Escalade de la violence en
Centrafrique, un ancien ministre, Joseph Kalité, a été tué
par Emmanuel
Braun
BANGUI (Reuters), 24 janvier 2014 -
Un ancien ministre musulman, Joseph Kalité, a été tué vendredi à coups de
machette à Bangui, la capitale centrafricaine confrontée à une escalade de la
violence au lendemain de l'investiture de la nouvelle présidente par intérim,
Catherine Samba-Panza.
Neuf autres personnes sont tombées
dans la journée sous les coups de groupes armés dont certains appartenaient aux
milices chrétiennes anti-balaka. Des commerces ont été pillés dans le quartier
de Miskine, peuplé en majorité de musulmans, ont rapporté des
témoins.
Joseph Kalité, qui fut plusieurs
fois ministre, notamment du Logement, sortait d'un taxi lorsqu'il a été agressé,
a raconté l'un de ses proches par téléphone à Reuters.
"Les anti-balaka l'ont frappé à
coups de machette et de bâton jusqu'à ce qu'il succombe", a-t-il dit. Un
beau-frère de Kalité, qui se trouvait avec l'ancien ministre, a réussi à
échapper aux agresseurs.
Le corps de Joseph Kalité a été
conduit à la mosquée Ali Babolo où des reporters de Reuters ont pu voir son
corps mutilé.
"Il n'avait pas de fonction au sein
de la Séléka", l'ex-mouvement rebelle musulman", a assuré à Reuters Mahmoud
Hissène, vice-président d'une organisation de jeunesse islamique. "Il avait même
été exclu de la Séléka mais c'était un responsable musulman et c'est pour cela
qu'il a été lâchement assassiné."
Depuis l'intervention des forces
françaises le mois dernier, et profitant de la désorganisation et du désarmement
de certains miliciens musulmans, des chrétiens mènent des opérations de
représailles contre les hommes de la Séléka et les civils
musulmans.
Les pillages de magasins vendredi à
Miskine ont pour leur part entraîné des représailles menées par des combattants
musulmans. Des explosions et des fusillades ont été entendues dans le
secteur.
Des soldats français et le
contingent rwandais de la force de paix africaine, la Misca, sont intervenus et
ont tiré des coups de semonce pour séparer les
belligérants.
PLUS DE 2.000
MORTS
Le président de la Croix-Rouge
centrafricaine, le pasteur Antoine Mbao Bogo, a annoncé que neuf corps, en plus
de celui de Joseph Kalité, avaient été retrouvés sur les lieux des
affrontements, qui ont fait aussi onze blessés.
Dans le quartier PK12, également
largement peuplé de musulmans dans le nord de la capitale, des habitants
craignant pour leur sécurité ont décidé de quitter la ville en convoi sous
escorte militaire.
Alors qu'ils entassaient leurs
maigres biens dans des camions, des anti-balaka rassemblés à quelques centaines
de mètres d'eux les insultaient et se moquaient d'eux. Des soldats français ont
séparé les deux camps.
Depuis décembre, date du début de
l'intervention militaire française aux côtés de forces africaines pour tenter de
rétablir la sécurité dans le pays, les violences ont fait plus de 2.000 morts et
un million de déplacés selon l'Onu.
Première femme élue à la tête de la
Centrafrique depuis l'indépendance du pays en 1960, Catherine Samba-Panza,
ancienne maire de Bangui, a dit son intention d'ouvrir le dialogue avec les
représentants des groupes armés pour tenter de ramener le
calme.
La présence sur le terrain de 1.600
soldats français et de 5.000 soldats africains n'a pas permis pour l'heure
d'apaiser les tensions. L'Union européenne a annoncé l'envoi de 500 militaires
qui seront basés dans les environs de Bangui et devraient rester sur place
pendant six mois avant de passer le relais à la force de l'Union
africaine.
Réunis lundi à Bruxelles, pays
donateurs et organisations internationales ont promis près d'un demi-milliard de
dollars d'aide humanitaire à la République centrafricaine.
Des élections sont prévues au plus
tard d'ici février 2015 en Centrafrique.