Des soldas français près du corps d'un manifestant tué le 23 septembre 2013 près de l'aéroport à Bangui. Miguel Medina - AFP
Des soldats
tchadiens de la force africaine en Centrafrique (Misca) ont ouvert le feu lundi
matin à Bangui sur des manifestants rassemblés près de l'entrée de l'aéroport,
tuant une personne, ont constaté un photographe et un vidéaste de
l'AFP.
Plusieurs milliers
de manifestants majoritairement chrétiens étaient regroupés près de l'entrée de
l'aéroport pour demander "le départ" du président Michel Djotodia. Les
manifestants exigeaient également le départ du pays des soldats tchadiens de la
Misca, aux cris de "Pas de Tchadiens à Bangui".
Certains d'entre eux
portaient des pancartes sur lesquelles étaient inscrits les slogans: "Oui à
l'opération Sangaris (de l'armée française), non à l'armée tchadienne", ou "Oui
à la France, non à la Séléka" (ex-rébellion musulmane, au pouvoir depuis mars
2013).
Vers 7H40 locales
(6H40 GMT), deux 4X4 de soldats tchadiens ont alors fait irruption et se sont
approchés du rassemblement. Des manifestants ont commencé à jeter des pierres
dans leur direction. Les militaires tchadiens ont réagi en tirant en l'air et
dans la foule. Une personne a été tuée par balle et une autre blessé, a-t-on
constaté.
Des soldats français
sont intervenus assez rapidement, notamment pour évacuer les victimes, mettant
fin à l'incident. L'accès à l'aéroport n'a pas été bloqué.
Dans le reste de la
capitale, la situation était calme lundi matin, avec une reprise notable de
l'activité. Aucun incident majeur n'a apparemment eu lieu pendant la nuit de
dimanche à lundi.
De nombreux
Centrafricains accusent les Tchadiens de la Misca de complicité avec
l'ex-Séléka. Des ressortissants tchadiens ont été la cible ces dernières
semaines des attaques des milices d'autodéfense chrétiennes "anti-balaka" et de
la population. Dimanche, N'Djamena a annoncé le rapatriement de ses
ressortissants en Centrafrique.
Près d'un millier de
personnes ont été tuées depuis le 5 décembre à Bangui et en province dans des
violences entre chrétiens et musulmans, selon Amnesty International. La plupart
des victimes ont été tuées dans des représailles de la Séléka, mais également
dans les attaques et atrocités des milices anti-balaka.
Ces violences ont
précipité l'intervention militaire de la France, qui tente depuis lors de
désarmer les belligérants et opère en appui à la Misca, forte de 3.700
militaires.
Après un répit de
quelques jours, les incidents ont repris depuis jeudi soir, éclatant de façon
intermittente dans plusieurs quartiers où les tensions intercommunautaires
restent vives et la situation extrêmement volatile.
Bangui (AFP), lundi 23 décembre 2013
Des soldas français près du corps d'un manifestant tué le 23 septembre 2013 près de l'aéroport à Bangui. Miguel Medina - AFP