DECLARATION LIMINAIRE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE CHEF DE L’ETAT A LA CONFERENCE DE PRESSE CONJOINTE AVEC LE PREMIER MINISTRE ET LE PRESIDENT DU CONSEIL NATIONAL DE TRANSITION
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Président du Conseil National de Transition,
Mesdames et
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Journalistes et
Professionnels des Médias,
Je suis très heureux de vous
accueillir en cette rencontre dédiée aux journalistes et professionnels des
médias et je vous remercie tous d’avoir répondu favorablement à cette
sollicitation. Ces remerciements vont, en particulier, au Premier Ministre qui a
adhéré à cette initiative.Je souhaite qu’elle inaugure une nouvelle ère de
partenariat apaisé, harmonieux et débarrassé de tout a priori tendancieux.
Si votre adhésion est confirmée, je
m’emploierai à en faire un lieu d’échanges périodiques ou selon les
circonstances. Voilà quatre mois environ que je suis aux commandes de l’Etat.
Vous connaissez mieux que quiconque les raisons qui ont amené la coalition
Séléka à provoquer les évènements du 24 mars 2013. Relatant les informations au
quotidien, vous n’avez cessé de décrier dans les colonnes de vos journaux, sur
les ondes et les sites internet, les difficultés du peuple centrafricain.
Vous exercez un métier noble qui est
aussi, il faut le reconnaître, un sacerdoce. Par vocation, j’en suis certain,
vous avez embrassé cette profession malgré les incertitudes qu’elle comporte.
Puisque tel est votre choix, pratiquez-le avec conviction, selon les règles de
l’art et surtout par amour et respect pour tous ceux qui vous font confiance et
également par amour pour ce pays qui est le nôtre et que nous chérissons tous au
regard des sacrifices que nous consentons à le maintenir debout.
Le 03 mai dernier, j’ai célébré avec
vous la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse. Connaissant les difficultés
qui sont les vôtres à l’instar de toutes les Institutions de l’Etat, j’avais
fait un geste dont la valeur symbolique est au-delà de sa modicité. A cette même
occasion, je vous avais fait la promesse que je ne m’érigerai ni en censeur,
encore moins en oppresseur de la presse. Car c’est en faisant usage de votre
liberté de parole et de votre liberté de rédaction que votre métier resplendira
de tout son éclat dans le contexte qui est le nôtre.
La liberté qui vous est conférée ne
doit en rien altérer votre contribution au développement, à la consolidation de
la paix et à l’éducation du peuple centrafricain. Je vous sais capables
d’atteindre ces objectifs, imbus que vous êtes du sens de votre devoir de
reconnaissance envers la patrie qui nous abrite et fait notre fierté.
Mesdames et Messieurs les
journalistes et professionnels des Médias.
Nombreux parmi vous ont été formés à
la pratique du journalisme en temps de crise grâce à l’appui financier et
technique des partenaires au développement. Je n’ai nullement l’intention encore
moins la prétention de vous apprendre votre métier. Plus que jamais en cette
période, le pays a besoin de votre regard citoyen. Dans vos productions, les
commentaires sans passion se doivent d’être constructifs et assortis de
propositions et suggestions. Vous serez ainsi les meilleurs conseillers de ceux
qui ont la charge de la gestion de la chose publique.
Ce n’est pas parce que vous mettez
en évidence des actions positives du Gouvernement que vous compromettrez et que
vous perdrez votre qualité de journaliste, c’est-à-dire votre indépendance
d’analyse. Bien au contraire, vos arguments seront un encouragement pour les
autorités à redouble d’efforts.
Mesdames et Messieurs les
journalistes et professionnels des Médias.
En vous faisant ces observations, je
ne vous demande pas de verser dans l’autre travers qui est le culte de la
personnalité. Cette période d’encensement, de flagornerie doit être considérée
comme révolue. Je vous exhorte à aimer votre travail et de l’accomplir avec tout
le professionnalisme qu’il requiert. Face aux défis que nous devons relever pour
développer notre pays, vous devez être les artisans de paix et non des
catalyseurs de violence. Les tâches qui nous attendent sont immenses.
Maintenant, avec votre permission, portons ensemble un regard sur le chemin déjà
parcouru avec l’accompagnement de la communauté internationale.
