La coalition de l'opposition, l’A.F.D.T, refuse d'intégrer le gouvernement Nzapayeke

 

ALLIANCE DES FORCES DÉMOCRATIQUES POUR LA TRANSITION (A.F.D.T)

 

DECLARATION N°003/014

 

Après le Sixième Sommet Extraordinaire des Chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale (C.E.E.A.C) tenu à N’Djamena les 9 et 10 janvier 2014 et qui avait conduit le Chef de l’État de Transition Michel DJOTODIA et le Premier Ministre , Chef du Gouvernement d'Union Nationale de Transition Nicolas TIANGAYE à la démission, il a été procédé le 20 janvier 2014 à l'élection de Madame Catherine SAMBA-PANZA à la fonction de Chef de l’État de Transition par le Conseil National de Transition à l'issue d'un scrutin transparent et démocratique.


Le lendemain 21 Janvier 2014, l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Transition (A.F.D.T) qui est le regroupement des Partis et Associations Politiques de l'ancienne opposition démocratique au régime du Général François BOZIZE, signataires des Accords de Libreville du 11 janvier 2013, a félicité le nouveau Chef de l’État pour sa brillante élection.


Par la même occasion, L’A.F.D.T, avait exprimé son engagement à soutenir la Transition en cours, en souhaitant que sous l’impulsion du Chef de l’État nouvellement élu, notre pays puisse aller très rapidement vers la restauration de la paix, de la sécurité, et de l’autorité de l’État.


L'A.F.D.T avait en outre rappelé que la réussite de cette Transition dépend du respect scrupuleux de son cadre juridique constitué de l'Accord Politique de Libreville du 11 janvier 2013, de la Déclaration de N’Djamena du 18 avril 2013 et de la Charte Constitutionnelle de Transition du 18 juillet 2013 notamment en ses articles 29 et 36 alinéa 3.


L’Alliance des Forces Démocratiques de la Transition (AFDT) prend acte de la nomination le 25 janvier 2014 du nouveau Premier Ministre, Chef du Gouvernement de Transition, qui aura pour mission ente autres, de rétablir la sécurité dans le pays, et de remettre l’État en marche en vue de répondre aux aspirations légitimes et aux nombreuses attentes de nos populations, puis d’organiser des élections présidentielles et législatives dans les délais impartis par la Charte Constitutionnelle de Transition.


L’AFDT ayant fait le constat que les Actes fondateurs de cette Transition consensuelle et inclusive n’ont pas été respectés, a fait le choix politique de ne pas intégrer ce gouvernement afin de rester libre et de veiller au respect des engagements pris par celui-ci.


L’AFDT restera vigilante afin que :


Consciente de ses responsabilités historiques, et face au drame que vit notre peuple, l’AFDT apportera son soutien indéfectible au processus de Transition. Elle participera à l’œuvre de réconciliation nationale et fera toutes propositions utiles à cet effet.

 

Bangui le 26 janvier 2014
Le Président de la Conférence des Présidents
Martin ZIGUELE

 

Version en pdf de la déclaration ci-dessus (DECLARATION N°003/014)

 

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Réaction à la Déclaration N°003/014 de l’AFDT

 

Patriotisme avant Tout…

 

Monsieur Martin Ziguélé,

Messieurs les membres de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Transition (AFDT),

 

En la date du 26 janvier 2014, vous avez publié une déclaration dans laquelle vous réclamez le respect scrupuleux du cadre juridique de la transition en Centrafrique, consacré par trois documents de référence à savoir l’Accord Politique de Libreville du 11 janvier 2013, la Déclaration de N’Djamena du 18 avril et la Charte Constitutionnelle de Transition du 18 juillet 2013 dont vous semblez dénoncer implicitement la violation des articles 29 et 36 alinéa 3.

