ONU : l'usage de la force pour protéger les civils est trop rare

Selon un rapport de l'ONU, les Casques bleus utilisent la force trop rarement pour protéger les civils lors des missions de maintien de la paix.


Crédit : AFP / THONY BELIZAIRE - Des Casques bleus brésiliens en Haïti le 21 juin 2009. (archives)

 

par La rédaction numérique de RTL , Avec AFP

 

Un rapport interne de l'ONU sur les missions de maintien de la paix  s'intéressent à l'usage de la force. Le rapport "note une tendance persistante des opérations de maintien de la paix à ne pas intervenir par la force quand des civils sont attaqués", alors même que l'usage de la force militaire est autorisé par le Conseil de sécurité.


Le rapport attribue ce phénomène à plusieurs causes, dont une "double chaîne de commandement de fait entre les dirigeants de la mission et les pays qui lui fournissent des troupes", et des divergences au sein du Conseil de sécurité sur l'opportunité ou les modalités d'une intervention musclée.


Les missions considèrent souvent qu'elles n'ont pas les effectifs ou les équipements suffisants pour se montrer plus fermes. Les Casques bleus s'inquiètent aussi des sanctions possibles (cour martiale, ou même poursuites devant la Cour pénale internationale) au cas où l'usage de la force serait jugé inapproprié ou excessif.

Le Mali et la Centrafrique ne sont pas concernés

Le rapport se fonde sur une évaluation de huit des dix missions de maintien de la paix de l'ONU qui ont pour mandat de protéger les civils, dont la Monusco en République démocratique du Congo, la Minuss au Soudan du Sud, la Minustah en Haïti ou la mission conjointe de l'ONU et de l'Union africaine au Darfour. Il ne concerne pas la récente mission au Mali ni la future opération en République centrafricaine.


Les missions ne sont intervenues immédiatement que dans un faible nombre de cas, indique le rapport: "sur 507 incidents impliquant des civils signalés dans les rapports du secrétaire général de l'ONU entre 2010 et 2013, seuls 101 (soit 20%) ont déclenché une réponse immédiate de la part de la mission".


Dans la plupart des cas, les Casques bleus n'étaient pas sur les lieux au moment de l'attaque mais quand ils s'y trouvaient "ils n'ont pratiquement jamais utilisé la force", même en dernier recours. Ils ne sont cependant pas restés inactifs, souligne le rapport: ils ont soutenu les forces de sécurité locales ou ont mis à l'abri les civils, y compris en les abritant dans les locaux de l'ONU. Et en amont, les missions s'efforcent continuellement "d'utiliser des moyens pacifiques pour identifier les menaces contre les civils" et prévenir des attaques.

Importance de la solution politique

Le patron des opérations de maintien de la paix Hervé Ladsous a déploré vendredi 16 mai que celui-ci "se concentre uniquement sur le dernier recours, l'usage de la force" et ne tienne pas assez compte de "l'importance primordiale des solutions politiques".

 

« Les Casques bleus peuvent soutenir un processus de paix fragile mais ne peuvent pas se substituer aux institutions d'un Etat. »

Hervé Ladsous, chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU.



Le rapport "ne souligne pas assez non plus le rôle central joué par les pays hôtes dans la protection des civils", a-t-il ajouté. "Les Casques bleus peuvent soutenir un processus de paix fragile mais ne peuvent pas se substituer aux institutions d'un Etat".

Enfin, Hervé Ladsous rappelle que son département a mis en place des "équipes mobiles d'entraînement" chargées de former sur place les Casques bleus à la protection des civils et qui ont déjà été envoyées dans plusieurs pays (Nigeria, Tchad, Rwanda, Ethiopie).