AU FORUM
DE PARIS SUR L’AFRIQUE
Samedi 28
septembre 2013
Maison de
l’Afrique – 7, Rue des Carmes, Paris 5è
Communication
de PASSEMA ENDJIAGO F.
Président
du Comité d’Action pour la Conquête de la Démocratie en Centrafrique
(CACDCA)
Mesdames
et messieurs
Chers
amis,
C’est un
plaisir pour nous, au nom du peuple
Centrafricain martyrisé, brimé et ignoré de toutes et de tous, de prendre
la parole, ici dans cette maison de l’Afrique située en plein cœur du quartier
latin, au cours de ce Forum de Paris pour l’Afrique qui s’est fixé comme
objectif de formuler des propositions destinées aux décideurs politiques afin de
les amener à prendre des engagements concrets pour la promotion de la paix et du
développement durable sur le continent africain.
Le peuple
centrafricain n’est pas en train de se faire la guerre, de la même façon qu’il
n’y a pas de guerre de religions en Centrafrique.
Contrairement
à la propagande qui veut faire croire à l’opinion publique que les
centrafricains seraient en train de s’entretuer pour des considérations
d’opportunité « ethnique », régionale ou religieuse, il importe de
préciser que le drame que vit le peuple centrafricain en ce moment n’est que
l’aboutissement logique de comportements, d’agissement et d’actes politiques
opérés par des individus, d’origine centrafricaine certes, qui se sont imposés à
la tête de ce pays pendant plus d’un demi siècle et qui se sont employés à
détruire tout ce qui était censé assurer le minimum de justice au peuple
centrafricain ; ce sont les mêmes qui, après avoir démantelé les structures
étatiques, sont allés chercher des mercenaires au Soudan, au Tchad et ailleurs,
pour conquérir le pouvoir et qui ont laissés ces mercenaires assassins s’en
prendre au peuple centrafricain qu’ils ont pris soin de désarmer en détruisant
tout le système de défense nationale et de sécurité publique dont tout pays a
besoin pour assurer la protection de son peuple.
Depuis
qu’ils ont porté l’un de leur chef au pouvoir, suite au coup d’État du 24 mars
2013, les rebelles coalisés que nous qualifions « d’alliance de la
mort », accompagnés de plusieurs milliers de mercenaires soudanais et
tchadiens - plus de 20 000 hommes dirigés par des seigneurs de guerre
centrafricains, tchadiens et soudanais - contrôlent la Centrafrique et
terrorisent la population en l’absence de toute force publique et de justice
nationale.
Plusieurs
centaines de meurtres sont commis par des éléments coalisés de cette alliance de
la mort dite Séléka depuis leur entrée dans la capitale centrafricaine, Bangui,
le 24 mars 2013. Le peuple centrafricain est quotidiennement victime de viols,
d’enlèvements, d’actes de torture et de mauvais traitements, d’arrestations et
de détentions arbitraires, ainsi que de rackets, de pillages systématiques et
d’incendies de villages perpétrés par ces hommes en armes, à majorité
originaires du Soudan et du Tchad, obligeant la population à se réfugier en
brousse livrée aux aléas de la nature.
Les
rebelles et mercenaires de cette alliance de la mort ont littéralement vidé le pays de ses
biens publics et privés. Les domiciles privés ont été et continuent d’être
pillés. Aucune catégorie sociale n’est épargnée. Ont été pillés également les
établissements publics (mairies, ministères, hôpitaux, dispensaires), les
entreprises, les édifices religieux non musulmans. Les moyens de locomotion et
de communication font partie des
biens prisés de ces assassins et criminels. Ils contrôlent les douanes, les
droits de passage et les sites d’extraction de ressources naturelles, comme le
diamant. Malgré le fait qu’il n’y a plus rien à piller les rackets continuent.
La population est victime d’un racket permanent, notamment aux barrages d’entrée
et de sortie des villes et villages tenus par ces assassins et criminels.
