La brume se lève tous les matins
sur l’Oubangui !
La situation en Centrafrique est comme le
brouillard qui se lève tous les matins sur les eaux du fleuve Oubangui. Sa ouate
rend inaudible le bruit sourd des pagaies qui fendent l'onde, et la voix des
pêcheurs n'est qu'un chuchotis lointain imperceptible semblable aux gazouillis
de quelques passereaux encore endormis.
Rien ne bouge. Pourtant, tout l'ordre naturel des
choses en est profondément bouleversé !
L'enquête quémandée par la Présidente de transition
auprès de son ministre de la défense, à la suite du lynchage par des soldats des
forces armées centrafricaines, d'un individu soupçonné d'être un ancien rebelle
Séléka, reste lettre morte depuis. Ces soldats ont pourtant commis leur crime en
plein jour et à visage découvert, au cours d'une cérémonie officielle à laquelle
participait leur haut commandement.
L'assassinat de M. Emmanuel Djaraoua, membre du
Conseil national de transition abattu de huit balles tirées à bout portant,
reste inexpliqué à ce jour. Les circonstances de cette exécution ne semblent
interpeller personne, y compris les membres du gouvernement qui multiplient
leurs visites officielles à l’étranger.
Les meurtriers de l'ancien ministre Joseph Kalité, tué
à l'arme blanche devant chez lui, courent toujours.
Enfin, le meurtre du magistrat Modeste Bria est
désormais entré dans le registre des affaires classées. Dans d'autres pays, ce
crime perpétré contre un haut magistrat de l'ordre judiciaire aurait donné lieu
à une enquête minutieuse, longue, une traque policière ininterrompue jusqu'à
l'arrestation du tueur, de son commanditaire et de leurs
comparses.
1 – Discutez, discutez... vous avez dit
discutez ?
Pendant ce temps, sans doute au nom du principe de
précaution, le Premier-ministre chef du gouvernement a ouvert le dialogue avec
certains représentants des anti-Balaka. Ces derniers revendiquent pour leur
propre compte la chute du président Djotodia. C’est une tentative de
récupération sans fondement. En effet, le départ des ex-Séléka était acquis bien
avant la date fatidique du 5 décembre 2013, la communauté internationale ayant
décidé d’intervenir, convaincue de l’incapacité de Michel Djotodia à agir contre
ses propres troupes. Cette mobilisation internationale a été acquise grâce aux
actions de communication inlassable menées par les autorités religieuses
nationales et divers réseaux sociaux centrafricains à l’étranger. Les
anti-Balaka n’ont fait que remplir le vide créé par le cantonnement des
ex-Séléka. La RCA ne leur doit aucune reconnaissance, alors même qu’ils chassent
sur les terres de leurs supposés adversaires, multipliant les pillages,
exactions, assassinats, viols et vols, comme ces derniers. Ils sont devenus des
criminels divisés en deux camps, les modérés et les
radicaux.
Les anti-Balaka qui recherchent le dialogue sont
d’anciens déserteurs des forces armées centrafricaines (FACA) qui se retrouvent
le dos au mur. Jusqu’alors ils étaient, pour certains, dans les bagages du
président déchu François Bozizé.
Ils n’ont aucun pouvoir d’influence sur les
différentes bandes armées qui se réclament de la nébuleuse anti-Balaka et qui
sévissent dans l’ouest du pays et dans les quartiers nord de
Bangui.
Ils plaident donc pour leur propre cause, espérant
retrouver un semblant de reconnaissance après avoir tout perdu : honneur,
solde, statut.
Il ne parait pas possible, dans les conditions
actuelles, de réintégrer ces fauteurs de trouble dans l’armée, sans autre forme
de procès. Qui dit procès, dit sanction ; pour un militaire déserteur, la
justice doit être sans appel.
