Risque de
génocide en Centrafrique selon l’ONU
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Centrafrique: l’ONU craint un
génocide
17 janvier 2014 -
ledevoir.com
Tous les éléments sont réunis pour
un génocide en Centrafrique, a averti jeudi l’ONU, en appelant à une
stabilisation politique à Bangui secouée par d’énièmes tueries, où le parlement
élira lundi un nouveau président.
« Il y a tous les éléments que nous
avons vus dans des endroits comme le Rwanda, la Bosnie, les éléments sont là
pour un génocide. Cela ne fait pas de doute », a déclaré le chef des opérations
humanitaires de l’ONU, John Ging, lors d’une conférence de presse à Genève, au
retour d’une mission en Centrafrique. « Des atrocités sont commises de
façon continue », a-t-il rappelé, soulignant que « les communautés ont peur. Les
gens ont peur des autres communautés ».
Au moins sept personnes ont été
tuées dans la nuit au
Trois cadavres, dont un jeune d’une
quinzaine d’années tué par balle, étaient entreposés à la mosquée du quartier
Bégoua-3, à la sortie nord de Bangui et la Croix-Rouge centrafricaine a ramassé
les cadavres de quatre hommes chrétiens, tués à l’arme
blanche.
Des habitants du quartier ont accusé
les militaires français de l’opération Sangaris d’avoir tiré sur les trois
hommes lors d’une opération de fouille. L’armée française a confirmé un
accrochage mais démenti toute responsabilité pour les
morts.
« Ce n’est pas un conflit
interreligieux pour l’instant mais cela pourrait le
devenir », a
dité M. Ging. « Les
conséquences vont être dramatiques si nous n’agissons pas immédiatement »,
a-t-il ajouté, constatant l’effondrement » complet du
pays.
Chargé d’arrêter l’implosion de la
Centrafrique, le nouveau président de transition sera élu lundi par le parlement
provisoire, a annoncé le Conseil national de transition (CNT, parlement
provisoire).
Les parlementaires ont retenu 17
critères d’éligibilité à la présidence de transition et fixé le dépôt des
candidatures à vendredi et samedi. Le CNT validera ou rejettera lui-même les
candidatures.
Pour les partenaires occidentaux et
africains de Bangui, qui interviennent militairement dans le pays et financent
un État quasiment failli, l’élu doit être « un président
technique » s’appuyant sur « des responsables compétents à la
tête des ministères régaliens », selon un diplomate
occidental.
L’ex-président Michel Djotodia,
porté au pouvoir en mars 2013 par une rébellion hétéroclite, la Séléka, a
été contraint au départ vendredi par les dirigeants d’Afrique centrale —
soutenus par la France — excédés par son incompétence et son incapacité à mettre
fin aux tueries interreligieuses.
Le feu couve toujours à Bangui
quadrillée par les forces internationales, même si la capitale présente chaque
jour un peu plus une apparence trompeuse de retour à une forme de
normalité.
Les fonctionnaires, qui n’ont pas
été payés depuis septembre, reprennent le chemin des administrations, totalement
à l’arrêt depuis début décembre. L’activité commerciale reprend elle
aussi.
Mais les centaines de milliers de
déplacés des violences ne rentrent pas chez eux. À Bangui, qui compte
800 000 habitants, la moitié de la population vit entassée dans des camps
de fortune.
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Risque de génocide en
Centrafrique, selon l'ONU
L'ONU a
évoqué jeudi le risque de génocide en République centrafricaine si la communauté
internationale n'intervient pas plus massivement pour porter un coup d'arrêt à
la crise en cours.
Le pays
est plongé dans le chaos l'an dernier avec la prise du pouvoir à Bangui par les
rebelles musulmans de la Séléka, qui a déclenché une vague de violences et de
pillages, auxquels les milices chrétiennes « anti-balata » ont
répliqué par des actes de vengeance.
« Il
y a là tous les éléments que nous avons constatés ailleurs, comme au Rwanda et
en Bosnie. Les éléments sont en place là-bas pour un génocide (...) », a
estimé lors d'une conférence de presse à Genève John Ging, directeur des
opérations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU
(OCHA).
