D’une transition
de principe et de promenade à une transition de COMBAT
Ceci n’est pas un
discours.
Si la République
de Platon est devenue une et indivisible grâce aux institutions qui la fondent,
au nom de la démocratie, c’est parce que des femmes et des hommes de ce monde
ont eu l’audace d’avoir comme ascèse la liberté, la justice, le sens de l’intérêt général, la défense
des droits individuels, de la vie et une noble idée de la
Nation.
S’engager en
politique ou s’engager tout simplement, c’est faire don de soi, c’est mettre une
croix définitive sur ses intérêts et ambitions personnels, c’est être habité par
l’esprit de sacrifice et prêt à donner sa vie pour son
peuple.
Or, depuis la
mystérieuse disparition de B. Boganda, le cœur de l’Afrique est le résultat
aujourd’hui de l’addition de tous les régimes politiques successifs criminels
qui ont tous eu pour dénominateur commun la corruption, le clientélisme,
l’enrichissement personnel, les détournements de fonds, la dictature, la
médiocrité dans la gestion de l’Etat, la division du peuple couronner par une
absence totale de programme politiques économiques viables. Aucune vision. Notre peuple pendant 54 ans a été ainsi humilié, torturé, spolié, violé, assassiné, de Bokassa à
Djotodia. Il convient donc ici de
ne pas tourner la page de cette sombre histoire, mais de jeter, voire bruler le
livre de cette période tellement elle sent mauvais. Seul le devoir de mémoire
doit nous animer si nous voulons désormais être le maître de notre destin et le
capitaine de notre âme, sauver notre République et garantir son intégrité
territoriale.
Aujourd’hui, après trois gouvernements de transition,
le crime contre le peuple centrafricain continu en s’amplifiant au quotidien et
cela devient gravement
insupportable.
Madame la
Présidente, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs le
Conseillers Nationaux de Transition, votre mission régalienne est de mettre un
terme aux massacres et à la souffrance du peuple
Centrafricain.
Madame la Présidente, vous avez été élue par le
CNT pour conduire notre pays vers l’excellence grâce à la présence des troupes
militaires de la sous-région, l’opération Sangaris et bientôt des troupes
onusiennes car n’avons plus d’armée. Votre élection en tant que Femme est une
première en terre centrafricaine et en Afrique centrale. Tout le monde l’a
accueillie comme un événement
majeur : faire la différence avec ces femmes et hommes qui ont spolié et
rendu notre peuple malheureux en pillant le pays depuis
1960.
Certes vous héritez d’un pays en
cessation de paiement, d’un Etat inexistant, de médiocres institutions en
totale déconfiture. Mais vous
pouvez créer les conditions pour
que le Trésor Publique puisse fonctionner car nous avons une terre très riche et
nous ne pouvons compter que sur ce que nous avons car la mendicité perpétuelle
n’est la bonne solution : dans l’immédiat, la seule exploitation de nos
diamants et leur vente sans des sorties en contrebande peuvent vous permettre de
payer régulièrement les salaires des agents de l’Etat et assurer les dépenses
obligatoires. Sans salaires, la démotivation et la corruption font loi. Cela
suppose que toutes les zones diamantifères encore aujourd’hui entre les mains des seigneurs de guerre
soient rapidement récupérées et mises sous haute surveillance militaire. Vous
pouvez également tirer des ressources financières grâce à une’ exploitation
rationnelle de notre bois tout en respectant l’environnement de nos compatriotes
pygmées.
Vous devez plaider auprès des
gouvernements dont les troupes sont engagés en Centrafrique pour que leurs
salaires leur soient versés régulièrement afin d’éviter toute démobilisation,
découragement, voire tout éloignement de la noble mission qui est la
leur.
,
.
Votre
mission est de tout mettre en œuvre, avec le Premier Ministre pour que la
sécurité et la libre circulation des biens et des hommes soient rétablies sur
l’ensemble du territoire, du nord au sud, de l’est à l’ouest. Vous avez les moyens militaires adéquats sur place. Bangui ne doit plus être
un Etat-Capitale. Vous avez l’obligation de nous informer en temps réel sur
l’état de toutes nos provinces ainsi que la viabilité de nos frontières en vous
y rendant régulièrement.
Cette
période de transition doit être l’occasion de faire un audit approfondi, de
dresser un état détaillé des lieux
de toute la République afin de rendre un bilan, clé en main, aux formations
politiques qui aspirent à diriger le pays après les élections libres,
démocratiques et transparentes. C’est un travail colossal. Mais vous et votre
équipe êtes condamnées à réussir cette Transition. Le sacrifice de soi, la bonne
gouvernance, le patriotisme et la détermination doivent être votre profession de
foi. Vous êtes la condition sine qua non d’une nouvelle Centrafrique en créant
les moyens pour un retour solide, durable à l’Unité, à la Dignité, au Travail, à
la cohésion sociale et à la Paix. Cela passe par l’interdiction absolue de la
culture de l’impunité grâce à la mise en place rapide d’une justice
transitionnelle. Car tant que les fossoyeurs et les criminels, en tout genre,
qui ont conduit notre pays à ce chaos sans précédent ne sont pas arrêtés,
traduits en justice et punis, vous risquez de reproduire les mêmes schémas que
vos prédécesseurs.
Vous
avez très peu de temps pour réussir la TRANSITION. Mais au nom de l’efficacité,
il n’y a plus de place pour l’erreur, la médiocrité et l’improvisation. Le monde
entier nous observe. Les troupes militaires et les ONG qui sont à notre chevet
ne veulent pas d’échec. Vous avez le devoir de ramener toutes les
Centrafricaines et Centrafricains déplacés à la maison. Tout restera à faire
pour panser les plaies. Votre fermeté, votre crédibilité et votre grandeur sont
fortement engagées dans le désarmement systématique de toutes les factions
armées sans distinction, et ce, sur toute l’étendue du
territoire.
LOUBANGUI Fred
(2 avril
2014)