En ce qui concerne les anti-Balaka radicaux, ce sont
avant tout des enfants perdus de la crise économique et sociale qui sévit en
République centrafricaine depuis 30 ans. Peu instruits, car frappés par dix
années cumulées de période sans scolarité dites « années blanches »,
ils sont sans formation ni perspective d’emploi. Leur sort est désespéré. Ayant
pris la machette pour se venger de tant de frustrations accumulées, ils sont
aujourd’hui instrumentalisés par ceux-là qui, hier au pouvoir, se préoccupaient
de leur sort comme d’une guigne, sauf de temps en temps, en semant quelques
billets de banque par la fenêtre entr’ouverte de leur 4x4 Hummer, qu’ils
jetaient dédaigneusement en l’air pour voir courir les gueux, en un sentiment de
puissance et de jouissance.
Il sera difficile pour ces jeunes de trouver du
travail pour vivre, du fait du départ en exil de leurs employeurs habituels, les
commerçants musulmans des quartiers Boy rabé et Miskine qu’ils pourchassent
aujourd’hui machette à la main.
En cédant à la manipulation de leurs parrains
politiques, ils ont réussi à scier les branches d’arbre sur lesquelles ils
avaient coutume de trouver un refuge.
Aujourd’hui, n’ayant plus rien d’autre à faire, ils
jouent les « révolutionnaires » en érigeant des barricades illusoires
autour de l’aéroport Bangui-M’Poko, histoire de défier les forces
internationales des Sangaris et de la Misca, soudoyés par quelques anciens
politiciens véreux, partisans du président déchu, contre quelque billet de
francs cfa payés en sous main.
Dans ces conditions, il ne leur reste plus qu’à
retourner dans leurs villages respectifs, et à se remettre aux travaux des
champs. Ce retour à la terre n’est pas gagné d’avance, à moins que les cadres de
la jeunesse pionnière nationale (JPN) ne se mobilisent et mettent en place des
dispositifs pour les conseiller et les encadrer.
Mais si l’on en croit le chef du gouvernement
centrafricain, le dialogue doit être ouvert à toutes les parties prenantes, les
anti-Balaka, les ex-Séléka, mais aussi les partis démocratiques et les autres
rebellions…
Les chefs des partis politiques traditionnels ont déjà
fait comprendre qu’ils étaient sur l’Aventin, attendant patiemment
l’organisation, l’an prochain, des élections présidentielles auxquelles ils
étaient tous candidats.
S’agissant des ex-Séléka, la surprise est venue de
N’Djaména où la Présidente de transition était en visite de travail lundi 17
février 2014.
Pendant que Mme Catherine Samba-Panza déplorait le
départ en exil des musulmans du pays et promettait de venir les rechercher une
fois le calme revenu en Centrafrique, son homologue tchadien se montrait plus
disert et catégorique sur l’imbroglio qui règne à Bangui, affirmant en
substance :
-
que des promesses avaient
été faites aux membres de la Séléka en contrepartie de la démission de Michel
Djotodia,
-
que ces engagements n’ont
pas été tenus,
-
qu’il revenait au Tchad de
gérer le tort causé en République centrafricaine, etc.
L’aveu tardif du président tchadien laisse perplexe,
d’autant qu’il ne dit rien sur la nature des promesses accordées. Dans ces
conditions, son appel au dialogue avec les anciens membres de l’ex-Séléka sonne
comme une menace voilée : « Des Séléka sont partis dans le nord et on
assiste, de fait, à une sorte de division de la République centrafricaine… Il ne
s’agit pas non plus de les combattre avec les armes. C’est à la Présidente de
faire en sorte que ces frères-là reviennent à la
légalité » !
Après leur avoir concédé d’importants ministères
d’Etat dans le gouvernement de transition, on se demande dès lors quelles
concessions doit encore consentir la RCA pour complaire à ces
« frères-là », qui ont pillé, détruit, volé, violé et tué ? Par
quel autre subterfuge de dialogue inclusif faudrait-il encore passer pour
amnistier tous ces criminels et leur garantir l’impunité, une fois de
plus ?
L’aveu d’influence de la puissance tchadienne en
Centrafrique ne peut être aussi clair et limpide.
Involontairement, le Premier-ministre centrafricain
André N’Zapayéké avait vendu la mèche lors de son séjour mercredi dernier à
Brazzaville : « Nous voulons un gouvernement d’ouverture »
avait-il alors déclaré.
On pense déjà voir s’allonger la liste des membres du
gouvernement de transition dans un proche avenir, histoire de corriger
l’illusion clanique dégagée par l’ancienne équipe composée par Catherine
Samba-Panza autour de ses familiers.
