Un chef d'une faction musulmane,
Abakar Sabone, menace de sécession de la République Centrafricaine
Le chef de l'une des
factions de la Séléka, Abakar Sabone, ancien ministre du Tourisme, conseiller
spécial à la Présidence prône la séparation du pays en deux blocs le Nord et le
Sud
(DOROTHEE OLLIERIC et TRISTAN LE BRAS - FRANCE 2)
Plusieurs
milliers de musulmans rassemblés dans le centre-ville de Bangui (Centrafrique),
portant pancartes et calicots, ont manifesté pendant sur une grande avenue vers
un quartier musulman. Ils entendent dénoncer "la partialité" des militaires
français déployés depuis début décembre en Centrafrique.
Dimanche
22 décembre au matin, trois combattants Séléka, les ex-rebelles qui ont installé
l'actuel président Djotodia au pouvoir, ont été tués dans un accrochage avec des
soldats français, au cours d'une opération de désarmement des groupes armés.
L'état-major français a refusé dimanche de s'exprimer sur le
sujet.
Le
chef de l'une des factions de la Séléka, Abakar Sabone, ancien ministre du
Tourisme prône la séparation du pays en deux blocs le Nord et le Sud : "Dans un délai d'une
semaine nous allons prendre la décision, tous les nordistes musulmans,de
demander la sécession de la République centrafricaine en deux : le Nord et le
Sud". Le président en intérim, Michel Am-Nondokro Djotodia, ne
semblait être au courant de la menace, ce dimanche.
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Centrafrique: accrochage entre Séléka et armée
française à Bangui
AFP le 22/12/2013 à
22:09
La police anti-émeutes pendant une
manifestation anti-française à Bangui le 22 décembre 2013 ( AFP / Miguel
Medina)
Plusieurs milliers de musulmans ont
manifesté pacifiquement dimanche à Bangui pour protester contre l'armée
française, après la mort quelques heures plus tôt de trois combattants de
l'ex-rébellion Séléka dans un accrochage avec des soldats
français.
"Non à la France", "Hollande
criminel!", scandaient notamment les manifestants, qui entendaient dénoncer "la
partialité" des militaires français déployés depuis début décembre en République
centrafricaine (RCA), où ils tentent de mettre fin à des violences
interreligieuses à grande échelle.
Rassemblés dans le centre-ville, les
protestataires, portant pancartes et calicots, ont marché pendant près d'une
heure sur une grande avenue vers le quartier musulman PK5. Le rassemblement
s'est déroulé sans incident avant d'être dispersé, selon l'armée française, par
"les forces de police de la Misca" (force africaine en Centrafrique), dans une
ville pourtant à feu et à sang depuis trois semaines entre chrétiens et
musulmans.
Dimanche matin, trois combattants
Séléka ont été tués dans un accrochage avec des soldats français, au cours d'une
opération de désarmement des groupes armés dans un quartier nord de la ville,
selon des sources concordantes.
L'état-major français à Paris a
confirmé l'accrochage mais refusé de donner un bilan, expliquant seulement que
les Français ont ouvert "le feu deux fois au cours de la journée": la première
fois "contre un groupe d'une demi-douzaine de personnes soupçonnées d'être des
ex-Séléka", qui "allaient faire usage de leurs armes" qu'ils avaient "pointées
contre nos troupes", et la deuxième fois "contre un tireur
isolé".
Un véhicule blindé congolais de l'UPC
lors d'une manifestation anti française à Bangui le 22 décembre 2013 ( AFP /
Miguel Medina)
Selon le chef de l'une des factions
de la Séléka, Abacar Sabone, les trois ex-rebelles ont été tués "alors qu'ils
étaient armés, certes, mais ils n'avaient montré aucun hostilité envers les
Français et n'ont pas fait usage de leurs armes".
"Nous ne voulons pas la
France!"
L'incident avait provoqué une
première manifestation dans la matinée de quelques dizaines de sympathisants de
l'ex-Séléka, qui ont bloqué l'avenue des Martyrs allant à l'aéroport, avant
d'être là aussi dispersés par des policiers congolais de la
Misca.
Il a ravivé parmi la population
musulmane les accusations de "partialité" contre les soldats français,
soupçonnés de ne désarmer que les ex-Séléka, jouant ainsi le jeu des milices
d'autodéfense chrétiennes "anti-balaka", responsables de nombreuses atrocités
ces derniers jours contre des civils musulmans.
"Nous ne voulons pas la France! Nous
ne voulons pas l'opération Sangaris! La France est venue pour déstabiliser notre
pays", criait l'un des protestataires.
"C?est une opération sanguinaire,
ils (les soldats français) veulent nous diviser, nous, Centrafricains. Ils nous
imposent leur volonté pour nous faire tuer tous les jours. Qu?ils arrêtent!",
dénoncé un autre.
Près d'un millier de personnes ont
été tuées depuis le 5 décembre à Bangui et en province dans des violences entre
chrétiens et musulmans, selon Amnesty International. La plupart des victimes ont
été tuées dans des représailles de la Séléka, mais également dans les attaques
et atrocités des milices anti-balaka.
Ces violences ont précipité
l'intervention militaire de la France, qui tente depuis lors de désarmer les
belligérants et opère en appui à la Misca, forte de 3.700
militaires.
Après un répit de quelques jours,
les incidents ont repris depuis jeudi soir, éclatant de façon intermittente dans
plusieurs quartiers où les tensions intercommunautaires restent vives et la
situation extrêmement volatile.
Avec 1.600 hommes dans tout le pays,
dont un millier à Bangui, l'armée française a neutralisé en priorité les
combattants de l'ex-Séléka, aujourd'hui pour la plupart désarmés et cantonnés.
Ces ex-rebelles venus du nord de la RCA, parmi lesquels des mercenaires
tchadiens et soudanais, ont fait régner la terreur pendant des mois dans Bangui
où ils ont perpétré de nombreuses exactions sur la population très
majoritairement chrétienne.
Le spectre de la Côte
d'Ivoire
Pour nombre de musulmans, le
désarmement en cours dans la capitale les prive de la protection des ex-Séléka
et les laisse à la merci de la vindicte populaire et des milices "anti-balaka".
Ils en rendent responsables l'armée française, qui de son côté n'a de cesse de
réaffirmer son "impartialité" et a conduit cette dernière semaine plusieurs
opérations de désarmement dans des fiefs "anti-balaka" de
Bangui.
Le spectre de la Côte d'Ivoire n'est
pas très loin, quand les soldats français de l'opération Licorne en 2004-2005
avaient failli à plusieurs moments être submergés par les foules hostiles des
partisans du président Laurent Gbagbo. D'autant plus que le dispositif français
actuel en RCA semble sous-dimensionné, de l'avis de plusieurs experts français,
dans une capitale centrafricaine de près d'un million d'habitants prête à
s'embraser et étouffée par les haines confessionnelles.
A l'exception de l'accrochage du
matin, la situation est restée néanmoins relativement calme dimanche dans la
ville, avec une activité au ralenti en ce jour de repos dominical. Dans les
paroisses et les temples, où l'on notait une forte affluence, le ton était à
l'apaisement, aux appels à l'unité et à la réconciliation.
Le Tchad a par ailleurs annoncé qu'il allait rapatrier ses ressortissants "en détresse" en RCA. Assimilés à l'ex-Séléka ou accusés de complicités avec les ex-rebelles, de nombreux Tchadiens ont été la cible ces dernières semaines des attaques des anti-balaka et de la population.