Quand les anti-balaka « libérateurs » se transforment en bourreaux imitant les libérateurs Séléka

 

 

C’est le gardien, le protecteur qui retourne l’arme contre le faible dont il a charge de protéger. Pire quand la victime doit impérativement subir l’agonie à petit feu. Même cadavre, le bourreau s’acharne dessus.

 

Sous l’emprise d’une force illusoire, ivres, désireux de s’accaparer du maximum des biens d’autrui et s'enrichir le plus rapidement, les libérateurs vont commettre des pires atrocités considérées comme des prouesses. Supprimer le souffle de son semblable devient jeu. Tout le monde y passe : enfants, femmes, hommes, vieillards - les maîtres des lieux ont droit de vie et de mort.

 

Il est temps que les anti-balaka où se rencontrent pêle-mêle des révoltés formés en autodéfense, des faca, des gardes prétoriennes, des bandits, cessent de terroriser, de piller, d’assassiner de paisibles citoyens sans défense, sans armes. Qu’ils ne se trompent d’ennemis.

 

Zo Kwe Zo de Barthélemy Boganda s’applique à chacun. La vie du centrafricain en vaut une autre. Nul n’a le droit de l’ôter par jeux de pouvoir.

 

Le crime devient légion. L’arme au poing, les anti-balaka riment avec Séléka. Ils se confondent et usent du même verbe : « libérateur» dans le sang innocent, dans le pillage. L’animal et l’être humain ne font désormais qu’un ; la vie est au bout du fusil, au bout du bras tenant une arme blanche.

Le crime a ses méthodes bien élaborées : une fois les maisons entièrement vidées, les surplus sont passés aux flammes de manière à ce que les victimes puissent se retrouver dans le dénuement total.

Constitués en bandes organisées, ils sillonnent à bord de véhicules bondés de butins récupérés sous menaces ou après coups mortels.

 

Pour espérer avoir la vie sauve, personne ne devra gémir. Les incursions incessantes sont opérées dans les quartiers de Bangui divisés en zones d’influence pour mieux faire la chasse aux trésors, aux butins, aux vues et au su de tout le monde. Les Sangaris, la Misca n’auront rien vu. Quant à la grande Dame, elle n’aura que les yeux pour pleurer et passera le temps à appeler au secours. Comme un écho, elle entendra : « Courage ! Bientôt ! On arrive… ».

Cependant, le centrafricain se meurt, plonge inexorablement dans une profondeur insondable.

 

Pauvre Centrafrique. Pauvre de moi. Centrafrique à la dérive. Centrafrique en décrépitude. Ces enfants veulent le vendre au plus offrant en oubliant qu’ils sont entrain de scier la branche sur laquelle ils sont assis. E zingo man.

 

Aurore Dangambo – Paris, 22 Février 2014