Pour rappel, l’article 29 auquel vous faites référence stipule que « Le Chef de l’Etat de la Transition entérine la désignation du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, conformément à l’Accord politique de Libreville du 11 janvier 2013. Sur proposition du Premier ministre, il nomme les membres du Gouvernement de Transition et met fin à leurs fonctions. »

Et l’article 36 alinéa 3 souligne quant à lui qu’en « cas de décès, de démission ou d’incapacité définitive médicalement constatée du Premier Ministre, le Chef de l’Etat de la Transition nomme sans délai un nouveau Premier Ministre après de larges consultations et conformément à l’Accord politique de Libreville du 11 janvier 2013. »

Vous allez jusqu’à souligner que les Actes fondateurs de ‘cette Transition consensuelle et inclusive’ n’ont pas été respectés. A analyser vos allégations de près, vous voulez, me semble-t-il, reprocher à la Présidente de Transition, Mme Catherine Samba-Panza, d’avoir écorché l’article 4 de l’Accord de Libreville selon lequel  « Le Gouvernement d’Union Nationale est dirigé par un Premier Ministre, Chef du Gouvernement, issu de l’opposition » en nommant un Premier Ministre qui ne soit issu du cercle de l’opposition que vous chapeautez.

Puis-je vous demander d’où provient la légitimité de l’AFDT qui de jure comme de facto n’est pas signataire des accords-cadres de la transition dont vous faites mention ? En quoi est-ce que l’AFDT est représentative et incarne l’intérêt de la classe politique centrafricaine voire du peuple centrafricain ?  Vous choisissez d’être vigilants par rapport au suivi des accords qui de toute évidence sont devenus caduques et qui nécessitent une révision radicale si l’on veut réellement permettre à notre pays de se relever et retrouver sa souveraineté. Pourquoi n’avoir pas choisi d’être aussi vigilants pour la défense et la protection de la vie des nombreux compatriotes victimes des violations massives des droits humains de tout ordre avec à la clef des exécutions extrajudiciaires à grande échelle qui se sont produites dans notre pays depuis le 24 mars 2013 ?  Pourquoi n’avoir pas été aussi vigilant devant le régime de terreur qui a cherché à prendre tout un peuple en otage ? Par ailleurs, comment justifier que ni le FARE, ni l’AFDT, ni vous-même n’avez produit jusqu’à ce jour un plan de sortie de crise digne de ce nom ?

Au nom des milliers de compatriotes et étrangers qui ont perdu leur vie du fait des violences armées qui se sont produites depuis le 24 mars 2013 jusqu’à ce jour, au nom des nombreux compatriotes qui ont tout perdu et qui sont forcés de fuir leurs maisons et villages pour vivre dans des conditions infrahumaines, au nom de tous les fils et filles de Boganda en proie à une situation dramatique jamais égalée, permettez-moi d’exprimer ma profonde indignation devant ce qui apparait comme l’expression d’une déception devant une aspiration non-assouvie à une place prépondérante dans la nouvelle phase de transition initiée avec l’élection de Mme Samba-Panza.

Je condamne énergiquement cette logique de recherche à tout prix du pouvoir pour le pouvoir comme un droit à une part de gâteau à partager. La situation plus que tragique et dramatique de notre pays devrait amener chaque centrafricain et chaque centrafricaine à renoncer, dans un élan de patriotisme, à ses ambitions et aspirations personnelles ou partisanes pour mettre en avant le seul intérêt qui vaille la peine d’être défendu a cette étape de notre histoire : l’intérêt suprême de la nation centrafricaine en péril et du peuple centrafricain meurtri.

Cet acte patriotique plus que jamais nécessaire requiert de tous l’abandon pur et simple de lutte de pouvoir et un engagement par la réflexion, des propositions ou des actions concrètes pour mettre un terme à l’implosion de la violence et sortir durablement notre pays de la longue crise sociopolitique et militaire qui le caractérise jusqu’alors. Ce patriotisme que réclame l’urgence du moment nécessite que l’on fasse preuve d’abnégation et de créativité responsable par un travail en synergie avec la seule personne, notamment la Présidente de Transition, qui incarne légitimement l’espoir de tout un peuple de renaitre de ses cendres.