Pour John
Ging, qui revient d'un déplacement de cinq jours en Centrafrique, la crise était
prévisible, évitable, et elle est le fruit de la négligence de la communauté
internationale depuis de nombreuses années.
John Ging
a cependant estimé qu'il était faux de parler de violences intercommunautaires,
même si une minorité extrêmement violente cherche à élargir le conflit.
« Les communautés ne sont pas en conflit les unes contre les autres »,
a-t-il dit.
Selon lui,
les infrastructures d'un État ne sont plus nulle part debout en Centrafrique. La
police et l'armée se sont désintégrées, laissant aux 1600 soldats français de
l'opération « Sangaris » et aux 4000 soldats de maintien de la paix
africains de la Fomac le soin de tenter d'éviter les
violences.
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par Tom Miles et Paul-Marin
Ngoupana
GENEVE/BANGUI (Reuters),
16/01/2014
- De nouvelles violences se sont
produites dans la nuit de mercredi à jeudi à Bangui, en Centrafrique, où l'Onu a
appelé la communauté internationale à intervenir plus massivement pour éviter un
génocide.
Les forces françaises et africaines
sont confrontées à une situation "presque impossible" à maîtriser, a déclaré le
représentant français aux Nations unies, Gérard Araud.
Plus d'un mois après le début de
l'opération française Sangaris aux côtés des forces africaines de la Misca, la
situation reste volatile, au risque de fragiliser la reprise des discussions sur
l'élection lundi prochain d'un nouveau président de transition après la
démission la semaine dernière de Michel Djotodia.
Huit personnes ont été tuées
mercredi à Bangui, selon des témoins, un bilan qui n'a pas été confirmé par
l'armée française.
"En début de soirée mercredi, des
éléments de la force Sangaris étaient en patrouille dans le nord de Bangui (...)
quand ils ont été encerclés par une foule qui est devenue de plus en plus
hostile", a dit à Reuters le porte-parole de l'état-major des forces armées, le
colonel Gilles Jaron. "Ils ont cherché à se dégager de cette pression, ils ont
été pris à partie, ils ont tiré deux grenades
assourdissantes."
"Ils étaient en train de regagner
leurs positions quand on leur a tiré dessus, les soldats ont riposté, les
individus armés ont pris la fuite", a-t-il ajouté, précisant ne pas avoir
connaissance de victimes.
Les tensions persistaient jeudi. Des
habitants en colère ont tenté de mettre le feu à un convoi de musulmans
tchadiens fuyant le pays, avant d'être dispersés par les forces de la Misca qui
ont procédé à des tirs de sommation.
HAINE
"La situation dans la capitale et en
Centrafrique est éminemment complexe, elle est très volatile", a dit le général
Francisco Soriano, commandant de la Force Sangaris, qui s'exprimait à Paris
depuis Bangui par visioconférence. Mais "sur le plan sécuritaire les progrès
sont là. La situation s'améliore, elle s'améliore lentement mais elle
s'améliore."
"Les derniers incidents remontent à
samedi dernier au moment de l'annonce du départ du chef de l'Etat. En ces
périodes de vide politique, des incertitudes accentuent (...) les
craintes."
Un porte-parole des "anti-balaka"
("anti-machettes"), milice principalement chrétienne opposée aux ex-rebelles de
la Séléka en majorité musulmans, a critiqué jeudi les autorités provisoires du
Conseil national de transition (CNT) et menacé de reprendre les
armes.
Il a estimé que les anciens rebelles
de la Séléka restaient trop nombreux au sein du CNT et que les représentants
"anti-balaka" n'y étaient pas assez représentés.
"Si on ne trouve pas de solution,
nous avons toujours nos machettes...", a déclaré à Reuters Sébastien Wenezoui
dans le nord de Bangui, entouré d'une vingtaine de combattants armés de
couteaux, de machettes et de fusils d'assaut Kalachnikov.
Les "anti-balaka" veulent défiler
vendredi à Bangui pour dénoncer le projet de désignation d'un nouveau président
intérimaire par le CNT actuel.
Le CNT doit voter sur le choix du
nouveau président le 20 janvier, a annoncé sa vice-présidente Léa Koyassoum
Doumta.
