Les troupes étrangères ont un problème de commandement en Centrafrique. Ban Ki-moon condamne les violences, appelle à protéger les civils

 


 

Centrafrique: les troupes étrangères ont un problème de commandement

 

JOHANNESBURG, AFP, 31 mars 2014 - Les troupes étrangères déployées en Centrafrique pour tenter de ramener la paix n'ont pas de problème d'effectif mais de commandement, a estimé la ministre sud-africaine de la Défense, précisant que Pretoria ne redéploierait aucun militaire là-bas pour l'instant.

 

"Je peux certainement dire, sans crainte d'être contredite, que pour le moment il n'y a aucune intention (de notre part) de déployer des troupes en Centrafrique", a déclaré lors d'un point presse la ministre Nosiviwe Mapisa-Nqakula.

 

 "Ce pays est effectivement en crise en ce moment, mais le problème ne tient pas à un manque de bottes sur le terrain. Le problème est de savoir comment utiliser au mieux les forces disponibles", a-t-elle ajouté.

 

"Prendre en Afrique du Sud quelques soldats, les expédier en Centrafrique, et en obtenir peut-être d'autres issus d'autres pays, ne résoudra pas le problème s'il n'y a pas de chaîne de commandement et de contrôle, ou s'il n'y a pas une vraie coordination des quelques soldats actuellement sur place", a-t-elle poursuivi. "On peut avoir des milliers de soldats. Ils peuvent être désorganisés et ne pas servir l'objectif pour lesquels on les envoie".

 

Depuis 1994 et l'avènement de la démocratie, l'Afrique du Sud a participé à quatorze missions de maintien de la paix de l'ONU, toutes sur le continent africain. Et sur un plan diplomatique, elle s'est faite à maintes reprises le chantre d'une Afrique capable d'assurer sa propre sécurité et d'être son propre gendarme.

 

En Centrafrique, elle a essuyé ses plus lourdes pertes militaires (15 morts) lors de la chute du président François Bozizé il y a un an. Mais le président Jacob Zuma avait indiqué qu'il considérerait avec bienveillance une demande formelle des dirigeants d'Afrique centrale (CEEAC) pour que l'Afrique du Sud envoie à nouveau des soldats.

 

"Si cette requête vient, si nous n'y allons pas, nous ne serions pas logiques avec notre politique", avait-il dit.

 

Les militaires sud-africains avaient été pris sous le feu de rebelles en supériorité numérique et dont d'autres troupes étrangères avaient renoncé à stopper l'avancée.

Le drame avait suscité une polémique nationale en Afrique du Sud.

Le président Jacob Zuma vient de prolonger jusqu'au 31 mars 2015 les contingents sud-africains déployés contre les pirates au large du Mozambique et de la Tanzanie (220 hommes), au Darfour au Soudan (850 hommes) et en République démocratique du Congo (1.351).

 

La ministre de la défense sud africaine Nosiviwe Mapisa-Nqakula

La ministre de la défense sud africaine Nosiviwe Mapisa-Nqakula

 


 

Centrafrique: Ban condamne les violences, appelle à protéger les civils

 

NATIONS UNIES, AFP, 31 mars 2014 - Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon condamne les violences intervenues pendant le week-end à Bangui, la capitale centrafricaine, et rappelle "l'importance d'assurer la protection des civils en tout temps", a indiqué lundi son porte-parole Stéphane Dujarric.

 

M. Ban préconise aussi de "dresser rapidement une liste d'individus qui compromettent la paix, la stabilité et la sécurité" en République centrafricaine (RCA) afin qu'ils puissent être sanctionnés, comme le prévoit la résolution 2127 du Conseil de sécurité adoptée en décembre dernier.

 

Le communiqué de l'ONU fait référence à "la recrudescence de la violence" en RCA mais ne mentionne pas explicitement le massacre commis par des soldats tchadiens à Bangui.