Ce schéma ne résoudra en rien le problème
centrafricain, sauf à retomber dans les mêmes errements du passé avec les mêmes
protagonistes ! Ce qui est déjà le cas lorsqu’on entend le ministre Gaston
Mackouzangba, Secrétaire général du gouvernement, critiquer vertement le
gouvernement de transition dont il est un membre éminent, en reprenant la
diatribe des anti-Balaka. En d’autres pays démocratiques, sa place ne serait
plus dans l’exécutif. A vouloir bien faire avec tout le monde, la Présidente de
transition réchauffe et nourrit les serpents venimeux au sein même de son
cabinet.
On comprend pourquoi Madame Samba-Panza souhaite la
prorogation de la présence militaire française jusqu’en février 2015. Tout
retrait anticipé ou précipité des forces internationales signerait le glas de la
transition.
En enfourchant de son côté le credo du gouvernement
d’ouverture, le Premier-ministre André Nzapayéké embouche la trompette de
l’impunité. Cela ne peut plus s’entendre : les mêmes criminels qui ont sévi
en 2003 seraient toujours les mêmes qui officieraient dans le même registre
aujourd’hui.
La déclaration du chef du gouvernement est d’autant
plus maladroite que la Présidente de transition déclarait, il y a une semaine à
peine, « la guerre » aux différentes milices, en particulier les
anti-Balaka considérés à juste titre comme les ennemis de la
paix.
Il ne peut y avoir qu’un seul mot d’ordre dans
l’immédiat : désarmer, désarmer, désarmer.
2 – La France s’interroge et
bégaie.
Devant cet embrouillamini, la France s’interroge et
hésite, à l’exemple de la mission parlementaire qui s’est rendue à Bangui ce
lundi 17 février 2014.
Pour les uns, l’opération Sangaris piétine. Pour les
autres, elle s’enlise. Et chacun d’apporter des explications multiples et
variées :
-
Sangaris est une opération
mal préparée où domine l’improvisation,
-
Les troupes des hussards
parachutistes ne sont pas formées pour ce type de mission,
-
La situation est plus
complexe que prévue,
-
La Présidente
centrafricaine n’est pas en mesure d’imposer son autorité,
-
Il faudrait beaucoup plus
d’hommes, etc.
Hier, on reprochait à la France de ne pas intervenir
très vite. Aujourd’hui on lui reproche de ne pas être plus puissante, jusqu’à
évoquer le nombre de 80 000 hommes ! D’autres proposent d’affecter un
millier de militaires dans chacune des 30 grandes agglomérations du pays, soit
30 000 soldats.
Le raisonnement des uns et des autres se tient si on
considère le problème du seul point de vue de la sécurité
statique.
Il se tient d’une part du fait de l’inexistence des
forces armées centrafricaines, cette armée virtuelle formatée depuis 1992 par le
général François Bozizé, comme chef d’état-major puis comme ministre de la
Défense nationale, laquelle a montré sa fragilité mentale et psychologique dans
l’adversité ainsi que son anomie combative devant
l’ennemi.
Il se tient également parce qu’il ne suffit pas de
désarmer et de laisser courir ensuite les infracteurs. Ces derniers vont se
réarmer tout aussitôt, puisqu’il est maintenant établi que des points de cache
sont disséminés dans tout l’ouest du pays ainsi que dans les quartiers nord de
Bangui, à l’initiative du clan Bozizé. La sécurité dynamique impose que les
infracteurs désarmés soient arrêtés et confiés à la
justice.
Il se tient enfin parce que la France
a reconnu elle-même la nécessité de renforcer ses effectifs en prenant la
décision de mobiliser 400 hommes supplémentaires à l’appui de l’opération
Sangaris.
Mais, au regard de la sécurité dynamique, on espère le
nombre des hommes nécessaires pour assurer le désarmement et le maintien de la
paix inférieur aux à-pics délivrés ci-dessus.
