PARIS, Reuters,
25
févr. 2014 - La France a établi une liste de
huit personnes, dont l'ex-président centrafricain François Bozizé, contre
lesquelles elle souhaite que l'Onu prononce des sanctions pour prévenir
l'impunité en RCA, a-t-on appris mardi de sources diplomatiques.
Les milices "anti-balaka" se sont
constituées l'an passé en réaction aux exactions commises par les rebelles
musulmans de la Séléka contre les communautés chrétiennes du pays après le
renversement de François Bozizé, en mars.
Les rivalités entre les deux
communautés ont plongé le pays dans une spirale de violences ethniques à
l'origine de la chute du président intérimaire Michel Djotodia, leader de la
Séléka, et de l'envoi de troupes françaises sous mandat de
l'Onu.
Fin janvier, le Conseil de sécurité
de l'Onu a créé un comité de sanctions, consistant principalement en des
interdictions de voyager et des gels d'avoirs.
L'objectif est de sanctionner
notamment toute personne coupable de violation de l'embargo sur les armes, de
violation de droits de l'homme ou de soutien à des groupes armés via
l'exploitation des ressources naturelles.
"La France a identifié huit
personnes et établi une liste qu'elle a soumise à certains membres du Conseil de
sécurité", a déclaré une source diplomatique française.
Une autre source a évoqué la
présence sur cette liste de certains fils de François Bozizé, de membres de la
Séléka et de miliciens chrétiens "anti-balaka".
ASPECTS LÉGAUX
Elle a été présentée la semaine
dernière aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne de façon à étudier les aspects
légaux avant de la soumettre aux autres membres du Conseil de sécurité.
L'objectif est d'établir une liste d'ici début mars.
"Toute désignation doit répondre aux
exigeants critères américains si elle veut avoir une chance d'avoir l'aval de
Washington", a précisé un diplomate onusien.
Paris travaille à l'établissement de
cette liste depuis décembre, mais elle n'a pu être finalisée qu'après la
rencontre entre le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et
la présidente centrafricaine par intérim Catherine Samba Panza, le 7
février.
"La liste fait toujours l'objet de
discussions, c'est très compliqué car il faut des éléments précis", a indiqué
l'une des sources françaises. "Ce ne sera peut-être pas une liste définitive,
mais elle comprendra différents acteurs du conflit".
Les sources françaises soulignent
qu'il y a suffisamment de preuves indiquant que François Bozizé a voulu tirer
avantage du chaos et travailler avec des "anti-balaka".
"Ce n'est pas structuré, mais il
essaie d'avoir des "anti-balaka" avec lui. Il est très actif", dit un diplomate.
Le gouvernement a obtenu mardi le
feu vert de l'Assemblée nationale à la prolongation de la mission des troupes
françaises, qui ont déployé 1.600 hommes.
Quelque 6.000 casques bleus
africains participent également aux opérations de maintien de la paix mais ne
parviennent pas à endiguer les attaques contre les musulmans.