MISE AU POINT : DES MUSULMANS, DES BANYAMULENGUE ET DES PATRIOTES par Maître ZARAMBAUD Assingambi

 

Maître ZARAMBAUD Assingambi Julien

1.       Au vu de certains réactions suite à mon article « les maladies congénitales de SELEKA », il me semble que sur les sujets mentionnés en titre, soit je ne me suis pas exprimé assez clairement, soit je n’ai pas été bien compris.

 

2.       S’agissant des musulmans, je n’ai fait que CONSTATER que SELEKA n’a pas profané et pillé les mosquées et n’a pas pillé les commerces et les domiciles des musulmans. J’étais à Bangui de fin Mars au 13 Avril 2013, j’avais donc personnellement vécu les faits. Faire ce constat, ce n’est pas accuser les musulmans de complicité ou de coaction. Loin s’en faut. Les musulmans n’ont pas à demander à SELEKA de les piller eux aussi, pour prouver par l’absurde qu’ils ne sont ni complices, ni encore moins co-auteurs. Nul ne doit être pillé, et encore moins être abattu comme du gibier, qu’il soit musulman ou chrétien. Nul lieu de culte ne doit être profané et pillé, qu’il s’agisse d’église ou de mosquée.

 

3.       Les musulmans et les chrétiens ont toujours vécu en parfaite harmonie dans notre pays ; ils continueront à vivre ainsi, en dépit des manœuvres diaboliques de division de SELEKA. D’ailleurs, après avoir pillé presque tous les chrétiens disposant de quelques biens, SELEKA a commencé à tuer et à piller des musulmans. Il va de soi que, tant qu’on se contentera de désarmer quelques éléments de SELEKA pris en flagrant délit de pillage et de passages à tabac, ou même auteurs de crimes de sang, au lieu de procéder à leur arrestation et de les tenir à la disposition de la justice quand elle sera à nouveau en état de fonctionner, et tant que ce qu’on doit à présent appeler les milices de SELEKA ne percevront ni Prime Générale d’Alimentation (PGA), ni salaires, ces milices continueront à rançonner la population et à tuer pour parvenir à leurs fins.

 

4.       Ayant détruit tout l’appareil d’Etat, tout l’appareil productif et mis les paysans dans l’impossibilité de cultiver, SELEKA s’est elle-même mise dans l’incapacité de faire face à ses obligations financières de souveraineté ; elle sera contrainte de « tendre la main de mendiant », comme aimait à le dire feu l’ex-Président Ange Félix PATASSE. Sans doute tendra – t – elle cette main en direction de Qatar, de l’Arabie Saoudite, du Koweït ou des Emirats Arabes Unis, puisque les pays développés et les Institutions financières Internationales ne le reconnaissent pas et DJOTODIA, et que l’aide de la CEEAC, qui lui dénie le titre de Président de la République, ne peut qu’être limitée tant en quantité que dans le temps. La CEEAC lui a en effet forgé le titre « sut generis » de « Président d’Etat de Transition », une sorte d’Etat qui n’est pas une République.

 

5.       S’agissant des Banyamulenge, je n’ai bien évidemment pas minimisé leurs exactions, puisque j’ai clairement écrit qu’ils ont tué, violé et pillé. Du reste, si j’ai accepté de défendre la cause de leurs victimes devant la CPI et que je me bats pour que l’accusé Jean-Pierre BEMBA soit déclaré coupable des faits qui lui sont reprochés, c’est précisément parce que je ne doute pas qu’il s’agit bien de crimes contre l’humanité.

 

6.       Dès lors, relever que les exactions des Banyamulenge ont eu lieu dans Bangui et dans une dizaine de Sous - Préfectures, tandis que les exactions de SELEKA ont eu lieu et continuent à avoir lieu dans Bangui et dans toutes les 76 Sous -Préfectures de la RCA, relever que l’appareil d’Etat, quoique mutilé, était en place pendant l’invasion des Banyamulenge, tandis qu’à présent il n’y a plus ni administration, ni justice, ni armée, ni gendarmerie, ni police, ni école nulle part, ce n’est pas émettre un jugement de valeur, mais simplement FAIRE UN CONSTAT.

 

7.       Par ailleurs, au rythme où vont les choses point n’est besoin d’être devin pour dire que les exactions de SELEKA, qui ont débuté début Décembre 2012 dans l’arrière pays, dureront des mois encore, soit plus longtemps que celles des Banyamulenge, qui avaient duré du 26 Octobre 2002 au 15 Mars 2003, soit pendant 4 (quatre) mois et 20 (vingt) jours et que, subséquemment, sur toute l’étendue du territoire national, nos écoles, collèges et lycées, sans exception, et notre unique Université risquent de connaître une année blanche, ce qui serait une catastrophe nationale. Pour autant, les crimes perpétrés par les Banyamulenge contre notre paisible peuple n’en demeurent pas moins des crimes contre l’humanité, tout comme les crimes de SELEKA, qu’elles qu’aient été leur durée et leur étendue, matériellement et territorialement.