Les forces internationales ont enfin pris la dimension
réelle et stratégique de ce combat. Pour la gagner, il leur faut très rapidement
submerger l’ennemi, selon la « théorie des trois vagues » si chère au
Baron Bich :
-
en première vague, il
appartient à l’opération Sangaris de pousser des pointes, c’est-à-dire une
avant-garde charger de neutraliser et sécuriser les neouds de circulation
(verrous), qui permettront de contrôler les grands axes de circulation des
personnes et des biens ;
-
en seconde vague, la Misca
aura pour tâche de stabiliser les fronts ainsi gagnés, de protéger les
populations civiles, et sécuriser définitivement les principales agglomérations
reprises à l’influence des milices armées, en installant des garnisons mobiles
disposant des moyens de communication et d’intervention
rapides ;
-
dans la foulée de la
deuxième vague ci-dessus, la troisième vague submergente aura pour mission
d’installer durablement les nouvelles autorités administratives (Préfets et
Sous-préfets) lesquels viendront en appui aux officiers de police judiciaire
charges d’appréhender et de déferrer devant les juridictions spéciales toutes
les personnes trouvées en possession d’une arme de 1ère,
4ème ou 5ème catégorie.
Si l’on compte bien les effectifs mobilisés d’ici au
mois de mars prochain par ces trois armes, l’objectif des 10 000 hommes
nécessaires est rapidement atteint : 2 000 Sangaris, 6 à 7 000 Misca et 1
000 soldats de l’EuroFor. Dix mille soldats auxquels pourraient venir
s’adjoindre 4 à 5 000 militaires du contingent des forces armées
centrafricaines, si le ministre de la Défense nationale de la RCA consentait à
épurer les FACA de leurs brebis galeuses.
3 – « Les images mentent
aussi »
A
chaque jour son cliché, dirait-on en parcourant la presse qui traite des
évènements en RCA.
Ici, c’est une rangée de maisons incendiées. La
légende est brève : « des villages brûlés en Centrafrique ». Sur
la photo, on perçoit une artère de latérite fendillée par le ruissellement des
eaux pluviales et bordée par deux rangées parallèles d’une dizaine de maisons
aux charpentes mises à nue et noircies par le feu.
Rien n’indique où et quand cette photo a été prise,
mais le titre de l’article qui l’accompagne est explicite, « Carnot :
MSF dénonce les sévices anti-balaka ».
Un peu plus loin, un autre cliché encore plus
suggestif d’agressivité. Un homme portant juste un bas de pantalon blanc est à
genou dans la poussière d’une avenue de Bangui. Il paraît avoir quarante ans.
Torse nu, il a le regard implorant tourné vers un jeune adolescent au couteau déjà levé au dessus de
l’épaule droite, prêt à frapper. Alentour et en fond d’image comme en
cinémascope, on devine une nuée de jeunes hommes courant dans toutes les
directions, mi-effarés mi-effrayés par le drame de la mise à mort d’un être
humain qui se joue sous leurs yeux.
La scène, surréalite, met mal à l’aise et la nausée au
bord des lèvres. La légende ici est encore plus explicite, « des jeunes
tentent d’agresser un musulman » ; et le titre de renchérir :
« En Centrafrique, c’est du nettoyage
ethnique ».
L’image figé ne dit ni où ni quand cette photographie
a été prise.
Il en va ainsi de la scénographie du massacre qui se
perpétue en République centrafricaine depuis mars 2013. En effet, les mêmes
clichés auraient pu ou ont déjà illustré des scènes identiques rapportés sous
les ex-Séléka, arrivés au pouvoir en décembre 2012, avec leur cohorte
d’exactions, pillages, vols, viols, destructions, etc.
Hier sous la Séléka on nous parlait d’une menace
islamique à laquelle serait confronté un pays à majorité chrétienne.
Aujourd’hui, on évoque un nettoyage ethnique des musulmans, de la part des
milices anti-Balaka supposées chrétiennes.
Depuis quand les musulmans constituent une
ethnie ?
A vouloir simplifier à outrance les choses pour
marquer les esprits, on donne à voir et à entendre des informations inexactes.
Comme « tout ce qui est simple est faux, mais tout ce qui est complexe est
inutile », on choisit la simplicité pour être utile ; ce qui ne
produit rien de concret.
Ce type de discours binaire relève de l’ellipse ou de
la « queue d’aronde », toutes figures géométriques de la théorie des
catastrophes, qui donnent une lecture fabriquée, et donc tronquée, de la
réalité.