Sous la pression de la communauté
internationale, Michel Djotodia, arrivé au pouvoir à la suite d'un coup d'Etat
mené par la Séléka en mars
Le président par intérim,
Alexandre-Ferdinand Nguendet, a annoncé depuis un renforcement des mesures de
sécurité pour tenter de mettre un terme aux affrontements qui se poursuivent
entre ex-Séléka et miliciens chrétiens malgré la présence de 1.600 militaires
français et quelque 4.400 soldats africains.
MISSION
EUROPÉENNE
Les premiers éléments d'un
contingent rwandais sont arrivés jeudi à Bangui à bord de deux avions de
transport américains et devraient d'abord rester dans la
capitale.
"En Centrafrique, je pense que nous
avons peut-être sous-estimé la haine et le ressentiment entre communautés", a
déclaré mercredi l'ambassadeur français aux Nations unies. Gérard Araud, lors
d'une conférence sur les moyens d'empêcher les génocides organisée à l'occasion
du 20e anniversaire du drame rwandais.
"Il s'agit d'une situation presque
impossible pour les soldats africains et français. Nous devons réfléchir dans
des termes très pratiques à la façon d'être efficace pour empêcher les gens de
s'entre-tuer quand ils veulent désespérément le faire, envisageant le recours à
des psychologues.
De retour de Centrafrique, le chef
du bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'Onu, John Ging, a lui
aussi mis en garde contre un risque de génocide et appelé la communauté
internationale à apporter une aide financière massive pour répondre aux besoins
humanitaires criants du pays.
"Il y a là tous les éléments que
nous avons constatés ailleurs, comme au Rwanda et en Bosnie. Les éléments sont
en place là-bas pour un génocide (...)", a-t-il dit.
Pour John Ging, la crise était
prévisible, évitable, et elle est le fruit de la négligence de la communauté
internationale.
Il a cependant estimé qu'il était
faux de parler de violences intercommunautaires, même si une minorité
extrêmement violente cherche à élargir le conflit.
Le secrétaire général de l'Onu, Ban
Ki-moon doit remettre le mois prochain au Conseil de sécurité ses
recommandations en vue du déploiement de casques bleus qui pourraient prendre le
relais des troupes africaines.
Lundi prochain, ce sont les
ministres européens des Affaires étrangères qui décideront de l'éventuel
lancement d'une mission militaire européenne pour soutenir les interventions
française et africaine en Centrafrique.
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Afp, Par Christian Panika et Cécile FEUILLATRE,
16/01/2014
Tous les éléments sont réunis pour
un génocide en Centrafrique, a averti jeudi l'ONU, en appelant à une
stabilisation politique à Bangui secouée par d'énièmes tueries, où le parlement
élira lundi un nouveau président.
"Il y a tous les éléments que nous
avons vus dans des endroits comme le Rwanda, la Bosnie, les éléments sont là
pour un génocide. Cela ne fait pas de doute", a déclaré le chef des opérations
humanitaires de l'ONU, John Ging, lors d'une conférence de presse à Genève après
une mission en Centrafrique.
"Des atrocités sont commises de
façon continue", a-t-il rappelé, soulignant que "les communautés ont peur. Les
gens ont peur des autres communautés".
Au moins sept personnes ont été
tuées dans la nuit au cours de plusieurs incidents violents dans un quartier
nord de Bangui, selon des sources militaires et
humanitaires.
Trois cadavres, dont un jeune d'une
quinzaine d'années tué par balle, étaient entreposés à la mosquée du quartier
Bégoua 3, à la sortie nord de Bangui, ont constaté des journalistes de l'AFP. La
Croix-Rouge centrafricaine a également ramassé les cadavres de quatre hommes
chrétiens, tués à l'arme blanche.
Des habitants du quartier ont accusé
les militaires français de l'opération Sangaris d'avoir tiré sur les trois
hommes lors d'une opération de fouille. L'armée française a confirmé un
accrochage mais démenti toute responsabilité pour les
morts.
Dans la matinée, un nouveau convoi
de civils musulmans, protégé par des soldats tchadiens, quittait la ville et ses
violences.