 

8.       En somme, les Banyamulenge ont effectivement battu un sinistre record négatif, et SELEKA a incontestablement pulvérisé ce record. Il s’ensuit qu’on ne comprendrait pas que les responsables politiques et ou militaires de SELEKA ne soient pas eux aussi traduits devant la Cour Pénal Internationale (CPI).

 

9.       S’agissant des patriotes, ainsi que je l’ai dit en réponse à un compatriote sur ma page Face book créée depuis une dizaine de jours, quand ils en ont l’occasion, ils doivent se saisir du Pouvoir d’Etat pour mettre en pratique leurs idéaux, ou à tout le moins atténuer les souffrances du peuple, au lieu de se tenir à l’écart par principe ou par crainte de devenir eux aussi des cibles. Ils ne doivent pas se contenter de critiquer et de donner en pure perte des conseils à des gouvernants qui ne sauront ou ne voudront pas les mettre en œuvre. En conséquence, ils ne doivent démissionner que si l’on ne les considère que comme des figurants ou des faires valoir qui n’ont pas voix au chapitre.

 

10.   C’est pourquoi, dans les circonstances douloureuses actuelles, j’encourage les patriotes à prendre leurs responsabilités pour remettre notre pays sur les rails et à tout le moins pour atténuer les souffrances du peuple, notamment en contribuant efficacement à faire cesser les tueries et les pillages et en obtenant la réouverture des écoles, collèges, lycées et de l’université. Les patriotes membres du CNT doivent dénoncer la manœuvre qui a consisté à faire « élire » Monsieur AM NONDROKO DJOTODIA par acclamation, à l’Assemblée Nationale qui est située en contrebas du quartier Boy – Rabé, au moment même où ce quartier était mis à feu et à sang par les hordes sanguinaires de SELEKA. Qu’ils se souviennent que seuls sont entrés dans l’histoire par la grande porte les quelques rares Députés français qui s’étaient opposés à l’attribution des pleins pouvoirs au Maréchal PETAIN, lequel avait capitulé devant les nazis, lui qui avait pourtant été le glorieux vainqueur de Verdun pendant la première guerre mondiale.

 

11.   De même, les patriotes conseillers nationaux doivent remettre en cause l’ « élection » du Président du Conseil National de Transition, « élection » proclamée sans un deuxième tour de scrutin, alors que ledit Président n’avait pas obtenu la majorité absolue au premier tour. Dans toute élection, les conditions d’éligibilité, les délais de dépôt des candidatures et les conditions pour être déclaré élu doivent être fixés à l’avance, et non après le premier tour du scrutin. C’est comme si on commençait à jouer un match de foot – ball avant de savoir si, en cas d’égalité à l’issue du temps règlementaire, on aurait immédiatement recours aux tirs au but, ou d’abord aux prolongations intégrales, ou aux prolongations avec mort subite, et enfin aux tirs aux but, comme l’a dit le Centrafricain qui occupe le rang le plus élevé dans la hiérarchie sportive mondiale. Dommage que personne d’autre n’ait osé protester publiquement.

 

12.   De toutes les manières, étant donné que sur injonction de la CEEAC, puisque notre pays est devenu ce que notre code de la famille appelle un « incapable majeur », le nombre de conseillers  nationaux doit être porté de 95 à 135 (qui les paiera ?), l’élection du Président du CNT doit être reprise, afin que l’élu soit le Président de tous les 135 Conseillers nationaux. Etant observé qu’au regard du nouveau nombre des conseillers nationaux, le nombre de voix précédemment obtenu par l’actuel Président de cette institution s’est proportionnellement rétréci comme la fameuse peau de chagrin d’Honoré de Balzac et est devenu dérisoire. Il en est de même pour la Vice - Présidente et les autres membres du Bureau.

 

13.   Les Conseillers nationaux patriotes doivent surtout exercer la plénitude de leurs fonctions, comme l’avait fait leurs prédécesseurs de 2003 qui, sous la direction du Bâtonnier Nicolas TIANGAYE, avaient réussi à faire du CNT d’alors un véritable organe législatif, alors que sur le papier il n’était qu’un organe consultatif.

 

Uni et déterminé, le Peuple Centrafricain vaincra !

 

ZARAMBAUD Assingambi

La Haye le 27 Avril 2013