Centrafrique : 8 candidats sur les 24 ayant déposé des dossiers, participent à l'élection présidentielle de transition

Parlement RCA

Les parlementaires de la République centrafricaine ont tranché, dimanche 19 janvier. Ils ont retenu huit candidatures parmi les vingt-quatre déposés pour participer à l'élection du nouveau président de transition qui doit débuter le lendemain.

«Des 24 dossiers de candidatures enregistrés, 8 ont été retenus pour le concours à la magistrature suprême de l’Etat (...) tous les dossiers ont été examinés», a déclaré devant la presse le président de la Commission électorale spéciale chargée de sélectionner les candidats, Blaise Fleury Otto.

Parmi les candidats retenus figurent notamment l'actuelle maire de Bangui, la capitale, Catherine Samba Panza. On trouve également Sylvain Patassé et Désiré Kolingba. Ils sont respectivement fils des présidents Ange-Felix Patassé, au pouvoir de 1993 à 2003, et André Kolingba, de 1985 à 1993. Autre candidat retenu, Emile Gros Raymond Nakombo, un banquier proche de l'ex-président Kolingba, qui avait reçu le soutien de plusieurs centaines de manifestants rassemblés à Bangui vendredi.

Après cette annonce, chaque entité des forces vives de la nation (partis politiques, associations...), présentes au Parlement, ont été invitées à désigner un représentant pour émettre un avis sur les huit candidats, avant l’élection du nouveau président lundi par les membre du Conseil national de transition (CNT, parlement provisoire).

L’élection du président de transition doit permettre de combler le vide institutionnel laissé par la démission du président Michel Djotodia le 11 janvier, accusé par la communauté internationale de n’avoir rien fait pour arrêter les tueries interreligieuses.

Le nouvel élu aura la lourde tâche de pacifier le pays, de remettre une administration totalement paralysée en état de marche et de permettre aux centaines de milliers de déplacés de rentrer chez eux.

Afp – 19.01.2014., 14H32

 

Les violences se multiplient à l'approche du scrutin

Le nouveau président de transition aura la tâche délicate de pacifier un pays ravagé par près de dix mois de violences. D'ailleurs les affrontements interreligieux se multiplient dans plusieurs régions du pays, à l'approche de l'élection. Des violences ont été recensées à Bouar (dans l'ouest, près de la frontière camerounaise), à Sibut (au nord de Bangui), et Boali (dans le nord-ouest).

Quelque 4 400 hommes de la Misca et 1 600 soldats français tentent de rétablir l'ordre en Centrafrique. Mais dans un pays grand comme une fois et demie la France, il leur est impossible de se déployer dans les zones reculées. D'autant plus que les troupes internationales sont essentiellement déployées à Bangui, la capitale. Les Européens doivent normalement donner lundi leur feu vert à l'envoi d'une force de 500 hommes.


 

La Centrafrique élit lundi un nouveau président, 50 corps découverts dans le nord-ouest

Par Christian PANIKA - © 2013 Agence France-Presse

Publié le 19/01/2014  à 21:29

 

Un 
soldat français près de musulmans réfugiés dans l'église de Boali, au nord de Bangui, le 19 janvier 2014

AFP Eric Feferberg - Un soldat français près de musulmans réfugiés dans l'église de Boali, au nord de Bangui, le 19 janvier 2014

Le parlement centrafricain élit lundi un nouveau président de transition, qui devra tenter de pacifier un pays livré à une spirale de violences sanglantes où au moins 50 corps ont été découverts dans le nord-ouest depuis vendredi.

Parallèlement, l'Union européenne devrait approuver l'envoi lundi d'au moins 500 soldats européens en Centrafrique, en soutien aux 1.600 soldats français de l'opération Sangaris et aux 4.400 de la force africaine (Misca).

L'élection lundi du président par le Conseil national de transition (CNT, parlement provisoire) doit permettre de combler le vide laissé par la démission contrainte du président Michel Djotodia le 11 janvier, accusé par la communauté internationale de n'avoir rien fait pour arrêter les tueries interreligieuses.

Sur les 24 candidatures déposées, seules huit ont été validées par le CNT. Parmi les principaux candidats figurent notamment l'actuelle maire de Bangui, Catherine Samba Panza, ainsi que Sylvain Patassé et Désiré Kolingba, respectivement fils des présidents Ange-Felix Patassé, au pouvoir de 1993 à 2003, et André Kolingba, de 1981 à 1993.

