Le Conseil de sécurité renforce la présence de l'ONU et se dit prêt à envisager des mesures supplémentaires pour la République Centrafricaine. Les remerciements de la délégation Centrafricaine.

- L'ONU envisage des mesures supplémentaires pour la République Centrafricaine

- Les remerciements Charles Armel Doubane devant le Conseil de Sécurité suite au vote à l’unanimité de ses 15 membres pour la Résolution en faveur de la Centrafrique (10/10/2013)



L'ONU envisage des mesures supplémentaires pour la République Centrafricaine

Nations Unies, 10 octobre 2013 – Gravement préoccupé par « l'effondrement total de l'ordre public », « la détérioration considérable de la situation sécuritaire » et « l'aggravation des tensions intercommunautaires » en République centrafricaine, le Conseil de sécurité a exigé jeudi le règlement politique pacifique de la crise dans le pays, se déclarant prêt à envisager « les mesures appropriées contre ceux qui compromettent la paix, la stabilité et la sécurité ».

En adoptant à l'unanimité de ses 15 membres une résolution présentée par la France, le Conseil a également prié le Secrétaire général Ban Ki-moon de lui présenter, sous 30 jours, un rapport sur la MISCA, la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine, qui présenterait les options possibles d'un appui de la communauté internationale, « y compris la possibilité de transformer la MISCA en une opération de maintien de la paix des Nations Unies […] ».

La MISCA a été autorisée le 19 juillet 2013 par le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine pour aider à sécuriser le pays, où les hostilités ont repris en décembre 2012.

La coalition rebelle de la Séléka y avait lancé une série d'attaques, pris le contrôle de plusieurs villes du pays avant d'accepter d'entamer des pourparlers de paix sous les auspices de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC). Conclu en janvier 2013 par le gouvernement et les trois principales formations rebelles de la Séléka, l'Accord de Libreville avait aidé à rétablir une certaine stabilité nationale.

Mais les combats reprennent à la mi-mars et la Séléka s'empare de Bangui et chasse du pouvoir François Bozizé. Michel Djotodia se déclare Président de la République centrafricaine, annonce des élections au plus tard d'ici trois ans et maintient à son poste le Premier Ministre Nicolas Tiangaye, issu de l'Accord de Libreville. Au titre de cet Accord et de la Déclaration de N'Djamena du 18 avril 2013, des institutions de transition sont mises en place.

La résolution adoptée aujourd'hui exige « l'application immédiate » des dispositions de l'Accord de Libreville et de la feuille de route du Sommet de N'Djamena, qui doivent aboutir à l'organisation d'élections présidentielle et législatives libres et transparentes 18 mois après le début de la période de transition, inaugurée par l'investiture, le 18 août 2013, du Président Djotodia.

Condamnant de nouveau la prise de pouvoir par la force de la coalition Séléka, « et les violences et pillages que cela a occasionnés », le Conseil exige que tous les éléments de la Séléka et tous les autres groupes armés déposent immédiatement les armes.

Toujours en vertu de la résolution d'aujourd'hui, le Conseil de sécurité décide de renforcer le mandat du Bureau des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine, qui sera désormais chargé de la mise en œuvre du processus de transition, et notamment du calendrier électoral.

Le Bureau fournira également un appui à la prévention des conflits et à l'assistance humanitaire, ainsi qu'à la stabilisation des conditions de sécurité. Le Secrétaire général devrait présenter prochainement des propositions concernant la protection du personnel et des installations des Nations Unies et, en particulier la création d'une unité de gardes.


Ce que Charles Armel Doubane a dit devant le conseil de sécurité (10/10/2013)


Intervention de Son Excellence Charles Armel DOUBANE, Ambassadeur, Représentant Permanent de la République Centrafricaine devant Conseil de Sécurité des Nations Unies " lors de l’Adoption de la Résolution sur la situation en République Centrafricaine et le Bureau Intégré des Nations Unies en République Centrafricaine "

New York, 10 Octobre 2013

Monsieur le Président du Conseil de Sécurité

Excellences Mesdames et Messieurs les Membres dudit Conseil

Mesdames et Messieurs

Monsieur le Président

Toutes mes félicitations pour l’accession de votre pays à la tête du Conseil pour ce mois d’Octobre. Ma délégation et moi-même vous apportons notre plein soutien à votre mandature. Daignez accepter Monsieur le Président que je rende par la même un hommage mérité à votre prédécesseur Son Excellence Garry Francis Quinlan et son pays l’Australie pour leur leadership au mois de Septembre dernier

