INTERPELLATION DU MINISTRE DE L’EDUCATION
NATIONALE
Mercredi, 02 Octobre 2013
Conseiller National
Clotaire SAULET-SURUNGBA
Représentant de la
Diaspora-Zone Europe au Conseil National de Transition
Président de la
Commission Défense et Sécurité
Monsieur le Ministre de l’Education nationale,
Je voudrais avant tout, vous inviter à méditer ensemble avec
moi, cette pensée de Jules FERRY (1832-1870) :
« Avec l’inégalité d’éducation, je
vous défie d’avoir jamais l’égalité des droits, non l’égalité théorique, mais
l’égalité réelle, et l’égalité des droits est pourtant le fond même et l’essence
de la démocratie. »
Aussi, si aujourd’hui, nous, Noirs sommes fiers
de ce que la première puissance mondiale soit dirigée par un noir, Barack OBAMA,
c’est que l’éducation et la recherche de l’excellence ont eu une très grande place dans sa
vie. Il le rappelle lui-même dans son livre autobiographique « Les
rêves de mon père ». Enfin, puis-je rappeler qu’en juin 2001, le
plus jeune bachelier de France a été un centrafricain qui, à 14 ans, a décroché
le baccalauréat scientifique S à Strasbourg ?
Donc, Monsieur le Ministre et très chers
Compatriotes Conseillers nationaux, le sujet qui nous préoccupe ce jour est très
très important. Il est très important pour notre famille, il est très
important pour notre Pays.
Monsieur le Ministre,
L’organisation des examens de cette chaotique
année scolaire ainsi que les grandes décisions que vous prenez, sans une réelle
concertation avec les Partenaires sociaux, montrent que vous entretenez de
manière consciente et/ou inconsciente, l’inégalité d’éducation donc l’inégalité
des droits alors que l’égalité des droits est pourtant le fond même et l’essence
de la Démocratie.
Au nom du peuple centrafricain, je vous prie de me démontrer ici et
maintenant, le contraire de ce que j’affirme, en apportant des éléments de réponse
cohérents aux questions suivantes que le peuple se pose. Je terminerai en
faisant une proposition concrète pour notre système éducatif, à la faveur de
cette Transition qui, à mon sens, doit nous amener à sortir des sentiers
battus…
Monsieur le Ministre,
1°/- La Transition que nous vivons se veut
consensuelle et apaisée. Ce qui implique le dialogue, non pas un dialogue de façade, mais un dialogue
réel. Est-ce que vous vous inscrivez dans cette logique avec ces rapports
exécrables que vous entretenez avec les Partenaires sociaux de l’Education
nationale, comme en témoigne vos prises de décisions qui se font sans associer
les Syndicats des Enseignants ? L’exemple patent est le dernier calendrier
scolaire concocté dans quelle officine je ne sais, et qui pose problème
aujourd’hui... A moins que l’on veuille faire capoter la Transition…Aussi
incroyable que cela paraît, le mouvement du Personnel qui devait précéder toute
rentrée scolaire n’a pas encore eu lieu…
2°/-La rentrée administrative a eu lieu mardi
et la rentrée pédagogique a été programmée au lundi 7 octobre 2013. Or, les
enseignants totalisent, à la date d’aujourd’hui, 3 mois d’arriérés de salaires.
Et ces enseignants, pour la plupart, sont aussi des parents d’élèves. Quelles
dispositions allez-vous faire prendre pour apurer ces arriérés de salaires pour
permettre aux Parents d’élèves, y compris
ces enseignants, afin de doter les enfants en minimum de matériel
scolaire ? Aussi, allez-vous mettre en place un charter pour convoyer les
enseignants sur leur lieu d’affectation ?
3°/-En votre âme et conscience, Monsieur le
Ministre, pensez-vous qu’il était nécessaire d’organiser coûte que coûte les
examens du baccalauréat cette année alors que les conditions, tant en termes de
programmes et volumes horaires qu’en termes de sécurité, ne sont pas réunies ?
Je voudrais revenir sur ma perception de cette
Transition que nous vivons. Pour moi, c’est la remise à zéro de tous les
compteurs et qu’il faille faire preuve d’imagination pour nous permettre de mettre un terme à
nos errements observés depuis 53 ans. Ne portez-vous pas de nouveau une
responsabilité historique dans la descente aux enfers de notre Ecole, en
sacrifiant de nouveau l’avenir de la valeureuse Jeunesse Centrafricaine par la
délivrance du baccalauréat 2013 ?