 

Autre personnalité retenue, Emile Gros Raymond Nakombo, banquier proche de l'ex-président Kolingba, qui avait reçu le soutien de plusieurs centaines de manifestants rassemblés à Bangui vendredi.

Les parlementaires avaient fixé des critères draconiens d'éligibilité excluant beaucoup de monde: les responsables politiques sous Djotodia, les chefs de partis, les militaires d'active et ceux ayant appartenu à une milice ou à une rébellion ces 20 dernières années.

Lundi matin, chaque candidat aura 10 minutes pour présenter sa "profession de foi" aux parlementaires avant leur vote à bulletin secret. La Constitution provisoire prévoit un seul tour de scrutin, le candidat arrivé en tête étant élu.

La présidente en exercice du CNT, Léa Kouyassoum Doumta, a indiqué "qu'aucun membre du CNT ne fera partie du gouvernement qui verra le jour après l'élection" du président.

A Bangui, les patrouilles internationales restaient très présentes dans les rues dimanche, avec un dispositif renforcé pour désamorcer d'éventuelles tensions à l'approche de l'élection, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le nouvel élu aura la lourde tâche de pacifier le pays, de remettre une administration totalement paralysée en état de marche et de permettre aux centaines de milliers de déplacés de rentrer chez eux.

Au moins 50 corps découverts dans le nord-ouest

Un mois et demi après le début de l'intervention française, la situation sécuritaire dans la capitale, où la plupart des soldats français sont stationnés, s'améliore progressivement, malgré des explosions sporadiques de violences.

Mais dans un pays de plus de 600.000 km2, se déployer dans les zones reculées reste compliqué et les témoignages d'habitants et d'ONG décrivent une situation chaotique et largement hors de contrôle.

 

La Croix rouge internationale (CICR) et la Croix rouge centrafricaine ont découvert au moins 50 corps dans la région située entre Bossembélé, Boyali et Boali, dans le nord-ouest du pays, a annoncé dimanche le CICR dans un communiqué.

Les violences intercommunautaires se sont multipliées depuis vendredi dans ces localités situées sur l'axe entre Bangui et la frontière camerounaise.

"Une bonne partie de la population, dénuée de toute protection et exposée aux représailles, a fui dans la brousse. Nous sommes extrêmement préoccupés par leur sort", a déclaré Georgios Georgantas, le chef de la délégation du CICR cité dans le communiqué.

 

"Seigneurs de guerre"

Samedi, des violences ont également été signalées dans d'autres localités du nord et de l'ouest. "Je lance un cri d'alarme. Nous sommes terrorisés", a déclaré à l'AFP un habitant de Sibut, à 160 km au nord de Bangui: "Les Séléka (combattants de M. Djotodia) règnent en seigneurs de guerre dans la ville", a-t-il dit.

A Boali, à 90 km au nord-ouest de Bangui, des centaines de musulmans étaient réfugiés dans la paroisse Saint-Pierre après des affrontements meurtriers entre Séléka et anti-balaka, des miliciens hostiles à M. Djotodia.

Le défi auquel sera confronté le nouveau président - même s'il devrait bénéficier du soutien de la communauté internationale - est immense dans ce pays très pauvre et enclavé d'Afrique centrale, au grand potentiel minier et forestier, qui a connu des années de rébellions et de coups d'Etat.

Le président François Bozizé, chassé en mars 2013 par la Séléka, mouvement rebelle dirigé par Djotodia, était lui-même arrivé au pouvoir dix ans plus tôt par un coup d'Etat.

Pour arrêter l'implosion du pays, le nouveau président aura peu de temps: selon le calendrier de la transition, des élections générales doivent être organisées au plus tard au premier semestre 2015, la France souhaitant qu'elles se tiennent avant la fin 2014.

Note:
Le scrutin devait initialement se dérouler en un seul tour. Finalement, le CNT a décidé que pour être élu, un candidat devait obtenir la majorité absolue au premier tour, faute de quoi un second tour sera organisé entre les deux candidats arrivés en tête.


Noms des candidats retenus :
- Jean-Barkès Ngombe Kette
- Désiré Kolingba
- Catherine Samba Panza
- Régina Konzi Mongo
- Maxime Mbrenga Takama
- Sylvain Patassé
- Emile Gros Raymond Nakombo
- Nestor Mamadou Nali
Chaque candidat aura 10 minutes pour défendre sa candidature avant le vote des conseillers.