guerre aux conséquences
désastreuses qui se prolongent encore aujourd’hui à travers notre
pays.
C.I- Continuerez- vous à soutenir des actions pour la
paix en Centrafrique, si oui et comment les mèneriez-vous
?
F.P- Toutes les sociétés dites
développées aujourd’hui sont des sociétés qui vivent en harmonie dans la paix et
la sécurité ; Président du Comité d’Action pour la Conquête de la Démocratie en
Centrafrique (CACDCA), nous comptons organiser à Bangui un colloque ou séminaire
consacré à la paix. Nous sommes porteurs d’une réforme des programmes scolaires
incluant la paix comme discipline à enseigner dans tous les établissements
scolaires et universitaires en République Centrafricaine. Nous proposons qu’une
vulgarisation du thème « la paix et le développement » soit entreprise et que ce
sujet face l’objet de recherches universitaires à l’Université de Bangui. Enfin
dès que les conditions seront réunies, il faudra créer à Bangui un Institut de
la Paix et du Développement car au-delà de la situation sécuritaire intérieure,
l’insécurité hors de nos frontières a aussi négativement contribué à la
dégradation de la situation sécuritaire en République Centrafricaine et il est
de notre devoir d’analyser cette situation tant sur le plan politique que sur le
plan scientifique associant les universitaires des pays membres de la CEEAC afin
d’en tirer des conclusions qui puissent mettre définitivement nos peuples à
l’abri du désordre et de l’anarchie.
Nous vous remercions Monsieur le
Président.
- Initiative encourageante pour la défense de la Paix
en Centrafrique, tous mobilisons-nous.
Réalisé par Jean Pierre ADOUM pour
JPA Production-Culture Infos.