Je saisis l’occasion pour lui rendre
un hommage appuyé plus particulièrement aux Chefs de l’Etat de la CEMAC dont le
concours inestimable nous est très précieux. Je mentirai si je disais que les
accouchements des résultats obtenus ont été sans douleur mais nous y sommes
parvenus après, parfois, je le concède de laborieuses discussions car tel est le
propre des résultats durables. Je tiens, ici à saluer la disponibilité et
l’esprit d’ouverture de toutes les parties prenantes à la transition. Convaincus
qu’elles ont été inspirées par le désir d’aider notre pays à sortir durablement
de la crise, nous avons donné une suite favorable à toutes les recommandations
fortes résultant des différents sommets des Chefs d’Etat de la CEEAC tout en
continuant à prendre en compte, en aparté, les conseils sur des sujets
spécifiques dans mes prises de décision.
Elles concernent notamment les
délais de la transition fixés à 18 mois, le respect des Accords de Libreville en
ce qui concerne la désignation du Premier Ministre, la formation d’un
Gouvernement d’Union Nationale, mise en place d’un Conseil National de
Transition d’abord de 105 membres élargis par la suite à 135. La promulgation de
la Charte Constitutionnelle est intervenue il y a peu, même si elle comporte
quelques imperfections comme dans toute œuvre humaine, reflet de la complexité
de la vie ; l’essentiel étant de nous atteler à améliorer les conditions
d’existence de nos compatriotes qu’ils attendent avec impatience et je les
comprends. Dans la pratique, j’invite toutes les Institutions à cette
compréhension.
Il reste, principalement, la mise en
place de la Cour Constitutionnelle de Transition de même que le Haut Conseil de
la Communication. Elle ne saurait tarder, le terrain étant déjà balisé par la
Loi fondamentale. Le versement de deux mois de salaires aux fonctionnaires et
agents n’est pas peu de chose. Je me fais le devoir de l’inscrire dans les
priorités du Gouvernement. Je réitère les sentiments de gratitude qui m’animent
à l’égard des Chefs d’Etat de la CEEAC et de la CEMAC.
Le déploiement des autorités
administratives, notamment, les préfets, a été lancé. A la date du 26 juillet,
huit d’entre eux ont été installés et je salue le travail accompli par le
Ministre de l’Administration du Territoire pour son courage. Le mouvement des
sous-préfets, secrétaires généraux de préfectures et sous-préfectures est à un
stade avancé de préparation. Il est souhaitable qu’il aboutisse le plus
rapidement possible pour compléter le dispositif institutionnel de reprise en
main de l’administration du pays.
La question sécuritaire reste une
préoccupation majeure pour moi. J’ai conscience qu’elle est le passage obligé
vers la reprise totale des activités socio-économiques sans lesquelles la paix
que nous nous employons, avec l’aide de la communauté internationale, à
construire demeurera un vain mot. Je déplore et condamne avec fermeté toutes les
violences qui sont commises à l’encontre des populations. Sur elles, je verse
des larmes de compassion et présente toutes mes condoléances aux familles
éprouvées
Il n’y a plus de place pour
l’impunité dans notre pays et je le répète, il n’y a plus de place pour
l’impunité dans notre pays. Les auteurs de ces crimes crapuleux sont en sursis.
Ils seront traqués, arrêtés et poursuivis. Je ne puis m’empêcher d’avoir une
pensée reconnaissante pour l’aide de la FOMAC qui dispose déjà sur le terrain
plus de deux mille hommes qui appuient les efforts du Gouvernement dans le
désarmement et la sécurisation de Bangui.
Elle vaut aussi pour l’Union
Africaine, en particulier pour le Conseil de la Paix et de la Sécurité qui
promet de déployer près de quatre mille pour sécuriser le pays. Ce serait
prétentieux de ma part d’affirmer que ce bilan est exhaustif et satisfaisant. Le
plus important est que nous avons foi et que nous réalisons des progrès aussi
modeste soient-ils.
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Président du CNT,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Journalistes et Professionnels des Médias,
S’agissant d’un échange, je ne souhaite pas monopoliser la parole mais
plutôt la partager pour la rendre plus fructueuse.
Je vous remercie de votre
bienveillante attention.
Source : Mardi 30 Juillet 2013 -
bêafrika Sango