4°/- Qu’en est-il de l’enseignement
scientifique et technique dans notre Pays? Qu’en est-il des suites données
aux projets éducatifs PASECA, EDUCA 2000 ainsi que le Projet interafricain
initié par la Coopération Française et qui porte le nom acronymique ARCHES, à
savoir, « Appui à la Recherche, à la Contextualisation et l’Harmonisation
des Enseignements Secondaires » avec ses démembrements en Français,
Mathématiques, Sciences Physiques et Sciences de la Vie et de la Terre ?
Qu’entendez-vous mettre en place pour que la
plus belle discipline scolaire, à savoir la PHYSIQUE ET LA CHIMIE ou d’une
manière générale, les SCIENCES aient non seulement un enseignement théorique,
mais aussi et surtout expérimental ?
5°/-Parlons des vacataires, Monsieur le
Ministre,
Il a été prévu l’intégration de tous les
enseignants formés et ils ont tous été dénombrés. Comment pouvez-vous nous
expliquer, comment pouvez-vous expliquer au peuple centrafricain la situation
inédite suivante, que vous n’êtes pas sans savoir. Le quota des
« intégrables » a été atteint alors que des instituteurs formés
attendent leur intégration. A partir du moment où il faut considérer que toute
centrafricaine, tout centrafricain n’est intégrable si et seulement si elle ou
il est formé(e), le fait qu’il reste encore des instituteurs formés à intégrer
ne signifie-t-il pas que le Département persiste encore et toujours dans cet
ostracisme illustré par notre building administratif que nous avons brûlé…Des
intrus n’ont-ils pas pris la place des ayant-droit ?
6°/- Monsieur le
Ministre,
Il existe dans la Basse-Kotto une anomalie
pédagogique qu’il convient de résorber. En effet, la Sous-Préfecture de SATEMA
ne dispose pas de Collège à la date d’aujourd’hui. Qu’entendez-vous faire pour que cette anomalie ne fasse plus
partie du paysage éducatif de notre Pays ?
Pour terminer, Monsieur le Ministre, par
patriotisme et avec réalisme, je fais la proposition concrète suivante pour nous permettre de gérer à la
centrafricaine, le problème de notre Ecole, à la lumière des contraintes
objectives qui sont là et qui sont même visible par un mal
voyant.
Depuis la nuit des temps, depuis l’époque
coloniale, le découpage de l’année scolaire en Oubangui-Chari, et plus tard, en
République Centrafricaine, est calqué sur le modèle de la France. L’année
scolaire s’est toujours étalée du mois d’octobre au mois de juin. Aujourd’hui,
en France qui demeure notre modèle en la matière, la rentrée scolaire ne se fait
plus en octobre, mais en septembre. Et la gestion de l’Ecole se fait après des
débats qui se font durant des mois et tout citoyen est impliqué dans les grandes
décisions, dans ce domaine.
Chez nous, l’Ecole est par terre et personne ne
peut me démontrer le contraire. Je viens de rentrer de l’Ouham et l’Ouham-Péndé
et nous n’avons aucun intérêt à mentir à nous-mêmes, ni mentir au peuple
centrafricain.
Fort de cela, je propose un large débat
sur un nouveau découpage de l’année scolaire et académique pour notre pays. Afin
de rattraper le désordre quasi généralisé, tant au niveau du secondaire général
et technique qu’à celui du Supérieur. Ce large débat national se fera autour de
la proposition suivante :
·
L’année scolaire
2012-2013 doit être déclarée blanche sur toute l’étendue du territoire national
et les nouveaux bacheliers de la ZOP1 doivent suivre des compléments de
formation d’octobre 2013 au 31 décembre 2013.
·
L’année scolaire
en République Centrafricaine s’étalera du 02 janvier 2014 au 30 septembre 2014.
·
Les grandes
vacances auraient lieu du 1er octobre au 30 décembre de chaque
année.
En d’autres termes, les élèves et étudiants
iront à l’Ecole ou à l’Université durant les trois premiers trimestres de chaque
année civile et le dernier trimestre sera consacré aux grandes vacances
scolaires.
Centrafricainement vôtre.
Je vous
remercie.