Les
fruits de leur pillage se retrouvent dans les casernes et autres bâtiments
publics qu’ils occupent ou aux domiciles de leurs chefs (une vingtaine de
véhicules ont été découverts dans le jardin de la résidence d’un de ces
seigneurs de guerre, du nom de Dhaffane, lors d’une perquisition ordonnée par le
procureur de la République). Ils sont aussi acheminés par camions entiers dans
les villes et villages d’où sont issus les mercenaires de la Séléka (au Nord de
la Centrafrique, au Soudan et au Tchad) ou sont vendus sur les marchés, y
compris du Soudan et du Tchad.
La tuerie
de Boy-Rabe le 20 août dernier et les récents combats meurtriers à Bossangoa
impliquant un groupe armé d’autodéfense confirment la situation de chaos dans
laquelle s’enfonce le pays.
Face
à cette violence inouïe, on constate, l’incapacité des troupes de la Mission de
consolidation de la paix en République Centrafricaine (MICOPAX), insuffisamment
équipées, à répondre au défi de la sécurité. Nous approuvons la réaction du
Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine qui, tout en appelant au
soutien des Nations Unies, a décidé de remplacer cette force par une Mission
internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA) sous l’égide de l’Union
africaine, en vue notamment de passer de 1300 à 3600 éléments. Mais, nous
considérons que cet effectif est très insuffisant vue l’ampleur du drame, et
qu’il est préférable qu’il soit multiplié par deux (2) voir trois
(3).
Le Comité d’Action pour la Conquête de la
Démocratie en Centrafrique (CACDCA) estime qu’il est essentiel que la communauté
internationale se saisisse de l’opportunité des rencontres sur la Centrafrique en marge
de l’Assemblée Générale des Nations Unies et au sein du Conseil de sécurité, de
la déclaration de François Hollande, de la prochaine rencontre de Genève pour
aider au renforcement des effectifs, des moyens d’action mais aussi du mandat de
la MISCA. Cette mission doit pouvoir établir des bases dans les principales
villes du pays et avoir un large rayon d’action dans les provinces. La MISCA
doit contribuer à l’élaboration d’une véritable opération de désarmement
démobilisation et réinsertion (DDR) des combattants centrafricains et
l’expulsion dans leur pays d’origine des assassins et criminels qui sévissent à
travers le pays, collaborer avec le Bureau d’information des Nations Unies en
Centrafrique (BINUCA) et les autorités centrafricaines à une réforme effective
des forces de défense et de sécurité, et aider au rétablissement de l’autorité
de l’État sur l’ensemble du territoire.
Le Comité
d’Action pour la Conquête de la Démocratie en Centrafrique (CACDCA) demande la mise en place d’observateurs
indépendants pour contrôler la conformité de la mise en œuvre du mandat de la
MISCA avec le droit international humanitaire et des droits humains.
La
communauté internationale doit par ailleurs contribuer à la lutte contre
l’impunité en Centrafrique en incluant, dans le mandat de la MISCA, une
disposition lui permettant de soutenir les initiatives de justice nationale et
internationale. La communauté internationale doit également soutenir la mise en
place d’une juridiction mixte spécifique, qui permettrait de poursuivre les
auteurs des crimes de droit international en complémentarité, le cas échéant,
avec la Cour pénale internationale (CPI).
A cet égard, le comité d’Action pour la
Conquête de la Démocratie en Centrafrique (CACDCA) appelle le Bureau du
Procureur de la CPI à mener des enquêtes sur les crimes commis et à poursuivre
les principaux responsables de ces crimes. L’Assemblée des États parties qui se
réunira en novembre prochain doit absolument doter la Cour des moyens
nécessaires pour mener à bien ses enquêtes et poursuites.
L’impunité est l’une des causes majeures de
l’instabilité chronique en Centrafrique. Les lois d’amnisties et l’incapacité de
la justice centrafricaine à juger des crimes internationaux ont été le terreau
de la répétition des violations graves des droits humains.