 

Ces soldats tchadiens, qui étaient venus rapatrier leurs compatriotes fuyant les violences en Centrafrique, ont tiré samedi sur la foule, tuant au moins 24 personnes et en blessant une centaine d'autres.

 

Toujours selon son porte-parole, "le secrétaire général condamne dans les termes les plus forts tous les actes de violence perpétrés contre la population civile et contre les forces internationales qui s'efforcent de rétablir la paix et l'ordre en République centrafricaine".

 

M. Ban "rappelle à tous ceux qui participent à la propagation de la violence, y compris ceux qui de façon directe ou indirecte soutiennent ou facilitent par tout autre moyen les activités des groupes armés, qu'ils en seront tenus pour responsables et traduits en justice".

 

Le secrétaire général "réitère l'engagement plein et entier des Nations unies à aider la République centrafricaine à sortir de la crise qu'elle traverse actuellement et à bâtir la paix", conclut le texte.

  

 


 

 

Une vingtaine de civils tués vendredi par des soldats tchadiens à Bangui

 

radiondekeluka.org - lundi 31 mars 2014 13:54

 

Des soldats tchadiens de la force africaine en Centrafrique ont ouvert le feu vendredi dans la commune de Bégoua, à la sortie nord de Bangui, tuant plus de 20 personnes et blessant de nombreuses autres.


« Les soldats tchadiens ont une fois de plus tiré à bout portant sur les habitants au niveau du Pk12 dans la commune de Bégoua. Plus d’une vingtaine de personnes ont été tuées et une centaine de blessés graves enregistrés. Je suis dépassée et ignore le sort des blessés. Que les autorités interviennent rapidement. Les gens pleurent partout, Bégoua est endeuillée », a indiqué la maire de la commune, Odette Dombolo.


Selon des informations, des soldats tchadiens armés jusqu’aux dents étaient aux portes de Bangui dans les premières heures de la matinée de vendredi. Ils ont été bloqués par les forces françaises de l’opération Sangaris à quelques mètres de Pk12.


Après de vaines discussions avec les Français, les Tchadiens ont franchi la barrière aux environs de 14 heures et ont aussitôt ouvert le feu à l’arme lourde et à l’arme automatique sur la population civile.


C’est également le deuil au quartier Gobongo 2 où au moins 4 personnes ont été tuées et des maisons brûlées par des tirs de roquette.


« On ne sait plus ce que veulent ces soldats tchadiens. De passage, sans avoir été agressés, les soldats ont tiré sur les gens. Le toit de la maison de mon grand-frère a été touché par des balles, un obus est tombé au domicile du chef de quartier », a raconté un témoin qui a requis l’anonymat.

A Gobongo 3, le domicile du chef de quartier a aussi essuyé un tir de  roquette. Béatrice Binguimalé, l’épouse chef du quartier raconte. «Ce qu’ils ont fait dépasse l’entendement. Nous avons été surpris, mes cinq enfants et moi, par ce projectile. La maison a été envahie par la fumée. Grâce à Dieu, il n’y a pas eu de victimes ».


Il y a à peine un mois, des militaires tchadiens en mission de rapatriement de leurs compatriotes vivant en Centrafrique avaient ouvert le feu, tuant plusieurs civils centrafricains.


Pour le porte-parole des Antibalaka, Brice Emotion Namsio, les violences de vendredi constituent une provocation. « Je salue l’acte courageux des Antibalaka qui ont su garder le calme malgré l’agression des soldats tchadiens. Au nom du peuple centrafricain, au nom des Antibalaka, nous prenons à témoin l’opinion nationale et internationale, nous prenons à témoin le président (français) François Hollande. Le peuple centrafricain est massacré au vu et au su des forces françaises de l’opération Sangaris », a-t-il déclaré.


Ces violences se sont produites alors que la présidente Catherine Samba-Panza, venait de décréter 3 jours de deuil national, à compter du mardi 1er avril, en mémoire des victimes de l’attaque à la grenade de la nuit de jeudi à vendredi au quartier Kokoro 2 dans le 3e arrondissement de Ban
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