L’ONU envoie des renforts composés de 11.800 casques bleus en Centrafrique

 

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L'Onu vote l'envoi de 11.800 casques bleus en Centrafrique

 

Par Michelle NicholsReuters

NATIONS UNIES (Reuters), 10 avril 2014 - Le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé jeudi à l'unanimité la création d'une force de maintien de la paix en Centrafrique, la Minusca, pour tenter de mettre fin à la spirale de violences entre chrétiens et musulmans.

La résolution 2149 prévoit le déploiement d'une force qui "comprendra initialement un effectif militaire de 10.000 hommes, dont 240 observateurs militaires et 200 officiers d'état-major, un effectif de police de 1.800 hommes et 20 agents pénitentiaires".

Adoptée à l'unanimité des 15 membres du Conseil de sécurité, elle autorise aussi les 2.000 soldats français de l'opération Sangaris à appuyer les casques bleus.

La Minusca remplacera à compter du 15 septembre les 5.600 soldats de la Misca, la force de l'Union africaine, déployée en Centrafrique depuis décembre. Le Conseil de sécurité de l'Onu a émis le souhait que "le plus possible de soldats et de policiers de la Misca" intègrent la Minusca.

Les casques bleus vont devoir tenter de mettre fin au cycle de violences et de représailles qui, selon de hauts responsables des Nations unies, a poussé le pays au bord d'un génocide.

La Centrafrique a basculé il y a un an lorsque la Séléka, une alliance de rebelles musulmans originaires du nord du pays et de mercenaires des pays voisins, a pris le pouvoir à Bangui en chassant le président François Bozizé.

Les combattants de la Séléka se sont rendus coupables de nombreuses exactions contre la population majoritairement chrétienne et animiste de la capitale et des villes du sud et de l'ouest de la Centrafrique, entraînant les représailles des miliciens "anti-balaka" contre la minorité musulmane.

"ÉTAT D'ANARCHIE"

Les violences, qui ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, n'ont pas cessé après le déploiement des soldats africains de la Misca et français de la force Sangaris, en décembre, et la démission le mois suivant du président Michel Djotodia, ancien chef de la Séléka.

En visite à Bangui samedi, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a souligné que les soldats français et africains étaient "dépassés" par "l'état d'anarchie" dans lequel a sombré ce pays de quelque 4,6 millions d'habitants dont la superficie dépasse celle de la France.

Illustration des propos de Ban, des habitants de Dekoa ont rapporté jeudi qu'une attaque de miliciens anti-balaka commise l'avant-veille contre les combattants Séléka qui contrôlent cette ville située à environ 300 km au nord de Bangui avait fait au moins 13 morts et, en l'absence de soldats internationaux pour les protéger, contraint nombre de ses habitants à fuir dans la brousse.

Le Conseil de sécurité a appelé jeudi les autorités de transition centrafricaines "à accélérer les préparatifs en vue d'organiser des élections présidentielle et législatives libres, honnêtes, transparentes et ouvertes à tous au plus tard en février 2015".

La tâche qui attend la présidente intérimaire Catherine Samba-Panza apparaît cependant quasi insurmontable, avec un pays pratiquement coupé en deux entre le Nord et l'Est, où sont concentrées les richesses minières, contrôlés par la Séléka et le Sud et l'Ouest aux mains des milices chrétiennes qui harcèlent les dernières enclaves de population musulmane.

 

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L’ONU envoie des renforts en Centrafrique

 

Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté jeudi 10 avril une résolution autorisant le déploiement de 12000 Casques bleus en Centrafrique.

 

la-croix.com, 10/4/14 - 18 H 18

 

Les premiers gendarmes envoyés par l’Union européenne ont commencé leurs patrouilles à Bangui.

Les exactions se poursuivent dans le pays.

Douze mille Casques bleus pour la République centrafricaine (RCA). Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son feu vert, jeudi 10 avril au matin, à cette mission préconisée et attendue depuis des mois. Les contours de cette mission, la Minusca (Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en République centrafricaine), épousent les recommandations du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, exposées le 3 mars: envoyer 10000 soldats et 18000 policiers pour protéger les civils de la violence et de l'anarchie qui frappent ce pays depuis mars 2013 et le coup d'État de la Séléka, cette rébellion issue du nord du pays.

La mission onusienne aura aussi la responsabilité de soutenir le processus politique de transition, d'accompagner la préparation et la tenue d'élections démocratiques (prévues en février 2015) et d'assurer le retour des déplacés. Au côté cette force armée, Ban Ki-moon souhaite aussi envoyer des civils – administrateurs, ingénieurs, observateurs des droits de l'homme, juristes –, afin d'aider le gouvernement centrafricain à se doter d'une administration en état de fonctionner.

