ONG à l’Elysée. Hollande soutient
les initiatives de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique
centrale (CEEAC), et en appelle l'ONU
Centrafrique: des ONG à l’Elysée pour alerter sur une
situation humanitaire «catastrophique»
Par RFI 6 vendredi 23
août 2013 à 21:43
Des
représentants de six Organisations non gouvernementales intervenant en
République centrafricaine ont été reçus à l’Elysée, ce vendredi 23 août, pour
une réunion avec le président français portant sur la situation humanitaire dans
le pays. Une situation « catastrophique qui va s’aggraver »,
juge François Danel, d’Action contre la faim, qui plaide pour un renforcement
des moyens de la force internationale africaine.
Dans le communiqué diffusé à la fin
de la réunion, la France a exprimé sa profonde préoccupation face à la situation
« très dégradée » en
République centrafricaine. Exprimant la « profonde préoccupation de la
France » face à la situation humanitaire dans le pays, l’Elysée
a insisté sur « la nécessité absolue
de rétablir la sécurité pour assurer l’accès humanitaire à la
population. » Devant les représentants des Organisations non
gouvernementales (*) présents à cette réunion, François Hollande
a également dit souhaiter voir l'ONU « s'impliquer davantage » pour
résoudre la crise en Centrafrique
Les ONG n'ont accès qu'à 20% du
territoire
Pour François Danel, directeur
général d'Action contre la faim (ACF), il y a - en effet - urgence. Soulignant
qu’il y a actuellement « 1,6 million
de personnes qui sont en insécurité alimentaire », le directeur
d’ACF a évoqué une situation catastrophique. « La saison agricole a été
ratée, et donc la situation va encore s’aggraver, dans les mois qui viennent. La
situation nutritionnelle est catastrophique. La situation de la santé est
catastrophique », liste-t-il, insistant sur un
chiffre : « Aujourd’hui, les
humanitaires que nous sommes n’accèdent qu’à 20 % du territoire de la
RCA. » François Danel accuse la situation sécuritaire dans le pays,
qui empêche les ONG d’« assister les
populations vulnérables ».
« Il y a un vrai enjeu pour que la force
africaine pacifie le pays, sécurise le pays, de manière à ce que les
humanitaires et les autres puissent faire leur travail par rapport à une
situation qui est dramatique et qui va encore s’aggraver »,
a-t-il plaidé sur le perron de l’Elysée, à l’issue d’un échange avec le
président français qu’il a inscrit dans une démarche de « mobilisation politique, pour que cette force
africaine ait des moyens logistiques humains et financiers à la
hauteur de la gravité de la situation dans le
pays. »
* Les ONG qui ont participé à cette
réunion à l’Elysée sont : la FIDH, le CCFD-Terre Solidaire, Action contre la
faim, le Secours Catholique, Médecins sans Frontières, Médecins du Monde et «
Crisis action ».
Hollande
appelle l'ONU à s'impliquer davantage en Centrafrique
Paris - François
Hollande a appelé vendredi l'ONU à "s'impliquer encore davantage pour résoudre
la crise" en Républicaine centrafricaine (RCA), un pays en proie à l'insécurité
et à une grave crise humanitaire et politique.
François Hollande a appelé vendredi
l'ONU à "s'impliquer encore davantage pour résoudre la crise" en Républicaine
centrafricaine (RCA), un pays en proie à l'insécurité et à une grave crise
humanitaire et politique. afp.com/Christian Hartmann
"Des consultations ont eu lieu au Conseil de sécurité
des Nations Unies le 14 août dernier", a rappelé la présidence
française dans un communiqué, mais le chef de l'État français "a souhaité que l'ONU s'implique encore davantage pour
résoudre la crise en RCA".
"Saluant" leur action en faveur de la
population, François Hollande a reçu vendredi à l'Élysée les représentants de
six organisations non gouvernementales engagées en RCA: la FIDH, le CCFD-Terre
Solidaire, Action contre la faim, le Secours Catholique, Médecins sans
Frontières, Médecins du Monde et "Crisis
action".
La ministre chargée
de la Francophonie, Yamina Benguigui, a précisé sur le perron de l'Elysée qu'une
réunion internationale sur la Centrafrique pourrait se tenir en marge de
l'Assemblée générale des Nations unies à New York, "autour du 25
septembre".
"La France veut mobiliser la communauté
internationale", notamment les pays voisins de la RCA, et souhaite
que le Conseil de sécurité "se saisisse de
la situation un jour ou un autre", souligne-t-on à
Paris.
Selon Sidiki Kaba,
avocat sénégalais et président d'honneur de la Fédération internationale des
droits de l'homme (FIDH), les ONG ont appelé le président Hollande à conduire
une "action diplomatique forte"
au sein de l'ONU, mettant en garde contre le risque d'une "somalisation" de la
RCA.