"17 critères
d'éligibilité"
"Ce n'est pas un conflit
inter-religieux pour l'instant mais cela pourrait le devenir", a jugé M. Ging,
constatant l'"effondrement" complet du pays.
Chargé d'arrêter l'implosion de la
Centrafrique, le nouveau président de transition sera élu lundi par le parlement
provisoire, a annoncé le Conseil national de transition (CNT, parlement
provisoire).
Le CNT a retenu 17 critères
d'éligibilité et fixé le dépôt des candidatures de vendredi 09H00 (08H00 GMT) à
samedi 10H00 (bien 10H00, 09H00 GMT). Il validera ou rejettera lui-même les
candidatures.
La liste interdit d'être candidat
notamment aux chefs des partis politiques, aux militaires d'active, à tous ceux
ayant exercé des responsabilités au sein des institutions de transition sous la
présidence de Michel Djotodia et à tous ceux ayant été "membre d'une milice ou
d'une rébellion armée durant les 20 dernières années".
Elle comporte aussi des clauses
subjectives sujettes à polémique, comme "être crédible".
Pour les partenaires occidentaux et
africains de Bangui, qui interviennent militairement dans le pays et financent
un Etat quasiment failli, l'élu doit être "un président technique", selon un
diplomate occidental.
M. Djotodia, porté au pouvoir en
mars 2013 par une rébellion hétéroclite, la Séléka, a été contraint au départ
vendredi par les dirigeants d'Afrique centrale - soutenus par la France -
excédés par son incapacité à mettre fin aux tueries
interreligieuses.
Population entassée dans des
camps
Le feu couve toujours à Bangui,
quadrillée par les forces internationales, même si la capitale présente chaque
jour un peu plus une apparence trompeuse de retour à une forme de
normalité.
Les fonctionnaires, qui n'ont pas
été payés depuis septembre, reprennent le chemin des administrations totalement
à l'arrêt depuis début décembre. L'activité commerciale reprend elle
aussi.
Mais les centaines de milliers de
déplacés des violences ne rentrent pas chez eux. A Bangui, qui compte 800.000
habitants, la moitié de la population vit entassée dans des camps de
fortune.
Le reste du pays est essentiellement
livré à lui-même.
Sur les 4,6 millions de
Centrafricains, environ un million ont été chassés de chez eux par les violences
et la moitié de la population est directement touchée par la crise, selon des
sources humanitaires.
Cette crise est sans précédent dans
un pays à l'histoire particulièrement troublée depuis son indépendance de la
France en 1960, et qui figure parmi les plus démunis du continent, malgré son
potentiel agricole et minier.
Pour sécuriser la Centrafrique,
l'Union africaine a appelé une nouvelle fois à renforcer la Misca (force
africaine de maintien de la paix) pour atteindre 6.000 soldats sur le
terrain.
La Misca compte actuellement environ
4.500 hommes, mais elle va recevoir ce jeudi le renfort d'un bataillon rwandais
de 850 hommes. La France a envoyé depuis début décembre 1.600
soldats.
Dans le cadre d'une future mission
militaire européenne, l'Estonie s'est dit prête à envoyer 55
soldats.
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Centrafrique : l’ombre du
génocide
Euronews, 16/01/2014
Les Nations Unies inquiètes du
risque de génocide qui pèse sur la Centrafrique. Alors qu’un contingent de
soldats rwandais est arrivé pour renforcer les forces africaines de maintien de
la paix, le chef des opérations humanitaires de
l’ONU tire la sonnette d’alarme. De retour
de Bangui, il estime que tous les ingrédients sont réunis pour des atrocités,
dressant un parallèle avec les génocides du Rwanda et de
Bosnie.
Il juge indispensable d’agir
immédiatement. Le nouveau président de transition aura un rôle crucial pour
stabiliser la situation. Il devrait être élu dès lundi par le parlement
provisoire.
Pendant ce temps, la tension reste
très forte à travers le pays. Malgré la présence des forces internationales,
chaque jour apporte son lot de morts.
Par ailleurs, un million de
personnes – soit près d’un quart de la population – ont fui les violences, et
continuent de vivre regroupées dans des camps de fortune.