Le
CACDCA appelle également la communauté internationale à adopter des mesures de
sanction contre les chefs de la Séléka et des seigneurs de guerre, notamment le
gel des avoirs financiers.
Enfin, le Comité d’Action pour la Conquête de la
Démocratie en Centrafrique (CACDCA) considère que cette aide de la communauté
internationale doit être assortie d’une véritable feuille de route des droits
humains à mettre en œuvre par les autorités centrafricaines de transition pour
garantir la stabilité et un État de droit démocratique. Cette feuille de route
doit notamment inclure la réforme de la justice, l’harmonisation de la
législation avec les normes internationales de protection des droits humains, le
respect des libertés fondamentales, la protection des droits des femmes, des
journalistes et des défenseurs des droits humains ainsi que la lutte contre la
corruption. Le renforcement du mandat du BINUCA devra permettre de contrôler et
soutenir la mise en œuvre de cette feuille de route.
Les
Centrafricaines et les Centrafricains sont particulièrement choqués et révoltés
face au niveau d’insécurité et de violation des droits humains atteint par leur
pays. Le sort des populations civiles n’a cessé de se dégrader depuis
l’installation à la tête du pays des rebelles de la coalition: meurtres, viols,
pillages, racket et toutes sortes d’exactions évoqués précédemment continuent
d’être commis en toute impunité, tant à Bangui qu’en province. La justice
centrafricaine reste défaillante et l’État est dans l’incapacité d’assurer la
protection des populations.
Le Comité d’Action pour la Conquête de la
Démocratie en Centrafrique (CACDCA) appelle les Nations unies et
particulièrement son Conseil de sécurité à soutenir la mise en place de la MISCA
(Mission Internationale de Sécurité en Centrafrique) dont le mandat et le budget
doivent garantir une véritable protection des civils sur l’ensemble du
territoire centrafricain. Nous appelons le Conseil de sécurité à permettre le
déploiement d’observateurs des droits humains afin de s’assurer de
l’accomplissement du mandat de cette force conformément au droit international
des droits humains.
Le
Comité d’Action pour la Conquête de la Démocratie en Centrafrique (CACDCA)
rappelle qu’il ne peut y avoir de solution durable à la crise que traverse la
Centrafrique sans qu’une véritable lutte contre l’impunité soit menée. Pour
notre part, dans ce combat en faveur de l’État de droit, la justice
centrafricaine a un rôle central à jouer et doit être soutenue par l’action de
la justice internationale.
Le CACDCA
considère que la protection des civils doit être au cœur de toute action
internationale en faveur d’une résolution du drame que vit le peuple
centrafricain, c’est pourquoi il est urgent de permettre la sécurisation du
pays.
La lutte
contre l’impunité doit être une priorité du processus politique en Centrafrique,
au risque de replonger dans la violence.
La
nécessité absolue de rétablir la sécurité afin de permettre la mise en place
d’un processus politique sur la base des accords de Libreville et
N’Djaména s’impose.
Les initiatives de l’Union africaine et
de la CEEAC sont en de ça de ce qu’attend le peuple centrafricain, car elles
doivent être renforcées par un engagement plus fort des Nations unies en faveur
d’une solution au drame effroyable que vit notre peuple.
Enfin,
nous invitons les participants à ce forum de Paris sur l’Afrique à soutenir la
cause du peuple centrafricain par l’organisation de conférences et séminaires
consacrés au drame centrafricain afin que l’opinion publique puisse enfin
comprendre le calvaire que vit le peuple centrafricain loin des médias et de la
communauté internationale. Le Comité d’Action pour la Conquête de la Démocratie
en Centrafrique sera présent pour
témoigner du malheur que traverse le peuple centrafricain.
Comité
d’Action pour la Conquête de la Démocratie en Centrafrique
(cacdca)
46,
Avenue Roger Salengro-1040-A3 – 94500 Champigny-sur-Marne
Mob. :
06 85 65 61 19 / 07 86 49 88 79 Mail :
cacdca@hotmail.com