Les organisations
humanitaires "n'accèdent qu'à 20% du
territoire" de la RCA, a souligné pour sa part François Danel,
directeur général d'Action contre la Faim pour qui "l'axe prioritaire" doit être "de sécuriser le pays par une force internationale
africaine dotée de vrais moyens". Selon lui, le président Hollande
"n'a pas pris d'engagement
précis" sur ce point "mais il y
travaille".
François Hollande,
pour sa part, a exprimé selon l'Élysée la "profonde préoccupation de la France face à la
situation très dégradée en RCA". Le chef de l'État a ainsi souligné
"la nécessité absolue de rétablir la
sécurité pour assurer l'accès humanitaire à la population et permettre la mise
en place d'un processus politique sur la base des accords de Libreville et de
N'Djamena".
"La totalité de la population de 4,5 millions
d'habitants est affectée par la crise et 1,6 million de personnes ont un besoin
urgent d'aide humanitaire avec 200.000 déplacés et 500.000 personnes souffrant
de malnutrition", a encore rappelé la présidence
française.
La France, a-t-elle
spécifié, "soutient les initiatives de
l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique centrale (CEEAC)
notamment la Mission internationale de soutien en Centrafrique
(MISCA)", une force panafricaine, militaire et policière pour
l'essentiel, censée compter 3.650 hommes à terme mais dont le déploiement traîne
en longueur.
La France compte
pour sa part quelque 450 hommes dans le pays, essentiellement employés à la
sécurisation de l'aéroport international de Bangui et à apporter un soutien
logistique aux forces africaines.
Paris a par ailleurs consenti cet
été un effort humanitaire supplémentaire, débloquant 2 millions d'euros
supplémentaires au profit des ONG déployées sur le terrain.
La RCA vit dans une grande
insécurité depuis le 24 mars, date marquant l'arrivée au pouvoir de la Séléka,
une ex-rébellion qui a renversé le président François
Bozizé.
Centrafrique : le CCFD-Terre Solidaire attire
l’attention de François Hollande sur le rôle de la société
civile
Lors d’une rencontre
avec le président français sur la situation en République centrafricaine, le
CCFD-Terre Solidaire a fait part de son analyse sur la situation dramatique et a
exposé des propositions de sortie de crise.
Depuis l’offensive
rebelle de mars 2013 qui a conduit à la destitution du président Bozizé, la
République Centrafricaine connaît une situation sécuritaire, alimentaire et
humanitaire dramatique et sans précédent. Le nouveau pouvoir peine à contrôler
la capitale et le reste du pays. Les ONG internationales - dont le CCFD - Terre
Solidaire - tirent la sonnette d’alarme depuis des mois sur la gravité
de la situation. En juin 2013, face à la gravité de la situation,
nous avons apporté un soutien d’urgence de 50.000 euros à notre partenaire ACORD
Centrafrique pour qu’il puisse renforcer ses activités auprès des populations
vulnérables.
Le 23 août 2013,
Philippe Mayol, responsable du service Afrique, et Bruno Angsthelm, chargé de
mission pour la Centrafrique, ont été conviés avec cinq autres
organisations françaises à une réunion de travail avec le Président François
Hollande à l’Elysée. L’objectif pour le Président de la République était de
s’informer de la situation locale et de présenter l’action de la France face à
cette crise centrafricaine.
A cette occasion, le
CCFD-Terre Solidaire a fait part au Président de la République de son analyse
des défis actuels pour ce pays. Outre les priorités liées à la sécurité et à
l’urgence humanitaire dont la France et la communauté internationale doivent se
saisir, le CCFD - Terre Solidaire a souligné l’importance de prendre en compte
dès maintenant les causes qui expliquent les crises récurrentes dans ce pays.
Notre expérience en Centrafrique et dans d’autres pays africains, nous montre
l’impérieuse nécessité d’aider des sociétés traumatisées à relancer des
processus de cohésion sociale et de réconciliation si l’on souhaite
effectivement aider la Centrafrique à sortir durablement de l’impasse dans
laquelle elle se trouve.
L’enjeu de la paix en
Centrafrique n’est en effet pas que politique, il faut agir sans attendre sur le
vivre ensemble au sein de la société centrafricaine. Le CCFD - Terre Solidaire a
ainsi appelé la France et la communauté internationale à soutenir dès maintenant
– et dans la durée - la société civile centrafricaine pour qu’elle puisse
relancer des espaces de dialogue et de médiation au sein de la
population.
Enfin, le CCFD - Terre
Solidaire a pu réaffirmer auprès du Président de la République que la société
civile locale doit être considérée comme un acteur incontournable à consulter et
à associer dans les rencontres internationales prévues dans les semaines qui
viennent sur la Centrafrique.
http://ccfd-terresolidaire.org/infos/paix-et-conflits/centrafrique-le-ccfd-4302