Monsieur le Président

Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil,

Le 14 Août dernier, en ces mêmes lieux je me faisais le porte-voix de la souffrance et des douleurs de mes compatriotes pour faire un plaidoyer afin que la sempiternelle crise centrafricaine sorte de l’oubli, que votre conseil, voix de la Communauté internationale se saisisse du dossier « République Centrafricaine » pour en faire une priorité

Aujourd’hui c’est chose faite. Quelques jours seulement après les déclarations faites par certains Etats amis et le Secrétaire Général des Nations Unies, la Réunion de haut niveau sur la situation humanitaire à l’initiative conjointe de la France, de l’Union Européenne et des Nations Unies, ce projet de résolution présenté par la République Française – que nous saluons – sujet à votre agenda est pour les Centrafricaines et les Centrafricains, un nouveau départ. Car, il représente le début de la fin de leur calvaire. Cette Résolution qui retrace, prend position, oriente, indique la voie à suivre, les moyens des objectifs à atteindre, répond parfaitement aux attentes de mes compatriotes.

La réaffirmation de la pleine souveraineté de la République Centrafricaine qui doit vivre en symbiose avec ses voisins, la question de la protection des civils, des enfants, des femmes, le phénomène de la LRA, la question des viols en un mot la situation des droits de l’homme, la transition, le processus électoral devant aboutir à la légalité constitutionnelle, le renforcement du mandat et des capacités du BINUCA et enfin la MISCA et sa participation à la sécurisation de Bangui ainsi que la pacification de l’intérieur de la République Centrafricaine sont des préoccupations essentielles de mes compatriotes. Préoccupations qu’ils partagent avec les Membres de votre Conseil.

Votre vote apporte une lueur d’espoir à ces 4,6 millions d’hommes, de femmes et d’enfants de Centrafrique, ainsi que ceux qui ont choisi de vivre sur le territoire national, car déboussolés et s’interrogeant à chaque instant sur leur devenir immédiat, dans un contexte où ils se sentaient à tort comme oubliés de la Communauté internationale dans leurs lieux de cachette en brousse, dans les lieux de culte ou simplement chez eux

Aujourd’hui, l’Ambassadeur d’un Etat effondré, comme le rappelle votre Résolution – peu fier de cette malheureuse situation mais digne à l’instar de mes compatriotes vient vous dire simplement et du fond du cœur merci, thank you, Gracias, choukran, cpraciva…

Les Centrafricaines, les Centrafricains reconnaissent à sa juste valeur et transmettront à leurs enfants, la portée de cette décision du Conseil de Sécurité qui leur rend leur liberté et dignité perdues.

C’est pour cette raison que désormais redevables à la Communauté internationale dont ils sont heureusement membres, après s’être réappropriés de leur Etat, les Centrafricaines et Centrafricains mettront tout en œuvre pour partager et consolider les dividendes de la paix. Ils se tiendront prêts à en faire autant lorsque le devoir de solidarité internationale les appellera un jour au chevet d’un autre membre en détresse.

Avant de conclure, je voudrais dire merci à tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux, à la MICOPAX, à la CEEAC, à l’Union Africaine, à l’Union Européenne, à l’Organisation Internationale de la Francophonie, à l’Organisation des Nations Unies et toutes ses Agences, les Organisations Non Gouvernementales qui rendent service chaque jour dans des conditions difficiles parfois au péril de leur vie, en portant secours et assistance aux milliers de Centrafricaines et Centrafricains en détresse.

Pour conclure, la République Centrafricaine témoigne de sa gratitude à chacun des 15 Membres du Conseil de Sécurité ici présents je cite : Argentine, Australie, Azerbaïdjan, Chine, Etats Unis d’Amérique, Fédération de Russie, France, Guatemala, Luxembourg, Pakistan, République de Corée, Royaume du Maroc, Royaume Uni de Grande Bretagne et de l’Irlande du Nord, Rwanda, Togo, pour votre vote crucial qui rend à son peuple son humanité, Mesdames et Messieurs, simplement les raisons d’espérer pour ses enfants.

Merci pour toujours.