Comme annoncé le 3 mars, cette opération débutera à la mi-septembre, le 15 précisément. Les effectifs de la Minusca seront composés pour l’essentiel des 6000 hommes de la force africaine Misca. Ils seront commandés par un militaire africain selon une exigence clairement exposée par l’Union africaine.

 

Une première mission 

 

En attendant le déploiement de la Minusca, les premiers éléments (une cinquantaine de gendarmes mobiles français) des 800 soldats de la Force européenne (Eufor) qui doit être engagée en Centrafrique d’ici à la fin du mois de mai, ont effectué leur première mission mercredi 9 avril: ils ont patrouillé dans les rues de Bangui avec le soutien des soldats de Sangaris. Une fois au complet, l’Eufor sera chargée de sécuriser l'aéroport international et certains quartiers de Bangui. Une mission commandée par le général français Philippe Pontiès.

Les 2000 soldats de la force Sangaris n’ont pas les moyens de rétablir, avec l’aide de la Misca, la sécurité dans l’ensemble de ce pays aussi grand que la France et la Belgique réunies. Si le niveau sécuritaire semble s’être amélioré à Bangui, encore que deux soldats français aient été blessés à la grenade, mercredi 9 avril, dans le quartier Combattants, dominé par la milice anti-balaka, il n’en n’est rien dans le reste du pays. Mardi 8, des affrontements entre milices anti-balaka et Séléka auraient entraîné la mort d’une trentaine de personnes, dont une majorité de civils, dans la région de Dékoa, à 300 km au nord de Bangui.

 

Des opérations meurtrières

 

Les miliciens anti-balaka sont responsables, depuis des semaines, d’attaques violentes contre les populations musulmanes. La semaine dernière, Human Rights Watch (HRW) a fait état de plusieurs attaques dont celle du village de Guen, dans le sud-ouest du pays: le 1er et le 2 février, les anti-balaka auraient tué, selon l’ONG, 72 hommes et garçons musulmans. Depuis le début du conflit, il y a un an, la proportion des musulmans a chuté de 15 % à 2 % de la population totale de la Centrafrique, selon l’ONU.

La Séléka monte également des opérations meurtrières comme celle du 22 février, à Yakongo, un village à une trentaine de kilomètres de Guen: les combattants de la Séléka, soutenus par des éleveurs de bétail peuls, auraient tué 19 personnes.

 

Les Etats-Unis inquiets

 

Ces deux tueries, observe HRW, ont eu lieu à proximité de la route principale qui relie les villes de Boda et Carnot. Une route en principe sécurisée par l’armée française et la Misca. « Ces massacres atroces montrent que le déploiement des forces de maintien de la paix françaises et de l’Union africaine ne suffit pas à protéger les villages contre ces attaques meurtrières », a déploré Lewis Mudge, chercheur sur l’Afrique de HRW.

De plus en plus inquiets, les États-Unis ont annoncé mercredi 9 avril le versement d'une aide humanitaire de 22 millions de dollars(16 millions d’euros) : plus de 8,8 millions seront consacrés aux efforts de protection sanitaire, 8,5 millions pour l'aide à la nourriture et 4,6 millions de dollars pour les réfugiés. Cette somme porte l'aide américaine depuis le début de l'année, à 67 millions de dollars (48 millions de dollars).

 

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Les forces en présence

 

Armée française: la France a déployé, le 5 décembre 2013, 1600 militaires en Centrafrique dans le cadre de l’opération Sangaris, puis 400 militaires supplémentaires depuis février 2014. Les troupes françaises (11e Brigade parachutiste) sont surtout déployées à Bangui et dans l'ouest du pays. Depuis début avril, l'armée française a commencé à se déployer dans l'Est. Sangaris dispose de huit hélicoptères et du soutien des Rafale basés au Tchad.

Force africaine: la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), dont le Tchad vient d'annoncer son retrait, a été créée le 1er août 2013 par l'Union africaine. Elle est l'héritière des forces africaines présentes depuis 2002. Elle compte environ 6000 hommes: Burundi (850), Cameroun (800 hommes), Congo (850), République démocratique du Congo (850), Gabon (500), Guinée Équatoriale (200), Tchad (850), Rwanda (850).

 

Groupes armés: les anti-balaka sont des milices d'autodéfense composées de paysans majoritairement chrétiens, de partisans de l'ancien président François Bozizé et de pillards.

Les rebelles de la Séléka avaient pris le pouvoir en mars 2013. Majoritairement musulmans, ils ont été cantonnés depuis décembre 2013 dans un camp au nord de la capitale. Une partie est a fui dans le nord-est du pays.

 

Forces centrafricaines: 400 policiers et gendarmes à Bangui. L’armée centrafricaine n’est pas opérationnelle. Depuis que des militaires, début février, ont lynché un homme suspecté d’être de la Séléka, elle suscite la méfiance des autres armées.

 

LAURENT LARCHER