Je regrette de constater qu’une fois de plus vous voulez faire graviter l’intérêt suprême de la nation centrafricaine autour de vos intérêts personnels et partisans. Je suis choqué de voir que vous voulez faire de la récupération en jouant sur les notes sensibles de la religion que d’aucuns ont utilisé à des fins politico-politiciennes au point de diviser chrétiens et musulmans. Avec l’expérience de Boali, on peut espérer que les chrétiens et les musulmans échapperont à ce piège et rebâtirons ensemble une société de tolérance multiforme. Mon étonnement est à son comble quand je vois que vous semblez faire de l’organisation des élections libres et transparentes une urgence à réaliser dans le plus bref délai. Cela, alors que l’expérience avec le MLPC que vous dirigez actuellement a montré qu’il ne suffit pas d’avoir un président démocratiquement élu pour garantir la stabilité, la paix et le développement en Centrafrique.

Quo usque tandem abutere Martinus patientia nostra ?  Notre pays qui n’est pas plus qu’un Etat en faillite a besoin de grandes réformes institutionnelles et d’un certain nombre d’années d’expérience de bonne gouvernance pour sortir durablement de la crise qui le frappe de plein fouet actuellement. Il a besoin d’une longue transition sous la conduite d’une équipe gouvernementale faite essentiellement de technocrates. De grâce, donnez à notre pays cette seule et dernière chance de sortir du chaos en laissant à Mme Catherine Samba-Panza la latitude de rassembler les compatriotes dont elle juge la compétence et l’expertise nécessaires pour poser les bases d’une nouvelle RCA que nous sommes tous en droit d’espérer.

 

Nairobi, le 27 janvier 2014

Paterne A. Mombe, SJ

 

 

  

L'A.F.D.T avait en outre rappelé que la réussite de cette Transition dépend du respect scrupuleux de son cadre juridique constitué de l'Accord Politique de Libreville du 11 janvier 2013, de la Déclaration de N’Djamena du 18 avril 2013 et de la Charte Constitutionnelle de Transition du 18 juillet 2013 notamment en ses articles 29 et 36 alinéa 3.

 

Il ne s’agit plus ni ne doit plus s’agir d’une lutte politico-politicienne de conquête de pouvoir. Il s’agit de créer les conditions de restauration d’un Etat en proie à la faillite et a une généralisation de la violence mortelle. C’est une situation grave qui invite chaque politicien, chaque parti à mettre les intérêts partisans et personnels de cote pour ne se soucier que d’une chose : comment restaurer l’Etat centrafricain dans la paix ? 

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Centrafrique: l’AFDT ne participera pas au gouvernement

Par journaldebangui.com - APA - 27/01/2014

L'Alliance d’opposants va néanmoins «apporter son soutien indéfectible au processus de la transition»

L’Alliance des forces démocratique de transition (AFDT) a décidé de ne pas participer au gouvernement centrafricain dirigé par André Nzapayéké «afin de rester libre et de veiller au respect des engagements pris par ce gouvernement». Dans un communiqué de presse, signé de son coordonnateur Martin Ziguélé, l’AFDT dit qu’elle restera «vigilante afin que chacune des actions qui seront menées le soit dans l’intérêt de tous les Centrafricains sans aucune forme de discrimination, dans le respect des libertés individuelles et collectives».

Selon ce communiqué les engagements pris sont entre autres de «rétablir la sécurité dans le pays, remettre l’Etat en marche en vue de répondre aux aspirations légitimes et aux nombreuses attentes de la population centrafricaine et enfin organiser les élections présidentielle et législatives dans les délais impartis par la charte constitutionnelle de transition». L’AFDT qui regroupe des associations politiques de l’ancienne opposition démocratique au régime du président François Bozize, va néanmoins «apporter son soutien indéfectible au processus de la transition». Elle participera aussi à «l’œuvre de la réconciliation nationale et fera toute les propositions utiles à cet effet».

 

La prise de position de l’AFDT divise la classe politique. Elle intervint au moment où des tractations sont en cours pour la formation du gouvernement de transition. Selon une source proche des séléka, cette coalition a pu gagner 5 portefeuilles dans ce gouvernement. André Nzapayéké, 62 ans, nommé Premier ministre de la République centrafricaine par la Présidente Catherine Samba Panza a la lourde charge de former son gouvernement lequel selon la Présidente, sera ‘’resserré et composé des 18 technocrates », choisis dans une parfaite parité homme-femme.