Malheureusement, ces discours conduisent à des
décisions catastrophiques en leur conséquence lorsqu’ils sont pris en compte ex
abrupto par les hommes politiques.
C’est ainsi que les Sangaris ont essentiellement ciblé
en priorité les éléments de l’ex-Séléka dans leur plan d’intervention. Elle
semblait ignorer le risque que constituaient les déserteurs des forces armées
centrafricaines qui ont partie liée avec l’ancien dictateur François Bozizé.
C’était méconnaître la capacité de nuisance de ce dernier et ses velléités de
violence, pour avoir grandi dans une région acquise d’abord au IIIème Reich
allemand, avant d’être placé sous mandat français après l’armistice de la Grande
guerre. Cette propension à nuire est d’autant plus importante que l’individu
garde encore des supporteurs dans la haute hiérarchie de l’armée française,
ainsi que dans certain milieu de la
presse de la droite hexagonale.
4 – Le retour au vivre ensemble s’annonce
compliqué.
Le retour à la vie communautaire s’annonce très
difficile si on n’arrête pas les dérives séparatistes des ex-Séléka et des
anti-Balaka ou, pour tout dire, s’il n’est pas mis fin au rêve impérial du
président déchu François Bozizé.
Dans l’immédiat, rien n’est fait du côté des autorités
de la transition pour prévoir et annoncer des initiatives dans ce domaine. Dans
l’absolu, elles n’envisagent rien d’autre que les sempiternels dialogues
inclusifs, expérimentés sans grand succès depuis plusieurs crises à
répétition.
Pis, à ces échecs redondants, certains acteurs des
crises centrafricaines veulent aujourd’hui ajouter le folklore et ses serments
coutumiers.
C’est ainsi que le prétendu porte-parole des
anti-Balaka de Bangui ne craint pas le ridicule en proposant l’organisation d’un
« carnaval de réconciliation entre les chrétiens et les musulmans »,
accréditant ainsi l’idée d’un conflit interconfessionnel en
Centrafrique.
Or la crise qui perdure depuis 2001 est
fondamentalement politique, et non religieux ou ethnique.
A vouloir nier cette évidence, on se
priverait de la recherche d’une solution rationnelle,
« scientifique », de sortie de crise.
La crise actuelle est d’autant politique que ceux qui
se présentent, soit comme « coordinateur politique » soit comme
« porte-parole » de la milice anti-Balaka, ont exercé des fonctions
éminemment politiques dans les différents gouvernements du président déchu
François Bozizé, avec rang de ministre.
Il en va ainsi de M. Patrice-Edouard Ngaïssona, ancien
ministre de la Jeunesse et des sparts, qui étrenne par ailleurs les fonctions de
président de la fédération centrafricaine de football.
Plus illustre est la situation du capitaine Joachim
Kokaté, ancien officier des forces armées centrafricaines (FACA), qui a été le
ministre des petites et moyennes entreprises de la RCA, et qui se prévalait
jusqu’alors du titre de « porte-parole d’un « Collectif des officiers
libres ». Autant dire un aventurier, un déserteur de l’armée régulière, qui
n’aura pas regagné son unité dans les délais requis par la présidente de
transition, et devrait logiquement être passible de la cour
martiale.
L’homme fait partie de ces politiciens véreux qui
jouent les transfuges à chaque changement de régime politique, en travestissant
les réalités d’hier par le mensonge ou l’anathème.
Les hommes de cet acabit doivent désormais être tenus
à l’écart du pouvoir, par quelque manière que ce soit, si l’on veut retisser les
liens du vivre ensemble qui a jusqu’alors fait la spécificité de la République
centrafricaine, considérée comme la Suisse de l’Afrique il n’y a pas si
longtemps.
Le Premier-ministre André Nzapayéké gagnerait à
présenter le programme du gouvernement de transition pour les douze mois à
venir, ce qui n’a pas encore été fait à notre connaissance, que d’entonner le
discours du gouvernement d’ouverture, qui est à la démocratie ce que le régime
de parti unique est à la dictature, un succédané.
Paris, le 20 février 2014
Prosper INDO